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Channel: EMMILA GITANA
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SEUIL D'ERRANCE...Extrait

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Je construis une balance
pour équilibrer
la norme et la folie
le pendule et le chant du coq
la parole d’explication et la poésie
le travail inutile et l’oisiveté vitale
l’obligation et l’acte libre
l’usure et l’aumône

Je construis une balance
pour peser la glace
et sa combustion
le privilège et la misère ambulante
dans le labyrinthe global
dans l’impasse de l’arnaque
sur la place des propagandes
au jardin des pendus
au cimetière disparu
dans l’éclair et le tonnerre

Je construis une balance
pour le bourreau des lucioles
et le jardinier de la nuit
le sobre explorateur de lunes
et le marcheur ivre lacté

Je construis une balance
sans hâte puisqu’il y a urgence
pour peser la pierre et la parole

 

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JORGE TORRES MEDINA

 

 

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MEDINA2,

 


YVES BONNEFOY...Extrait

NIZAR QABBANI

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" Je bruis de tes mots, de ton souvenir, comme se gargarise de ses eaux la fontaine de la maison andalouse. Je ne peux plus garder ton prénom pour moi. Que peut faire la rose de son parfum, que peuvent faire les champs de leurs épis, le paon de sa queue et la lampe ancienne de son huile? Les gens te voient en goutte de pluie sur mon épaule, en bouton doréà la manche de ma chemise, en livre sacré accrochéà mon porte-clés, en blessure oubliée sur les rives de mes lèvres: non je ne peux plus te cacher a personne. Trahi par la touffeur de l'herbe dans ma bouche, le monde entier découvre que je t'ai embrassée..."

 

.

 

 

NIZAR QABBANI

 

 

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wasma al agha

Oeuvre Wasma Al Agha

 

J'ENTENDS BOUGER

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J'entends bouger
la part secrète en moi
d'une musique dédiée
à ma naissance,

comme un envol
pour des choses d'éternité
dont je ne comprends rien

si ce n'est la cueillette d'un sourire
ou d'un enchantement
sur un visage aimé...

 

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BERNARD PERROY

 

 

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bernard 2

 

DE VEILLE ET DE SOMMEIL...Extrait

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...

La terre comme chose

- l’homme comme propriétaire de cette chose  -,

l’utilisation de la Terre et de toutes les créatures

comme exercice du droit absolu de propriété.

L’établissement de territoires, l’exploitation de la terre,

la déportation et l’utilisation des peuples

  - des êtres doués ou non de parole -

découlent de cette croyance délictueuse :

à savoir que la vie est une chose

  - au lieu d’un souffle et d’un songe -,

et que la propriété (sur ce souffle et ce songe) est un droit.

Alors qu’il s’agit d’un abus

  - un terrible désordre qui va croissant et dont la spirale se nourrit d’elle-même -

 

...

 

 

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ANNA MARIA ORTESE

 

 

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terre

LES PETITES PERSONNES: EN DEFENSE DES ANIMAUX ET AUTRES ECRITS...Extrait

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 Je considère les Animaux comme des Petites Personnes, des “frères” différents de l’homme, des créatures dotées d’un visage, de beaux et bons yeux qui expriment une pensée, et d’une sensibilité enclose, mais qui a la même valeur que la sensibilité et la pensée humaines

...

 

Torturer ou tuer la vie vivante, c’est se mettre du côté de la non-vie, du côté des cavernes ou des apocalypses. Qui aime vraiment l’homme l’aime tout entier, avec ses oiseaux et ses racines de rêve.

...

En quantité désormais apocalyptique, ils voyagent sur toute la terre dans des wagons plombés où ils perdent connaissance, pleurent ou meurent comme, autrefois, les prisonniers de guerre ; puis, s’ils parviennent à rejoindre les abattoirs, ils sont introduits dans des machines à tuer d’où ils sortent déjà prêts pour les restaurants de luxe ou les sandwicheries. Notre ventre, le ventre de cette génération occupée à la satisfaction la plus complète possible de sa propre liberté physique — et ceci d’un continent à l’autre —, se nourrit et se satisfait délicieusement de l’horreur subie par les animaux. Combien d’animaux ? On ne peut plus les compter.

...

