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Channel: EMMILA GITANA
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LES OBSCURCIS...Extrait

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Elle s'invente un jardin
    Y met un arbre avec son ombre d'origine
    ses oiseaux polyglottes
    ses feuilles en papier d' Arménie
   des fruits mâles des fruits femelles
   qui se battent comme des chiffonniers
   se réconcilient sur l'oreiller
  et cette fleur riche d'une aile qui fait son miel dans la couche du
  bourdon

 

 

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VENUS KHOURY - GHATA

 

 

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VENUS

Photographie Delbay

 

 

 

 

 


JUDITH CHAVANNE

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Pourtant, il y a de la douceur,
la façon comme un sourire en avril
que le prunus et le cerisier ont d’éclore ;

à des carrefours, la marche suspendue
le temps qu’on hésite, et le corps
qui prend avec grâce une pause inconnue ;

le rythme plus lent sur lequel se prononce
une amie, comme pour nous laisser le temps
de nous installer dans une parole partagée ;

et cette place qu’on s’accorde aussi
en aimant en secret, destinant des pensées
que l’on sait pouvoir être reçues.

Il ne suffit pas que l’âme soit effleurée
mais on peut sans doute aller, sans frémir,
avec l’air, la voix, les corps, l’absence même
et la nature inventive pour alliés.

 

 

.

 

 

JUDITH CHAVANNE

 

 

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judith

 

AU PAIN, LA JOIE...

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On a si souvent touché du bout seulement des lèvres

au pain, la joie ;

une audace de moineaux,

comme à terre il en est dans le soleil

qui piétinent pour des miettes.

Rien que l’on savoure,

qui demeure au fond de soi, se dissout,

résout les murs de la grotte : le cœur

peu à peu transparent que la saveur de la joie emporte ;

plein champ alors sur la clarté du ciel.

Rien comme cela.

Mais les oiseaux, eux, sont bientôt enlevés par le vol.

 

 

.

 

 

JUDITH CHAVANNE

 

 

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MESANGE2

PIERRE NOIRE, SANGUINE ET PASTEL

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Je t'ai tutoyée, tout de suite.
Depuis notre brève rencontre, il y a trois semaines au musée des Beaux-Arts de Besançon, je ne te quitte plus.

 

 

On ne devine qu'un fragment de ton épaule, dépassant d'un carré d'étoffe. Tu sembles si pudique, si jeune encore. Cependant ton visage, bien que détourné, s'offre sans réserve. Donnéà son intériorité. Et le peintre à son tour a voulu rendre ce miracle de transparence.

 

 

Je te rencontre quatre siècles plus tard.

 

M'aideras-tu à comprendre le passage vertigineux des ans ?
L'insaisissable présent ? Le passé qui m'envahit de toute sa fraîcheur ? La noria du désir sans cesse renaissant ?
Tes joues colorées semblent prêtes à tressaillir, ta bouche entrouverte prête à parler. Non, plutôt à crier. Ou à laisser échapper un râle.

 

Tu suffoques ?
On dirait que tu peines à respirer.
On dirait qu'un poids t'oppresse, t'écrase, te broie la poitrine.

 

Ou bien est-ce le plaisir qui t'affole ?

 

La jouissance de ta chair soigneusement dissimulée par le peintre ?
Une tempête dans ton corps secret, une violence de perdition, une ultime poussée de l'homme en toi, jeune vierge allongée sur le ventre, la tête enfouie dans le creux de l'épaule, les yeux clos ?

 

Je te regarde, inquiète.
Je tourne autour de toi.
Et soudain, je vois.
La brisure.
Je peux en tracer la ligne, là, au niveau de l'aile du nez, là, au milieu de la joue, là, à la naissance de l'oreille.
En haut, vers le front : calme, sérénité. En bas, vers la bouche : le sceau fatal de l'ambivalence...

