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MANDELA DAY....

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MANDELA

Madiba Nelson Mandela 18/07/1918 - 05/12/2013


SOLO DE TOURNESOL...Extrait

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Le soleil de van Gogh est tombé
Rien ne pouvait l’arracher
C’était l’invincible géant
du pauvre et du fort
la lumière fixe des courages
Maintenant, retour au soleil sans van Gogh
Qui flambe par devant mais fusille par derrière
Et reste seul à brûler sans jamais retrouver
le toucher de colline de sa boule à feu
ni le sentier au visage
troué de la terre au ciel
qui n’est plus qu’un bagne d’œil noir
et tes yeux pouvaient voir et ton sang aller
Dans ce ciment de sarcophage
le soleil de vie ne sait rien faire du sanglot de vide
et même la mort à souffrir doit rengorger sa giclée de soute vide
Et plus de pourquoi aux poutres du rêve crucifié
Rien que le rire grillé, le rire de silence plané
Au coup de trombe blanche vidée d’un coup
Dans le poitrail
Le soleil treuille un gibet jamais vu
le gibet aux quatre horizons
Et jamais une croix ne sera aussi dure, aussi parfaitement trempée
dans le sang de potence
Que l’immensité d’arène bleue
Tu ne pourras dire un mot, surtout plus le mot de ton visage apparu
sans cette mitraille de rayons en déluge
Sans ce disque de savane qui souffle un vent jaune
sur ton front, tu ne pourras plus apparaître sans cette armée
de chaleur lacérée où même le damné rend un peu de teinte safari
C’est la curée, la grande curée, le grand haro
Le grand encerclement, la procession, la ronde solaire, le grand rassemblement, la coalition électrique, les mains de la ronde, la corde des poutres, le dévalement des cohortes, la chasse aux sorcières, la Commune à l’envers, c’est le feu de joie d’une bousculade dans les bûches, et la fin des bûches méconnaissables qui se taisent noir sur jaune dans la jetée d’ombres noires.
Les haies sont dressées
D’un côté les morts, de l’autre les soleils
Un soleil par mort
chaque soleil rendu à son mort.
Et dans ton cœur au bal des morts au soleil
J’ai gueulé le fer de tous les barreaux
Mais chacune de mes vies
plantera un rayon dans ton cœur

 

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NICOLAS ROZIER

 

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tank isrélien en palestine

J'AVOUE QUE J'AI VECU...Extrait

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« Je veux vivre dans un monde où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.
J’écris ces lignes en sachant bien que sur nos têtes, sur toutes les têtes plane le danger de la bombe atomique, de la catastrophe nucléaire qui ne laisserait personne, qui ne laisserait rien sur la terre.
De toute façon, cela ne refroidit pas mon espoir.
En cet instant critique, en ce clignotement d’agonie, nous savons que la lumière définitive entrera dans les yeux entrouverts.
Nous nous comprendrons tous. Nous progresserons ensemble.
Et cette espérance est irrévocable »

 

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PABLO NERUDA

 

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ROCHE

 

 

CONFISO QUE HE VIVIDO...

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«Yo quiero vivir en un mundo sin excomulgados. En un mundo en que los seres sean solamente humanos.
Quiero que la gran mayoría, la única mayoría -todos- puedan hablar, leer, escuchar, florecer.
No entendí nunca la lucha, sino para que esta termine. No entendí nunca el rigor, sino para que el rigor no exista.
Lucho por esa bondad ubicua, extensa, inexhaustible.
De todo lo vivido, me queda una fe absoluta en el destino humano.
Una convicción cada vez más consciente de que nos acercamos a una gran ternura.
Sé que existe el peligro de la catástrofe nuclear.
Pero esto no altera mi esperanza. Sé que un día entrará la luz definitiva. Que un día nos entenderemos todos.
Que progresaremos juntos.
Y esta esperanza, es irrevocable»

 

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PABLO NERUDA

 

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PORTE,,

GAZA SOUS LES BOMBES , JUSQU'OU LA PATIENCE....

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En avril 2002, avec d'autres écrivains du Parlement international des écrivains, nous avions traversé la Palestine de Ramallah à Gaza. A mon retour j'avais écrit ce témoignage sur cette guerre qui n'en finit pas: une guerre menée avec des tanks et des bombes mais aussi avec des buldozzers. Une entreprise de démolition. Un effort sans précédent dans l'histoire de re-territorialisation. Une guerre agoraphobique...

Le texte s'intitulait "Sabreen ou la patience". Plus de dix ans après, j'ajoute: Jusqu'où la patience? 

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A l'époque des guerres yougoslaves, l'architecte Bogdan Bogdanovitch avait forgé le mot urbicide pour désigner la destruction des villes des Balkans. En Palestine ce qui frappe d'emblée, c'est la violence exercée contre la terre, le territoire. A perte de vue ce ne sont que chantiers à ciel ouvert, collines éventrées, déforestations. Paysages en lambeaux. Rendu illisible par une violence qui semble concertée. Non pas seulement la violence des bombes et de la guerre, non pas les destructions infligées par les incursions des chars, les plus modernes au monde et les plus lourds, mais une violence active, industrieuse. Cadastrale. La laideur du béton et du bitume s'étend sur les plus beaux paysages de l'histoire humaine. Les collines sont lacérées par « les routes de contournement » que l'on construit pour protéger les accès des colonies israeliennes ; à leurs abords on détruit les maisons, on arrache les oliviers, on rase des champs d'orangers... pour améliorer... la visibilité. A leur place, s'étendent des terrains vagues, des no man's land surmontés de miradors. Le buldozzer que l'on croise partout au bord des routes apparait tout aussi stratégique dans la guerre en cours que le tank. Jamais un engin aussi inoffensif ne m'était apparu porteur d'une telle violence muette. Brutalité des buldozzers. La géographie, dit-on, ça sert d'abord à faire la guerre. En Palestine, c'est la guerre qui défait la géographie.

Pendant une semaine, de Ramallah à Gaza et à Rafah, nous n'avons croisé sur notre route que des images de destructions : Villages, routes, maisons en ruines ; on brûle les récoltes, on bombarde les services publics. Des équipements collectifs à peine achevés, sont détruits par les tirs de missile des hélicoptères ou les F16 : le Port et de l'Aéroport international de Gaza par exemple, celles de la RadioVoix de la Palestine à Ramallah, un Q.G. de la circulation routière, un laboratoire médico-légal, des infrastructures municipales : écoles, résidences, routes, tout-à-l'égout, déchetteries. A qui fera-t-on croire que tous ces équipements étaient des repères terroristes ?

A Rafah on visite un village rasé qui jouxte la frontière égyptienne ; nous marchons sur les murs des maisons effondrées. Sous nos pieds des cahiers d'écoliers, des ustensiles de cuisine, une brosse à dents. La vie en miettes. Une femme nous explique qu'on a laissé aux habitants cinq minutes pour quitter les lieux. En pleine nuit. Les buldozzers sont repassés plusieurs fois pour "achever le travail". Cette formule est en passe de devenir la devise de Tsahal. En haut des miradors, des mitraillettes à infra-rouge veillent sur un terrain vague. Pas de soldat. La nuit, elles tirent automatiquement dès qu'une lumière s'allume. Les premières rangées de maison sont criblées de balles. Les habitants vivent sous la menace permanente des armes automatiques. Voilà comment on crée des zones tampons. 

La machine à défigurer s'active en permanence, patiente et oublieuse comme une abeille. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle fabrique de la frontière. Elle dissémine de la frontière. Elle frontérise à tout va. Ici la frontière est partout. Elle traverse chaque coin de route, chaque colline, chaque village et parfois chaque maison... Les bastions remplacent les bosquets. Des fortifications renforcent les remparts. Chaque mur est hostile. Chaque maison peut receler un tireur embusqué. A chaque virage peut surgir un check point. Il nous est arrivé d'en croiser jusqu'à deux en deux cents mètres. La seule Cisjordanie en compte aujourd'hui plus de 700. Certaines rues sont murées, l'accès à l'université de Bir Zeit exige d'emprunter un double système de bus ou de taxi, entrecoupé d'un passage à pieds obligatoire. L'armée israélienne a transformé les territoires en un système d'alvéoles étanches dont elle contrôle les entrées et les sorties. On en compte ainsi 220, véritables souricières pour ne pas parler de réserves ou de ghettos, où circulent en permanence les Merkava tanks et que survolent les hélicoptères Apache fournis par l'Armée américaine... C'est une frontière d'un genre nouveau. Une frontière mobile, poreuse, floue. Une frontière qui bouge. Un soir à Ramallah, Mahmoud Darwich nous fit grimper une petite colline d'où on voyait Jérusalem. A quelques km à vol d'oiseau, la ville scintillait de milliers de lumières. Entre elle et nous, des zones d'ombres, quelques lueurs éparses et tremblantes : des maisons palestiniennnes, puis plus loin sur la droite, à nouveau, une zone intense de lumière, d'où partait une route illuminée et vide conduisant à une colonie israélienne. Et dans ce miroitement de la lumière dans la nuit, j'ai reconnu la frontière qui scintillait.

