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Channel: EMMILA GITANA
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LA LETTRE EN CHEMIN

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Au revoir, mais tu seras
présente, en moi, à l'intérieur
d'une goutte de sang circulant dans mes veines
ou au-dehors, baiser de feu sur mon visage
ou ceinturon brûlant à ma taille sanglé.
Accueille, ô douce,
le grand amour qui surgit de ma vie
et qui ne trouvait pas de territoire
comme un découvreur égaré
aux îles du pain et du miel.
Je t'ai rencontrée une fois
terminée la tempête,
la pluie avait lavé l'air
et dans l'eau
tes doux pieds brillaient comme des poissons.
Adorée, me voici retournant à mes luttes.
Je grifferai la terre afin de t'y construire
une grotte où ton Capitaine
t'attendra sur un lit de fleurs.
Oublie, ma douce,
cette souffrance
qui tel un éclair de phosphore
passa entre nous deux
en nous laissant peut-être sa brûlure.
La paix revint aussi, elle fait que je rentre
combattre sur mon sol,
et puisque tu as ajouté
à tout jamais
à mon cœur la dose de sang qui le remplit
et puisque
j'ai à pleines mains ta nudité,
regarde-moi,
regarde-moi,
regarde-moi sur cette mer où radieux je m'avance,
regarde-moi en cette nuit où je navigue,
et où mer et nuit sont tes yeux.
Je ne suis pas sorti de toi quand je m'éloigne.
Maintenant je vais te le dire :
ma terre sera tienne,
je pars la conquérir,
non pour toi seule
mais pour tous,
pour tout mon peuple.
Un jour le voleur quittera sa tour.
On chassera l'envahisseur.
Tous les fruits de la vie
pousseront dans mes mains
qui ne connaissaient avant que la poudre.
Et je saurai caresser chaque fleur nouvelle
grâce à tes leçons de tendresse.
Douce, mon adorée,
tu viendras avec moi lutter au corps à corps:
tes baisers vivent dans mon cœur
comme des drapeaux rouges
et si je tombe, il y aura
pour me couvrir la terre
mais aussi ce grand amour que tu m'apportas
et qui aura vécu circulant dans mon sang.
Tu viendras avec moi,
je t'attends à cette heure,
à cette heure, à toute heure,
je t'attends à toutes les heures.
Et quand tu entendras la tristesse abhorrée
cogner à ton volet,
dis-lui que je t'attends,
et quand la solitude voudra que tu changes
la bague où mon nom est écrit,
dis-lui de venir me parler,
que j'ai dû m'en aller car je suis un soldat
et que là où je suis,
sous la pluie ou
le feu,
mon amour, je t'attends.
Je t'attends dans le plus pénible des déserts,
je t'attends près du citronnier avec ses fleurs,
partout où la vie se tiendra
et où naît le printemps,
mon amour, je t'attends.
Et quand on te dira: « Cet homme
ne t'aime pas », oh! souviens-toi
que mes pieds sont seuls dans la nuit, à la recherche
des doux petits pieds que j'adore.
Mon amour, quand on te dira
que je t'ai oubliée, et même
si je suis celui qui le dit,
même quand je te le dirai
ne me crois pas,
qui pourrait, comment pourrait-on
te détacher de ma poitrine,
qui recevrait
alors le sang de mes veines saignant vers toi ?
Je ne peux pourtant oublier
mon peuple.
Je vais lutter dans chaque rue
et à l'abri de chaque pierre.
Ton amour aussi me soutient :
il est une fleur en bouton
qui me remplit de son parfum
et qui, telle une immense étoile,
brusquement s'épanouit en moi.
Mon amour, il fait nuit.
L’eau noire m'environne
et le monde endormi.
L'aurore ensuite va venir,
entre-temps je t'écris
pour te dire : «Je t'aime. »
Pour te dire « Je t'aime », soigne,
nettoie, lève,
protège
notre amour, mon cœur.
Je te le confie comme on laisse
une poignée de terre avec ses graines.
De notre amour des vies naîtront.
De notre amour on boira l'eau.
Un jour peut-être
un homme
et une femme
à notre image
palperont cet amour, qui aura, lui, gardé la force
de brûler les mains qui le touchent.
Qui aurons-nous été ? Quelle importance?
Ils palperont ce feu
et le feu, ma douce, dira ton simple nom
et le mien, le nom que toi seule
auras su parce que toi seule
sur cette terre sais
qui je suis, et que nul ne m'aura connu comme toi,
comme une seule de tes mains,
que nul non plus
n'aura su ni comment ni quand
mon cœur flamba uniquement
tes grands yeux bruns,
ta large bouche,
ta peau, tes seins,
ton ventre, tes entrailles
et ce cœur que j'ai réveillé
afin qu'il chante
jusqu'au dernier jour de ta vie.
Mon amour, je t'attends.
Au revoir, amour, je t'attends.
Amour, mon amour, je t'attends.
J'achève maintenant ma lettre
sans tristesse aucune : mes pieds
sont là, bien fermes sur la terre,
et ma main t'écrit en chemin :
au milieu de la vie, toujours
je me tiendrai
au côté de l'ami, affrontant l'ennemi,
avec à la bouche ton nom,
avec un baiser qui jamais
ne s'est écarté de la tienne.