 

 

Tu es ma soeur en déchirure, tu es celle qui jamais n'atteint l'unité, tu es prise dans les rets du désir à griffes de lion, à griffes de feu, à griffes d'enfer, griffes d'amour, tu es dans le tourment d'amour, tu aimes désespérément, tu sais déjà que c'est perdu, que rien n'a le temps d'avoir lieu, tu sais que la mort jalouse reprend le moindre bien, tu es sans possession, tu es vulnérable sous ton châle dérisoire, tu es dépouillée par les roulements de l'Histoire, les soldats se sont éloignés mais le bruit de leurs bottes ne cesse de retentir, le Christ est mort et ressuscité mais sa croix ne cesse de t'écraser, tes enfants à naître sont déjà dans la fosse...

 

Et pourtant.

 

Le prodige est là.

 

Le fil de vie, rouge ainsi que tes joues rehaussées de sanguine.

 

Le fil que je saisis aujourd'hui, à travers le battement des jours des années des siècles, la pulsation de la lumière, le rythme des nuits des saisons des lunes, à travers le ciel étoilééclairant Besançon, une nuit de décembre, par temps de doute et de fragilité où tu es venue jusqu'à moi, avec ton message de petite éternité, de modeste lueur.

 

 

Qu'est-ce que la mort ?
Qu'est-ce que le temps ?

 

Qu'est-ce qu'un homme muni d'un crayon, d'un pinceau ?

 

Qu'est-ce qu'une infime surface nommée " Pierre noire, sanguine et pastel ", capable de réchauffer, de dispenser naissance et renaissance aux créatures de passage -- qu'elles reposent sur un panneau de bois, une toile de lin, ou qu'elles dérivent lentement parmi les allées silencieuses d'un musée de province.

 

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FRANCOISE ASCAL

 

 

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federico-barocci2

Oeuvre Federico Barocci

NOCTURNE

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Je suis effrayé
Par les feuilles mortes
Et j'ai peur des prés
Baignés de rosée.
Je vais m'endormir.
Si tu ne m'éveilles,
Tu trouveras à tes côtés mon coeur glacé.

 

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
L'amour.
Le vent sur les vitres,
Mon amour!

 

J'ai mis à ton cou
Des gemmes d'aurore.
Pourquoi me laisser
Parmi ce chemin?
Si tu vas au loin,
L'oiseau va pleurer
Et la verte vigne
Restera sans vin.

 

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
L'amour. Le vent sur les vitres.
Mon amour!

 

Tu ne sauras point,
Mon beau sphinx de neige,
Avec quelle ardeur
Je t'aurais chéri
Au petit matin,
Lorsqu'il pleut si fort
Que sur l'arbre sec
se défait le nid!

 

Qu'est-ce qui résonne
Au loin?
L'amour. Le vent sur les vitres.
Mon amour!

 

 

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FEDERICO GARCIA LORCA

1919

 

 

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heart

LE CERCLE DE L'AURORE

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Je ne suis pas ce Je majuscule et sans âge, je ne suis pas ce Je apposé dans la marge. Je suis Vous qui passez, compagnons de mirages, multiples de moi-même à l'ombre des noyers.

Il m'en aura fallu du temps pour délasser les grandes mains de l'aube que le couchant fermente et du temps pour aimer par-delà la tourmente, chaque coeur, chaque ride, chaque larme versée.

Je sais que le dernier souffle aura le parfum du premier, rassemblant à rebours les fragrances éludées de nos intermittences et je nous sais unis par la même cadence, la même convergence, la même humanité.

Quand un enfant s'envole, quand un homme se perd, quand une femme meurt sous les coups de son frère, quand les linceuls d'hiver ensanglantent les blés, c'est la terre tout entière qui compte ses absents et qui pardonne au ciel son silence funeste. C'est la terre tout entière qui pleure sous sa veste, recouvrant d'un revers de glaise les gisants.

Il m'en aura fallu du temps pour délivrer l'azur de ses nasses fatales, de ses vents sanguinaires, de ses capes meurtries, ses famines d'osiers, ses faillites de cendre, ses bombes, ses prisons, ses potences dressées.

Il m'en aura fallu du temps pour Nous aimer, il m'en aura fallu, il m'en faudra encore pour aimer par-delà le cercle de l'aurore.

