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Channel: EMMILA GITANA
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SUR LES BLESSURES DE L'ÊTRE...Extrait

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Nous avons en nous une mémoire du futur. Ça peut

paraître étrange, mais c’est cette mémoire du futur qui

peut nous guider vers un monde qui ne sera pas, je

pense, sans convulsions ; il est impossible de naître sans

déchirure.

...

Il n’y aura pas de lendemains qui chantent

...

La difficulté d’être au monde est continue.

Comme on parle maintenant de formation continue, je parlerais de « naissance continue ».

 

 

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HENRY BAUCHAU

 

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MILA BORDIN2

Oeuvre Mila Bordin


CAHIER DE VERDURE...Extrait

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Le mince croissant de lune aperçu le soir dans le jardin, la serpe qui est pure illusion, qui est chose aigüe mais aussi doucement lumineuse, la «serpe de lait» qui perdra vite sa forme, qui s'inscrit un instant dans le ciel du couchant et surprend toujours, qui vous accompagne avec fidélité, lointaine, mais présente. À l'image de la serpe se lie inévitablement celle de la main qui devrait la tenir, de la moissonneuse dans quelque cortège en l'honneur de Céres — comme si, d'une fête, n'était visible qu'un emblème au-dessus de la foule cachée par la nuit : une chose ressentie naïvement comme bonne, amicale, à cause de l'atténuation, dans ce reflet, de l'autre lumière qu'on peut regarder en face. Et l'on se dit : elle est encore là, une fois de plus, elle m'est donnée sans bruit, sans histoires, et pas à moi seulement, comme depuis le commencement du monde auquel sa lueur semble me lier. C'est une serpe et c'est un lien. Cela chemine, fidèle, à croire qu'il y a vraiment là-bas un gardien faisant sa ronde pour nous défendre de la nuit.

 

 

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PHILIPPE JACCOTTET

 

 

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van gogh5

 Oeuvre Vincent Van Gogh

 

ARIANE ASCARIDE - MONOLOGUE DE L'ENVOL DES CIGOGNES

LA METAMORPHOSE DE NARCISSE ...Extrait ...A L'ATTENTION D'AGAMEMNON

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Quand l’anatomie claire et divine de Narcisse
se penche sur le miroir obscur du lac,

quand son torse blanc plié en avant
se fige, glacé,
dans la courbe argentée et hypnotique de son désir,
quand le temps passe
sur l’horloge des fleurs du sable de sa propre chair,

Narcisse s’anéantit dans le vertige cosmique
au plus profond duquel chante
la sirène froide et dionysiaque de sa propre image.
Le corps de Narcisse se vide et se perd
dans l’abîme de son reflet,
comme le sablier que l’on ne retournera pas.

Narcisse, tu perds ton corps,
emporté et confondu par le reflet millénaire de ta disparition,
ton corps frappé de mort
descend vers le précipice des topazes aux épaves jaunes de l’amour,
ton corps blanc, englouti,
suit la pente du torrent férocement minéral
des pierreries noires aux parfums âcres,
ton corps…
jusqu’aux embouchures mates de la nuit
au bord desquelles
étincelle déjà
toute l’argenterie rouge
des aubes aux veines brisées dans « les débarcadères du sang ».

Narcisse,
comprends-tu ?
La symétrie, hypnose divine de la géométrie de l’esprit, comble déjà ta tête de ce sommeil inguérissable, végétal, atavique et lent
qui dessèche la cervelle
dans la substance parcheminée
du noyau de ta proche métamorphose.

 

La semence de ta tête vient de tomber dans l’eau.
L’homme retourne au végétal
et les dieux
par le sommeil lourd de la fatigue
par l’hypnose transparente de leurs passions.

 

....

 

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SALVADOR DALI

 

 

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agamemnon

Ce que tu as gagné en muscles est tout ce que tu n'as plus dans le coeur.... 