 

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PABLO NERUDA

 

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fernand toussaint1

Oeuvre Fernand Toussaint

 

 

 

 

 


BB. KING & JOHN MAYER

PRESENCE

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Du bout de la nuit
Tu viens te poser sur mon épaule
Comme un oiseau élu par le petit matin
Je deviens aussi vert que l’éclair
Qui, tel un serment originel,
Rougirait dans la bourrasque
Aiguisant mon appétit de dialogue
Et m’incitant à lâcher les soucis pour les rêves
Le rire du phare jaillit alors des ténèbres immenses.
Tu viens telle une voile
Naviguant sur mes lèvres
Je me déploie comme l’espace qui s’étale en toi
Ton buste se répand sur le jour.
Je suis ce vert ; ma ceinture est un pays
Où les souhaits grisonnent
Et les chants abattent les murs
Tu es dans les branches océanes
La turquoise de mon âme,
La blancheur scintillante de la passion
Tu viens de toutes choses
Des mots que l’oiseau propage dans les geôles
D’une fille du vent bourlinguant ça et là
Du rêve qui s’aventure dans le doute
Tu viens dans toutes choses
Dans la verdure de l’âme enlaçant la fête des saisons
Dans la boue des noces souillant la robe de la mariée
Tu viens.
Quand ta présence devient l’océan
Et mon cœur une voile
Alors, il n’y a plus de rivages.

 

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ALI AL-CHARQWI

 

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ALI

 

 

 

BERNARD PERROY

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                                                                                                                                        à mon frère Jef,

 

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L’homme est beau
qui traverse la vie
comme on traverse la rue,
d’un pas lourd ou léger,
chantant l’homme et ses bruits,
son silence aussi ou son rire
et ses yeux par lesquels défilent
tous les paysages de l’âme…
L’homme est si beau qui traverse la vie
comme une flèche rouge,
en point d’exclamation
ou d’interrogation,
en route toujours,
vers l’horizon qui bouge
sur l’autre rive…

 

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Bernard Perroy
(poème paru dans catalogue de l'expo "Jef Aérosol part en flèche", à la Galerie 38, Casablanca, Maroc, 2014)

 

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jef aerosol

Oeuvre Jef Aérosol

http://www.jefaerosol.com/

MANEGES

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Nous marchions dans Paris
parmi ses fourrés citadins aux multiples accords
de trains et d’herbe,
d’aromates doux-amers,
d’obscurités, d’éclairs,
de nuages entraperçus dans le miroir des vitrines…


Du haut de mes dix ans,
je buvais littéralement des yeux
tous ces visages, ces paysages,
tandis que mon frère plus vieux
se tenait à distance « de sage »,
pourvu qu’il recomposât dans son cœur
le visage de sa bien-aimée…


Alors les pas de mon père
savaient à la fois nous porter et nous rendre
 à la beauté des cœurs dispersés au cœur de la cité…


Je n’oublierai jamais cette escapade à trois
d’où nous avions ramené,
pour les regards émerveillés de ma mère,
une petite boîte à musique qui nous aidait,
chaque fois que nous tournions la manivelle,
à supporter tous les manèges de la vie…

 

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BERNARD PERROY

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maneges2

 

 

PATRICK ASPE

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entre les feuilles

à la pénombre du matin

juste avant la lumière vive

par cette transition

un ruisseau de nuages rosés

tremble entre les feuilles

farouche rebelle

de l’été

miracle enfin

vert – vert

sous la voix d’une mousse

la terre des grillons

tranche l’air d’herbes rouges



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PATRICK ASPE

 

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CHAMPS

LA CROIX, L'ETOILE ET LE CROISSANT

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A ma mère

 

Aux clochers de Jérusalem
Je voudrais voir en même temps
Briller à l'aurore prochaine
La croix, l'étoile et le croissant.
Aux campaniles de Sardaigne
Aux mosquées de l'Afghanistan
Je voudrais tant un jour que règnent
La croix, l'étoile et le croissant.
Le cœur des hommes est fait pour danser
Sur des manèges de colombes
Sur des collines d'oliviers.
Il y a aux rives anciennes
Beaucoup d'amour et trop de sang
Où sont-ils donc tous ceux qui aiment
La croix, l'étoile et le croissant?
Ils ont pris des sentiers de haine
Dieu sait pourquoi ils ont voulu
Aller jusqu'au bout de leurs peines
Bientôt ils ne le voudront plus.
Le cœur des hommes est plein de danger
Ils s'offrent au jour mais il y pousse
Toute fleur que l'on a semée.
Aux clochers de Jérusalem
Je voudrais voir en même temps
Tous ceux qui porte au fond d'eux-mêmes
La croix, l'étoile et le croissant
Et ceux qui n'ont jamais eu même
De croix, d'étoile ou de croissant.