 

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SYLVIE MEHEUT

 

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yahne le toumelin

Oeuvre Yahne Le Toumelin

 

ARMAND AMAR - LA SOURCE DES FEMMES

OCCITANIE...Extrait

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Chaque fois
je me hisse hors des fers
jusqu'à ton front

pour le meilleur
et pour le pire
je lie mes lèvres à tes lèvres
dans un espace de chaleur animale

chaque matin
j'apprends pas ta bouche
les nouvelles fraīches de la vie

et puis je descends
dans la rue où respirent les hommes
soleils inachevés

je me frotte à leurs rides muettes
à leurs paumes ronces et roses
à leurs joies d'enfants à leurs cruautés énigmatiques

Tu es dans mon ombre
tu brûles dans mon regard
tu sépares la paille et le grain

je leur montre le chemin
d'ailes et d'étoiles possible
cent fois je répète la flamme la flamme
Pour eux et pour nous je veux tous les règnes.

 

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ANDRE LAUDE
@ Tous droits réservés  

 

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thami2,

Oeuvre Thami Benkirane

https://benkiranet.aminus3.com/


L'ARIDE DESIR DE SIGNIFICATION

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Une demeure se construit
une autre s'use
les livres tombent en poussière
tout se mélange dans le discours
du bavard négligent
temps-sable coule
fêtes vendanges anniversaires
le silence épaissit la lumière
ciel amplifié
temps nul qui tisonne sa braise
dans la pupille du veilleur
il est toujours possible
de chiffrer le désastre
ou l'échange
arithmétique chaque langue
tas de pierres
et tas de mots chaque temple
ignorons à jamais
ce qui entrave car le vent souffle
éternel sur l'aride désir
de signification

 

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ROLAND BOYEZ

" Autour de l'oeil "éditions Encres vives

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patrimonio2

Patrimoniu - Haute Corse

ALLEZ-Y

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Je ne veux plus parler des corps alignés par terre
Dans leurs sacs
Ni du troupeau serré dans les barrières qui rue
Et vous comptez
Un égorgé ici et quatre vingt ailleurs brûlés Mille
au fond de la mer
Et il y aurait à Londres des Français dans le lot
C’est plus grave
Que si c’était des Polonais ou des Inuits ou des Espagnols
Et les barrières
Autour des bœufs et des poules élevés en batterie
Se resserrent
Les sabots les cornes les becs les ergots se barbouillent
D’innommable rouge
On évalue selon la statistique qu’à eux seuls ils élimineront
Sans apport extérieur
Trente pour cent du bétail superflu et que seuls les plus forts
Survivront
Qu’on choisira pour être préposés à resserrer un peu plus les barrières
Autour du cheptel affolé

Je ne veux plus parler parce que
J’ai honte

 

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ALEXO XENIDIS

 

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tristesse

LA VIE N'EST PAS UN RÊVE...Extrait

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Tu disais : mort, silence, solitude :
comme amour, vie. Mots
de nos images passagères.
Et le vent s’est levé léger chaque matin
et le temps couleur de pluie et de fer
a passé sur les pierres,
sur notre bourdonnement reclus de maudits.
La vérité est encore loin.
Et dis-moi, homme brisé sur la croix,
et toi, dont les mains sont grosses de sang,
que vais-je répondre à ceux qui demandent ?
Aujourd’hui, aujourd’hui : avant qu’un autre silence
nous pénètre les yeux, avant qu’un autre vent
se lève, qu’une rouille nouvelle fleurisse.

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SALVATORE QUASIMODO

Traduction  Valérie Brantôme

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Tejo Verstappen3,

Oeuvre Tejo Verstappen

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

JIDDU KRISHNAMURTI... Extrait

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Nous sommes tellement conditionnés à croire que sans la maîtrise c'est le laisser aller, qu'il est alors impossible de voir que le laisser aller est directement liéà la quête de maîtrise. L'état de conflit interne de l'humanité ne cesse de s'auto-alimenter, en chacun de nous.

Cela semble inextricable et cela l'est pour le penseur séparé de son objet.

Penser à partir de conclusions n’est tout simplement pas penser.