T. Konwicki, l'écrivain polonais, disait un jour à propos de son pays : « ma patrie est sur des roulettes ; ses frontières se déplacent au gré des traités. » En Palestine c'est encore pire. La frontière se meut comme un nuage de sauterelles. Elle se déplace d'un bond au gré des attentats suicides, avec la soudaineté d'une intempérie. Elle peut arriver chez vous comme le courrier, en une nuit, à la vitesse des chars.... ou glisser lentement comme une ombre. La frontière rampe. Encercle les villages, les points d'eau. Elle est mobile à l'instar de ces murs d'enceintes, dotés de crochets que nous vîmes à Rafah, transportables à loisir, au gré des avancées de la colonisation, comme de banales cloisons d'un habitat évolutif. La Frontière est Furtive ; à l'image des bombardiers, elle écrase et désintègre l'espace. Le transforme en espace-frontière, en miettes de territoire. L'espace-frontière n'organise pas les flux de circulation, il les paralyse. Il ne protège plus les personnes, mais transforme tout point de l'espace en zone minée, tout individu en cible vivante ou en bombe humaine. La frontière ici, n'est plus cette ligne pacifique qui distingue les espaces de souveraineté et attribue à chacun sa place. Qui donne à l'espace ces figures, ces bords, ces couleurs. Elle refoule, déplace, désorganise... Que l'on soit en Israël ou dans les territoires occupés, l'espace est devenu hostile, un espace sans contenu ni contour, qui généralise l'insécurité. « Supprimer l'éloignement tue »écrivait déjà René Char.

Fenêtres en meurtrières, façades agencées en muraille, alignement d'immeubles, ville-casernes.. Ce que l'on voit des colonies israéliennes suggère une architecture close sur elle même, un auto-enfermement dû bien sûr aux contraintes de sécurité, mais qui avoue une obsession de l'espace, un espace redouté, refoulé, l'espace-peur. « La vérité d'une époque, disait Hermann Broch à propos de la Vienne fin de siècle, peut se lire en général sur sa façade architecturale. » Si cela est vrai, alors celle des colonies israéliennes a valeur de slogan. Elle exprime un rapport presque panique à l'environnement. Une peur du dehors. Tout le contraire de l'hospitalité du lieu. Une sorte d'exophobie inverse du processus d'occupation. Plus on s'avance en terrtoire ennemi, plus on s'enferme à l'intérieur de soi. La formule vaut pour l'ensemble de la société israélienne. Non pas l'exo-colonialisme dont témoigne l'architecture ouverte sur l'extérieur des espagnols en Amérique latine, un endo-colonialisme, une colonisation qui ne se limite pas à l'appropriation d'un espace hostile, mais signifie une dépossession de soi. Son idéal-type c'est le bunker. C'est un aspect que le débat politico-médiatique passe largement sous silence : la colonisation israelienne des territoires occupés n'est pas seulement injuste, illégale, elle est impossible ; elle repose sur cette incapacité d'habiter caractéristique des pathologies de l'exil et qui frappe aussi les habitants des camps de réfugiés. Les colonies israeliennes sont à proprement parler inhabitables. Non pas simplement incorfortables, ou dangereuses, ou peu viables à long terme. Elles révèlent l'impossibilité d'"habiter" qui est l'autre face du retour... D'où ses formes paradoxales. Un habitat exorbité, littéralement extravagant. La sécurité de chaque colonie au cœur d'espaces peuplés en majorité de palestiniens, (50 000 colons sur 1,5 millions de palestiniens dans la seule région de Gaza) exige des efforts de sécurité constants, la maitrise totale des entrées et des sorties ; chaque passage d'une voiture de colon provoque des embouteillages de plusieurs kms sur les routes adjacentes bloqués par des checks points. Une sorte d'Apartheid routier qui exige du Génie civil sans cesse de nouvelles prouesses. A Gaza, où ils sont les moins nombreux et où l'abandon des colonies semble le plus probable, nous vîmmes des routes séparées par des murs de deux mêtres de haut, un pont en construction enjambant les territoires occuppés. Les buldozzers omniprésents au bord des routes en sont l'aveu troublant ; la question principale n'est pas celle que posait Kafka « comment faire pour habiter ? ». Il ne s'agit pas, ici, d'habiter, mais de déloger.

Les Israéliens en quelque décennies sont passés de l'utopie des kibboutz à l'a-topie des colonies. Ils voulaient transformer le désert en un jardin, disait-on dans les années soixante ; quand le projet des kibboutz séduisait encore, et ils ont transformé le jardin biblique en un désert, un terrain vague, voire un champ de bataille. C'est une guerre menée avec des buldozzers. Une entreprise de démolition. Un effort sans précédent dans l'histoire de re-territorialisation. C'est une guerre agoraphobique. La circulation entre Israël et les territoires occupés est totalement bloquée. Mahmoud Darwich n'a pu se rendre en Israël depuis l'enterrement de son ami Emile Habiby, romancier et députéà la Knesset, il y a trois ans, il n' a même pas pu rendre visite à sa mère hospitalisée ; sa présence en Israël était considérée comme une atteinte à la sécurité. Combien d'autres écrivains palestiniens se sont plaint auprès de nous de cette assignation à résidence. Les enfants palestiniens ne mettront jamais les pieds en Israël, il ne connaissent de ce pays hostile que des soldats en armes qui défoncent leurs maisons, humilient leurs parents devant eux. Devenus adultes, ils n'auront connu que les bombardiers qui grondent dans le ciel, les hélicoptères Apache qui crachent leur venin de feu sur leurs écoles ou leur centre culturel, les buldozzers qui rasent leurs villages... De l'autre côté, les Israéliens ne connaitront des Palestiniens que les kamikazes qui se font exploser dans les cafés. Les rencontres entre écrivains isaréliens et palestiniens sont devenus impossibles. Pour des raisons de circulation.

Mais la difficulté est la même entre palestiniens. Impossible d'aller de Ramallah à Gaza. Pour se rendre d'un point à un autre de la bande de Gaza, on peut mettre plus de temps, nous dit un écrivain palestinien, que pour aller à New York. On ne se voit plus. On ne se lit plus. On ne se parle plus. Un mutisme inquiétant s'étend sur toute la Palestine. De part et d'autre d'une frontière invisible, les mots ne semblent plus désigner les mêmes choses. Certaines choses ne peuvent même plus être nommées. La figure du Kamikaze palestinien occuppe l'imaginaire israélien. L'occupant israélien bouche l'avenir palestinien. Deux jours après notre départ, l'armée israélienne est entrée dans Ramallah. De nouveau, elle a occupé tous les bâtiments publics, posté aux étages supérieurs des immeubles des snipers pour tirer sur les passants comme les serbes à Sarajevo, bombardé des immeubles où s'étaient réfugiés des civils, violé des sanctuaires religieux qui servaient de refuges depuis le Moyen Age. Mais le pire, le voici : sur une chaîne de télévision privée dont elle venait de prendre le contrôle, elle a interrompu tous les programmes et sans même s'adresser aux téléspectateurs, elle s'est mise à diffuser en boucle des films pornographiques !

Est-cela l'image du monde libre que Sharon prétend incarner ? Une armée d'occupation qui commet de tels actes a perdu toute légitimité ; elle n'est plus qu'une puissance d'humiliation. Pis, l'histoire coloniale l'a montréà maintes reprises, ce n'est pas ainsi qu'on gagne les guerres.. Mais on voudrait nous convaincre que cette guerre n'est pas une guerre mais un exercice d'autodéfense ! Que les destructions de toutes les infrastructures civiles du futur Etat palestinien sont des mesures anti-terroristes ! Que l'invasion d'un territoire souverain n'est pas une occupation. Il n'y a pas que le bouclage des territoires qui insulte l'avenir, il y a un bouclage rhétorique. Le langage est devenu impuissant. La Palestine est une zone de langage effondré. Au centre culturel de Ramallah je me souviens en particulier d'un poète palestinien qui a parlé des méfaits de la guerre sur... la syntaxe ! « notre langue est sclérosée par la guerre. Le poème est écrasé plus encore que nos rues. Nous sommes constamment obligés de dramatiser la poésie. Il nous faut résister à la métrique militaire, trouver une cadence qui ne soit pas celle des tambours. ». Avant de conclure avec une ironie lasse : « Quand nous regardons les étoiles, nous voyons des hélicoptères. La seule chose postmoderne ici... c'est l'armée israelienne ! » Et je pensais à cette phrase courageuse de Darwich disant, il y a quelques mois, « je ne serai vraiment libre comme poète seulement quand mon peuple sera libre. Quand je serai libéré de la Palestine ». Je m'étonnai que des Palestiniens en guerre aient gardé cette liberté. Ce rapport vrai à eux mêmes et à leur langue. La résistance du langage ! Plutôt que le langage de la Résistance. Quelques jours plus tard, j'entendis le même constat à Tel Aviv dans la bouche d'un historien israélien Amnon Raz, opposant à la politique de Sharon. « Depuis l'échec de Camp David, nous n'avons plus de vocabulaire. Pour négocier, pour faire la paix, il nous faut un nouveau langage. » Arthur Koestler ne disait pas autre chose : « Les guerres sont menées pour des mots, sur un terrain sémantique. » Aujourd'hui la logique guerrière domine le débat. Voilà pourquoi les écrivains y sont nécessaires. Non pas pour jouer les casques bleus mais pour écouter et faire entendre d'autres voix, celle des écrivains, des artistes, des universitaires, de tous ceux qui préparent l'avenir en dehors des partis. Tous ensemble, ils peuvent opposer à la logique de guerre, non pas une force d'"inter-position" mais des forces d'"inter-prétation". Leur rôle, immense et limitéà la fois, consiste à rompre le silence, à relancer le récit. A reconstruire un langage de paix. La paix c'est toujours un nouveau langage, une autre logique, une autre syntaxe. Voilà, entre deux sièges, ce dont nous avons parlé avec les écrivains israéliens et palestiniens. 

