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Channel: EMMILA GITANA
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ERNEST PEPIN...Extrait

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Nous ne sommes pas venus en avion
Ni en bateau de croisières
Nous sommes venus traînés par la houle
Happés par les gouffres
Nous sommes venus comme des marchandises
Du bétail ou des machines humaines
Les vagues et le vent escortaient notre douleur
Et les requins voraces festoyaient
En goûtant notre chair
Nous avons tout oublié
Les rois et les dieux
Mais nous n’avons pas oublié l’Afrique
Et depuis nous reconstruisons l’Afrique
Notre musique vient de l’Afrique
Notre cuisine vient de l’Afrique
Tout l’humain en nous rappelle l’Afrique
L’Afrique recomposée
L’Afrique métissée
Mais l’Afrique re-née
Esclaves ?
Nous ne sommes pas venus en esclaves
Même si on nous a rendus esclaves
Esclaves du Code Noir
Esclaves de la traite
Esclaves de l’arbre de l’oubli
On ne peut enchaîner le vent
Ni mettre des fers à la mémoire
C’est pourquoi nous crions à tue-tête
Nous hurlons
Nous dansons
Car nous sommes les blessés d’une guerre sans nom
Nous sommes les filles d’un voyage sans retour
Nous sommes les bâtisseurs d’un nouveau monde
Nous ne sommes jamais venus
Mais nous sommes arrivés
Sans passeport
Sans visa
Sans pièce d’identité

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ERNEST PEPIN
3 Décembre 2017

 

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ernest2

 

 


LA VAGABONDE...Extrait

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« Soyez sûrs qu’une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s’écrie :
Elle est en acier !
Elle est en "femme", simplement - et cela suffit. »

 

 

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COLETTE

(1910)

 

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COLETTE60,

Colette

MARIANNE WILLIAMSON

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Notre peur la plus profonde 
n'est pas d'être nul ou incapable 
notre peur la plus profonde 
c'est d'être puissant au-delà de toute mesure.
Nous nous demandons:
"Qui suis-je pour être brillant,
talentueux, génial ? "
Mais la vraie question devrait dire :
"Qui êtes-vous pour ne pas l'être ? "
Vous êtes un enfant de la Vie.
Rester jouer dans votre école maternelle n'offre aucun service au monde d'aujourd'hui.
Il n'y a rien de sain ou d'illuminé 
à vous rétrécir et à vous cacher 
pour ne pas insécuriser votre entourage. 
Nous sommes nés pour manifester 
la merveille de la Vie qui est en nous. 
Ce n'est pas limitéà certains, 
c'est en nous tous. 
Quand nous laissons briller notre lumière 
les autres ressentent 
inconsciemment 
la permission de faire de même. 
Quand nous nous libérons de notre propre peur 
notre présence libère 
automatiquement les autres.

 

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Nuestro miedo lo más profundo 
no es de ser nulo y incapaz 
Nuestro miedo lo más profundo 
es de ser poderoso con mucha fuerza. 
Es nuestra luz, no nuestra sombra 
lo que más asusta.
Nos preguntamos :
"Quien soy para ser brillante,
talentoso, genial ? "
Pero la verdadera pregunta debería decir :
"Quien eres para no ser ? "
Eres un hijo de la Vida. 
Quedar jugar en tu escuela primaria no ofrece ningunos servicios al mundo de hoy. 
No hay nada sagrado o iluminado 
encogerse y escóndete 
para no insegurar las personas cercanas.
Nacimos para manifestar 
la maravilla de la Vida que esta en nosotros. 
No se limita a algunos está a dentro de todos. 
Cuando dejamos que brille nuestra luz 
inconscientemente los otros sienten 
el permiso para hacer lo mismo. 
Cuando nos liberamos 
de nuestro proprio miedo
nuestra presencia libera 
automaticámente 
a los demás.

 

 

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MARIANNE WILLIAMSON

 

 

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ALESSANDRO 2

Photographie Alessandro

CHERCHANT A MAINS NUES LA LUMIERE...Extrait

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Vertu de la ténacité. Nous nous accrochons à ce monde comme un lierre grimpant . Sans savoir si nous tenons notre force de lui ou si nous lui communiquons l'empreinte de notre pensée.

 

Emerger. S'éveiller. Chaque parole prononcée est une victoire sur le silence. Chaque regard accueillant est une victoire sur l'obscurité. Extrême tension, il faut rester conscient à chaque instant, car tout atome d'inattention est un consentement à la mort.

 

Tout ce que nous tenons hors de nous par négligence ou par faiblesse compose cette masse grandissante de la mort qui peu à peu prend en nous toute la place, jusqu'au moment où ne nous sommes plus qu'une boule dure d'indifférence et d'absence et n'avons plus qu'à nous abandonner à ce que nous avons si bien accepté : la mort.

 

Mais si nous ne l'acceptons pas, quelle énergie il faut pour maintenir en nous la vie, dans sa totalité. Et, toujours, espérer la lumière, avec ferveur et lucidité.

 

 

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COLETTE GIBELIN 

 

 

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simone held2

Photographie Simone Held

L'AVENIR SEUL...Extrait

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Et je l’ai rêvé et le rêve,
Un jour le rêverai encore,
Tout se répétera, tout se réalisera,
Vous rêverez tout ce que j’ai vu en rêve.

Là-bas, de notre côté, du côté du monde
La vague poursuit la vague et bat le rivage,
Et sur la vague l’étoile, l’homme et l’oiseau,
Et le rêve, le réel et la mort – vague après vague.

Pas besoin de date : j’étais et je serai,
La vie est le miracle des miracles, et sur mes genoux
Comme un orphelin j’assois ce miracle,

Seul au milieu des miroirs – dans le cercle des reflets
Des mers et des villes qui rayonnent en miracle.
Et la mère garde son enfant sur les genoux.

En larmes.

 

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ARSENI TARKOVSKY 

 

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Francoise_de_Felice_bord_de_mer

Oeuvre Françoise de Felice

LE ROI DES CONS...