 

NOUS AVONS DES MOTS, VOUS AVEZ DES BOMBES

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Le long de vos rampes de lancement
II fait déjà si froid
sous les saules blancs…

mais on entend toujours
au concert des mésanges
ce grand avertissement :
monté du fond des âges :
« au faîte de la démocratie
pend l’enseigne de l’armurier »
et dans le sein des dieux
pèsent les larmes sur le soleil couchant

Qui croyait en ce monde
qu’à dépeindre vos libertés ensanglantées
les mots eux-mêmes seraient rougis

Contre le jeu de vos armes
nous avons celui des mots
jusqu’à la quintessence du poème
guetté par la descente
autant que la danse du phénix

Nous avons sur la poutre l’hirondelle
et sous l’ondée de paille
les peurs de vos héros
repentis d’inculture

VOUS AVEZ LES BOMBES
NOUS AVONS LES MOTS

Vous vous épuisez d’habileté
dans vos sciences du désespoir
Nous errons à l’aventure du verbe
comme un vaisseau libéré de ses haleurs

Vous recherchez des preuves
quand il en est
où elles ne se parlent plus
ne s’entendent plus
ne s’offrent plus au verbe

qu’il est enfin purifié d’elles

En ces temps maudits de vos encombres
vous usez de noms de jouets
pour enfanter la guerre
commettre dans les cours vos crimes d’école

mais nos enfants de leurs prunelles sages
ne demandent que le vert du jardin
sans abri

NOUS AVONS DES MOTS
d’un pouvoir transcendant
QUI DE VOS BOMBES
détruisent l’argutie

A la beauté qu’exhale leur envol
sans seconde
les mots de plein ciel
s’épanouissent dans l’espace
de vos nids d’armes
détruits
sans que vous puissiez jamais suivre
leurs traces

Ils versent en secret
tout au long de vos fers
dans le mutisme de vos geôles
le souffle des mélanges
des croisées de sens
étrangers les uns les autres

Ils savent de vos terrorisantes certitudes
effacer les demeures

VOUS AVEZ DES BOMBES démocrates
NOUS AVONS DES MOTS tisserands d’herbes folles
vous avez les bombes de vos morales punitives
nous avons les mots du poème levant
vous larguez des deuils
nous lançons des respirations
vous enterrez les fleurs
nous berçons leur pistil
VOUS AVEZ LES BOMBES
NOUS AVONS LES MOTS
qui pour vous
plus rien ne signifieront
A vous plus rien
ne diront

Se pourrait-il que l’histoire
manque encore ses seuils ?

 

 

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PHILIPPE TANCELIN

 

 

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Last-prayer-

Photographie Mahmoud - Al - Kurd

 

ANNE MARGUERITE MILLELIRI...Extrait

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Un jour les mots se cendrent --

Est-ce une arythmie des sentiments ? 
Est-ce le chagrin ? 
Est-ce l'absence ? 
D'où vient-elle toute cette cendre ? Et
qu'est-ce qui a brûlé ? 
Les yeux brûlent sans larmes 
Les mots meurent sous la cendre --
Ce que tu lis te délit
Ce qui te délit te désécrit

Quelqu'un gît en creux où il n'est plus

Traces de pas et toute cette cendre -- D'où venue ?

 

 

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ANNE MARGUERITE MILLIRI

 

 

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trace

AGNES SCHNELL...Extrait

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On a replié sa vie
comme une carte lue à l’envers.
On a replié sa vie
comme un livre
où se terrent les dérapages
et les boues.

On est telle une vieille horloge
obstinée dans le recul
taiseuse depuis trop longtemps.

On repousse le sommeil
on se cogne à l’ombre
aux premiers soupirs de la mémoire.
Certains guettent le soleil
ou la place d’un feu.

Quelles bouches diront ton nom ?
Quelles bouches diront
tes gestes dans l’imprudence
et tes méandres inversés par distraction ?

Quelles bouches oseront parler
du fleuve qui courait en toi
lesquelles diront les entassements
dont tu craignais le déséquilibre
et la lumière frêle
que malgré la nuit tu poursuivais ?