Et un jour, alors que j’étais une petite fille, j’ai vu un charretier furibond descendre de sa charrette, saisir le cheval par la bride et cracher à plusieurs reprises dans ces yeux dolents ! Je n’ai plus aimé les hommes, à partir de ce moment. Ni même les enfants. Ou plus aussi facilement. Pour moi, les uns et les autres, tant que je ne les observe pas dans leurs relations avec la nature, sont de simples formes humaines, et je ne m’exclamerais jamais, comme le pape Wojtyla : quel respect devant le mot « homme » ! Non, je n’ai aucun respect pour l’homme incapable d’admiration, d’égards et de pitié pour la terre et pour tous ses enfants. Et surtout pas d’admiration. Je n’admire pas l’homme de la marmite

...

 

On ne dit pas des animaux, ces âmes vivantes – tel est leur nom dans les textes sacrés -, qu’ils occupent désormais l’échelon le plus bas de toute la vie vivante, et que leur malheur, leur asservissement, leur douleur, autrefois fortuits, sont aujourd’hui savamment programmés par l’industrie; et nous voyons, à chaque instant de leur vie muette, assujettis à l’infâme programmation de la vie – une minuscule portion de vie – humaine, à la programmation de l’homme tout puissant. Élevages, abattoirs, laboratoires, jeux indignes, sacrifices qui n’ont de religieux que l’apparence – en réalité, sadiques -, mauvais traitements, divertissements, et pour finir, absence totale, pour eux, d’un semblant de protection légale : réduits à des objets, eux, des âmes vivantes, et leur vie en tout point identique à l’enfer que l’homme craignait et qu’il a désormais pleinement réalisé. Qu’il a réalisé pour les plus faibles.

 

...

 

Je le répète, je ne m’y connais pas en médecine, et je ne suis pas sûre que la pratique de la vivisection soit vraiment indispensable à l’étude des maladies qui menacent l’humanité ; en revanche, je m’y connais un peu en mots, et en leur signification. La vivisection (…) est une expérience scientifique (et elle peut aussi ne pas être scientifique, mais dictée par la simple curiosité) faite en sectionnant des animaux vivants, avec l’aide, ou non, d’anesthésiques.

La vivisection n’est rien d’autre.

...

 

Ces dernières années il m’est arrivé plus d’une fois d’être amenée à prononcer le mot « esprit »* et de voir soudain apparaître, sur le visage des personnes présentes, de haute ou moyenne culture, une crispation, quand ce n’était pas une grimace irritée ou soupçonneuse, qui se transformait aisément en agressivité.

Invitée à clarifier le sens que je donnais à ce mot, certains, imaginant que je me débattais dans des difficultés verbales, venaient aimablement me voir, sollicitant une explication liée à une philosophie de la nature à laquelle je ne pensais absolument pas, alors que d’autres,plus intelligents, ou ayant tout de suite compris ce que j’entendais par ce mot, manifestaient ouvertement leur indignation : bref, les uns comme les autres m’accusait des choses les plus étranges : tantôt de ne pas être au courant des dernières découvertes scientifiques, tantôt de ne pas avoir tenu compte des derniers chapitres en matière de philosophie, tantôt, et j’utilise les termes exacts de cette dernière accusation, d’utiliser des mots qui n’ont plus aucun sens, ni dans la langue italienne, ni dans n’importe quelle langue moderne.

 

* A propos des animaux....Les petites personnes ...

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ANNA MARIA ORTESE

Traduction Marguerite Pozzoli

 

 

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ANNA MARIA2

 

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TU VERRAS...

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Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
L'amour c'est fait pour ça, tu verras, tu verras
Je ferai plus le con, j'apprendrai ma leçon
Sur le bout de tes doigts, tu verras, tu verras
Tu l'auras, ta maison avec des tuiles bleues
Des croisées d'hortensias, des palmiers plein les cieux
Des hivers crépitants, près du chat angora
Et je m'endormirai, tu verras, tu verras
Le devoir accompli, couché tout contre toi
Avec dans mes greniers, mes caves et mes toits
Tous les rêves du monde

Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
La vie, c'est fait pour ça, tu verras, tu verras
Tu verras mon stylo emplumé de soleil
Neiger sur le papier l'archange du réveil
Je me réveillerai, tu verras, tu verras
Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat!
Et j'irai réveiller le bonheur dans ses draps
Je crèv'rai son sommeil, tu verras, tu verras
Je crèv'rai le sommier, tu verras, tu verras
En t'inventant l'amour dans le cœur de mes bras
Jusqu'au matin du monde

Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
Le diable est fait pour ça, tu verras, tu verras
Je ferai le voyou, tu verras, tu verras
Je boirai comme un trou et qui vivra mourra
Tu me ramasseras dans tes yeux de rosée
Et je t'insulterai dans du verre brisé
Je serai fou furieux, tu verras, tu verras
Contre toi, contre tous, et surtout contre moi
La porte de mon cœur grondera, sautera
Car la poudre et la foudre, c'est fait pour que les rats
Envahissent le monde

Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
Mozart est fait pour ça, tu verras, entendras
Tu verras notre enfant étoilé de sueur
S'endormir gentiment à l'ombre de ses sœurs
Et revenir vers nous scintillant de vigueur
Tu verras mon ami dans les os de mes bras
Craquer du fin bonheur de se sentir aidé
Tu me verras, chérie, allumer des clartés
Et tu verras tous ceux qu'on croyait décédés
Reprendre souffle et vie dans la chair de ma voix
Jusqu'à la fin des mondes

Ah, tu verras, tu verras

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CLAUDE NOUGARO
sur une musique de Buarque De Hollanda
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MIGHTY SAM Mc CLAIN - A SOUL THAT'S BEEN ABUSED


L'ALBUM...Extrait

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Un soir
j'ouvre l'album
pour ne pas être seul

Les photos n'ont pas jauni

Dans la forêt de Marly
Jean Rousselot fait la course avec son ombre
les arbres applaudissent

Un jardin entre dans l'été
Michel Manoll invente des bouquets
aux couleurs de la liturgie

Jean Bouhier marche sur la mer

Dans les yeux de Luc Bérimont
des jeunes filles nous sourient

Guillevic à La Forê t Sainte -Croix
donne des leçons de solfège au merle



Et Laude encore
les yeux fermés
écoutant
sa chienne de vie
aboyer à la mort

 

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SERGE WELLENS

 Poèmes de l'inconfort

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Tejo Verstappen4,

Oeuvre Tejo Verstappen

 

 

 

SOUFFLES ET SONGES...Extrait

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Lancinant,  
le cri des mouettes
nous traverse comme un reproche
Nous avons vécu des années de poussière
sans retenir la leçon des tempêtes
Le temps s’est évaporé,
la plage est vide
Si peu de mots pour construire la vie
Le cri des mouettes,
lancinant,
dénonce les renoncements,  
la passivité des miroirs
Nous avons laissé nos couteaux au vestiaire
Il fallait brasser sans relâche la boue,
extraire l’or,
et scintiller
Il fallait mettre le rêve en mouvement
Il fallait
Mais nous avons si peu rêvé
Déchirant,
Le cri des mouettes
Déchirant   


....


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COLETTE GIBELIN

 

 

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michele guillet2

Oeuvre Michèle Guillet

 

 

 

JEAN LAVOUE...Extrait

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Ce sel de nos vies
Si lent à se former
Àéclairer nos pas
À révéler nos nuits

Cette lampe des jours
Si fermement tenue
Ce brasier à l'intime
Cet Amour en surplus

Ce sable que rien n'étreint
Ni le tic-tac des heures
Nul rivage nulle enfance
Pas un battement d'ailes

Ce mystère en secret
Dont le rien nous enfante
Ce fil jamais rompu
Ce souffle si ténu

La bonté sans calcul
Ce fruit inattendu
Cette joie d'héritage
Cette chance en éclats

Ce matin sans limites
Où le ciel est donné
Du soleil aux racines
Où deux ne font plus qu'un

Ce silence ce Chant
Qui monte de sa source
Cette eau des gratitudes
Cette vive présence

Que ferions-nous encore
Pour ne pas la troubler
Pour la laisser aller
Son ardente de jeunesse ?

 

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JEAN LAVOUE
www.enfancedesarbres.com

 

 

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jean

HADES EN MANGANESE...Extrait

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Vent dans les marronniers.
A faire éclater les bogues – piquants, duvet.
Artaud se brisant sous l’électro-choc,
comme si pour chier du sang par le nombril
il avait dû passer au gril à fond.
Qui n’est en traitement chez La Mort,
la servante Perséphone ?
Qui ne rayonne de tout
ce qu’il a fait sortir de
son accordéon de roc rouillé ?
Quand nous rentrons en nous-mêmes,
les ratures font d’étranges nourrissons.
Les traces forment des entrelacs – fugue fœtale
à la Giacometti, langes de retraits et de recommencements.
Le fait d’écrire suit-il un sillon
capable d’écorcer l’esprit premier ?
Car c’est ma tâche, semble-t-il – briser la bogue
et me découvrir dans la caverne de la tête,
là où dedans a cessé d’être de côté
et tire sa noblesse de là :
roc est continuité,
sur lui je ferai naviguer mon doigt.
Crâne devient caverne une fois la cervelle consommée.
Homme est crâne une fois la caverne délaissée.
Qu’est-ce qui était consomméà Lascaux ?
Non – ce qu’était Lascaux est maintenant consommé.
Comme si le boeuf n’était pas encore mangé,
comme si les volontés d’Hadès se lisaient ainsi :
avant d’avoir un titre à mon héritage,
il te faudra manger tous mes cadavres.