Lorsque l'armée israélienne est entrée dans Ramallah que nous venions de quitter et qu'elle a saccagé et détruit le théâtre Kassaba qui résonnait encore il a quelques jours des échos de nos textes lus en huit langues, du chinois, à l'arabe, de l'afrikaner à l'anglais, du yoruba au portugais, de l'italien à l'espagnol et au français... et où Mahmoud Darwich avait lu son poème Etat de Siège devant un millier de spectateurs dont certains avaient dû voyager plusieurs heures à cause des contrôles militaires et qui acclamaient debout, non pas des fanatiques religieux plein de haine, ni même des militants armés de la cause palestinienne, mais des écrivains et des poètes, je me suis dit que ce qui séparaient ces deux peuples, c'est que les palestiniens n'avaient toujours pas d'Etat ni de terre mais qu'ils avaient un récit, ce que l'Etat d'Israël qui opprimait et qui humiliait, qui saccageait et qui pillait était justement en train de perdre.

L'autorité sur le récit. Non pas l'autorité politique que Sharon et ses successeurs peuvent espérer continuer quelques temps à faire respecter par les chars et les bombes. Mais l'autorité de la chose narrée. On peut être un peuple sans terre et sans état, mais on ne peut rester longtemps un peuple sans récit. C'est ce que j'ai appris en Palestine. Et cette leçon tient en un mot : Sabreen. Il résonne comme un prénom de femme et il a la couleur de la terre de Palestine. Ce mot, je ne l'ai pas trouvé dans un livre, ni même dans un dictionnaire. Je l'ai découvert dans les rues de Ramallah, sur les routes, de Gaza et de Rafah, sur les visages entrevus des ouvriers massés aux abords des check points et qui attendent des heures pour rentrer chez eux, le soir, Sabreen. Ce n'est pas un mot de haine. C'est la dignité des femmes enceintes qui accouchent sur le bord des routes. Sabreen, c'est la gaité des étudiants qui empruntent chaque jour les chemins défoncés par les chenilles des tanks pour se rendre à l'université de Bir Zeit. Sabreen, c'est la ténacité des femmes qui nous indiquaient d'un regard las les cloisons défoncées de leur logis dans le camps de réfugiés d' Al Amari. Sabreen... cela veut dire : « ceux qui ont la patience »... Et, je l'ai dit ce soir là, au théâtre de Ramallah, aujourd'hui détruit, plongé dans le silence et l'obscurité: « c'est parce que vous avez la patience que l'avenir vous appartient. »

 

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CHRISTIAN SALMON

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-salmon/180714/gaza-sous-les-bombes-jusquou-la-patience

 

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esperance

 

 

LETTRE OUVERTE A FRANCOIS HOLLANDE.... II

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LETTRE OUVERTE A FRANÇOIS HOLLANDE

Monsieur le Président,

Vous avez appris avec « une immense émotion » qu’un avion de ligne s’était écrasé en Ukraine, avez immédiatement demandé que tout soit mis en œuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cette tragédie et avez exprimé votre solidarité aux proches.

Savez-vous qu’en ce moment même des Palestiniens sont assassinés par une armée d’occupation, l’armée israélienne ?

Je m’étonne que vous n’ayez jamais eu le moindre mot pour ces victimes. On déplore le meurtre de plus de 300 Palestiniens à ce jour, dont une majorité de civils et beaucoup d'enfants. Le bilan ne cesse d’augmenter mais ce sont encore plus de 2 200 blessés, près de 2 000 maisons détruites, dont celle du Consul de France, plus de 40 000 personnes déplacées. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, 900 000 personnes, c’est-à-dire la moitié de la population de Gaza est sans eau.

Le gouvernement israélien s'est lancé dans une nouvelle escalade meurtrière en décidant l'intervention terrestre à Gaza.

La politique d’Israël est claire : isoler toujours plus la bande de Gaza, contrecarrer toute possibilité d’union palestinienne et détourner l’attention de son offensive coloniale sur la Cisjordanie. Israël multiplie les crimes et les dénis de droit afin de maintenir l’apartheid imposéà la Palestine. Toute négociation est devenue vaine pour l’arrêter, il faut des actes forts, concrets et coercitifs.

Les justifications des autorités israéliennes qui présentent leurs exactions comme des représailles sont irrecevables. D’abord parce qu’elles frappent des civils qui sont maintenus sous un blocus inhumain depuis plus de six ans et, qu’à ce titre, elles constituent des crimes de guerre. Enfin parce qu’aucune autorité en place à Gaza ne sera jamais en mesure d’empêcher des actions violentes contre le siège de Gaza qui prend en otage une population de plus de 1,6 million d’habitants, la coupant délibérément de ses liens avec la Cisjordanie. La résistance à l’occupant est un droit et même un devoir, et non du terrorisme. Notre pays aussi a connu l’occupation pendant la Seconde Guerre mondiale.

En déclarant qu’il appartient « au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces », vous incitez à la guerre et jouez la carte de l’affrontement, vous cautionnez les pires exactions, les plus abominables crimes. C’est grave et complètement irresponsable.

En exprimant « la solidarité de la France » avec Israël sous le prétexte de tirs de roquettes en provenance de Gaza, sans prononcer le moindre mot sur les bombardements, les assassinats, les rafles, les emprisonnements de masse et les ratonnades en Palestine occupée, vous entendez impliquer notre pays dans une opération criminelle contre un peuple en lutte pour sa survie, le peuple palestinien. Cela ne peut qu’attiser les haines aveugles d’extrémistes, y compris en France.

Vous invoquez des « risques pour l’ordre public » pour justifier l’interdiction, par la préfecture de police, d’une manifestation en faveur de la paix juste et durable aujourd'hui à Paris. Il s’agit d’une nouvelle provocation, d’une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle, celle de manifester, qui ne peut être justifiée par les débordements de la semaine dernière devant des synagogues de quelques fous furieux qu’il conviendrait d’ailleurs d’identifier et d’appréhender. J’en profite pour réclamer la dissolution administrative de la Ligue de Défense Juive, organisation criminelle, classée organisation terroriste par le FBI, et interdite d'activité en Israël comme aux États-Unis. L'impunité de ces barbares dont le seul but est de créer un amalgame entre judaïsme et sionisme est inacceptable.

Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit religieux, il est un conflit de droit international. Le viol du droit international par Israël ne concerne pas uniquement les Palestiniens. Il ne concerne pas uniquement les militants de la cause palestinienne de part le monde et en France. Ce déni de droit et de justice concerne tous les Français, quelles que soient leurs opinions politiques, quelles que soient leurs éventuelles croyances. Car quand Israël viole le droit international, il viole aussi notre souveraineté nationale dans la mesure où ce droit international est supérieur même à notre droit national. C’est le sens des mobilisations pacifiques des Françaises et Français pour la paix, juste et durable, fondée sur l’application du droit international et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat souverain aux frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël, ce n’est pas importer un conflit présenté habillement comme « bilatéral », c’est inscrire la politique française dans les principes qu’elle prétend défendre, qu’elle devrait normalement défendre, ce qui n’est pas le cas.

Votre responsabilité est écrasante, honteuse pour tout le peuple français.

Avec le soutien des pays européens, Israël a par exemple étéélu à la Vice-Présidence de la commission de l’ONU en charge de la décolonisation. C’est un comble ! Comment la France a-t-elle pu donner son accord à une telle décision ?

Comment est-il possible que les autorités françaises acceptent que des citoyens français intègrent une armée étrangère d'occupation (l’armée israélienne), violant ainsi les lois internationales ?

Comment pouvez-vous accepter un mur de près de 700 kilomètres, une construction condamnée par les instances internationales ? Comment pouvez-vous accepter l’apartheid instauré en Cisjordanie occupée, l’intensification de la colonisation ?