Contrôler le désir, c’est le rétrécir et être égocentrique. Le discipliner, c’est élever un mur de résistance qui finit toujours par être abattu, à moins, naturellement, que vous deveniez névrosé et ne vous attachiez à une seule forme de désir. Sublimer le désir est un acte de volonté, mais la volonté est essentiellement la concentration du désir, et lorsqu’une forme de désir en domine une autre, vous êtes à nouveau plongé dans les vielles structures de la lutte et du conflit.

Savoir et informations éclairent peut être le fait mais ne sont pas le fait. Seul le contact direct qui est total est la connaissance du fait.

Mourir à tout ce que vous avez appris, c’est cela apprendre. Cette mort n’est pas un acte final : c’est mourir au moment qui passe, d’un instant à un autre.

La souffrance ne peut se comparer. La compassion entraîne l’apitoiement sur soi même et le malheur n’est pas loin. L’adversité doit être appréhendée directement.

 

 

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JIDDU KRISHNAMURTI

 

 

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alphonse-osbert-

Oeuvre Alphonse Osbert

 

NUAGES ET PIERRES...Extrait

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Merci à Marie-Paule et Raymond Farina

Rien, sous le ciel, n’est plus proche de la littérature que l’eau. Elle part soudain tout droit ou soudain change de cours. Elle couvre et découvre le ciel ; en un instant, une sombre nuée s’étend à l’infini.
...
Ténue, c’est un voile de soie ; en tourbillon, c’est l’œil d’un tigre ; en cascade c’et un rayon céleste ; dressée, c’et un mont de jade ; déployée, c’est un dragon ; éparpillée, c’est la brume ; inspirée c’est le vent ; irritée, c’est le tonnerre. Rapide ou lente, nonchalante ou brusque, elle jaillit sous dix-mille formes. Voilà pourquoi ce qu’il y a de plus prodigieux, de plus changeant sous le ciel, c’est l’eau. Né dans une région aquatique, j’ai été habituéà l’eau dès l’enfance, je me crois toujours près de l’eau .

...

L’eau déploie devant moi toutes ses fantastiques métamorphoses. Elle se ramasse dans une gorge, se cabre dans des vagues, chante dans une source, se dilate dans une mer, se déchaîne dans une cascade, se recueille dans un étang. Tout ce qui est souple et sinueux, est eau. Toute littérature, pour moi, est eau .

 

 

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YUAN HONG-DAO

1568-1610

Traduction Martine Vallette-Hémery

 

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zaowuki-drouot2,

Oeuvre Zao Wou-Ki

 

 

 

 

PETIT INVENTAIRE

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Afin de tous vous remercier pour votre fidélité durant les dix années de l'existence de ce blog de poésies du monde, j'ai choisi ce joli cheminement poétique tout en délicatesse de Sylvie Méheut
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La roselière
La santoline
Le quartz éolien de l’errance
La note bleue qui s'illumine
Entre l’azur et l’espérance
L’allée couverte de Nohant
Le guéridon sous la verrière
Sur la villa des Églantiers
La chrysalide de la mer
Le front fiévreux de la Durance
Mézières
La Sorgue
Et la Puisaye
La timonerie de la chance
L'aigrette enlunée des étais
La luxuriance des venelles
Sous les lanternes de la nuit
Le Rhin
La Loire
Et la Moselle
Les clématites d’organdi
Et les nacelles qui se penchent
Aux toits des quatre Périgord
Le vin
La joie
L’arborescence
Le crépitement de l’aurore
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SYLVIE MEHEUT
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CHANTAL COLLEU DUMOND,

Photographie Chantal Colleu-Dumond

LA FENÊTRE OUVERTE

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à LR
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Dehors
Battements d’ailes et friselis des feuillages
Dedans
Un merle ponctue la voix sereine
Monde d’ascensions, d’espoirs et de larmes
Modelé par un christ-oiseau
Souffert par l’enfant volé envolé
Le fils de l’homme et le fils de l’autre
Raviver la parole et l’image
Pétrir l’écho et le reflet en pâte de lumière
Qu’ainsi la présence froisse l’air
Présence
Légère et fidèle comme les printemps
Souveraine comme cette fillette sous un pommier
Bravant jadis la guerre dans son abri de fleurs
Aux confins du cœur
Sur une crête du temps
Fleurit continûment l’arbre bienveillant
Elle y retrouve ses voyageurs ineffables
Dilater le présent
C’était un jour ensoleillé, n’est-ce pas ?
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GHYSLAINE LELOUP
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ghyslaine2


J'OUBLIE

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J'oublie Gaza

la Tchétchénie

Guantanamo.