 

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FREDDY MARNAY

 

 

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A PESSOA...

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Là où tu es, sans être jamais revenu de nulle part, sans volonté de partir là où tu n'arriveras jamais, parce que là c'est déjà hier, je te rencontre. Tu me demandes de m'asseoir : et tous deux, à la table d'un des cafés de l'Éternité, nous écrivons des lettres que jamais personne ne recevra. Mais tu ris, sachant que Lui, l'inConnu, est en train de les lire, et probablement aussi de les écrire, à travers toi, pour un autre qui a ton visage et tes mains, et cependant ce n'est pas toi, et qui me regarde maintenant. Et tu me dis : c'est un fantôme ! Et tu ris davantage, dans ces limbes où commence à tomber un crépuscule qu'ailleurs on appellerait la Mort : mais que tu sais être plus que la mort et, en même temps, une vie à laquelle nul n'oserait aspirer.
Et tu fais silence, songeant à celle à qui tu as écrit des lettres que personne d'autre que toi n'a jamais lues, même pas elle que tu regardais , dans un bureau plein de soleil et de vent, rêvant à des bateaux et à des voiles, tandis qu'elle pensait à ce que tu sentirais pour elle, sans savoir que ce que tu sentais, elle seule pouvait le sentir, dans ce reflet d'un temps où elle serait l'ombre, à peine, de quelqu'un qui pourrait avoir été.

(Et cette ombre soudaine trouble ton ombre que je regarde, et qui me hante.)

 

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NUNO JUDICE

 

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MAIN,

 

 

 


AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

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De tout ce qui est écrit, je n’aime que ce que l’on écrit avec son propre sang. Écris avec du sang et tu apprendras que le sang est esprit.
Il n’est pas facile de comprendre du sang étranger : je hais tous les paresseux qui lisent.
Celui qui connaît le lecteur ne fait plus rien pour le lecteur. Encore un siècle de lecteurs — et l’esprit même sentira mauvais.
Que chacun ait le droit d’apprendre à lire, cela gâte à la longue, non seulement l’écriture, mais encore la pensée.
Jadis l’esprit était Dieu, puis il devint homme, maintenant il s’est fait populace.
Celui qui écrit en maximes avec du sang ne veut pas être lu, mais appris par cœur.
Sur les montagnes le plus court chemin va d’un sommet à l’autre : mais pour suivre ce chemin il faut que tu aies de longues jambes. Les maximes doivent être des sommets, et ceux à qui l’on parle des hommes grands et robustes.
L’air léger et pur, le danger proche et l’esprit plein d’une joyeuse méchanceté : tout cela s’accorde bien.

 

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FRIEDRICH  NIETZSCHE

 

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chat;

CHERCHER

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Chercher
sur le visage d’un enfant
ou dans les rides de l’âge

Depuis le temps
que nous râpons la terre
de nos doigts contrefaits
qu’avons-nous exhumé ?

Chercher
au-delà du mensonge
de l’ombre des charniers
dans la complainte des peuples
et la musique des feuillages

Est-elle si loin
l’aurore fraternelle
la liberté gagnée
au chaos déferlant ?

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JEAN-LUC POULIQUEN

 

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JEAN LUC

 

 

 

FRESQUE SUR LE MUR

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Nous disons beaucoup de choses à présent,
Du coucher du soleil sur la terre menue.
Sur le mur pleure Hiroshima…
Une nuit s’en va, et dans le plein midi,
Nous n’emportons de notre monde
Que la forme du trépas.

… Pour tes yeux, d’autres temps,
Pour mon corps, une autre histoire,
Et dans le rêve nous réclamons le jasmin.
Lorsque le monde nous dispersa, il y a quelques années de cela,
Les murs étaient rétifs à l’entendement.
Les cachets d’aspirine
Ramenaient la fenêtre, les oliviers et les rêves à leurs propriétaires.
Et la tendresse
Etait un jeu qui te détournait de l’intelligence des années.

… Nous disons beaucoup de choses à présent,
Du blé fané dans la terre menue.
Sur le mur pleure Hiroshima…
Lame luisante comme la justice, et dans le plein midi,
Nous n’emportons de notre monde
Que la couleur du trépas.

Dans le feu du premier baiser,
La tristesse se dissout
Et la mort chante.
Je ne suis pas triste maintenant,
Et je chante.
Est-il un corps qui ne soit voix, à présent,
Une tristesse,
Qui ne presse l’univers
Contre la poitrine du chanteur ?

… Nous disons beaucoup de choses à présent,
De la souffrance de l’herbe dans la terre menue.
Sur le mur pleure Hiroshima…
Baiser vouéà l’oubli, et dans le plein midi,
Nous n’emportons de notre monde

Que le goût du trépas.