La France devrait non pas aller à la « retenue » et à la « mesure », elle devrait non pas chercher à flatter telle ou telle communauté, mais condamner de la manière la plus ferme les actes d’Israël, sur la base du droit.

Le Conseil de Sécurité de l'ONU doit se réunir d'urgence pour condamner les exactions d’Israël et mettre en œuvre les moyens nécessaires à la protection et la sécurité des populations. Quand mobiliserez-vous la communauté internationale face à la colonisation, aux bombardements et à l’envahissement de la Palestine ?

L'absence de sanctions à son égard est un encouragement à la poursuite de sa politique de colonisation, d'agression permanente contre le peuple palestinien. A quel moment comptez-vous prendre des sanctions contre Israël, en stoppant, notamment, l’accord d’association Union européenne et Israël ?

La France, en tant que Haute Partie contractante à la quatrième Convention de Genève a l’obligation de respecter et de faire respecter la Convention en toutes circonstances (article 1) et de prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les personnes ayant commis, ou donné l’ordre de commettre des infractions graves à la quatrième Convention de Genève (article 146). Quand ferez-vous appliquer la quatrième Convention de Genève ?

La France doit agir pour qu’Israël mette fin au blocus criminel qu'il impose à la population de Gaza dont les conditions de vie ne cessent de se dégrader et accéder à l'ensemble des revendications palestiniennes : ouverture de Rafah par l’Égypte, accès libre de Gaza à la mer et libération des prisonniers libérés dans le cadre d'un accord et à nouveau incarcérés. Que comptez-vous faire ?

Le peuple palestinien n’en peut plus de l’hypocrisie. Aucune paix ne naîtra sans la constitution d’un État israélien et d’un État palestinien dans des frontières sûres et reconnues, celles de 1967, avec pour capitale Jérusalem-Est. Quand mettrez-vous en œuvre votre engagement électoral de reconnaissance internationale de l'État palestinien ?

L’année 2014 a été déclarée « année internationale de la Palestine » par l’Assemblée générale de l’ONU. Etiez-vous seulement au courant ? Quand la diplomatie de notre pays sera-t-elle à la hauteur de la situation ?

Dans l’attente de vous lire et que vous agissiez enfin,

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.

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Jean-Jacques CANDELIER,
Député

 

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LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

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Vous serez peut-être surpris, Monsieur François Hollande, ou plutôt ferez semblant de l’être, par cette appellation entre guillemets. Car selon les textes fondateurs, vous êtes censé défendre les intérêts de la République et les principes de droit qui en assurent le fonctionnement.
Or tout indique, depuis votre entrée en fonction, une allégeance aveugle et inconditionnelle à un pays étranger qui viole depuis une soixantaine d’années les principes de droit international les plus fondamentaux.
Il faut dire que vous êtes l’héritier d’un parti politique dit « socialiste », qui a participéà une campagne militaire de type colonial en 1956 contre l’Egypte aux côtés d’Israël, et qui a fourni à ce dernier pays l’arme nucléaire qui pourrait se retourner un jour contre l’Europe.
Certes, il vous arrive de dire un peu de mal de la colonisation, de l’occupation, des annexions et autres exactions des sionistes. De même lorsque vous recevez le Harki en chef de l’Autorité palestinienne pour l’encourager à négocier sans fin avec les maîtres sionistes.
Mais ce sont juste des paroles en l’air, dites avec l’aval de votre suzerain sioniste, pour illusionner les naïfs. Sinon, dernier exemple en date, pourquoi les sanctions prises contre la Russie pour l’annexion de la Crimée, consécutive tout de même à un référendum réussi, ne sont pas envisagées pour l’annexion de Jérusalem et du Golan, effective depuis 45 ans ?
Votre complicité criminelle avec l’État sioniste se double d’une allégeance inconditionnelle envers ses représentants en France. Au point de transformer les Institutions de la République, comme la Justice et la Police, en auxiliaires du CRIF et autres agences judéo-sionistes. Le Conseil d’État est mis à contribution pour faire interdire les spectacles ou les manifestations qui pourraient déplaire aux Maîtres occultes de la France, vos Maîtres. Pour une insulte « antisémite », les moyens de la République sont mobilisés pour arrêter et condamner le coupable.
Je me permets de vous rappeler que j’ai été agressé par la ligue de défense juive le 12 mars 2012, agression filmée, revendiquée et publiée par la LDJ, et que votre « justice », enfin celle qui reçoit ses ordres du CRIF, vient de « classer l’affaire sans suite ».
Pour cela, M. Hollande, je vous accuse de FORFAITURE, et j’accuse votre « justice » d’être la « bonne à tout faire du CRIF ». J’espère que vous ne laisserez pas ces graves accusations sans suite. Les Français patriotes ne comprendraient pas que le Premier Magistrat ne défende pas son intégrité morale ni l’honneur et la dignité de notre principale Institution.
Monsieur le Président, vous avez poursuivi le travail de sape depuis le départ du Général de Gaulle en réduisant à néant l’indépendance de la France, et vous avez réduit notre pays au rôle de sous-traitant d’un des plus grands pays criminels des dernières décennies. Les massacres inhumains de centaines de civils gazaouis sans défense et sans recours perpétrés avec des moyens militaires sans précédent vous laissent de marbre. Il est vrai que vous avez entonné l’hymne national sioniste avec un premier ministre dont l’arrogance n’a d’égale que sa volonté d’écraser le Proche-Orient sous sa botte. On se rappellera de vous et de votre place dans l’Histoire comme le complices des crimes de guerre sionistes, ou pour reprendre une célèbre formule, comme le « Petit Télégraphiste de Netanyahou ».
Les conventions épistolaires m’obligeant de conclure avec des salutations, je vous adresse les miennes, AVEC MON PLUS PROFOND MÉPRIS.

 

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JACOB COHEN


citoyen franco-marocain, écrivain antisioniste.

Paris le 20 juillet 2014

 

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MONSIEUR LE PRESIDENT, VOUS EGAREZ LES FRANCAIS

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Monsieur le Président, cher François Hollande, je n’aurais jamais pensé que vous puissiez rester, un jour, dans l’histoire du socialisme français, comme un nouveau Guy Mollet. Et, à vrai dire, je n’arrive pas à m’y résoudre tant je vous croyais averti de ce danger d’une rechute socialiste dans l’aveuglement national et l’alignement international, cette prétention de civilisations qui se croient supérieures au point de s’en servir d’alibi pour justifier les injustices qu’elles commettent.

Vous connaissez bien ce spectre molletiste qui hante toujours votre famille politique. Celui d’un militant dévouéà son parti, la SFIO, d’un dirigeant aux convictions démocratiques et sociales indéniables, qui finit par perdre politiquement son crédit et moralement son âme faute d’avoir compris le nouveau monde qui naissait sous ses yeux. C’était, dans les années 1950 du siècle passé, celui de l’émergence du tiers-monde, du sursaut de peuples asservis secouant les jougs colonisateurs et impériaux, bref le temps de leurs libérations et des indépendances nationales.

Guy Mollet, et la majorité de gauche qui le soutenait, lui opposèrent, vous le savez, un déni de réalité. Ils s’accrochèrent à un monde d’hier, déjà perdu, ajoutant du malheur par leur entêtement, aggravant l’injustice par leur aveuglement. C’est ainsi qu’ils prétendirent que l’Algérie devait à tout prix rester la France, jusqu’à engager le contingent dans une sale guerre, jusqu’à autoriser l’usage de la torture, jusqu’à violenter les libertés et museler les oppositions. Et c’est avec la même mentalité coloniale qu’ils engagèrent notre pays dans une désastreuse aventure guerrière à Suez contre l'Égypte souveraine, aux côtés du jeune État d’Israël.

Mollet n’était ni un imbécile ni un incompétent. Il était simplement aveugle au monde et aux autres. Des autres qui, déjà, prenaient figure d’Arabes et de musulmans dans la diversité d’origines, la pluralité de cultures et la plasticité de croyance que ces mots recouvrent. Lesquels s’invitaient de nouveau au banquet de l’Histoire, s’assumant comme tels, revendiquant leurs fiertés, désirant leurs libertés. Et qui, selon le même réflexe de dignité et de fraternité, ne peuvent admettre qu’aujourd’hui encore, l’injustice européenne faite aux Juifs, ce crime contre l’humanité auquel ils n’eurent aucune part, se redouble d’une injustice durable faite à leurs frères palestiniens, par le déni de leur droit à vivre librement dans un État normal, aux frontières sûres et reconnues.