J'oublie les écoles incendiées et les enfants brûlés vifs

les parents aux yeux éteints

- d'où toute lumière a soudain disparu.

J'oublie les enfants bourrés de résidus chimiques

ceux qui à chaque instant frappent à la frontière

d'une vie inconnue. Mais personne ne leur ouvre.

J'oublie le fanatisme des matches de football

l'éternelle bousculade les braillements des spectateurs qui veulent leur mamelle.

J'oublie ceux qui luttent pour davantage de vacances

davantage de temps sans les autres.

J'oublie qu'une cuite est déjà un petit séjour

à la clinique de désintoxication (aussi nommée la Cale sèche).

J'oublie les milliers d'antennes de télé plantées partout

espèce d'extincteurs qui crachent des images de rêve

jusqu'à ce que les rêves explosent dans toutes les têtes.

 

 

J'ai déjà mentionné les politiciens

mais j'oubliais de dire qu'ils font partie de la bêtise

du cynisme

de l'étroitesse d'esprit

de l'hypocrisie

du calcul glacé

de ce qui mène directement au pouvoir.

Les terroristes aussi je les ai mentionnés

mais j'oubliais de dire qu'ils font partie de la bêtise

du cynisme

de l'étroitesse d'esprit

de l'hypocrisie

du calcul glacé

de ce qui mène directement au martyre.

 

La langue aussi je l'ai oubliée au milieu de tout ça

et la jouissance retorse que l'on éprouve à retourner ses mots et ses idées. Retourner. Retourner

si bien que pour finir rien n'est ce qu'il paraît être.

Rien : toujours déguisé autrement.

J'oublie que la langue n'est plus fiable

cette langue retouchée et archi-pelotée

une langue pleine de coupures, d'ajouts et de recollages.

Une langue qui ne sait plus que citer le mensonge.

 

J'oublie que la guerre des religions ne finit jamais

parce qu'on n'en finit pas de se battre pour la vérité.

J'oublie que tous ceux qui croient ont vu la lumière

trouvé la vérité.

J'oublie qu'ils sont toujours sur la bonne voie.

Tous les autres ont trouvé le mensonge

et doivent avancer à tâtons dans une obscuritééternelle

prendre la route qui mène directement au vide

à l'inanité

à l'insanité.

Comme si la seule manière d'éviter le vide

était de s'enrôler dans la guerre.

 

 

J'oublie les services secrets et leurs officiers

attachés au secret.

J'oublie les centrales nucléaires

photographiées par un lointain satellite.

J'oublie que le premier secret

dévoile en secret le deuxième.

J'oublie les nationalistes furieux

pour lesquels la nation n'est qu'une famille contrefaite

malheur à qui n'en est pas membre :

il faudra le chasser avant potron-minet

à l'aide du balai, de la poële et de torchons mouillés s'il le faut.

 

 

J'oublie tout ce qu'une haine peut renfermer de détresse

même si la détresse ne renferme aucune haine.

La détresse est toujours toute seule : privée de compassion

privée d'avenir aimé

privée de sens aimé.

J'oublie les femmes obligées de vivre toute une vie voilées

parce que les hommes tremblent de peur devant leur propre lubricité.

Pas de corps aimé. Pas de caresses.

J'oublie le suicide par internet

les fonds de spéculation

les empires médiatiques.

J'oublie les procès intentés aux dictateurs affaiblis

pour qui l'enfance de l'art est de simuler la folie.

J'oublie les images glacées des réclames montrant le chemin qui mène tout droit au bonheur

- Oh, le bonheur !

