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Channel: EMMILA GITANA
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BORGES

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Il me faudra lever la vaste vie
qui est encore ton miroir :
il me faudra la reconstruire chaque matin.
Depuis que tu es partie
combien d'endroits sont-ils devenus vains et dénués de sens, pareils à des lumières dans le jour.
Soirs qui furent abri pour ton image,
musique où toujours m'attendaient,
paroles de ces temps-là,
il me faudra les briser avec mes mains.
Dans quel creux cacherai-je mon âme
pour ne pas voir ton absence
qui, comme un soleil terrible, sans couchant, brille définitive et impitoyable ?
Ton absence m'entoure
comme la corde autour de la gorge.
La mer où elle se noie.


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JORGE LUIS BORGES

 

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laurentino marti,,

Oeuvre Laurentino Marti


LE 9 ST JULIEN

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 C........ arrivait, elle devait séjourner trois jours dans un hôtel " particulier ". J... est alors sortie de sa routine, il fallait qu'elle la voit, qu'elle lui parle, qu'elles se reconnaissent. Elle n'avait pris aucun transport en commun depuis longtemps et s'est lancée dans l'aventure, essayant de combattre toutes ses peurs, la foule, le bruit, le métro, les escalators ,  l'ascenseur. Elles ont passé quelques heures ensemble, puis il lui a fallu retourner " sous terre ", dans ce serpent bondé de gens aux mines tristes, certains affublés de prothèses technologiques greffées aux oreilles, des visages sans expressions, sans attraits, figés dans leur fin de journée... Derrière chacun de ses regards morts, leur vie. J... est descendue, un peu saoûle ,  encore étonnée d'avoir vu se matérialiser son amie. Ses pensées virevoltaient. Son époux avait insisté, lui expliquant où elle devait retrouver le bus qui la ramènerait chez elle après le métro. Elle s'était moquée qu'il ait si peu confiance . Après avoir un peu cherché et trouvé le bus, elle est montée, s'est installée. J...  regardait la ville défiler; un quartier, un autre, tout avait bien changé, elle ne reconnaissait pas cet endroit, pas plus que celui là, et le trajet commençait à lui paraître long. Pourtant elle l'avait bien vu ce 9 qui indiquait la bonne direction pour St Julien et devait la conduire devant chez elle. Il lui fallu se rendre à l'évidence, elle allait dans le sens opposé. Plus rien à faire, la promenade non souhaitée s'enfonçait jusqu'aux collines du bout du monde et elle y  trouvait un certain plaisir, une escapade imprévue. Finalement, la journée fut extraordinaire. Les inquiétudes vinrent de ceux qui s'inquiétèrent de son retard; cela l'amusa et elle fit le chemin en sens inverse avec une certaine jubilation. Tout était un peu surréaliste....
 Il faut sortir  de ton univers de temps en temps J... !
 C........ est repartie, J.... a fermé le livre et repris ses esprits, enfin peut-être... ! 

 

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JOSIANE

 

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bonne,,

 

 

EFFACEMENT

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S'effacer,
s'abstenir,
sous n'importe quel climat.

Vivre les nuits comme des sortilèges
et rester en marge,
sans même les prononcer.

Dévier légèrement l'éternité
et se tenir là en suspens,
comme un insecte dans une fissure.

Ce n'est qu'ainsi,
abandonnant parfois temporairement la vie,
qu'on peut continuer de vivre

 

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ROBERTO JUARROZ

 

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EFFACEMENT

 

 

 

XAVIER LAINE

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Je lis dans le défilement des heures l'absurde destinée de nos pensées dès lors qu'elles s'imaginent en utilité. Elles ne sont que vent, dès lors qu'il faut vivre, ou survivre. Le seul lien ténu qui demeure se tisse alors dans la complicité de la beauté. Elle est l'ultime refuge à l'agitation d'un monde oppressant. 

 

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XAVIER LAINE

 

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BEAUTE

 

 

 

FISSURES...Extrait

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Foulées creusant le sable 

empreintes digitales,

cœurs gravés dans la peau des arbres, 

filets de graffiti sur les murs d’un cachot, 

rides et cicatrices 

en quoi une vie se résume,

encoches de bâton, 

nœuds au mouchoir, 

tatouages 

à la teneur d’archives ou de pedigree, 

signes de quelque chose qui s’est passé 

ou allait  se passer,

même à jamais perdues 

ces traces 

persistent peut-être à peser 

de toute leur minceur 

sur l’inanité du rien.