Vous connaissez si bien la suite, désastreuse pour votre famille politique et, au-delà d’elle, pour toute la gauche de gouvernement, que vous l’aviez diagnostiquée vous-même, en 2006, dans Devoirs de vérité (Stock). « Une faute, disiez-vous, qui a été chèrement payée : vingt-cinq ans d’opposition, ce n’est pas rien ! » Sans compter, auriez-vous pu ajouter, la renaissance à cette occasion de l’extrême droite française éclipsée depuis la chute du nazisme et l’avènement d’institutions d’exception, celles d’un pouvoir personnel, celui du césarisme présidentiel. Vingt-cinq ans de « pénitence », insistiez-vous, parce que la SFIO, l’ancêtre de votre Parti socialiste d’aujourd’hui, « a perdu son âme dans la guerre d’Algérie ».

Vous en étiez si conscient que vous ajoutiez : « Nous avons encore des excuses à présenter au peuple algérien. Et nous devons faire en sorte que ce qui a été ne se reproduise plus. »« Nous ne sommes jamais sûrs d’avoir raison, de prendre la bonne direction, de choisir la juste orientation, écriviez-vous encore. Mais nous devons, à chaque moment majeur, nous poser ces questions simples : agissons-nous conformément à nos valeurs ? Sommes-nous sûrs de ne pas altérer nos principes ? Restons-nous fidèles à ce que nous sommes ? Ces questions doivent être posées à tout moment, au risque sinon d’oublier la leçon. »

Eh bien, ces questions, je viens vous les poser parce que, hélas, vous êtes en train d’oublier la leçon et, à votre tour, de devenir aveugle au monde et aux autres. Je vous les pose au vu des fautes stupéfiantes que vous avez accumulées face à cet énième épisode guerrier provoqué par l’entêtement du pouvoir israélien à ne pas reconnaître le fait palestinien. J’en dénombre au moins sept, et ce n’est évidemment pas un jeu, fût-il des sept erreurs, tant elles entraînent la France dans la spirale d’une guerre des mondes, des civilisations et des identités, une guerre sans issue, sinon celle de la mort et de la haine, de la désolation et de l’injustice, de l’inhumanité en somme, ce sombre chemin où l’humanité en vient à se détruire elle-même.

Les voici donc ces sept fautes où, en même temps qu’à l’extérieur, la guerre ruine la diplomatie, la politique intérieure en vient à se réduire à la police.
Une faute politique doublée d’une faute intellectuelle

1. Vous avez d’abord commis une faute politique sidérante. Rompant avec la position traditionnellement équilibrée de la France face au conflit israélo-palestinien, vous avez aligné notre pays sur la ligne d’offensive à outrance et de refus des compromis de la droite israélienne, laquelle gouverne avec une extrême droite explicitement raciste, sans morale ni principe, sinon la stigmatisation des Palestiniens et la haine des Arabes.

Votre position, celle de votre premier communiqué du 9 juillet, invoque les attaques du Hamas pour justifier une riposte israélienne disproportionnée dont la population civile de Gaza allait, une fois de plus, faire les frais. Purement réactive et en grande part improvisée (lire ici l’article de Lenaïg Bredoux), elle fait fi de toute complexité, notamment celle du duo infernal que jouent Likoud et Hamas, l’un et l’autre se légitimant dans la ruine des efforts de paix (lire là l’article de François Bonnet).

Surtout, elle est inquiétante pour l’avenir, face à une situation internationale de plus en plus incertaine et confuse. À la lettre, ce feu vert donnéà un État dont la force militaire est sans commune mesure avec celle de son adversaire revient à légitimer, rétroactivement, la sur-réaction américaine après les attentats du 11-Septembre, son Patriot Act liberticide et sa guerre d’invasion contre l’Irak. Bref, votre position tourne le dos à ce que la France officielle, sous la présidence de Jacques Chirac, avait su construire et affirmer, dans l’autonomie de sa diplomatie, face à l’aveuglement nord-américain.

Depuis, vous avez tenté de modérer cet alignement néoconservateur par des communiqués invitant à l’apaisement, à la retenue de la force israélienne et au soulagement des souffrances palestiniennes. Ce faisant, vous ajoutez l’hypocrisie à l’incohérence. Car c’est une fausse compassion que celle fondée sur une fausse symétrie entre les belligérants. Israël et Palestine ne sont pas ici àégalité. Non seulement en rapport de force militaire mais selon le droit international.

En violation de résolutions des Nations unies, Israël maintient depuis 1967 une situation d’occupation, de domination et de colonisation de territoires conquis lors de la guerre des Six Jours, et jamais rendus à la souveraineté pleine et entière d’un État palestinien en devenir. C’est cette situation d’injustice prolongée qui provoque en retour des refus, résistances et révoltes, et ceci d’autant plus que le pouvoir palestinien issu du Fatah en Cisjordanie n’a pas réussi à faire plier l’intransigeance israélienne, laquelle, du coup, légitime les actions guerrières de son rival, le Hamas, depuis qu’il s’est imposéà Gaza.

Historiquement, la différence entre progressistes et conservateurs, c’est que les premiers cherchent à réduire l’injustice qui est à l’origine d’un désordre tandis que les seconds sont résolus à l’injustice pour faire cesser le désordre. Hélas, Monsieur le Président, vous avez spontanément choisi le second camp, égarant ainsi votre propre famille politique sur le terrain de ses adversaires.

2. Vous avez ensuite commis une faute intellectuelle en confondant sciemment antisémitisme et antisionisme. Ce serait s’aveugler de nier qu’en France, la cause palestinienne a ses égarés, antisémites en effet, tout comme la cause israélienne y a ses extrémistes, professant un racisme anti-arabe ou antimusulman. Mais assimiler l’ensemble des manifestations de solidarité avec la Palestine à une résurgence de l’antisémitisme, c’est se faire le relais docile de la propagande d’État israélienne.

Mouvement nationaliste juif, le sionisme a atteint son but en 1948, avec l’accord des Nations unies, URSS comprise, sous le choc du génocide nazi dont les Juifs européens furent les victimes. Accepter cette légitimité historique de l’État d’Israël, comme a fini par le faire sous l’égide de Yasser Arafat le mouvement national palestinien, n’entraîne pas que la politique de cet État soit hors de la critique et de la contestation. Être antisioniste, en ce sens, c’est refuser la guerre sans fin qu’implique l’affirmation au Proche-Orient d’un État exclusivement juif, non seulement ferméà toute autre composante mais de plus construit sur l’expulsion des Palestiniens de leur terre.

Confondre antisionisme et antisémitisme, c’est installer un interdit politique au service d’une oppression. C’est instrumentaliser le génocide dont l’Europe fut coupable envers les Juifs au service de discriminations envers les Palestiniens dont, dès lors, nous devenons complices. C’est, de plus, enfermer les Juifs de France dans un soutien obligéà la politique d’un État étranger, quels que soient ses actes, selon la même logique suiviste et binaire qui obligeait les communistes de France à soutenir l’Union soviétique, leur autre patrie, quels que soient ses crimes. Alors qu’évidemment, on peut être juif et antisioniste, juif et résolument diasporique plutôt qu’aveuglément nationaliste, tout comme il y a des citoyens israéliens, hélas trop minoritaires, opposés à la colonisation et solidaires des Palestiniens.

Brandir cet argument comme l’a fait votre premier ministre aux cérémonies commémoratives de la rafle du Vél’ d’Hiv’, symbole de la collaboration de l’État français au génocide commis par les nazis, est aussi indigne que ridicule. Protester contre les violations répétées du droit international par l’État d’Israël, ce serait donc préparer la voie au crime contre l’humanité ! Exiger que justice soit enfin rendue au peuple palestinien, pour qu’il puisse vivre, habiter, travailler, circuler, etc., normalement, en paix et en sécurité, ce serait en appeler de nouveau au massacre, ici même !
Une atteinte sécuritaire aux libertés fondamentales

Que ce propos soit officiellement tenu, alors même que les seuls massacres que nous avons sous les yeux sont ceux qui frappent les civils de Gaza, montre combien cette équivalence entre antisémitisme et antisionisme est brandie pour fabriquer de l’indifférence. Pour nous rendre aveugles et sourds. « L’indifférence, la pire des attitudes », disait Stéphane Hessel dans Indignez-vous !, ce livre qui lui a valu tant de mépris des indifférents de tous bords, notamment parce qu’il y affirmait qu’aujourd’hui, sa « principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie ».

Avec Edgar Morin, autre victime de cabales calomnieuses pour sa juste critique de l’aveuglement israélien, Stéphane Hessel incarne cette gauche qui ne cède rien de ses principes et de ses valeurs, qui n’hésite pas à penser contre elle-même et contre les siens et qui, surtout, refuse d’être prise au piège de l’assignation obligée à une origine ou à une appartenance. Cette gauche libre, Monsieur le Président, vous l’aviez conviée à marcher à vos côtés, à vous soutenir et à dialoguer avec vous, pour réussir votre élection de 2012. Maintenant, hélas, vous lui tournez le dos, désertant le chemin d’espérance tracé par Hessel et Morin et, de ce fait, égarant ceux qui vous ont fait confiance.