Les matins affolés
et tout ce fatras qui t’alourdit
taillent à vif ton liber profond.

 

 

 

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AGNES SCHNELL

 

 

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susan hall

Oeuvre Susan Hall

CONTRE-JOUR

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Revenir    pieds nus
dans les traces trop larges
comme si on rentrait chez soi.
 
Glisser sur le sol
se laisser écorcher par les échardes
de la mémoire
et rendre grâce à la source
à la leçon de l’humus
à l’éclatement végétal.
 
Il faut
murmurer d’une voix profonde
les rêves éteints
la cendre lavée
de tout l’ocre humain.
Il faut dire
à voix froissée
ce qui hurle en soi
avant de se taire.
 
Dire
les chemins tortueux
dans la terre lasse
de nos migrations.
Dire aussi
l’adagio de l’aube
le chant aux mille voix
tout autour
et l’isthme trop fragile
qui nous retient encore.
 
Il faut
dire qu’on est debout
dans l’opacité        dans la fièvre
soumis aux remous
dans l’effacement
mais que fuse encore
en nous       la lave.
 
Dire aussi
les épines qui vont toujours droit
à l’âme
et dont il faut se détourner.
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AGNES SCHNELL
1/09/06
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Edward Burne-Jones

 Oeuvre Edward Burne-Jones
                       
                     

MIRAGES

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A petits pas qu'importe !
De l'autre côté
le temps ne presse plus.
De l'autre côté
l'instant ne leurre plus.
Le voyage ne finit pas
de désarticuler
qu'importe le pas.
Marcheur immobile
dans l'eau qui emporte
malgré soi
vers l'irrésistible..
Oeillade des feux
nuits où les rêves
prennent corps et nous écrasent
de tendresse
le marcheur loin des voies
qui se dupliquent
ne sait quoi butiner
le temps qui se ramasse
et reste dans l'angle mort
le désir défiant le silence
ou cet infime frémissement
que le vent porte
avec l'averse ?
Magie des voix pierreuses
des impulsions muettes
des mots archivés
à peine offerts.
Magie des fièvres de louves…
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AGNES SCHNELL
extrait de « autres mesures »
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FIEVRES DE LOUVES

SONGE...Extrait

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J'espérais contraindre
au silence
l'infini qui croît en moi
ce qui dans l'ombre
retient mon souffle.

 .

 

 AGNES SCHNELL

 

 

 .

 

Photo@Diana Meihing Lo2

Photographie Diana Meihing Lo

BACH EN AUTOMNE...Extrait

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Dans la gamme couleur d’automne de si bémol mineur, descend
Cette première marche jusqu’à la note sensible ! Le nom alors se hisse
Jusqu’à do, le niveau de la réalité. Et, de nouveau, du même demi-ton
                        Retombe
Sur ce si dont la vibration suspendue appelle une nouvelle ascension.
Le clavier est l’image du monde. Comme l’échelle de Jacob
            Il nous traverse de bout en bout.

Regarde la corde tendue sur son frêle berceau de bois : chaque montée,
Même d’un dièse, augmente son effort. Mais pour descendre, simplement
            Relâche sa contrainte !
Gamme qui s’élève avec peine, telle la femme de Loth, regardant en arrière, et
Sitôt qu’elle cède à sa pente, devient plus lasse encore, plus tendre aussi plus
Condamnée, plus entraînée vers les eaux de l’amertume et de la séparation.
            Que suis-je, livréà moi-même ?

 

 

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JEAN-PAUL DE DADELSEN

 

 

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femme partition2

A L'ORIENT DE TOUT...Extrait

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Car ce qui a été vécu
        sera rêvé
Et ce qui a été rêvé
        revécu

Nous n’aurons pas trop de nuits

Pour brûler les branches tombées
        à notre insu
Pour engranger l’odeur durable
        des fumées

...