 

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MICHEL LEIRIS

 

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porte,,


 

LE DON DE LA JOIE

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Qui trouve au bord du dénuement
sur les remparts de sa faim
une larme discrète
l'amère saveur du chaos
qui du fond de sa solitude
tire un visage attentif
une fontaine coutumière
et parle sans souci de ses propres embûches
celui-là sait que Dieu s'installe dans le corps
pour une éternité première
et rien ne peut plus le distraire
de cette voix qui s'est tue
au centre de l'épi.

 

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JEAN SENAC

 

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Desert-Goutte

GUISANE... Extrait

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Le silence s’efface lentement sur la terre où nous passons. Il reste l’indulgence et la compassion des forêts. Il reste un arbre tout en haut de cette colline de pardon. Et si nous prions, c’est pour des dieux de terre mais la prière est précaire. Il nous reste l’imaginaire des anges. Cet amour végétal, au plus profond de nous-mêmes, qui pose sa tête sur l’épaule des solitudes. Le silence magnifie les branches et le texte de l’écorce. C’est ta vie que tu versifies dans la pluie traversière. Tu te dois de lui donner la musique la plus belle et l’espace pour s’envoler. Car nous sommes des oiseaux dans la lenteur verticale de l’existence. Et puis tu le sais bien, le temps ne se retient pas. Même dans la cathédrale de l’instant présent, le vitrail pressent dans sa lumière le passage de l’aube et la dignité du crépuscule.

 

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PATRICK CHEMIN

 

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LUMIERE,,

GASTON MIRON

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Mon poème
comme le souffle d'un monde affalé contre sa
mort
qui ne vient pas
qui ne passe pas
qui ne délivre pas
comme une suite de mots moribonds en héritage
comme de petits flocons de râles aux abords
des lèvres
comme dans les étendues diffuses de mon corps
mon poème
entre haleine et syncopes
ce faible souffle phénix d'un homme cerné
d'irréel
dans l'extinction de voix d'un peuple granulé
dans sa déréliction pareille aux retours des
saisons
une buée non réparable dans le miroir du
monde
mon poème
ce poème-là
paix à tes cendres

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GASTON MIRON

 

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MIRON

 

 


AU COEUR DU COEUR...Extrait

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Pour un coin d’eau de traces et d’herbe verte
Où l’oeil serait nu le coeur de rosée
Les mains feuilles ouvertes

Je vais
Aile au soleil
Marchant pour l’étoile
Son odeur de résine et de rêve d’enfant

C’est la route des fables la route des genêts
Que bordent les noirs sourires d’enracinés

Voici l’île la fleur la découverte

Voici l’oiseau chanteur
Voici les lendemains

Les mensonges aux yeux de mouettes.

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ANDREE CHEDID

 

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ile

 

 

SILENCE

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Le silence c'est l'absence de mots
seulement l' illusion
je souris seul et personne ne parle
le vent grippe la porte et le chat éternue
le claquement du feu sous les coulées de larmes
je passe plus de temps aux chemins de ma tête
aux rires des absents
leur parole de sel
qu'à pleurer sur l'absence
le marin solitaire sans le loup du malheur
il n'en est que de ma maison
de mon message à l'autre.

 

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JEAN DIHARCE

 

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SILENCE

 

 

HISTOIRES DE SOIFS...Extrait

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Le goutte à goutte du temps

sous nos paupières

pour déflorer nos certitudes.

 

Des livres

où s'ensablent les paroles .

 

Silence trompeur entre les mots

ou simplement absence de soif

pour nous guérir de nos oublis.

 

Ciel d'encre

sur les arbres amputés

sur les fourmis en fuite.

 

Ciel d'encre

qui expulsent les mots tricheurs.

 

Un chapelet de larmes

dans la lumière.

 

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EMILE HEMMEN

 

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MAGREZ3,,

Photographie Nathalie Magrez

http://mondessensibles.com/

GASTON MIRON

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....

Le temps mon amour le temps ramage de toi
continûment je te parle à voix de passerelles
beaucoup de gens me soufflent ton nom de bouquet
je sais ainsi que tu es toujours la plus jolie
et naissante comme les beautés de chaque saison
il fait un monde heureux foulé de vols courbes

...