 

Mille fleuves déferlent à présent.

Au café,

Les puissants jouent au tric-trac.

La chair des martyrs

Disparaît dans la tourbe, parfois,

Et meuble les heures des poètes, d’autre fois.

Et moi, ô ma femme, je tète à ton silence

Nocturne… le lait de la fierté !

… Nous disons beaucoup de choses à présent,

De la couleur disparue dans la terre menue.

Sur le mur pleure Hiroshima…

Une enfant est morte. Et dans le plein midi,

Nous n’emportons de notre monde

Que le goût du trépas.

 

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MAHMOUD DARWICH

 

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peinture-murale-gaza

 

 

LETTRE OUVERTE A FRANCOIS HOLLANDE

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 Merci à Inès S.

 

Face à cette boucherie insoutenable qui se poursuit en toute impunité dans une prison à ciel ouvert encerclée de toute part, mer terre et air, et qui me concerne non seulement pour la cause humanitaire, mais aussi en tant que citoyenne française trahie par son président, je partage cette lettre ouverte (voir video) du professeur de médecine Christophe Oberlin

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"Vous président, voulez-vous que je vous montre les photos des enfants palestiniens coupés en deux par les bombes israéliennes ?
Vous président, savez-vous qu’un enfant palestinien est tué par Israël chaque trois jours, depuis dix ans ?
Vous président, vous vous inscrivez dans la lignée d’une classe politique détestable : celle qui a fait fonctionner la guillotine pendant la guerre d’Algérie, celle qui a signé pour l’assassinat de Larbi ben Mhidi, celle de l’expédition de Suez, celle qui a donné la bombe atomique à Israël.
Vous président n’avez décidément rien retenu des cours d’histoire et des cours de droit de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris.
Vous président, alors qu’Israël agrandit tous les jours son territoire par la force, vous prétendez nier le droit des Palestiniens à résister par la force ?
Vous président, en soutenant un état qui agrandit ses frontières par la force, vous violez la charte des Nations Unies !
Vous président, par la coopération militaire que vous entretenez avec Israël, vous êtes juridiquement complice de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Vous président, alors que les Palestiniens sont majoritaires sur le territoire de la Palestine, en soutenant la minorité vous niez la démocratie !
Vous président, je vous accuse de l’une des pires formes de racisme : le racisme en col blanc !
Vous président, vos déclarations n’engagent que vous, vous êtes la honte de la France !"

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CHRONIQUE DE LA TRISTESSE ORDINAIRE...Extrait

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 Silence pour Gaza, poème de Mahmoud Darwich
Mahmoud Darwich parle dans ce poème de la résistance de la population de Gaza, dans les premières années de l’occupation (1967-1974).