 

 

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CLAYTON ESHLEMAN
traduit de l’américain par Auxeméry © L’extrême contemporain, Belin

 

 

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roberto concha2

Roberto Concha

 

 

 

 

 

SEJOURS...Extrait

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Neige
Attente évacuée
- Ciel plus lourd que la ville même -
Le centre du jardin
Coïncide avec celui de mon silence
Nous habitons cet œil immense
La chose tangue
Et tout à coup dans le soir qui commence
Devient sensible
Qu'il faut un centre pour aimer

Un centre rejoint l'autre
Lent sourire invisible de notre gravité

 

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GABRIELLE ALTHEN

 

 

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neige

 

DERRIERE LA PORTE OUVERTE...Extrait

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J'ai trempé ma vie au langage secret des lavoirs
mes bras dans la douceur et la lavande
et dans la pitié tombante du jour
j'ai vu un vent inconnu
descendre de vos yeux
et les oiseaux du soir qui volent bas dans le silence
et nos vies couchées sous l'envol des oiseaux
et le silence qui vient
quand aucune vie ne commence.

 

 

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 LIONEL JUNG-ALLEGRET

Editions Al Manar, 2015, page 29.

 

 

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NONZA2

Lavoir de Nonza ( Cap Corse )

SOMMEIL BLESSE

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Tu respires dans un autre monde
vivante à peine et soulevée par un nuage de poudre
tirée en arrière par des troupes de fumées
et sourde à l’eau des lèvres
aux coups de grâce
au beau rêve humide de la nuit
qui rejette dans le sommeil
les armées d’ombelles qui te lèchent les jambes
la poitrine nue où bat
l’haleine d’une longue paresse
avec des bouquets de feu dans les cheveux
dans tes mains trop grandes pour retenir la mer
que j’entends ruisseler au fond des routes
et j’aiguise le tranchant de la vie
sur ta belle peau mouillée de soupirs.

 

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  ALBERT AYGUESPARSE

 

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williamrussellflint-original

Oeuvre William Russell Flint

 

 

 


ALBERT AYGUESPARSE...Extrait

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La lumière de midi fait éclater les fronts.
Elle peint de résine les masques insensés
Que les puissants ont pris pour traverser la ville
Où les bûchers croulants grillent le ciel géant.

Elle bouge avec l’ombre décapitée des murs
Et recouvre de chaux les cris des premiers morts.
Ses doigts d’encre ont tracé les couloirs de la peur,

Ne me demande pas ce que font ces fantômes.
Ils arrachent le coeur des colombes blessées
Et vendent des colliers d’amulettes sonores
Pour conjurer la foudre et sauver les damnés,
Mais l’enfer n’entend pas ce doux bruit d’ossements.

 

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ALBERT AYGUESPARSE

 

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SERGE FIORIO

Oeuvre Serge Fiorio

sergefiorio.canalblog.com

 

 

ICARE OU LA CHUTE...Extrait

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Les ailes pèsent sur ses veines.
Debout le corps tendu de désir
il se détache du stable
se projette vers le vide.

Muscles os souffle
s'allongent jusqu'à la douleur.
Il s'arrache
rejette les entraves
emporte l'aride de ses déserts
sa haute solitude aussi.
Long cri d'oiseau
coléreux impatient.
Long cri d'avidité de terreur.

Bras étendus
happé par l'invisible
il rythme battements et souffle.
Le poids inerte des ailes
- si pesant puisqu'il est étranger -
le poids le freine un peu.

Lente montée
trop lente pour l'exalté,
ce n'est pas l'ivresse attendue
mais des à-coups secs.
Vol lourd hésitant
trop humain.