 

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GASTON MIRON

 

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MIRON2

 

PROVERBES DU SILENCE ET DE L'EMERVEILLEMENT...Extrait

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Quand le corps fait écran à sa propre lumière,
comment peut-il savoir de qui n'est-il que l'ombre
Nos bouches d'ombre, nos heures noires,
nos puits d'angoisse, seul l’émerveillement
peut les combler de lumière

L'homme et son Double : paroles d'ombre et lumière du silence

Il suffit d'un rien, d'un éclair, d'une lecture, d'un amour pour que tout redevienne vierge et innommé comme aux premiers jours du monde

 

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MICHEL CAMUS

 

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camen

Photographie Emmila

LES DISCRETS...

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Peut-être sont-ils dans l'ombre comme dans la lumière, il suffit d'aimer cette lézarde dans le mur, une graine y a volé dans la poussière et tu peux voir la plante
inaccessible fleurir : les dieux couvent l'obscure germination, l'attention au petit est l'encens qu'ils agréent; eux qui ne connaissent pas la distance de l'étoile à la haie
s'endorment sur le calice d'une rose.

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PAUL DE ROUX

 

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LEZARDE2

 

 

TERRITOIRES DU SOUFFLE...Extrait

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Rien n'est plus absurde que de faire planer la poésie au-delà de nos sols. Rien n'est plus injustifié que de parquer les poètes dans un enclos. 
Quand, tout au contraire, la poésie s'abouche et débouche sur la réalité. Quant, tout à l'opposé, les poètes pratiquent un corps-à-corps incessant avec la vie. 
Remettant sans cesse en question le monde et leur propre regard, ils transpercent les écrans, dénoncent l'écart entre le semblant et le réel, s'efforcen
t à une plénitude. 

 


« La vie du poète est un rêve perpétuel, écrivait Reverdy, un rêve de réalité. » 
 
Une réalité qui transgresse mots éculés, apparences, conforts et modes. Une réalité qui s'enracine dans le terreau du temps et de l'espace, sans se couper d'un mouvement sous-jacent – et partagé– porteur d'images et de pulsions novatrices. 
Cette réalité, c'est la vie même ! Si, parfois, son interprétation nous échappe, c'est ce réel – complexe, insaisissable – qui est le tissu de l'existence.  
Interrogé sur le sens de ses poèmes, Rimbaud répondait : « Ils veulent dire ce qu'ils disent littéralement et dans tous les sens. » 
Devant la faillite des croyances, la pénurie de l'espoir, il est urgent que soit la poésie. Elle ne console de rien, elle ne possède rien, sa loi n'est pas de marbre. 
Mais prenant et délivrant parole, elle multiplie nos vies. 
 

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ANDREE CHEDID

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A C

 


AU JOUR LE JOUR 5, CARNETS 2000-2005...Extrait

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   Le sentiment de la nature, de son "étrangeté" est peut-être le degré le plus bas  de la perception du non-humain, de la perception de puissances qui ne relèvent pas de l'espèce humaine. Oui, c'est peut-être quelque chose de très primaire, mais c'est du moins quelque chose qui vous arrache à la toute puissance de nos sociétés humaines, faisant craquer les bornes d'un univers artificiellement clos, tel celui de la "ville tentaculaire".

 

   Je me suis dit soudain que le Louvre était mes sentiers, mes bois, mes montagnes perdus. Ce n'est pas que l'esprit, c'est aussi, tout autant, la chair du monde que je retrouve ici fugitivement.

 

   Je brouille le monde en moi. Le chaos intérieur donne un reflet chaotique du monde. Je ne vois rien, je n'entends rien, je ne sens rien. La perte est immense. Et comme était modeste, la provende que je faisais à travers champs ! Quelques piécettes de l'incalculable fortune proposée. Aujourd'hui cependant, seule leur réminiscence conserve un certain éclat dans la besace du passé. La lumière, le vent, ce qui ne se stocke pas, ne s'emporte pas dans la poche, cela seul peut-être s'accorde à quelque chose de très intime, en un point où cœur, sens, esprit coïncident, se confondent.