EUGENIO MONTALE...Extrait

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Sans coup de théâtre

Les saisons

ont presque disparu.

Tout cela n’était qu’un jeu trompeur des Esprits

de l’Ether.
-

Il ne nous est pas possible de vivre

par instants, par à-coups, par échappées et en escapades longues et brèves.

Qu’on soit vivants ou morts, la balançoire

ne pouvait durer plus que l’éternel

le si fugace âge de notre enfance.

Voici que commence le cycle de la stagnation.

Les saisons ont fait leurs adieux

sans salamalecs ni cérémonies, lasses

de leur roulement. Nous ne serons plus

tristes ou heureux, oiseaux de l’aube ou de la nuit.

Nous ne saurons même plus

ce qu’est savoir et non savoir, vivre

presque ou pas du tout. C’est vite dit,

pour le reste nous nous en tiendrons au fait.

 

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EUGENIO MONTALE

(Traduit de l'italien par Raymond Farina)

 

 

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redon25,,

Oeuvre Odilon Redon 

 

PIERRE LEBRETON...Extrait

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A vouloir
Possible
De l’espérance
Entre nos mains,
Sans entailles
Sans remous incertains,
A vouloir
Cette clarté bue
Sur le vaste bord
Des heures
Posées sur l’absence
- Ôéternel désirant
De l’amour entraperçu-
Et cette étincelle
Qui a fait don
De ce monde
Dans cette requête
Sans fin
De la vie ;
Quel est le sens
De tous nos pas
Derrière nos murs
Et notre silence
Assourdissant
A cet appel des étoiles
Tout au dessus
Quel fil
Ténu
Nous retient
Dans ce battement
Du Coeur,
Ce toi
Ce moi
Qui nous relie
A jamais…

 

 

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PIERRE LEBRETON 

2018

 

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yves pires

Oeuvre Yves Pires


LES ENFANTS PARADIS - BATACLAN

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Ils étaient des sourires, ils étaient des sanglots
Ils étaient de ces rires que font les chants d'oiseaux
Ils étaient des matins quand on va bord de mer
Ils étaient cœur chagrin, ils étaient cœur lumière
Ils étaient des poèmes, Ils étaient des oiseaux
Ils étaient des je t'aime qu'on dit bord du ruisseau
Ils étaient du café, ils étaient du bistrot
Ils étaient étrangers, ils étaient sans drapeau
Ils étaient de Paris, ils étaient de province
Ils étaient cœurs de pluie qui font cœurs qui grincent
Ils étaient pleins de vie, avaient l'œil du printemps
Ils étaient cœurs qui rient quand le ciel est pleurant
Ils étaient des promesses, ils étaient devenir
Ils étaient bien trop jeunes oui pour devoir partir
Ils étaient fils d'Orient ou fils de l'Occident
Enfants du paradis, enfants du Bataclan
Ils étaient cœur français ou international
Ils étaient la rosée qui pleure de sous le châle
Ils étaient des promesses, ils étaient des bourgeons
Qui font monter tristesse, ils étaient des chansons
Ils étaient des familles, ils étaient des amis
Ils étaient ce qui brille dans le ciel de la nuit
Ils étaient amoureux ceux qui se sont blottis
L'un contre l'autre à deux, contre la tyrannie
Ils étaient comme toi, ils étaient comme moi
Ils n'étaient pas guerriers mais sont morts au combat
Ils étaient cœur d'amour, ils étaient cœur qui bat
Puis qui battra toujours même en-dessous la croix
Ils étaient ces amis que je connaissais pas
Ils étaient mon pays et puis le tien je crois
Ils resteront Paris, Paris se souviendra
Toujours de ces amis la lumière brillera
Ils s'appelaient je t'aime, ils s'appelaient jeunesse
Ils s'appelaient poème, ils s'appelaient tendresse
Ils s'appelaient frangine, ils s'appelaient frangin
Ils s'appelaient gamine, ils s'appelaient gamin
Ils s'appelaient la joie et puis la non violence
Ils s'appelaient je crois les enfants de la France
De tout les horizons puis de tous les prénoms
Ils s'appelaient amour, s'appelaient l'horizon
Ils s'appelaient Jacques Brel puis je crois Barbara
Ils s'appelaient le ciel, ils s'appelaient pourquoi
Toujours ici sommeil l'horreur au creux du bois
Qui rejoint l'éternel va l'innocent je crois
Ils étaient poing levé, ils étaient nos concerts
Ils étaient cœurs serrés oui face aux tortionnaires
Ils étaient cœur d'œillets, des fleurs face au fusil
À nos cœurs endeuillés nous pleurons nos amis
À l'innocent qu'on tue, oui, tombé sous les balles
Au soldat inconnu sous l'horreur des mitrailles
Si sont les lettres mortes, les cantiques du chagrin
Puisque frappe à la porte les plaines de Verdun
Si sont tombés ce soir, en ce vendredi noir,
Les frères de mon pays, nous laissant désespoir
Mon pays ta culture est morte, assassinée
Mais tu sais ma culture non ne mourra jamais
Toi mon pays Molière, toi mon pays Vinci,
Toi mon pays Voltaire, toi mon pays Valmy
Toi mon pays la Terre, toi mon pays Paris,
Toi mon pays par terre, relève-toi mon pays
Toi mon pays lumière, toi mon pays la vie
Mon pays littéraire, mon pays triste vie
Toi mon pays mes frères, toi frère de mon pays
Comme on chérit sa mère, on chérit sa patrie
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DAMIEN SAEZ
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PEUPLES MANIFESTANTS

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 J'ai lu ton tweet mon camarade, suppôt des multinationales

Putain mon vieux t'es mal tombé, tu m'en veux pas j'vais pas tweeter
C'est bien tenté, bien essayé, avec tes potes collaborants 
Oui d'essayer de faire passer pour des fous les indépendants
Je suis du peuple travailleur, j'suis pas du show-biz à quatre pattes
Avec moi les fils du labeur, ceux qui font pousser des tomates
Ceux qui en ont marre de se faire baiser par les rois de l'intermédiaire
Par ces gens-là qui ne créent sûr autour d'eux que la misère