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Elle s’est ceinte d’explosifs et elle éclate ! Va-t-elle mourir ? S’est-elle suicidée ? Non, non. C’est la manière de Gaza d’annoncer son imprescriptible droit à la Vie.
Voilà quatre ans que la chair de Gaza vole en éclats. Sorcellerie, magie ? Non, non. C’est l’arme avec laquelle Gaza s’acharne à défendre à l’usure son existence !
Voilà quatre ans que l’ennemi, épaté dans ses rêves, béat dans sa passion d’amoureux, fait sa cour au temps… Seulement, à Gaza, impossible ! Elle lui est si peu apparentée, et elle colle à ses adversaires ! Elle est une île, cette Gaza ! A chaque explosion – et elles n’arrêtent pas- le visage d l’ennemi est lacéré, ses rêves se fissurent, et le voici inquiet du temps qui passe, car à Gaza le temps est un autre temps. Le temps de Gaza n’est pas neutre, il n’envoûte pas le monde de froide impassibilité, mais contre le réel il se heurte et il explose ! Le temps là-bas ne transporte pas les enfants de l’enfance à la vieillesse, mais d’un bond, dès leur premier choc avec l’ennemi, il en fait des hommes.
A Gaza, voyez-vous, le Temps n’est pas à la détente, mais à l’affrontement. En plein midi on y brûle. Car à Gaza les valeurs sont tout autres, tout autres, tout à fait autres que les nôtres. Au fait, la seule valeur de l’homme réduit par une conquête, n’est-elle pas sa force de résistance à l’occupation ? Or c’est à cela seul que l’on s’exerce, là-bas à Gaza ! Elle s’est accoutumée à cette seule et grande et dure valeur, point apprise dans des livres ou dans des cours accélérés ni aux trompettes et aux grosses caisses des propagandes ni au son des hymnes patriotiques ! Toute seule, par sa propre expérience et par son labeur, pas pour la « montre », pas pour la parade ! Non, Gaza n’a pas de quoi se vanter de ses Armées, ou de sa Révolution, ou de son Budget. Elle n’a pas à exposer ses chaires puantes et volontairement elle répand son sang. Gaza, savez-vous, n’est pas douée pour les discours, son pharynx ne vaut rien, c’est par les pores de la peau qu’elle crie sang, et eau et feu !
Aussi, l’ennemi la hait-il, tant et tant d’elle il a peut qu’il ira bien jusqu’au meurtre, jusqu’au crime par noyades sous la mer, et sous les sables e dans les baquets de sang !
Aussi ses proches et ses amis l’aiment-ils, avec jalousie, avec effroi ! Car Gaza c’est la leçon sauvage, c’est l’étentard levé devant tous, indistinctement, ennemis ou amis !
Elle n’est point, Gaza, la plus belle des cités…
Elles ne sont point, ses plages, les plus riantes des plages arabes.
Elles ne sont point meilleures, ses oranges, que toutes celles du Bassin méditerranéen.
Elle n’est pas la plus cossue d’entre les villes, Gaza ! (Du poisson, des oranges, du sable, des tentes frémissantes sous le vent, des denrées de contrebande, et des bras, des bras à vendre à qui veut en acheter !).
Elle n’est pas non plus la plus délicate ni la plus imposante, mais elle vaut le poids d’or de l’histoire d’une nation entière – parce que c’est elle la plus laide aux yeux de l’ennemi, et la plus miséreuse, la plus loqueteuse, et la plus méchante ! Et parce qu’elle est parmi nous, celle qui a su troubler toute euphorie et toute quiétude ! et parce qu’elle est un cauchemar et que ses oranges sont piégées, ses enfants sans enfance, ses vieillards sans vieillissement, ses femmes sans plaisirs ! Telle est Gaza, la plus belle, la plus sereine, la plus cossue, la plus digne, parmi nous, d’être aimée à la folie !
Comme nous serions méchants si nous cherchions chez elle des poèmes ! Gaza de grande beauté, ne la déparons pas, elle qui n’a point eu de poètes à l’heure où nous, nous croyions, fichtre, et avec quelle joie quand l’ennemi nous permettait de chanter contre lui comme des vainqueurs !...puis les poèmes ont séché sur nos babines tandis que sous nos yeux l’ennemi achevait de construire ses villes, ses fortifications, ses routes !...
Comme nous serions méchants pour Gaza si nous en faisions une ville mythique ! Nous la haïrions trop quand nous la verrions, si petite ville et si pauvre ! (Et si résistante, non ?)
Furieux contre toute la fabrique des mythes, nous briserions nos derniers miroirs dan un long gémissement monté de notre ultime réserve de fierté ! C’est alors elle que nous maudirions, refusant d nous révulser contre notre propre image !
Comme nous serions méchants pour Gaza si nous la portions aux nues. Nous nous prendrions pour elle d’une passion et passionnément nous serions à l’attendre. Or Gaza ne viendra pas à nous… Gaza ne nous sauvera pas, elle n’a ni cavalerie, ni avions, ni baguette magique, ni bureaux dans les capitales. Elle se libère elle-même tout à la fois de nos beaux langages… et de ses conquérants. Et si, au coin d’un rêve, un instant nous la rencontrons, peut-être ne nous reconnaît-elle pas, puisqu’elle est née du feu, et nous d'attente et de pleurs.
Pas d’énigme dans le secret de la résistance. Elle est populaire, voilà tout. (Ce qu’elle veut, c’est expulser l’ennemi hors de ses propres habits.) Et la résistance adhère à la population comme la peau aux os. Nul n’y est l’élève et l’autre le maître.
La résistance ne s’est pas, à Gaza, institutionnalisée !
La résistance, à Gaza, n’a pas pris pignon sur rue.
Elle n’est parrainée par personne, ni ne lie son destin à des listes de signatures ou des empreintes digitales.
Que lui importent son nom, ses traits, sa voix ? Elle ne se prend pas pour l’inévitable sujet des bulletins d’information. Elle n’est pas photogénique, elle ne se farde pas pour les photographes, elle n’a pas en travers de sa figure le sourire « Colgate ».
Elle n’en veut pas. Nous non plus.
Les plaies de Gaza ne serviront pas de chaires de prédication ! Sa beauté veut que nous parlions pas trop d’elle, que nous ne jetions pas dans la fumée de ses rêves l’encens d nos chansons de femmes !
Donc, quelle mauvaise affaire pour nos courtiers et nos croupiers, mais quel trésor de l’esprit, quelle inestimable farce morale pour tous les Arabes !
Et nos exclamations sur la splendeur de Gaza ne l’effleurent même pas, rien ne la distrait, rien ne détourne son poing de boxer l’ennemi en plein visage !
Comment sera le gouvernement de l'état palestinien que, tout prochainement, nous établirons sur la côte orientale de … la planète Mars (aussitôt terminée son exploration !), comment on répartira les sièges du Conseil national palestinien, rien de tout ça ne la préoccupe, mais de toutes ses forces elle s’arc-boute dans son refus. Affamée, elle refuse, dispersée, elle refuse, embarbelée, elle refuse, mise à mort, elle refuse.
Peut-être – une mer tumultueuse peut bien engloutir une ile minuscule – l’ennemi vaincra-t-il Gaza. Peut-être la décapiteront-ils de tous ses arbres…
Peut-être sèmeront-ils de leurs roquettes les ventres des enfants et des femmes, à Gaza. Et peut-être l’asphyxieront-ils sous la mer et sous le sables et dans les baquets de sang !
Pourtant :
Jamais elle ne se gargarisera de mensonges.
Ni ne dira aux conquérants : Oui !
Ni ne cessera d’exploser.
Va-t-elle mourir ?
S’est-elle suicidée ? Non, non. C’est la manière de Gaza d’annoncer son imprescriptible droit à la vie…