3. Vous avez aussi commis une faute démocratique en portant atteinte à une liberté fondamentale, celle de manifester. En démocratie, et ce fut une longue lutte pour l’obtenir, s’exprimer par sa plume, se réunir dans une salle ou défiler dans les rues pour défendre ses opinions est un droit fondamental. Un droit qui ne suppose pas d’autorisation. Un droit qui n’est pas conditionné au bon vouloir de l’État et de sa police. Un droit dont les abus éventuels sont sanctionnés a posteriori, en aucun cas présumés a priori. Un droit qui, évidemment, vaut pour les opinions, partis et colères qui nous déplaisent ou nous dérangent.

L’histoire des manifestations de rue est encombrée de désordres et de débordements, de violences où se disent des souffrances délaissées et des colères humiliées, des ressentiments parfois amers, dans la contestation d’un monopole étatique de la seule violence légitime. Il y en eut d’ouvrières, de paysannes, d’étudiantes… Il y en eut, ces temps derniers, dans la foulée des manifestations bretonnes des Bonnets rouges, écologistes contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, conservatrices contre le mariage pour tous. Il y eut même une manifestation parisienne aux banderoles et slogans racistes, homophobes, discriminatoires, celle du collectif « Jour de colère » en janvier dernier (lire ici notre reportage).

S’il existe une spécialité policière dite du maintien de l’ordre, c’est pour nous apprendre à vivre avec cette tension sociale qui, parfois, déborde et où s’expriment soudain, dans la confusion et la violence, ceux qui se sentent d’ordinaire sans voix, oubliés, méprisés ou ignorés – et qui ne sont pas forcément aimables ou honorables. Or voici qu’avec votre premier ministre, vous avez décidé, en visant explicitement la jeunesse des quartiers populaires, qu’un seul sujet justifiait l’interdiction de manifester : la solidarité avec la Palestine, misérablement réduite par la propagande gouvernementale à une libération de l’antisémitisme.

Cette décision sans précédent, sinon l’atteinte au droit de réunion portée fin 2013 par Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, toujours au seul prétexte de l’antisémitisme (lire ici notre position à l’époque), engage votre pouvoir sur le chemin d’un État d’exception, où la sécurité se dresse contre la liberté. Actuellement en discussion au Parlement, l’énième loi antiterroriste va dans la même direction (lire là l’article de Louise Fessard), en brandissant toujours le même épouvantail pour réduire nos droits fondamentaux : celui d’une menace terroriste dont l’évidente réalité est subrepticement étendue, de façon indistincte, aux idées exprimées et aux engagements choisis par nos compatriotes musulmans, dans leur diversité et leur pluralité, d’origine, de culture ou de religion.

Accepter la guerre des civilisations à l’extérieur, c’est finir par importer la guerre à l’intérieur. C’est en venir à criminaliser des opinions minoritaires, dissidentes ou dérangeantes. Et c’est ce choix irresponsable qu’a d’emblée fait celui que vous avez, depuis, choisi comme premier ministre, en désignant à la vindicte publique un « ennemi intérieur », une cinquième colonne en quelque sorte peu ou prou identifiée à l’islam. Et voici que hélas, à votre tour, loin d’apaiser la tension, vous vous égarez en cédant à cette facilité sécuritaire, de courte vue et de peu d’effet.

4. Vous avez également commis une faute républicaine en donnant une dimension religieuse au débat français sur le conflit israélo-palestinien. C’est ainsi qu’après l’avoir réduit à des « querelles trop loin d’ici pour être importées », vous avez symboliquement limité votre geste d’apaisement à une rencontre avec les représentants des cultes. Après avoir réduit la diplomatie à la guerre et la politique à la police, c’était au tour de la confrontation des idées d’être réduite, par vous-même, à un conflit des religions. Au risque de l’exacerber.

Là où des questions de principe sont en jeu, de justice et de droit, vous faites semblant de ne voir qu’expression d’appartenances et de croyances. La vérité, c’est que vous prolongez l’erreur tragique faite par la gauche de gouvernement depuis que les classes populaires issues de notre passé colonial font valoir leurs droits à l’égalité. Il y a trente ans, la « Marche pour l’égalité et contre le racisme » fut rabattue en « Marche des Beurs », réduite à l’origine supposée des marcheurs, tout comme les grèves des ouvriers de l’automobile furent qualifiées d’islamistes parce qu’ils demandaient, entre autres revendications sociales, le simple droit d’assumer leur religion en faisant leurs prières.

Cette façon d’essentialiser l’autre, en l’espèce le musulman, en le réduisant à une identité religieuse indistincte désignée comme potentiellement étrangère, voire menaçante, revient à refuser de l’admettre comme tel. Comme un citoyen à part entière, vraiment àégalité c’est-à-dire à la fois semblable et différent. Ayant les mêmes droits et, parmi ceux-ci, celui de faire valoir sa différence. De demander qu’on l’admette et qu’on la respecte. D’obtenir en somme ce que, bien tardivement, sous le poids du crime dont les leurs furent victimes, nos compatriotes juifs ont obtenu : être enfin acceptés comme français et juifs. L’un et l’autre. L’un avec l’autre. L’un pas sans l’autre.
Un antiracisme oublieux et infidèle

Si vous pensez spontanément religion quand s’expriment ici même des insatisfactions et des colères en solidarité avec le monde arabe, univers où dominent la culture et la foi musulmanes, c’est paradoxalement parce que vous ne vous êtes pas résolus à cette évidence d’une France multiculturelle. À cette banalité d’une France plurielle, vivant diversement ses appartenances et ses héritages, qu’à l’inverse, votre crispation, où se mêlent la peur et l’ignorance, enferme dans le communautarisme religieux. Pourtant, les musulmans de France font de la politique comme vous et moi, en pensant par eux-mêmes, en inventant par leur présence au monde, à ses injustices et à ses urgences, un chemin de citoyenneté qui est précisément ce que l’on nomme laïcisation.

C’est ainsi, Monsieur le Président, qu’au lieu d’élever le débat, vous en avez, hélas, attisé les passions. Car cette réduction des musulmans de France à un islam lui-même réduit, par le prisme sécuritaire, au terrorisme et à l’intégrisme est un cadeau fait aux radicalisations religieuses, dans un jeu de miroirs où l’essentialisation xénophobe finit par justifier l’essentialisation identitaire. Une occasion offerte aux égarés en tous genres.

5. Vous avez surtout commis une faute historique en isolant la lutte contre l’antisémitisme des autres vigilances antiracistes. Comme s’il fallait la mettre à part, la sacraliser et la différencier. Comme s’il y avait une hiérarchie dans le crime contre l’humanité, le crime européen de génocide l’emportant sur d’autres crimes européens, esclavagistes ou coloniaux. Comme si le souvenir de ce seul crime monstrueux devait amoindrir l’indignation, voire simplement la vigilance, vis-à-vis d’autres crimes, de guerre ceux-là, commis aujourd’hui même. Et ceci au nom de l’origine de ceux qui les commettent, brandie à la façon d’une excuse absolutoire alors même, vous le savez bien, que l’origine, la naissance ou l’appartenance, quelles qu’elles soient, ne protègent de rien, et certainement pas des folies humaines.

Ce faisant, votre premier ministre et vous-même n’avez pas seulement encouragé une détestable concurrence des victimes, au lieu des causes communes qu’il faudrait initier et promouvoir. Vous avez aussi témoigné d’un antiracisme fort oublieux et très infidèle. Car il ne suffit pas de se souvenir du crime commis contre les juifs. Encore faut-il avoir appris et savoir transmettre la leçon léguée par l’engrenage qui y a conduit : cette lente accoutumance à la désignation de boucs émissaires, essentialisés, caricaturés et calomniés dans un brouet idéologique d’ignorance et de défiance qui fit le lit des persécutions.

Or comment ne pas voir qu’aujourd’hui, dans l’ordinaire de notre société, ce sont d’abord nos compatriotes d’origine, de culture ou de croyance musulmane qui occupent cette place peu enviable ? Et comment ne pas comprendre qu’à trop rester indifférents ou insensibles à leur sort, ce lot quotidien de petites discriminations et de grandes détestations, nous habituons notre société tout entière à des exclusions en chaîne, tant le racisme fonctionne à la manière d’une poupée gigogne, des Arabes aux Roms, des Juifs aux Noirs, et ainsi de suite jusqu’aux homosexuels et autres prétendus déviants ?

Ne s’attarder qu’à la résurgence de l’antisémitisme, c’est dresser une barrière immensément fragile face au racisme renaissant. Le Front national deviendrait-il soudain fréquentable parce qu’il aurait, selon les mots de son vice-président, fait « sauter le verrou idéologique de l’antisémitisme » afin de « libérer le reste » ? L’ennemi de l’extrême droite, confiait à Mediapart la chercheuse qui a recueilli cette confidence de Louis Aliot, « n’est plus le Juif mais le Français musulman » (lire ici notre entretien avec Valérie Igounet).