Merci bien mon monsieur, mais non merci toi mon bon maître
Puis attention les miséreux un jour pourraient couper des têtes
A force de faire pisser les yeux.. De mon populaire ouais t'en veux ? 
Alors mon vieux j'vais t'en donner de quoi parler dans tes papiers
T'as lu la presse puisqu'il paraît on parle de moi dans les torchons
Des foires à bobos pour camés qui vient paver son p'tit rebond
Pour avoir son p'tit truc à dire, pour mentir aux populations 
Pis bien sûr avec les sourires du temps des collaborations 
A écouter les journalismes, tous les avocats des notables
Les concessionnaires du fascisme, ça y a du fric dessous la table 
Ah ouais c'est sûr y a du média pour aller défendre pognon 
Tu sais tous ces gens-là qui paient, publicités dans les torchons
Moi je resterai poing levé du peuple des indépendants
Moi j'y peux rien si je suis né du peuple des manifestants 
Faut boycotter l'collaborant, pis faut protéger nos cultures 
Puisqu'ils viennent violer nos champs, piétiner nos littératures
Puisque mon cœur est compagnon de ces gens-là le poing levé 
Toujours en moi l'insoumission contre les maîtres des progrès
Je resterai le paysan, sur l'établi, sur le papier
Contre les macros du pognon, contre les rois des enculés

 La Société t'es pas contente quand on te traite de vieille salope

Tu trouves vulgaires les mots d'en-bas, attends vas-y j'm'allume une clope
J'vais t'raconter un peu d'ici la gueule que t'as pour la misère
Tous les quotidiens des cercueils à la fin du mois qui galèrent
Agriculteurs prêts au suicide, instituteurs en dépression
Toujours pour nourrir les avides du grand culte Consommation 
Educs-spé, les mains dans la suie, pour t'éviter les rebellions 
Faudrait pas trop qu'les ordures remontent trop au nez du pognon
Peuple de collège, de lycée, laissé aux pornos et aux joints 
Ouais mais t'as raison Société, valait mieux enlever le Latin 
Ouais pis surtout dans cette époque où chacun cherche une origine
Pour mieux réformer l'orthographe, oublier les gréco-latines 
Bah ouais la Grèce ma Société, tu sais le berceau des cultures
Le pays d'où viennent tes musées puis d'où vient ta littérature 
Non toi tu préfères la saigner pour enrichir sûr les banquières
Non toi tu paries sur des dettes pour mieux saigner les ouvrières 
Non ils sont mieux avec leur I-Phone pour les éduquer à la thune
Les progénitures des misères de ceux qui f'ront jamais fortune 

Ça licencie des ouvriers, ça fait des peuples de chômeurs
Qu'est-ce que t'en dis toi paysan, qu'est-ce que t'en dis toi travailleur
Ça prend ça-comme pis ça vous chie sur tous les champs de nos cultures 
Sûr y a du média pour vous dire qu'on est pas sur la dictature
Démocratie enfantée ouais du fascisme consommant 
Puisqu'ici il n'est de sacré, ouais que la couleur de l'argent 
Pis tu crois que y aurait politiques pour protéger les populaires
Non ils préfèrent faire des tweets pour divertir la ménagère 
Pour eux la culture c'est sucer les p'tites riquaines, stars du ciné
C'est pas pour le prix des tomates, c'est pas pour le cœur ouvrier 
Dessinateurs assassinés, des salles de concert en charnier 
Pis t'as qu'à voir un peu les feux d'artifices au 14 juillet 
Mais ça va t'envoyer des bombes, ouais pour flinguer l'ami syrien 
Quand y a du pétrole faut qu'ça tombe, sur des pays pauvres, des gamins 
Et continuent les attentats, et continue la propagande 
Pour les soupes-opéra du soir, puisque le peuple en redemande
Entre les pestes, les choléras, sûr prolifère la pourriture
De ces tristes pays perdus qui pissent eux-mêmes sur leur culture
Qui violent eux-mêmes ouais leur Histoire, pis qui vont te parler d'identité
Pour passer deux ans dans la rue, pour ou contre le mariage gay
Pis y a Karim ouais qui galère tu sais juste pour se trouver un toit
Tu sais pour les délits de faciès nous on attend toujours tes lois
Ouais je sais c'est dur à rentrer dans ton p'tit cerveau Société
Mais faudra bien que tu t'foutes dans le crâne qu'Ahmed est un prénom français 

Y a pas à dire ma Société, t'as raison t'es pas une salope
T'es une grande dame, pis t'as raison oui vaut mieux interdire la clope
Continue comme ça mon pays, puis t'as qu'à voir de l'autre côté 
D'la Manche ou bien de l'Atlantique, à quoi ils mènent tes progrès
Du Brexit ou bien des Riquains, l'humanisme à anglo-saxonne 
Ceux qui bombardent des pays pour vous vendre des téléphones
Ouais mais le peuple il est content, ouais d'avoir vendu ses enfants
Contre un peu de calme au dîner, et puis les singes aiment bien cliquer
Peuple d'écolières, d'écoliers, putain qu'on a laissé violer
Par des peuples d'enculés, sûr de la Silicon-Valley 
Ceux qui censurent les paires de seins pour mettre des guerres en direct
Bah ouais mon vieux chez les mondains ça fait du blé quand tu t'connectes
Mais toi t'es pas collaborant, ah ouais non toi t'es révolté
Quand le Printemps viendra mon frère, on sait pour qui t'iras voter