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MAHMOUD DARWICH

 

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PALESTINE5,

A GAZA

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à Gaza
le sommeil
l’air
les prières
l’eau
le pain
les corps
sont déchiquetés massacrés
et ensevelis dans le même linceul
celui de la démocratie complice
d’un crime délibéré
par
Israël La mort
Israël le boucher
le fossoyeur au phosphore blanc

massacreur de Cana
de Jenine et Naplouse
et le Liban
Une humanité de ce qui a pu ressembler à un miracle
Gaza
ce peu de terre
des damnés
dépouillés
et dénudés
de l’amour impossible
de la liberté
de l'azur et du poème
où aucune couleur ni oiseau
Ne révèlent les horizons
n’écrivent aucun chant pour la vie
une marée de sang
Gaza
décombres et cendre
le rougeoiement de la chair
les cris
des foetus
des utérus

et chaque jour
indigné
vous buvez
mangez
un cadavre de plus
mais la Palestine
est votre humanité
qui vit dans la foret de ciment
bois de l'eau dans une bouteille en plastique
mange dans des boites en carton
respire l'air confisqué
la Palestine
est en vous
le corps infini
silence
cortège funèbre
d’une mort insomniaque
qui respire
marche
dans votre chambre à coucher

 

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AHMED BEN DHIAB

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JAAMATI MOHAMED 4

Oeuvre Jaâmati Mohamed

 

2009 ET TOUJOURS...

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Je suis juif, et aujourd’hui j’ai honte.

Je suis juif et j’entends ces bruits, ces bombes, ces souffrances qui hurlent. C’est l’histoire qui me revient pour m’éclater à la face. L’histoire que mes parents m’ont légué pour honnir la guerre honteuse. Je suis juif et je vois le sang, le sang qui coule sous les bombes comme à Guernica. Je suis juif et je sais la révolte désespérée contre l’étouffement et la famine du ghetto de Varsovie. Je sais l’indifférence absolue qui précédait,comme à Gaza.

Je suis juif et je suis frère de racine et d’histoire de ces hommes d’Israël. Ces fils de victimes adossant aujourd’hui l’armure des bourreaux. Quelle honte, quel désespoir devoir ceux qui ont tant souffert, qui ont été tant terrorisés, n’engendrer de leur passé qu’un abomineux dédain pour l’âme humaine !

C’est à désespérer. Est-ce la victoire posthume d’Hitler que cette sauvagerie distillée ? Est-ce sa victoire que ce reniement de l’humanisme ? Ah ma mère ! Je me souviens lorsqu’enfant tu me fis l’apprentissage de ce gardien d’immeuble qui vous avait averti, il était communiste, puis de ces religieuses vous extrayant d’un Paris devenu trop dangereux. Ah ma mère ! Je me souviens de ce poème d’Aragon où le résistant arménien avait pour derniers mots « vive le peuple allemand »devant les Nazis qui allaient l’achever. Ma mère, où se cache aujourd’hui la dignité de nos frères d’Israël ou de notre famille aveuglée de haine et de conquête ? Ma mère, il était dur de naître en portant les souffrances de vos vies, mais les enfants d’aujourd’hui vont devoir affronter bien pire :la honte !

Gaza martyr, Liban martyr, Jenine martyr et rien d’autre ne vibre dans leur âme qu’un énervement et une volonté de soumettre ! Que leur demeure t il de sens humain ? N’auraient ils plus qu’un Bush dans les os ?

Les palestiniens perdent leurs chairs, leur sang, leur terre.

Les juifs perdent leur âme, aveuglément engagés derrière l’État d’Israël.

L’horreur s’ajoute à l’horreur sans jamais permettre qu’émerge une étincelle d’intelligence. L’intelligence, la bonne intelligence…. La Paix ! Cette Paix qui en tout lieu du monde a la même science :celle du respect partagé. Cette Paix de Kant pour tous les peuples de la terre.

Ce respect est honteusement dénié en affamant, en occupant, en excluant, en dominant. Ce déni qui légitime la rage et fait monter les haines. Ce déni qui rend impossible la fin des armes et des souffrances. Ce déni qui nous plonge dans un massacre récurent où la vie n’a plus la valeur d’une vie.