 

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FRANCOIS CHENG

 

 

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roberto concha3

Oeuvre Roberto Concha

LE HEURT

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Tu marchais

Parcourant la trace de la terre
Où bruit l’obscur et l’incertaine qui repose

Voici
L’herbe enclave
A cette pierre

Ô fausse clarté de l’ascendance
Don lumineux des pierres agissantes

Dans quel achèvement
Ne plus saisir

Herbe franchie
C’est un lieu de pierre nu

Quelle trace y sais-tu
Où les plaies sont larges dans la lueur

Tu marchais

La terre en perte rouge
Attarde au dernier lieu sa dernière lueur

Sur cette terre à gravir
Ivre
Improbable

Où tu riais
Par le gré incertain des sables

 

 

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BEATRICE DOUVRE

 

 

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susan hall4,

Oeuvre Susan Hall

INGEBORG BACHMANN...Extrait

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Mon oiseau

Quoiqu’il advienne – le monde dévasté

revient s’enfoncer dans le crépuscule ;

les forêts lui préparent quelque boisson pour s’endormir,

et du haut de la tour que le veilleur a quittée,

tombe, tranquille et fixe, le regard de la chouette.

Quoiqu’il advienne – tu connais ton heure,

mon oiseau, tu prends ton voile

et tu t’envoles, à travers le brouillard, vers moi.

 

 

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INGEBORG BACHMANN

 

 

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susan hall

Oeuvre Susan Hall 

BRUNO RUIZ

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Ce peu de temps qui reste
A ce corps qui s’enlise
Je le veux souverain
Sous la lune complice
Je le veux dans ta main
Plus léger qu’une abeille
Comme un coussin d’été
La flèche d’un hiver
Je le veux sans compter
Les ruines de nos routes
Et savourer à deux
L’instant qui s’éternise.

Voici le temps des bilans de l’usure
Aux feux croisés de nos forges intimes
Je veux l’amour absolu jusqu’au bout
Face à la verte et dernière beauté
Maintenant

 

 

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BRUNO RUIZ

 

 

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susan hall

Oeuvre Susan Hall

 


ADJIRI ODAMETEY - OYAÏ

LA RETRAITE SENTIMENTALE...Extrait

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La nuit descend, prompte à se fermer sur ce jardin dont la grasse verdure demeure sombre au soleil. L’humidité de la terre monte à mes narines : odeur de champignons et de vanille et d’oranger… on croirait qu’un invisible gardénia, fiévreux et blanc, écarte dans l’obscurité ses pétales, c’est l’arôme même de cette nuit ruisselante de rosée… C’est l’haleine, par-delà la grille et la ruelle moussue, des bois où je suis née, des bois qui m’ont recueillie. Je leur appartiens de nouveau, à présent que leur ombre, leur silence étouffant ou leur murmure de pluie n’inquiète plus celui qui m’y suivait en étranger, vite las, vite angoissé sous leur voûte de feuilles, et qui cherchait l’orée, l’air libre, les horizons balayés de nuages et de vent…

 

 

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COLETTE

 

 

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van gogh,,

Oeuvre Vincent Van Gogh

 

MORT A VINGT ANS...Extrait

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"On est très sérieux quand on a 19 ans"