Et puis les autres, les p'tits médias, à raconter n'importe quoi
Faudrait sûrement pas remettre en cause c'est sûr le p'tit confort bourgeois
Qui pourrait ouais t'en inventer une vie pour écrire à ta place
Ah ouais mais non ça c'est déjà plus difficile à mettre en place
"Paraît qu'il a pété les plombs", "Non mais ses chansons divulguées",
"En mp3 les littéraires", "Ouais beh alors, la belle affaire", 
"Y a pas d'quoi en chier une pendule", "Pis t'as vu il a dit "salope ! "" 
"Puis paraît même qu'en concert, il boit du whisky, il fume des clopes"
Mais ferme-la, quand on sait pas de quoi on parle on ferme sa gueule
T'as cru qu'on était un troupeau, ou bien qu'on étaient potes ma gueule
Toi la cynico-responsable je crois ma vieille d'où on en est 
Tu fous la honte à ton pays, tu l'as dit relis tes papiers
Ces gens qui parlent sans savoir, qui préfèrent les concerts anglais
Ah ouais c'est sûr la propagande préfère les chanteurs versaillais 
Puis d'un p'tit ton condescendant "Mais t'as pas honte triste vendu, 
D'aller défendre le pognon qui prend ta culture par le cul"
Ah non c'est vrai c'est pas la tienne, toi tu vends des publicités
Dans ton p'tit journal démago, pis les patrons faut les sucer
Non mais t'as rêvé ma salope, je crois qu'tu t'es gourée de trottoir
J'suis pas d'celles qui vont tapiner pour aller vendre un accessoire
Rends-toi utile à quelque chose, pis envoie-moi un exemplaire 
Tu sais ça m'servira toujours pour me torcher les soirs de bières 
C'est sûr y a ceux qui font des tweets, puis ceux qui font des littéraires
Allez retourne sur Instagram pour mettre tes photos d'soirée
Voilà 20 ans putain qu'ça dure, entre les radios et les télés
Au gré des affiches de métro, des artisanats censurés
Société des consommations aime pas les filles dans les caddies 
Mais sûr aime la prostitution, en mp3 les poésies
Vas-y remballe la marchandise, ouais va t'trouver d'autres putains 
Et si ma petite entreprise connaît la crise, elle serre le poing 
Eh ouais j'aime pas baisser mon froc, je sais mon vieux c'est pas l'époque
Mais qu'est-ce que tu veux j'y peux rien, j'suis difficile à mettre en cloque
Non moi j'fais pas dans l'pathétique des démocraties des MacBook 
Moi je me torche avec ton tweet, puis ton communiqué Facebook 

Sur son Insta l'humanitéà la gueule des cuvettes de chiottes
Société m'en veux pas tu sais, j'aime pas trop baisser ma culotte
Les états d'urgence pour asseoir, ah ouais c'est sûr tous les pouvoirs 
Des drapeaux des peuples, oppression, toujours la sodomination 

C'est l'évolution inversée, l'Humain retourne au chimpanzé
Peuple de télé-réalité, des prolos en photos de soirée
Peuple c'est sûr pour sa retraite, toujours prêt à manifester
Pour aller sauver la planète, pour le climat en jet privé
Peuple clodo sur les avenues, peuple des cons de Panama
Peuple préfère rester cocu, peuple préfère cliquer je crois
Peuple des 100 pas dans la rue, pour les chômeurs, pour les clodos 
Le peuple aime bien donner son cul, ils ont ça dans le sang les collabos 
Des millions par millier, allez applaudir des djs 
Des millions pour aller voter, toujours pour les mêmes enculés
Des millions pour gagner sa place de pourriture dans les charniers 
Des millions pour aller prêcher, des millions pour aller prier
Des millions dans des stades, oui pour voir un ballon rouler
Des millions c'est mort camarade, y a qu'les millions qui font rêver
Des millions de pauvres, des millions de pauvres, des millions de pauvres...

Allez peuple manifestants vas-y ramène-moi l'échafaud 
Des radios de merde à gogo, sûr pour abreuver les ghettos 
Peuple de blogueurs illettrés, peuple d'abrutis, d'épilés du cerveau
Peuple tatoué, putain mon vieux c'est pas gagné
Peuple d'animateurs télé, y a du people à l'Elysée
Peuple bobos peuple bourgeois,mes populaires retenez-moi
Et puisque tout ça finira un jour sur l'échafaud je crois
À la merde que fait la France, faudrait rétablir la potence
Des millions de pauvres, des millions de pauvres, des millions de pauvres....

 

 

 

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DAMIEN ZAEZ

 

 

 

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MON TERRORISTE

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Il est pas beur ou maghrébin 
Pas pakistanais ni indien 
Mon terroriste 


L’est pas sans-papier basané 
L’est pas non plus nord-irlandais 
Mon terroriste 

Il est pas sud-américain 
L’est pas de Barbès ou de Pantin 

 
Mon terroriste 

Il est plutôt vachement français 
Du genre courtier costume banquier 
Mon terroriste 

Non c’est pas l’ouvrier qui pend 
Son patron par les pieds pendants 
Mon terroriste 

Qu’y’en aura deux mille au chômage 
Leurs vingt ans d’usine en bagage 
Mon terroriste 

L'est pas né dans les HLM 
Dans l’insalubrité humaine 
Mon terroriste 

Y vient plutôt des parisiennes 
Des insalubrités mondaines 
Mon terroriste 

L’est pas gréviste manifestant 
L’est pas contre le dieu l’argent 
Mon terroriste 

L’est pas paysan du Larzac 
Brûle pas les macdos des bigmacs 
Mon terroriste 

J’crois pas qui paie souvent le loyer 
Y’a pas l’huissier qui vient frapper 
Chez mon terroriste 

Si c’est l’Elysée son quartier 
Puisque la France aime bien voter 
Pour des terroristes 

Il est pas solidaire cubain 
L’est pas anarchiste algérien 
Le terroriste 

L’est pas de la réserve des Indiens 
L’est pas fils du Che argentin 
Le terroriste 

Il est plutôt sur les plateaux 
À faire sa pute pour les blaireaux 
Mon terroriste 

J’crois pas qui paie beaucoup d’impôts 
Y crèche en Suisse ou Monaco 
Mon terroriste 

Il est pas du peuple gitan 

Écoutez "Mon terroriste"
sur Apple Music
Il est pas beur ou maghrébin 
Pas pakistanais ni indien 
Mon terroriste 