Le respect, c’est le Droit, partout dans le monde. Le respect, c’est Israël entrant dans la Loi du monde, comme tout le monde. La Loi du monde délimite des frontières depuis40 ans. Au-delà de ces frontières rien n’est à régenter, à occuper. Des frontières où commence la liberté des autres. Des frontières, tout simplement,comme partout dans le monde. Des frontières pour que monte le respect, premier pas, tout premier pas des humains.

Pour que demain les peuples partagent leurs rêves et que les frontières soient une invitation amicale aux rencontres.

 

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SERGE GROSSVAK

2009

 

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paix

 

 


HUMANITE

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Nous vous demandons pardon. Pardon des nouvelles qui vous arrivent de France, de son président, de son gouvernement, des dirigeants du parti politique majoritaire et de responsables de la droite. Sachez que leur soutien inconditionnel à la folle politique de guerre de Benjamin Netanyahu n’est pas partagée par les progressistes et pacifistes français.
Ils soutiennent la guerre, nous voulons la paix. Ils acceptent le vol de vos terres, nous le dénonçons. Ils évoquent une symétrie entre les morts alors que les massacres vous visent directement. Ils parlent des droits de l’homme et ne s’offusquent pas que plus de 6000 d’entre vous parmi lesquels de nombreux enfants sont  en prison. Ils ont versé des larmes à la mort de Mandela mais refusent d’exiger la libération de Marwan Bargouti, votre Mandela. Ils ne prennent aucune mesure pour interdire à des ressortissants français d’incorporer l’armée israélienne.
Croyez-nous : nous avons honte des prises de position des autorités françaises.  Nous vous demandons pardon, même si nous ne sommes pas responsables de cet alignement sur une politique colonialiste, répressive et raciste.

Nous demandons pardon à toutes les familles endeuillées, pardon aux pacifistes israéliens oubliés, pardon à vous tous là-bas sous les bombes. Sachez qu’ici en France, en Europe, d’autres voix tentent de se faire entendre. Ce sont celles de vos amis, de vos frères.

 

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JOSE FORT

José Fort est un internationaliste passionné du monde, journaliste, ancien chef du service monde de l’Humanité.

souscription

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José Fort est un internationaliste passionné du monde, journaliste, ancien chef du service monde de l’Humanité.



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colombe3

 

 

 

 

EN DIRECT DE GAZA...

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En direct de Gaza
Mercredi 16 juillet 2014
Il est 12 h à Gaza

Neuvième jour de l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza
Vive la solidarité internationale avec Gaza
La poursuite de l’agression criminelle sur la bande de Gaza
Une nouvelle journée meurtrière commence à Gaza
- 13 morts depuis ce matin dans la bande de Gaza
- Une fille de 4 ans a été tuée à Rafah, silence, on tue les enfants à Gaza.

- 40 maisons détruites depuis ce matin, quelle horreur !

- 2 stades ont été détruits.

- Un hôpital a été touché

- Un centre d’accueil pour personnes âgées a été bombardé.
L’armée de l’occupation israélienne détruit tout dans la bande de Gaza, quelle barbarie !
Gaza l’oubliée et Gaza laissée à son sort supporte l’insupportable !
L’aviation, la marine et les chars israéliens bombardent partout dans la bande de Gaza.
Et ça continue !
Le bilan s’alourdit au neuvième jour de l’offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza et sa population civile :
- 207 morts palestiniens jusqu’à cette heure-ci, dont 50 enfants, 28 femmes et 34 personnes âgées suite à des bombardements israéliennes en neuf jours.
-1500 blessés lors de ces bombardements aveugles de l’armée de l’occupation israélienne, dont 270 femmes et 390 enfants
-Plus de 2450 raids israéliens en neuf jours partout dans la bande de Gaza
Quelle horreur !
-450 maisons ont été détruites suite à ces bombardements aveugles
- 970 maisons touchées par les bombardements
-Plus de 2200 personnes sont sans-abri après la destruction de leurs maisons.
-40 mosquées ont été détruites
- 42 écoles touchées.
- 3 instituts d’enseignement supérieur touchés
- 5 stades détruits
-3 stations électriques ont été touchées
-7 puits d’eau touchés
- 27 bâtiments publics détruits
- 7 centres médicaux touchés
- 29 associations bombardées.
C’est terrible !
Nous nous lâchons rien!
Nous ne désespérons pas !
La lutte continue
Nous nous défendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang
Gaza sera toujours debout !
Gaza résiste, Gaza existe et Gaza persiste !
Amitiés de Gaza sous les bombes

 

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ZIAD MEDOUKH

Ziad Medoukh, responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza et coordinateur du Centre de la paix de cette université, a été fait Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques de la République française par décision du Premier ministre.