A la 29 ème page, il reste une goutte d'eau non polluée, - Et comment en serait-il autrement puisque en fait il s'agit d'un testament. Oui, voilà un testament. Je voudrais remercier toutes les personnes, toutes les filles qui m'ont fait passer des moments heureux. Que puis-je leur laisser? Rien. Vraiment rien. Une pensée affectueuse, de la tendresse, tout mon amour: vraiment rien et ce fils si je l'ai qui va, en comparaison avec l'éternité me rejoindre dans la mort dans un quart de seconde me demandant: "Pourquoi m'as-tu fait venir?" Que vais-je lui répondre? Moi je n'aurai pas l'indélicatesse de demander le pourquoi des choses. Je suis né avec une croix, j'avais une chaîne aux pieds, des fers, j'ai fait le tour de la place. Maintenant je veux éteindre la lumière et dormir, je ne veux pas que l'on fasse un débat sur ma performance; que l'on me décore ou que l'on m'explique pourquoi en même temps qu'un nez et une bouche, une croix a grandi avec moi et s'est alourdie à mesure qu'elle vieillissait comme si tout le poids du mal était venu s'infiltrer par petites touches dans ses fissures de bois, dans ses rides, dans les rides de ma peau.
Une idée me vient. Je voudrais lire tout çàà une très belle fille avec qui je me sente bien le 27 juin 1976, la veille de mes vingt ans. Ce sera la veillée funèbre. On allumera des bougies, je lirai, on fera l'amour et je mourrai le lendemain matin quand le chiffre 20 se déposera en légère rosée sur mon corps en sueur.
20 ans. Après c'est vraiment la chute verticale et j'ai peur. Je ne veux pas partir à la guerre. Je préfère mourir ici en un lieu, en des circonstances de mon choix. Le 27 juin, c'est la fin de l'année scolaire. Après c'est l'été, les vacances et je sens qu'il me sera trop dur de trimbaler mes 20 ans sur les plages en regardant les filles neuves, hier encore bourgeons qui viennent d'éclore et qui sentent bon leurs 14 ans. Ce qu'il y a de fou c'est que j'ai vingt ans et dans mon esprit je suis encore un tout petit enfant qui ne s'est pas encore fait à l'idée de la mort. Bien sûr si je continue à vivre je pourrais en faisant l'amour pénétrer dans ce 14 ans l'espace de quelques moments mais c'est de la respiration artificielle. Que l'on m'enlève les tuyaux dans le nez, le sérum, que l'on arrête les massages cardiaques et que l'on me laisse mourir en paix en respectant un peu le fait que j'ai tout de même failli être un homme et en ayant la pitié de mettre fin aux électrochocs, aux tentatives bouleversantes, aux regrets terribles qui affectent mon cœur. Je ne veux pas que l'on me maltraite, que l'on me crache à la figure, qu'une force éclatante profite de ma faiblesse pour m'aveugler. Je suis si fragile, si frêle, j'ai tellement peur. Faites-moi une piqûre pour que je ne sente rien ou plutôt non mettez-moi sans que je le sache un poison violent dans ma boisson et que je meure sans m'en apercevoir.


Après, vaisseau sans boussole, on perd la dernière musique de la Tour de contrôle et on est seul, terriblement seul, balloté de droite à gauche; on roule, on roule dans l'infini. On n'en peut plus. "Arrêtez""Arrêtez""Maman""Papa""Mon fils""Ma fille" mais personne n'entend plus et le bois du cercueil demeure muet.
Maman elle est à des milliards et des milliards de kilomètres. Jamais plus je ne la verrai sourire, m'embrasser, se pencher vers moi. Les larmes me viennent aux yeux. J'ai du mal à les contenir. Ça pique. Il est 21 h 50. Nous sommes le 1er février 1976.

 

 

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CHARLES VERSINI

Editions L'Harmattan.

 

 

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Si belle

 

LE DESIR ET LA POUSSIERE...Extrait

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Les ombres des morts sortent de la poussière

et s’envolent dans le vent

 

je crois en une seule terre en un seul ciel

je crois en la résurrection des pierres

et l’immortalité des vagues

 

je crois au murmure des graines dans la terre

je crois au silence des lacs de forêt

 

les nuages descendent quand je les appelle

les continents engloutis surgissent de la mer

et l’arc-en-ciel se casse en deux

les églises se renient les unes les autres

avant que le coq ne chante pour la troisième fois

les déserts oublient leur nom

et les montagnes s’inclinent en tremblant

devant celui qui prononce le dernier mot

 

 

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JAAN KAPLINSKI

traduction de l’estonien Antoine Chalvin

 

 

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Monte d'Oro - Wilhelm VILKRIST (1887-1972)2

Monte d'Oro - Wilhelm VILKRIST (1887-1972)