De fait, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), dont vous ne pouvez ignorer les minutieux et rigoureux travaux, constate, de rapport en rapport annuels, une montée constante de l’intolérance antimusulmane et de la polarisation contre l’islam (lire nos articles ici et là). Dans celui de 2013, on pouvait lire ceci, sous la plume des sociologues et politologues qu’elle avait sollicités : « Si on compare notre époque à celle de l’avant-guerre, on pourrait dire qu’aujourd’hui le musulman, suivi de près par le Maghrébin, a remplacé le juif dans les représentations et la construction d’un bouc émissaire. »

L’antiracisme conséquent est celui qui affronte cette réalité tout en restant vigilant sur l’antisémitisme. Ce n’est certainement pas celui qui, à l’inverse, pour l’ignorer ou la relativiser, brandit à la manière d’un étendard la seule lutte contre l’antisémitisme. Cette faute, hélas, Monsieur le Président, est impardonnable car non seulement elle distille le venin d’une hiérarchie parmi les victimes du racisme, mais de plus elle conforte les moins considérées d’entre elles dans un sentiment d’abandon qui nourrit leur révolte, sinon leur désespoir. Qui, elles aussi, les égare.

6. Vous avez par-dessus tout commis une faute sociale en transformant la jeunesse des quartiers populaires en classe dangereuse. Votre premier ministre n’a pas hésitéà faire cet amalgame grossier lors de son discours du Vél’ d’Hiv’, désignant à la réprobation nationale ces « quartiers populaires » où se répand l’antisémitisme « auprès d’une jeunesse souvent sans repères, sans conscience de l’Histoire et qui cache sa “haine du Juif ” derrière un antisionisme de façade et derrière la haine de l’État d’Israël ».

Mais qui l’a abandonnée, cette jeunesse, à ces démons ? Qui sinon ceux qui l’ont délaissée ou ignorée, stigmatisée quand elle revendique en public sa religion musulmane, humiliée quand elle voit se poursuivre des contrôles policiers au faciès, discriminée quand elle ne peut progresser professionnellement et socialement en raison de son apparence, de son origine ou de sa croyance ? Qui sinon ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, nous gouvernent, vous, Monsieur le Président et, surtout, votre premier ministre qui réinvente cet épouvantail habituel des conservatismes qu’est l’équivalence entre classes populaires et classes dangereuses ?
Une jeunesse des quartiers populaires stigmatisée

Cette jeunesse n’a-t-elle pas, elle aussi, des idéaux, des principes et des valeurs ? N’est-elle pas, autant que vous et moi, concernée par le monde, ses drames et ses injustices ? Par exemple, comment pouvez-vous ne pas prendre en compte cette part d’idéal, fût-il ensuite dévoyé, qui pousse un jeune de nos villes à partir combattre en Syrie contre un régime dictatorial et criminel que vous-même, François Hollande, avez imprudemment appeléà« punir » il y a tout juste un an ? Est-ce si compliqué de savoir distinguer ce qui est de l’ordre de l’idéalisme juvénile et ce qui relève de la menace terroriste, au lieu de tout criminaliser en bloc en désignant indistinctement des « djihadistes » ?

Le pire, c’est qu’à force d’aveuglement, cette politique de la peur que, hélas, votre pouvoir assume à son tour, alimente sa prophétie autoréalisatrice. Inévitablement, elle suscite parmi ses cibles leur propre distance, leurs refus et révoltes, leur résistance en somme, un entre soi de fierté ou de colère pour faire face aux stigmatisations et aux exclusions, les affronter et les surmonter. « On finit par créer un danger, en criant chaque matin qu’il existe. À force de montrer au peuple un épouvantail, on crée le monstre réel » : ces lignes prémonitoires sont d’Émile Zola, en 1896, au seuil de son entrée dans la mêlée dreyfusarde, dans un article du Figaro intitulé« Pour les Juifs ».

Zola avait cette lumineuse prescience de ceux qui savent se mettre à la place de l’autre et qui, du coup, comprennent les révoltes, désirs de revanche et volonté de résister, que nourrit un trop lourd fardeau d’humiliations avec son cortège de ressentiments. Monsieur le Président, je ne mésestime aucunement les risques et dangers pour notre pays de ce choc en retour. Mais je vous fais reproche de les avoir alimentés plutôt que de savoir les conjurer. De les avoir nourris, hélas, en mettant à distance cette jeunesse des quartiers populaires à laquelle, durant votre campagne électorale, vous aviez tant promis au point d’en faire, disiez-vous, votre priorité. Et, du coup, en prenant le risque de l’abandonner à d’éventuels égarements.

7. Vous avez, pour finir, commis une faute morale en empruntant le chemin d’une guerre des mondes, à l’extérieur comme à l’intérieur. En cette année 2014, de centenaire du basculement de l’Europe dans la barbarie guerrière, la destruction et la haine, vous devriez pourtant y réfléchir à deux fois. Cet engrenage est fatal qui transforme l’autre, aussi semblable soit-il, en étranger et, finalement, en barbare – et c’est bien ce qui nous est arrivé sur ce continent dans une folie destructrice qui a entraîné le monde entier au bord de l’abîme.

Jean Jaurès, dont nous allons tous nous souvenir le 31 juillet prochain, au jour anniversaire de son assassinat en 1914, fut vaincu dans l’instant, ses camarades socialistes basculant dans l’Union sacrée alors que son cadavre n’était pas encore froid. Tout comme d’autres socialistes, allemands ceux-là, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, finirent assassinés en 1919 sur ordre de leurs anciens camarades de parti, transformés en nationalistes et militaristes acharnés. Mais aujourd’hui, connaissant la suite de l’histoire, nous savons qu’ils avaient raison, ces justes momentanément vaincus qui refusaient l’aveuglement des identités affolées et apeurées.

Vous vous souvenez, bien sûr, de la célèbre prophétie de Jaurès, en 1895, à la Chambre des députés : « Cette société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. » Aujourd’hui que les inégalités provoquées par un capitalisme financier avide et rapace ont retrouvé la même intensité qu’à cette époque, ce sont les mêmes orages qu’il vous appartient de repousser, à la place qui est la vôtre.

Vous n’y arriverez pas en continuant sur la voie funeste que vous avez empruntée ces dernières semaines, après avoir déjà embarqué la France dans plusieurs guerres africaines sans fin puisque sans stratégie politique (lire ici l’article de François Bonnet). Vous ne le ferez pas en ignorant le souci du monde, de ses fragilités et de ses déséquilibres, de ses injustices et de ses humanités, qui anime celles et ceux que le sort fait au peuple palestinien concerne au plus haut point.

Monsieur le Président, cher François Hollande, vous avez eu raison d’affirmer qu’il ne fallait pas « importer » en France le conflit israélo-palestinien, en ce sens que la France ne doit pas entrer en guerre avec elle-même. Mais, hélas, vous avez vous-même donné le mauvais exemple en important, par vos fautes, l’injustice, l’ignorance et l’indifférence qui en sont le ressort.

 

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EDWY PLENEL

 

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LETTRE OUVERTE DU COLLECTIF PALESTINE 63 A FRANCOIS HOLLANDE

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à Mon­sieur François Hollande

Palais de l’Elysée

55 rue du Fau­bourg St Honoré

75008PARIS

Clermont-​Ferrand, le 9 juillet 2014

Monsieur le Président de la République,

Au pré­texte de l’assassinat de trois jeunes colons, assas­sinat que nous condamnons, Ben­jamin Neta­nyahou s’est lancé dans une opé­ration de punition col­lective à grande échelle contre les Pales­ti­niens, tués, blessés, expulsés et empri­sonnés en nombre, genre dans lequel l’armée israé­lienne excelle depuis longtemps.

Ces évè­ne­ments ont aussi entraîné des mani­fes­ta­tions extré­mistes et racistes à Jéru­salem et ailleurs, notamment à Saint Jean d’Acre. Un jeune Pales­tinien a été assassiné de façon hor­rible pendant ces débor­de­ments haineux et violents.

Ceci est le résultat de la lâcheté poli­tique des acteurs inter­na­tionaux, dont la France.

Nous repro­duisons ci-​dessous des extraits d’un dis­cours pro­noncé le 20 novembre 2002 au meeting de la Mutualité pour la sus­pension de l’accord d’Association Union Européenne-​Israël :

« Les Pales­ti­niens vivent cette situation qui est révol­tante avec, notamment, la des­truction volon­taire de l’autorité pales­ti­nienne, la répression ter­rible et son cortège de morts, l’occupation et la des­truction des villes, des vil­lages, des maisons, la pour­suite de la colo­ni­sation qui viole le droit inter­na­tional et qui effec­ti­vement ne s’est jamais arrêtée, le chômage, la misère sociale et sani­taire que vivent les Pales­ti­niens. On veut détruire les infra­struc­tures, la mémoire, le futur de ce peuple. Cela est inac­cep­table et nécessite la mobi­li­sation de toute la com­mu­nauté internationale.