 

J'oublie combien le monde est merveilleux.

Pardon si j'ai dit

autre chose.

 

 

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NIELS FRANK

Traduit du danois par Monique Christiansen

 

 

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dali5,

Salvador Dali

 

BB KING - I BELIEVE TO MY SOUL ( LIVE IN AFRICA 1974 )

ALGEBRE

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Il faut donner un nom

A l’inconnue, pour la mêler à l’équation
Dire
X, chère, voulez vous bien
Venir symboliser ce que je ne sais pas ?
X ma tendre X, ma fière, ma croix qui barre le chemin
A l’intuition, X jument poulinière sous qui naissent
Ceux que l’on ne veut pas, j’y ai échappé de peu
X, film interdit, les enfants y verraient des chairs
S’emboiter dans des ahanements de bêtes fatiguées,
X sans bruit le corps croisant l’autre le clouant
A la pesanteur, X des siestes de chaleur, X
Ma multiplication en majuscule
Ixe écrite en toutes lettres échappée
Belle, et sauve, de la mathématique et de ses obsessions
A tomber juste
X ma variable
Tracer la courbe de tes poings
La trajectoire du coup
De grâce

 

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ALEXO XENIDIS

 

 

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graffiti-alphabet,,

 

 

 

 

SI LA MUSIQUE DOIT MOURIR

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 Si la musique doit mourir

Si l’amour est l’œuvre de Satan

Si ton corps est ta prison

Si le fouet est ce que tu sais donner

Si ton cœur est ta barbe

Si ta vérité est un voile

Si ton refrain est une balle

 

Comment peux-tu aimer le soleil dans ta tanière ?

 

 

Si ta terre est un champ de mine

Si ton mûrier est une potence

Si ta porte est un barrage

Si ton lit est une tranchée

Si ta maison est un cercueil

Si ton fleuve coule de sang

Si ta neige est un cimetière

 

Comment peux-tu aimer l’eau dans la rivière ?

 

 

Si tes montagnes courbent l’échine

Humiliées Sans hauteur

Leur dos pour les injustes citadelles

Leurs boyaux éventrés pour endurcir la pierre

Si ta vallée n’est pas pour nourrir ton rêve

Comme une rose dans le zéphyr

Si ton argile est pétrie de deuils

 

Comment peux-tu habiter la lumière ?

 

 

Si ton cheval est esclave de tes oeillères

Méprise la course des flûtes dans les airs

Si ta vallée vomit ses saphirs

Aux seigneurs de la guerre

Si les tresses des femmes sont des cordes

Si ton stade est un abattoir

Si ta nuit est une tombe pour les étoiles

 

Comment peux-tu promettre la lune ?

 

 

Si ton visage est sans visage

Si ton sabre est ton bourreau

Si toute la pluie ne peut laver ton index

Si ton désir est un bois mort

Si ton feu est cendre

Si ta flamme est fumée

Si ta passion est grenades et canons

 

Comment peux-tu séduire la colombe à ta fenêtre ?

 

 

Si ta source est un mirage

Si ton habit est ton linceul

Si la mort est ton mausolée

Si ton coran est un turban

Si ta prière est une guerre

Si ton paradis est enfer

Si ton âme est ta sombre geôlière

 

Comment peux-tu aimer le printemps ?

 

 

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TAHAR BEKRI

 

 

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BEKRI

ARTAUD

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Artaud je vois autour de toi
Adamov Henri Thomas
le fragile Prevel aussi
et je te vois rôder toi-même
autour de ce déchirement de toi

mais tu n’approches qu’en silence
comme le tzigane qui offre
aux derniers clients du dimanche
un violon hérissé de cordes cassées

Artaud Antonin chien fidèle
des bars où tourne le soleil et son train
dans la laque rougie et profonde des verres
miraculeux animal légendaire
avaleur de sabres derviche malin

immortel dans la ménagerie de ton corps
l’écho des cordes cassées dure encore

 

 

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JEAN-CLAUDE PIROTTE

 

 

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C

Oeuvre C. Novel

 

 

 

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