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PAUL DE ROUX

 

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NATURE

 

 

 

LA TERRE NOUS EST ETROITE...Extrait

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Je dis tant de choses sur la différence ténue entre les
femmes et les arbres,
Sur la magie de la terre, sur un pays dont je n’ai trouvé le
tampon sur aucun passeport
Et je demande : Mesdames et messieurs aux coeurs bons,
la terre des hommes est-elle, comme vous l’affirmez, à
tous les hommes ?
Où est alors ma masure ? Et où suis-je ? L’assemblée
m’applaudit
Trois autres minutes. Trois minutes de liberté et de
reconnaissance… L’assemblée vient d’approuver
Notre droit au retour, comme toutes les poules et tous les
chevaux, à un rêve de pierre.
Je leur serre la main, un par un, puis je salue en m’inclinant…

et je poursuis ce voyage
Vers un autre pays, où je dirai des choses sur la différence
entre mirages et pluie
Et demanderai : Mesdames et messieurs aux coeurs bons,
la terre des hommes est-elle
A tous les hommes ?

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MAHMOUD DARWICH

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dar

 

GEOFFREY ORYEMA & ALAIN ABAD - LET IT BE ( FRANCE 3 CORSE VIA STELLA )

EMILE HEMMEN....Extrait

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Premières racines

plantées dans le sourire d’une mère,

racines plus riches

que toutes les sources

de la mémoire.

Une aube sans soif

qui fait silence

dans nos légendes.

La marée basse de l’âge

s’éloigne dans les lointains

pour s’en aller couler ailleurs.

Pour le meilleur

et pour le pire

 

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EMILE HEMMEN

 

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carriere

Oeuvre Eugène Carrière

 

 

 

LES VITRES SOUFFLEES

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Je ne suis qu’une fine partie de conscience. J’éprouve des joies impartageableset des douleurs qui me gâchent l’existence. Je colle aux parois du jour comme une araignée sur sa toile. Le jour se substitue à l’épouvante qui saisit ma conscience. La lumière est-elle là pour éclairer ? En vérité, mon handicap ne rencontre presque jamais l’idée que je me fais de lui. J’incube dans une passoire de lamentations où sursaute mon orgueil. Une fraîcheur bleue se cache sous les mots que l’espoir féconde. Je me dois d’incarner l’espoir lui-même si je désire m’illuminer de ses promesses. Je m’engaillardis d’un corps que je n’ai pas. Mes rêves transpercent les ténèbres adjacentes, je sommeille sur un lit de tristesse qui traverse la beauté sans plus la voir. Je me greffe à l’imaginaire corporel en oubliant ce que je suis.

Où regarder devant soi lorsqu’on échoue à réintégrer sa propre histoire, lorsqu’on refuse de se soumettre à sa biographie et que l’on exclue de s’en imprégner pour lui donner un sens ?

Je me suis quitté sans un adieu. Peut-être, est-ce là l’insouciance qui précède le choc. La rupture est là, et je n’ai toujours pas intégré la parole absurde qui l’entoure. A la surface de l'eau en quête de lumière, je reconnais la peur des algues sous l’effet galbé des vagues. Je ne peux considérer mon désastre sans l’incarner hautement. Une pudeur m’assiège tout à coup. Ne deviendrais-je pas un arbre sur la place du marché si soudainement la terre devenait une soutane de soubresauts, une fontaine épuisée sur la place du village ? Je serais droit comme un piquet et je m’élancerais vers le soleil pour me nourrir de sa lumière et de sa chaleur. Un jour, je le sais, mes feuilles fanées onduleront à la caresse du vent et je réinventerai des morceaux de monde réel. Je redessinerai l’univers pour y semer des fleurs que l’on n’arrache pas.  

L’homme encagé marche sur l’aube sans la percer. J’avance droit comme les crabes, je tricote les couleurs inapparentes de la forge à grelots. Demain annonce l’usage du jaune sur les vitres soufflées de l’enfermement. Une conscience fugue à tire d’ailes sur l’écume frelatée de l’incohérence funambule. Je suis l’oiseau posé sur la poudrière du ciel qui s’enflamme. Je cuicuite comme une perdrix qu’un chasseur soulève. La traversée de la charpente osseuse ne se fait pas sans graver l’air de pictogrammes estropiés. 

Peut-on accepter de vivre sans avoir au fond de soi l’étrange idée d’être utile ? Combien d’illusions dois-je laisser pousser librement avant de réintégrer la respiration de chaque chose ?

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/archives/p20-10.html

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BRUNO

 

 

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