L’est pas sans-papier basané 
L’est pas non plus nord-irlandais 
Mon terroriste 

Il est pas sud-américain 
L’est pas de Barbès ou de Pantin 
Mon terroriste 

Il est plutôt vachement français 
Du genre courtier costume banquier 
Mon terroriste 

Non c’est pas l’ouvrier qui pend 
Son patron par les pieds pendants 
Mon terroriste 

Qu’y’en aura deux mille au chômage 
Leurs vingt ans d’usine en bagage 
Mon terroriste 

L'est pas né dans les HLM 
Dans l’insalubrité humaine 
Mon terroriste 

Y vient plutôt des parisiennes 
Des insalubrités mondaines 
Mon terroriste 

L’est pas gréviste manifestant 
L’est pas contre le dieu l’argent 
Mon terroriste 

L’est pas paysan du Larzac 
Brûle pas les macdos des bigmacs 
Mon terroriste 

J’crois pas qui paie souvent le loyer 
Y’a pas l’huissier qui vient frapper 
Chez mon terroriste 

Si c’est l’Elysée son quartier 
Puisque la France aime bien voter 
Pour des terroristes 

Il est pas solidaire cubain 
L’est pas anarchiste algérien 
Le terroriste 

L’est pas de la réserve des Indiens 
L’est pas fils du Che argentin 
Le terroriste 

Il est plutôt sur les plateaux 
À faire sa pute pour les blaireaux 
Mon terroriste 

J’crois pas qui paie beaucoup d’impôts 
Y crèche en Suisse ou Monaco 
Mon terroriste 

Il est pas du peuple gitan 
L’est pas roumain le président 
Des terroristes 

C’est pas les sans dents sans boulot 
Les sans-abris pas les clodos 
Le terroriste 

Il est pas bouddhiste au Népal 
Non y s’balade pas en sandales 
Mon terroriste 

Avec son sourire de cercueil 
Non crois-moi qu’il a pas la gueule 
D’un terroriste 

Non c’est pas mes bars de blédards 
C’est pas d’ceux-là dans les mitards 
Mon terroriste 

Oh non mon ami tu peux croire 
Oui qu’il a jamais vu d’parloir 
Le terroriste 

Y bosse plutôt dans les médias 
Roi de la propagadancia 
Le terroriste 

Y taille des pipes à la finance 
J’crois qu’il est plutôt roi de la France 
Le terroriste 

À chaque gamin qu’on fait sur terre 
Chaque respiration mon frère 
Leur terrorisme 

Moi j’le sens comme une cartouchière 
Chaque fin de mois dans mon salaire 
Le terrorisme 

C’est pas l’attentat dans l’métro 
C’est l’attentat dans ton cerveau 
Leur terrorisme 

Nos humanités mises à mort 
La pornocratie à tous bords 
Qui m’terrorise 

Alors à quand dis-moi mon frère 
Nous monterons pour tuer les pères 
Du terrorisme 

Pour leur apprendre les bonnes manières 
Puisqu’en argent sont les cuillères 
Du terrorisme 

Puisqu’après tout, on est tous frères 
Pour leur apprendre un peu la terre 
Des humanismes 

La guillotine au ministère 
Puisqu’il paraît faut faire la guerre 
Au terrorisme 

 

 

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DAMIEN SAEZ

 

 

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LETTRE OUVERTE A UN PRESIDENT QUI JOUE AVEC LE FEU

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La grandeur d’un homme d’État est de prendre la mesure des événements, mais aussi de se garder d’instrumentaliser une idée, en l’occurrence la défense nécessaire du mérite et de l’effort, dans un but politicien.

 

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Monsieur le Président, vous êtes un alchimiste. Vous êtes passé maître dans l’art de changer l’or en plomb. Après neuf semaines d’une crise comme le pays n’en avait pas connue depuis longtemps, vous, Monsieur le Président, devriez être tout entier absorbé par la recherche d’une réponse politique qui rassemblera les Français divisés et permettra de renouer le lien de confiance abîmé, non par ces manifestations, mais par des décennies de confiscation de la démocratie représentative. Eh bien non. Vous préférez piétiner les belles promesses lancées lors de vos vœux, sur les « mots qui ont pu blesser », et jeter un peu plus d’huile sur le feu, histoire de voir si l’on ne pourrait pas provoquer l’explosion finale. Et ce faisant, vous salissez un discours essentiel sur le sens de l’effort et le dépassement de soi, vous avilissez une réflexion sur la beauté des gestes qui anoblissent l’être humain. Monsieur le Président philosophe, vous rabaissez finalement tout à votre mesure, celle d’un politicien.

Ainsi, devant une assemblée de maîtres boulangers, vous évoquez le sens de l’effort. Grande et belle cause. Notre société crève de ne pas valoriser le mérite et le don de soi. Notre société se perd dans le culte de la facilité, de l’immédiateté. Il y avait tant de chose à dire face à des artisans, des hommes qui se lèvent au milieu de la nuit pour nourrir leurs semblables et donner le meilleur d’eux-mêmes. Vous eussiez pu développer cette distinction majeure entre travailler et œuvrer, le premier évoquant la torture quand l’autre nous élève vers l’essentiel. Vous eussiez pu vous lancer dans une critique de notre organisation économique entièrement fondée sur la consommation, c’est-à-dire l’excitation des pulsions et le fantasme de combler par la possession le vide de nos existences. Il eût été possible, par là même, de s’adresser à ces gens que notre sociétéécrase sous les dépenses contraintes, devenues peu à peu indispensables pour ne pas se trouver totalement désocialisé. Il eut été possible de dessiner un autre horizon, de rendre leur dignitéà tous ceux qui accomplissent une tâche noble et s’épanouissent dans la précision d’un geste et la perpétuation d’un savoir-faire.

De quels troubles voulez-vous parler ?