 

Cette nomination, la première pour un professeur palestinien, vient récompenser les mérites de Monsieur Medoukh. Elle couronne des années de dévouement au service de la langue et de la culture française et de leur rayonnement en Palestine et dans la bande de Gaza en particulier.

 

Connu par ses relations étroites avec le Consulat de France à Jérusalem et les associations francophones, Monsieur Medoukh a participéà plusieurs conférences et colloques sur l’enseignement du français, en France et dans les pays francophones, il a mené beaucoup de travaux de recherches et rédigé de nombreux articles sur l’enseignement de la langue de Molière dans son pays.

Il est l’auteur de maintes publications sur l’enseignement du français en Palestine et à l’Université Al Aqsa, ainsi que sur l’importance de l’Education comme forme de résistance en Palestine.

Il forme les futurs professeurs de français dans la bande de Gaza et participe activement à la promotion de la Francophonie dans son pays.

 

Il a initié et créé des Jumelages entre son université et plusieurs universités françaises.

Il est l’auteur de deux recueils de poèmes : « J’enseigne la paix à Gaza », chez "L’Autre Edition"à Montpellier en France, en 2009, et « Gaza : paix attendue » aux Editions "Du Terroir "à Montréal, au Canada, en 2011.

Pour Ziad Medoukh- comme on peut le lire dans le titre de l’un de ses poèmes-le français restera toujours langue de paix et d’espoir.

 

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Palestine ,,

 

 

PALESTINE

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vous qui êtes l'écorce désossée de l'humanité
vous qui êtes la roquette de la paix des pierres
vous qui êtes la clé du lieu riverain de l'écritoire

cessez de tirer sur l'enfant du désordre livresque
cessez de chasser l'homme conjugué aux racines de sa terre
cessez d'effacer la plainte du verbe nourrissant

ma main caresse le sang horrifiant la Palestine occupée
je pleure nos couleurs communes à la frontière du chagrin
le mur s'est battu contre la honte de votre séparation livide

je regrette ma naissance au seuil de votre échéance
je suis le démuni aux cotés justes du chemin barbelé
vous tuez mes enfants avec la certitude de la sentence et la force du deuil

faites de moi l'accordéon de Gaza le pluvieux pinceau acclamant justice
autrefois ma raison ancestrale a risqué son souffle pour vous
désormais la violence du feu fait de moi le gardien du poème révolté de Darwich

je suis le Palestinien qui chante le rêve à l'abri de la folle invasion
je suis le navire qui combat l'exil de ma mère au-delà de son champ occupé
je suis le coeur battant plus fort que le canon à bout de souffle de la guerre

je vous plains

je grave mes prières afin de saler le son givreux du judéocrétin et muselant
que notre prophète commun sanglote aux cieux enfumés par le cri éternel de l'abeille
quelle science donnerait raison à la brulure de la ruche féconde qui me nourrit

nul pardon ne peut essuyer le pourpre du sang coagulé des intifadas
si ce n'est l'amour du bleu larmoyant de l'Orient trompé par le baiser du périple
je n'embrasse pas la poudre qui tue la paix des oiseaux en vol vers le soleil en cage

je fais le serment de téter l'encre transparente de la miséricorde
je crèverai la nuisible guerre en chantant le manifeste de la couleur du songe
je prête mon chromatique espoir à toutes les patries orphelines de la lumière

 

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  KAMEL YAHIAOUI

 

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colombe77,,

 

 

MAHMOUD DARWICH

LE POEME DE LA TERRE

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Le poème de la terre
En mars, l’année de l’intifada, la terre
Nous a divulgué ses secrets sanglants. En mars, cinq fillettes sont passées devant les lilas et les fusils.
Debout à la porte d’une école primaire, elles se sont enflammées de roses et de thym de pays. Elles ont inauguré le chant du sable. Sont entrées dans l’étreinte définitive . Mars vient à la terre des entrailles de la terre, il vient, et de la danse des jeunes filles. Les lilas se sont légèrement courbés pour que passent les voix des fillettes. Les oiseaux ont tendu leur bec en direction de l’hymne et de mon cœur .
Je suis la terre
Et la terre c’est toi
Khadija ! ne referma pas la porte.
Ne pénètre pas dans l’oubli.
En mars, cinq fillettes sont passées devant les lilas et les fusils.
Elles sont tombées à la porte d’une école primaire. Sur les doigts, la craie prend les couleurs des oiseaux . En mars la terre nous a divulgué ses secrets.Je suis le témoin du massacre,
Le martyr de la cartographie,
L’enfant des mots simples.
J’ai vu les gravats, ailes,
Et vu la rosée, armes.
Lorsqu’ils ont refermé sur moi la porte de mon cœur,
En moi dressé les barrages,
Instauré le couvre feu,
Mon cœur est devenu une ruelle,
Mes côtes, des pierres.
Et l’œillet est apparu,
Apparu l’œillet.

 

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MAHMOUD DARWICH

 

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PALEST

Oeuvre Zajel

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