CHARLES AZNAVOUR - HOMMAGE - LES EMIGRANTS , MOURIR D'AIMER, LE PERE GORIOT, ECRIRE

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aznavour2

 

 

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Comment crois-tu qu'ils sont venus? 
Ils sont venus, les poches vides et les mains nues 
Pour travailler à tours de bras 
Et défricher un sol ingrat 

Comment crois-tu qu'ils sont restés? 
Ils sont restés, en trimant comme des damnés 

 

Sans avoir à lever les yeux 
Pour se trouver tout près de Dieu 

Tous ensemble 
Ils ont vois-tu, plein de ferveur et de vertu 
Tous ensemble 
Bâti un temple à temps perdu 

Comment crois-tu qu'ils ont tenu? 
Ils ont tenu, en étant croyants et têtus 
Déterminés pour leurs enfants 
À faire un monde différent 
Les émigrants 

 

 

Comment crois-tu qu'ils ont mangé? 
Ils ont mangé, cette sacré vache enragée 
Qui vous achève ou vous rend fort 
Soit qu'on en crève ou qu'on s'en sort 

Comment crois-tu qu'ils ont aimé? 
Ils ont aimé, en bénissant leur premier né 
En qui se mélangeait leurs sangs 
Leurs traditions et leurs accents 

Tous ensemble 
Ils ont bientôt, créé un univers nouveau 
Tous ensemble 
Sans holocauste et sans ghettos 

Comment crois-tu qu'ils ont gagné? 
Ils ont gagné, quand il a fallu désigner 
Des hommes qui avaient du cran 
Ils étaient tous au premier rang 
Les émigrants 

Comment crois-tu qu'ils ont souffert? 
Ils ont souffert, certains en décrivant l'enfer 
Avec la plume ou le pinceau 
Ça nous a valu Picasso 

Comment crois-tu qu'ils ont lutté? 
Ils ont lutté, en ayant l'amour du métier 
Jusqu'à y sacrifier leur vie 
Rappelez-vous Marie Curie 

Tous ensemble, avec leurs mains 
Ils ont travaillé pour demain 
Tous ensemble 
Servant d'exemple au genre humain 

Comment crois-tu qu'ils ont fini? 
Ils ont fini, laissant un peu de leur génie 
Dans ce que l'homme a de tous temps 
Fait de plus beau fait de plus grand 
Les émigrants

 

 

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CHARLES AZNAVOUR

 

 

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 Rêver,chercher, apprendre 
N'avoir que l'écriture et pour Maitre et pour Dieu 
Tendre à la perfection à s'en crever les yeux 
Choquer l'ordre établi pour imposer ses vues 
Pourfendre 

Choisir, saisir, comprendre 
Remettre son travail cent fois sur le métier 
Salir la toile vierge et pour mieux la souiller 
Faire hurler, sans pudeur, tous ces espaces nus 
Surprendre 

Traverser les brouillards de l'imagination 
Déguiser le réel de lambeaux d'abstraction 
Désenchainer le trait par mille variations 
Tuons les habitudes 
Changer, créer, détruire 

Pour briser les structures à jamais révolues 
Prendre les contrepieds de tout ce qu'on a lu 


Écrire ta peur de sueur, d'angoisse 
Souffrant d'une étrange langueur 
Qui s'estompe parfois mais qui refait bientôt surface 
Usé de sa morale en jouant sur les moeurs 
Et les idées du temps 

Imposer sa vision des choses et des gens 
Quitte àêtre pourtant maudit 
Aller jusqu'au scandale 
Capter de son sujet la moindre variation 

Explorer sans relâche et la forme et le fond 
Et puis l'oeuvre achevée, tout remettre en question 
Déchiré d'inquiétude 

Souffrir, maudire 
Réduire l'art à sa volonté brulante d'énergie 
Donner aux sujets morts comme un semblant de vie 
Et lâchant ses démons sur la page engourdie 
Écrire, Écrire 
Écrire comme on parle et on crie 
Il nous restera ça 
Il nous restera ça
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