Vous avez trouvé plus urgent de déclarer : « Les troubles que notre société traverse sont aussi parfois dus, liés au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu’on peut obtenir sans que cet effort soit apporté, que parfois on a trop souvent oublié qu’à côté des droits de chacun dans la République (…) il y a des devoirs. » Mais de quels troubles voulez-vous parler, Monsieur le Président ? Imaginez-vous une seconde qu’un tel discours puisse apparaître autrement que comme une leçon donnée à ceux qui clament leur détresse depuis le mois de novembre? Et croyez-vous qu’il soit opportun de tenter un appel du pied aux Français fragilisés par plusieurs semaines de manifestations, à ces commerçants et artisans dont certains risquent de déposer le bilan, alors qu’ils payent tout autant votre refus d’apporter des réponses politiques à cette crise ?

Il suffit d’avoir discuté quelques minutes avec certains de ces citoyens qui, dès le 17 novembre, ont crié leur colère sur des ronds-points, pour avoir pu constater qu’un très grand nombre étaient issus de ces artisans, commerçants et petits employés qui se lèvent tôt et ne comptent pas leurs heures. Les premières revendications de ce mouvement étaient de pouvoir vivre décemment de son travail. C’est d’ailleurs ce qui a valu d’emblée à ce mouvement d’être classé par certains commentateurs dans la catégorie des déclinaisons douteuses du courant poujadiste. Nombre des premiers Gilets jaunes étaient des femmes célibataires avec charge d’enfants, ces femmes qui sont les premières victimes des temps partiels contraints et les premières frappées par la misère. Rien à voir avec un quelconque éloge de l’assistanat.

Que sont donc Amazon ou Airbnb, qui ruinent nos commerçants et nos hôteliers ?

Allons plus loin. Depuis votre campagne électorale, vous nous vantez la « start-up nation », la mobilité, l’économie fluide. Rien de plus immobile qu’un boulanger. Rien de plus pérenne que le savoir-faire artisanal. Rien de plus éloigné de votre modèle que ce sens de l’humilité au service des autres. Les start-up sont ces entreprises créées par des jeunes gens qui font parfois des millions sur une simple idée. Celles qui ont réussi et constituent des modèles de votre monde moderne s’appuient sur le travail et les biens produits par d’autres pour faire de l’argent sur la simple mise en relation. Que sont donc Amazon ou Airbnb, qui ruinent nos commerçants et nos hôteliers ? Ne parlons même pas de ces banquiers d’affaires qui gagnent des millions en organisant des transactions entre multinationales.

L’entregent relève-t-il de ce que vous considérez comme le « sens de l’effort » ? Le capitalisme financier dont vous défendez farouchement les mécanismes est le type même d’organisation économique qui se contrefiche du mérite et récompense la capacitéà faire de l’argent avec de l’argent, quitte à ruiner les producteurs les plus fragiles. Un genre de cordée sans effort, dont les premiers ne sont pas, loin s’en faut, les plus méritants.

La grandeur d’un homme d’Etat est de se garder d’instrumentaliser une idée

Vous allez encore vous insurger contre des médias malveillants qui monteraient en épingle une « petite phrase ». Mais les mots ont un sens. Et ils sont prononcés dans un contexte. La grandeur d’un homme d’Etat est de prendre la mesure des événements, mais aussi de se garder d’instrumentaliser une idée, en l’occurrence la défense nécessaire du mérite et de l’effort, dans un but politicien. La situation que nous vivons est inflammable. La responsabilité exige de tout faire pour apaiser, pour éviter de dresser les uns contre les autres, car les extrémistes de tous bords sont à l’affut des faiblesses de la République. Forcez donc votre nature et ne leur faites pas ce genre de cadeau.

 

 

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NATACHA POLONY

 

 

 

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natacha-polony-

ANNE MARGUERITE MILLELIRI...Extrait

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Ciel d'encre où navigue la barque blanche
des rêves. 
Oiseaux-fleurs sont étincelles nues sont
incendies d'étoiles ultramarines

Sont lettres mortes 
ombres flétries de lettres.
Chardons-soleils cyan séchés leur visage
aride veille --

Ciel d'encre violette aurore
en une nuit sombré.

 

 

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 ANNE MARGUERITE MILLELIRI

 

 

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rachida oum naim2

Photographie Rachida Oum Naim

A UNE TÊTE DE MORT

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Mon frère, d'où, viens-tu ? Dans quel siècle? Comment ? 
Que contint le cerveau qui fut dans cette boîte ? 
L'Infini douloureux ? ou la pensée étroite 
Qui fait qu'on vit et meurt sans nul étonnement ?

Chacun presque, ici-bas, suit naturellement, 
Sans rien voir au delà du cercle qu'il exploite, 
La route de l'instinct si commode et si droite, 
Et toi tu fus ainsi jusqu'au dernier moment.

Oui! mais comme eux aussi, à l'heure solennelle, 
Ne sachant rien des cieux, ô frère tu partis 
Les yeux illuminés de lointains paradis!

Va, ta vie est bien peu, si terrible fut-elle. 
Frère ! tu crus entrer dans la fête éternelle, 
Et rien n'éveillera tes atomes flétris.

 

 

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JULES LAFORGUE

 

 

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laforgue

AU PAYS DE SES SOURCES

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J’aimerais refleurir au pays de ses sources

Et n’être plus que mousse entre ses doigts de lierre

À son flanc de nigelle épingler mes bruyères

Veiller sur son sommeil comme une abeille douce

 

Voyeur ensorcelé par le parfum des mers

Voyageur intrépide emportant dans sa course 

Les farfadets de feu escortant la Grande Ourse

Et le corset d’onyx d’une abeille légère

 

Est-ce Venise au loin - Est-ce Constantinople 

Qui déjà se profilent sous le loup de l’été

Quand argentiquement le soir sur la jetée

 

Soulève nonchalant l'étole de Canope 

Et qu’une nef blonde la grand-voile dressée 

Glisse sur l’horizon comme une abeille morte

 

 

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 SYLVIE MEHEUT

 

 

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harold gaze2

 Oeuvre Harold Gaze

 

 

 