 

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AGNES SCHNELL

 

 

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LZ-PG-Swan-Song-Tableau,

Oeuvre William Rimmer

Couverture du premier album “Physical Graffiti”  de Led Zeppelin

AGNES SCHNELL...Extrait

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Elle rêvait souvent, alors...
Elle multipliait les rêves comme si la vie, menacée dans son terme, avait besoin d’être doublée, prolongée par l’illusion du songe.
Son inconscient créait des lieux infinis. Elle passait de l’un à l’autre avec aisance, traversait le temps, les âges, les contrées sans s’étonner. Elle nouait le presque réel à l’absurde sans se réveiller. Il lui arrivait d’en rire dans son sommeil, d’en sourire encore se réveillant...

...Ses rêves germaient le jour et s’épanouissaient la nuit. Mais, de temps à autre, ils germaient la nuit et s’épanouissaient le jour. Elle était alors absente au bruit des autres, à leurs inquiétudes, à leurs vanités et futilités.

Elle était dans les clameurs de ses créatures, dans le fracas de son imaginaire. Elle était au bord du fleuve, toujours le même, dans l’attente d’un bateau ou dans une gare immense, petit pion parmi tant d’autres.
Elle gravissait une colline en pente douce sans fin. Elle était assise au milieu d’un verger digne de l’Eden. Elle dansait sans fatigue, sans poids ni freins. Elle était pianiste, violoncelliste ou une voix qui osait les chants les plus audacieux. Chaque matin la trouvait épanouie, enrichie des terres intérieures qu’elle seule avait foulées, ivre de rencontres, d’expériences, de jouissances.

Dans ses errances, une main ou un souffle l’accompagnaient. A la fois soutien et caresse, toujours tendres, toujours aimants. Elle disait, au réveil, qu’elle avait dormi dans la main de son ange…

 

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AGNES SCHNELL

 

 

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AGNES2

 

 

 

DES VILLAGES VERS LA MER...

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La mer    les vagues
la monodie des vents
les nuages qui filent sur l'azur
et solfient les accords azuréens
du chant des îles et des pêcheurs

Frissons    L'oiseau convole
Au royaume de la Lyre
Cetera  cistre et gaita  
irisent l'horizon
interrogent le ciel à la source des étoiles

L'embrun vole    l'embrun neige
quelle harpe  alors  larme de joie
entonne depuis le ponant
la mélodie  
des contrées que l'océan souligne

Bretagne  Biscaye  Asturies
Galicie   Île de Corse et de Sardaigne
profonds rivages
la liberté   là-bas  s'enivre de récits
hèle le pèlerin  en chemin

Que mon âme  enfin  soit  océan
l'allégorie se jouant du temps
en passant
avant que d'être ailleurs
ou  renaître des eaux 

A mes regrets qui vont déjà
par les champs
à l'ombre des arbres  recouvrant  les flots
quand les fragrances du maquis
à l'aube   perpétuellement se marient

...

 

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CRISTIAN GEORGES CAMPAGNAC

 

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 Ugo Casalonga, luthier

SERGE VENTURINI...Extrait

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Pour notre âme, les hommes sont des cristaux :
ils sont la nature transparente.

Novalis

 

La poésie est transparence de l'invisible. Elle est dans la recherche charnelle de la transparence aux lèvres sensuelles, au galbe des formes de la femme ronde, même si le plus souvent elle n'apparaît qu'en formes décharnées d'anorexique. Si la beauté est fille de l'invisible, elle occupe toute la place en sa rose iridescence nacrée. Pour le voyant, la beauté est irradiante.

Son impact est percussion et tumulte. Elle foudroie dans sa furtive fulguriance. Rétive comme l'amande en sa coque dure, elle n'offre son lait que l'espace-temps d'un regard éclair. Ses lèvres fascinent, son toucher brûle les doigts de désir.

Ses feux nourrissent, sa cosse recèle l'essentiel. Sous la verdeur de ses apparences, elle masque la réalité de son trésor, la source toujours cachée. Le poète ne cherche qu'à en briser l'écorce, à en déchirer le voile. Il veut embrasser ses lèvres entrouvertes dans sa contemplation, il brûle d'atteindre le secret de sa lumière, ― son éblouissant mystère.

Au cœur de la fragile vision de jaspe et de cornaline, il meurt d'enfoncer un doigt dans sa bouche, de caresser son noyau inviolable dans l'obscur. Sa lumière est pour le voyant révélation de son secret. Sa transparence met à jour la chair de l'invisible,    ― elle provoque le poète aux tremblements sacrés de la parole.

 

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SERGE VENTURINI

 

 

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Bahram Dabiri

Oeuvre Bahram Dabiri

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