LE PRINTEMPS JAUNE

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Primevères, jonquilles 
forthysias, fleurs de pissenlit 
o le jolie printemps que voici 
Allons citoyens arrivez les gueux 
chantons l'hymne de la liberté 
mesdames mesdemoiselles et messieurs 
joignez-vous à mes bons camarades
vous les travailleurs sous payés 
les étudiants sans le sou
chômeurs oubliés retraités spoliés
venez tous au rendez-vous de l'histoire
en chantant gaiment la carmagnole 
dans les rues des villes 
de la France en colère 
o le joli printemps que voici
venez avec nous les sans-logis 
nous allons battre le pavé 
sur l'avenue des Champs-Elysées
c'est bon pour notre santé 
de prendre le soleil après l'hiver
Compagnons des ronds-points 
frères humains qui voulez la liberté
je vous invite au paradis fiscal 
pour reprendre ce qui nous a été volé
mettre à bas les Bastilles des inégalités 
botter le cul du roi banquier 
et bouter son pitre de l'intérieur
o le joli printemps que voici
venez mes doux agneaux 
nous allons faire des feux 
qui réveilleront les peuples 
soumis du monde entier 
nous ne voulons plus du capital 
vive le temps des jours heureux 
nous ne voulons surtout plus 
d'un gouvernement qui ment 
qui nous méprise et nous trahi 
nous valons mieux que tout leur fric 
o le joli printemps que voici 
jaune comme les mimosas 
qui fleurissent de Marseille à Paris 
Nous sommes le cœur du pays 
le corps d'un peuple ressuscité
et bientôt nous fêterons ensemble 
le retour du temps des cerises
o le joli printemps que voilà.

 

 

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ANDRE CHENET

Le 21 mars 2019

 

 

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Oeuvre Jean Haines

LES BARBES À PAPA DE MARRAKECH

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Dans le jardin El Fassi, très tard, les femmes, mères de famille, et leurs enfants, s'étaient installés sur les bancs en organisant des jeux. Pour la première fois la fraîcheur augmentée par le travail du vent réclamait sur soi un petit blouson.
Les fillettes, à cheval sur des bicyclettes, tournaient, improvisant un manège absent. L'une d'elles, la plus belle, vint curieusement s'asseoir près de Mathieu, se tourna vers lui en faisant éclater la boule d'un chewing-gum à l'odeur sucrée, puis elle disparut tout aussitôt vers les fleurs comme un oiseau qui ne se serait posé qu'un court instant.
Un homme, placide, presque immobile, puis aux gestes lents, tournait de temps en temps une manivelle pour créer une barbe à papa que les enfants venaient acheter en faisant rebondir une pièce dans une assiette parmi les autres pièces.
La "boutique" de la "barbe à papa"était un vélo ancien dont le guidon était précédé par un cube encadré de deux roues qui abritait le lieu où la barbe mauve, verte ou bleue sans méchanceté, poussait, en roulant autour d'elle-même, avant que les enfants ne s'en saisissent et partent en riant, en l'attaquant de leurs mains, une barbe devenue alors une chevelure de fée nocturne ou de princesse de marionnettes.
Le plus cocasse, c'est que le faiseur de barbes, debout, homme sans âge, avait aussi une barbe qu'il ne vendait pas, qui tenait par rapport aux barbes de couleurs fluorescentes qu'il fabriquait une position supérieure et une allure de sérieux pour ainsi réclamer un petit argent sur des barbes qui sans ce sérieux appliqué n'auraient été dans l'esprit des mères et des enfants qu'un dérisoire jeu sucré, irréel, magique, donné, que l'on ne devrait pas payer.
L'homme, lui, n'avait pas le cœur à voir dans ces barbes un jeu d'enfant intraduisible en monnaie. Il restait impénétrable, comme s'il devait par son sérieux affiché répondre aux rires des enfants que ces barbes, petits nuages célestes, avaient un prix. Il vendait du rêve mais sa mine avait pour mission de réveiller l'assistance pour la conduire à la caisse. Et quand une fillette repartait vers son banc, brandissant une barbe comme un flambeau coloré illuminant la nuit, le vendeur impassible, sans s'éclairer, maintenant comme à dessein un visage éteint pour ne pas se trahir mais appuyant imperceptiblement une œillade incontrôlable, la regardait s'éloigner avec un air qui ne manquait pas de lubricité et à la "barbe" de tous qui ne prêtaient plus attention à lui dès lors que les barbes étaient déjà acquises.
La même scène se joua le lendemain avec les mêmes acteurs. Les cris des enfants d'abord, leur débordement, leur dépense de soi sans compter, puis tout d'un coup le retour au rituel de la barbe pour un apport de sucre et de distraction supplémentaire, la joie du partage, l'ivresse de se sentir s'élever comme un ballon avec sa barbe à la main qui, quand elle était complète, paraissait avoir tous les pouvoirs, y compris celui de faire s'envoler celui ou celle qui la tenait à l'extrémité de son bras.
On observait aussi que les enfants qui attendaient la barbe étaient revenus de leur turbulence. Un calme et une attention particulière présidaient cette attente.
L'homme qui créait les barbes tournait lentement une manivelle, comme la roue d'une grande boîte à musique qu'il aurait remontée, suggérant une mélodie à venir qui tardait à apparaître. Il donnait en effet au tournoiement du sucre un rythme et des notes lentes, musique sucrée, qui jouerait bientôt dans le vent, dès leur sortie du chaudron, et ferait chanter la bouche des enfants de sons aux mille couleurs, aux mille contentements.
Mais c'était seulement le pouvoir du sucre, sa couleur et la puissance des enfants qui transformaient le geste mercantile de ce vendeur monolithique en œuvre d'art chantante et éblouissante. Cela ne retirait de son visage aucune expression particulière. Il regardait seulement les pièces, consciencieusement, en pensant tout bas, depuis des années, que son destin était de se sucrer (ô si peu!) avec ce sucre enfantin.
Cependant il faisait des heureux et à son humble place, sans le savoir ou le vouloir, son don, même en payant, était réel.
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CHARLES VERSINI

Extrait du livre: "Un Corse au Maroc".
Editions L'Harmattan.
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sacre au sucre barbe2

COLETTE...Extrait

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« Et quelle amertume d’abord, mais quel apaisement ensuite ! – de découvrir, – un jour où le printemps tremble encore de froid, de malaise et d’espoir, – que rien n’a changé, ni l’odeur de la terre, ni le frisson du ruisseau, ni la forme, en boutons de roses, des bourgeons du marronnier… Se pencher, étonnée sur la petite coupe filigranée des anémones sauvages, vers le tapis innombrable des violettes, – sont-elles mauves, sont-elles bleues ? – caresser du regard la forme inoubliée des montagnes, boire d’un soupir qui hésite le vin piquant d’un nouveau soleil, revivre ! revivre avec un peu de honte, puis avec plus de confiance, retrouver la force, retrouver la présence même de l’absent dans tout ce qu’il y a d’intact, d’inévitable, d’imprévu et de serein dans la marche des heures, dans le décor des saisons… 

Et les violettes elles-mêmes, écloses par magie dans l’herbe, cette nuit, les reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes ; ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Non, non, tu te trompes, l’an dernier je les ai vues moins obscures, d’un mauve azuré, ne te souviens-tu pas ?… Tu protestes, tu hoches la tête avec ton rire grave, le vert de l’herbe neuve décolore l’eau mordorée de ton regard… Plus mauves… non, plus bleues… Cesse cette taquinerie ! Porte plutôt à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes et regarde, en respirant le philtre qui abolit les années, regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance… »

 

 

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COLETTE

 

 

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VIOLETTES2

 

POUR LE PLAISIR DE ME REDIRE ...Extrait

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Un riche de tes connaissances, lecteur, quand bien même lointain est nécessairement dans la liste de tes amitiés précieuses. Quand il tombe, tu l’acclames martyr de ses bonnes œuvres, de sa morale et de sa droiture. Attristé, tu implores, dans le doute, le secours divin en vociférant sa réussite sociale en prétentieux frimeur comme si le mérite t’en revenait. Mais, un pauvre quand il tombe écrasé sous les feux fades et trompeurs de la cité, quand bien même il t’est proche, il n’est subitement qu’une vague connaissance. Tu enflammes du feu des titans ton seigneurial dédain pour l’indiquer victime de ses fausses amabilités et de ses vices cachés. Tu parles alors de certitudes dans le châtiment divin.
Ainsi, 
Quand le riche arrache des droits, il a de la fermeté.
Quand le pauvre réclame les siens, c'est un entêté.

Quand les deux rejettent les idées reçues
Le riche a de la clairvoyance.
Le pauvre a de l'outrecuidance.

Quand les deux accusent du retard dans une tâche
Le riche est soigneux, le pauvre est fainéant.

Quand les deux exécutent vite leurs tâches
Le riche est studieux, le pauvre bâcle.

Le pauvre dans un petit commerce : il magouille, 
Le riche dans des transferts suspects : il se débrouille.

Quand le pauvre se montre aimable, il est forcément hypocrite 
Quand le riche est détracteur odieux, c’est de notre fausseté qu’il s’acquitte !

Quand les deux te rendent visite
Le riche t'honore, le pauvre te dérange.

Si les deux citent tes carences
Le riche est franc, tu rougis de honte
Le pauvre est insolent, tu rougis de colère

Quand les deux abusent d’une fille
Le pauvre est un criminel
Le riche souffre d’une addiction au sexe

Le riche est particulier, le pauvre est individu
Le riche est portefeuille, le pauvre est portefaix
Le riche est caravanier, le pauvre est migrant
Le riche se promène, le pauvre vagabonde.
Le riche drague, le pauvre embête
Le riche s'éclate, le pauvre chahute.
Le riche est économe, le pauvre est radin.
Le riche a des faiblesses, le pauvre a des tares.
Le riche critique, le pauvre dénigre.
Le riche s’enivre, le pauvre se soûle.
Le riche rend, le pauvre dégueule.
Le riche se soulage, le pauvre chie.
Le riche demande, le pauvre prie.
À leur mort, le riche s'éteint, le pauvre crève...

La question d’individu fausse tes pensées, ton arbitrage et ta lucidité. Tu loges dans la tornade des débris de sons et de fureurs. Ton adresse est fébrile au croisement du vent et de la raison, "hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère".

 

 

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DJAFFAR BENMESBAH

 

 

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Safet ZEC2

Oeuvre Safet Zec

 

JASMINS ET BOURREAUX...Extrait

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Un peloton de bourreaux poursuit
les jasmins qui dansent avec la brise
Libanais, Palestiniens, Humains.
Les soleils se meurent sur leurs paupières
Leurs horizons sont tranchés aux ciseaux
Ils se nourrissent de pleurs ravalés
Et dans leur âme ils bercent une colombe morte.
La sève les repousse et la mort les saccage
Tous les firmaments leur sont défendus
La prière vers un dieu devenu sourd sillonne leurs haillons
Et à chaque bataille Thanatos l’emporte sur Éros.
Les cloches ne sonnent plus des angélus de pétales
Les clochers épouvantés sifflent — squelettes.
Tels des feux d’artifice le Pouvoir lance des missiles
Qui se brisent dans un fracas de bombes et d’ossements.
Et ils meurent en s’avortant, telle une fleur avant d’être née
Mais quoi, que fais-je avec ma seule voix qui brame.
Des millions d’étoiles suicident mes joues
Pendant que mon âme traverse les galaxies de cèdres
Pour que l’univers s’abreuve dans des nids-calices
Pour des bouquets de petits pieds de bébés bien nourris
Pour un ciel qui dirige l’orchestre d’un chœur d’anges
Et un lit qui fasse naviguer les jasmins sur les mers, vers la paix

 

 

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CRISTINA CASTELLO

Paris, le 18 juillet 2006
Pendant que la Palestine et le Liban regorgent d’effroi

traduit de l’espagnol (Argentine) par Pedro Vianna
en harmonie avec l’auteure

 

 

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Peter Kertis5

Photographie Peter Kertis

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