Quelle farouche volonté, quel symbole de s’en sortir paci­fi­quement pour le peuple pales­tinien dans sa grande majorité.

Alors oui, la cause de la Palestine est la cause du droit, de la justice, du droit des Pales­ti­niens à dis­poser d’un Etat et à vivre en paix.

Il faut qu’Israël res­pecte les réso­lu­tions de l’ONU. Pour cela le rapport des forces est indis­pen­sable et donc il faut amener les par­le­ments et les gou­ver­ne­ments à sus­pendre l’accord d’Association Union Européenne-​Israël, ce qui aurait effec­ti­vement un écho énorme en Israël et en Palestine.

Oui, chers amis, nous devons faire la démons­tration de notre volonté inébran­lable pour que le peuple pales­tinien, à travers notre mobi­li­sation, retrouve le chemin de l’histoire. »

Ce dis­cours, auquel on ne peut que sous­crire, a été pro­noncé par mon­sieur Manuel VALLS, actuel Premier ministre.

Mal­heu­reu­sement, douze ans se sont écoulés et, amère constat, la situation n’a fait qu’empirer pour le peuple palestinien :

- la bande de Gaza mise sous un blocus inhumain depuis 2006 et qui a subi les ter­ribles agres­sions de l’armée israé­lienne en 2008-​2009 et en 2012, avec en plus des raids presque quo­ti­diens tou­chant les civils, femmes, enfants et vieillards ;

- des mil­liers de pri­son­niers poli­tiques, dont des élus, dans les geôles d’Israël et des cen­taines en détention admi­nis­trative, c’est-à-dire sans incul­pation ni jugement, cela au mépris des conven­tions internationales ;

- la construction de colonies en Cis­jor­danie a aug­menté de 123% en 2013 par rapport à 2012. Pendant les neuf mois du cycle de négo­cia­tions sous la hou­lette de Washington, Israël a approuvé la construction de 13851 nou­veaux loge­ments dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occupés, ce qui traduit une accé­lé­ration « sans pré­cédent », selon les chiffres de l’ONG israé­lienne Shalom Archav (« La Paix maintenant ») ;

- des destructions de maisons par centaines ;

- l’arrachage d’oliviers et autres arbres fruitiers par milliers ;

- des réfugiés par mil­lions (5à 6 mil­lions, soit plus de la moitié des Pales­ti­niens sont réfugiés), et cer­tains, comme en Syrie actuel­lement, mou­rants de faim et condamnés à un nouvel exil ;

- les Pales­ti­niens d’Israël (1.5 mil­lions, soit environ 20 % de la popu­lation de cet Etat) tou­jours vic­times de nom­breuses dis­cri­mi­na­tions par rapport aux autres Israéliens.

La liste est loin d’être exhaustive.

Des dizaines de rap­ports émanant de diplo­mates, de par­le­men­taires, de chargés de mis­sions de l’ONU, de diverses ONG faisant état de la situation sont envoyés depuis des années dans les chancelleries.

Par ailleurs, vous savez très bien Mon­sieur le Pré­sident que les soi-​disant négo­cia­tions du pro­cessus de paix font le jeu d’Israël qui pendant ce temps poursuit l’annexion des Ter­ri­toires pales­ti­niens occupés et conduit inexo­ra­blement à empêcher la construction d’un Etat Pales­tinien viable et souverain.

Le 20 décembre 2012, vous avez dénoncéà Alger le système colonial « pro­fon­dément injuste et brutal » ; le 15 octobre 2013à Soweto en Afrique du Sud à propos de l’Apartheid vous avez déclaré« c’est émouvant de venir ici, à Soweto,Soweto où, il y a qua­rante ans, les gens mour­raient pour leur liberté, pour leur dignité ».

Système colonial, apar­theid, qua­li­fient aussi la poli­tique des gou­ver­ne­ments israé­liens depuis bientôt 70 ans. Chaque jour les Pales­ti­niens sont vic­times de ces sys­tèmes et meurent pour leur liberté et leur dignité.

Il ne peut pas y avoir d’arrangement avec un gou­ver­nement qui dénie les droits de tout un peuple et, pire encore, se livre régu­liè­rement à des crimes de guerre.

Il n’y a aucune excuse à la poli­tique israé­lienne, il n’y a aucune excuse à votre poli­tique qui se refuse à mettre en place des sanc­tions effi­caces pour contraindre cet Etat au respect du droit.

Nous reprenons la phrase de Manuel Valls : « nous devons faire la démons­tration de notre volonté inébran­lable pour que le peuple pales­tinien, à travers notre mobi­li­sation, retrouve le chemin de l’histoire. » C’est ce que nous attendons de vous, Mon­sieur le Président.

Les évé­ne­ments de ces der­nières semaines montrent toute l’urgence qu’il y a à agir avant qu’il ne soit trop tard pour le peuple pales­tinien mais aussi pour le peuple israélien.

En conclusion, les orga­ni­sa­tions du Puy-​de-​Dôme signa­taires de cette lettre ouverte font leur la phrase d’un agri­culteur pales­tinien com­mentant les évè­ne­ments récents : « Les Israé­liens ont tort de croire qu’en nous opprimant ils deviennent libres : un peuple qui opprime un autre peuple ne peut pas être libre ! ».

Nous adressons une copie de cette lettre ouverte à Mon­sieur le Préfet, aux ministres et secré­taire d’Etat M Valls, L Fabius et H Désir, et aux député(e)s et sénateur(e)s du Puy-​de-​Dôme.

Le col­lectif Palestine du Puy-​de-​Dôme : Asso­ciation Amitié Franco-​Tunisienne Auvergne, Asso­ciation Des Elus Com­mu­nistes et Répu­bli­cains 63, Asso­ciation France Palestine Soli­darité63, ATTAC63, Brut de Béton Pro­duction, Confé­dé­ration Générale du Travail-​UD 63,Espaces Marx 63, Europe Eco­logie Les Verts 63, Fédé­ration Syn­dicale Uni­taire 63, Gauche Anticapitaliste-​Ensemble 63, Jeunes Com­mu­nistes de France 63, Ligue des Droits de l’Homme Clermont-Riom,Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitiés entre les Peuples 63, Nouveau Parti Anti­ca­pi­ta­liste 63, Parti Com­mu­niste Français-​Fédération 63, Parti de Gauche 63, Réseau Edu­cation Sans Fron­tières 63, Solidarité-​Tchétchénie 63, Union des Etu­diants Com­mu­nistes 63, UNEF Auvergne, UTOPIA 63

 

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Sophy-Rotbard

Photographie Sophy Rotbard

 

 

ELLE A TOUT DIT....

LETTRE OUVERTE-PETITION A MONSIEUR FRANCOIS HOLLANDE, NON AU GENOCIDE PALESTINIEN

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Monsieur,


« L’indifférence, la pire des attitudes », disait Stéphane Hessel
Je rajouterai la tromperie et le mensonge....

En effet, voici la teneur de ce 59ème engagement, lors de votre candidature à la Présidence de la République.
(...)
" Je prendrai des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l’État palestinien ».



En acceptant, par votre soutien inconditionnel et cette allégeance aveugle à un pays étranger qui viole depuis une soixantaine d’années les principes de droit international les plus fondamentaux, vous contribuez à importer la guerre à l’intérieur du pays qui vous a élu Président
Votre complicité  avec l’État sioniste se double d’une soumission absolue envers ses représentants en France.


Au point que :

VOUS  PRÉSIDENT, autorisez  des parlementaires franco-israéliens ( conseillers de Benjamin Netanyahu ) à se revendiquer publiquement sionistes, àémettre des propos monstrueux qui relèveraient - en temps normal - de condamnations graves au pays des droits de l'homme

VOUS PRÉSIDENT, autorisez le départ de jeunes français bi-nationaux - dont beaucoup  mineurs - à s'engager auprès de l'armée " Tsahal ", celle - là même qui massacre les civils palestiniens ...Dois-je vous rappeler les déclarations de M. Liberman, Ministre des affaires étrangères israélien ( homologue de M. Fabius ), sioniste, je cite "  la destruction de Gaza est une bonne chose..."

VOUS PRÉSIDENT , autorisez que  La France subventionne à hauteur de 66% des sommes versées, des réductions d'impôts pour des dons à l'armée Israélienne... Les soldats de Tsahal qui tuent et massacrent la population de Gaza.
L’outrance de ce type " d’opération humanitaire", son montage économique est scandaleux. Sur son site internet, l’association - Tsidkat-Eliaou pour ne pas la nommer -   met clairement en avant le remboursement par l’état français de 66% de la somme donnée afin de soutenir l’armée israélienne. Un remboursement via déduction d’impôts possible par l’obtention d’un reçu CERFA. L’action de ces « bénévoles courageux » ne se résume pas à aider les nécessiteux de la ville sainte,  mais participe aussi à fournir des douceurs aux soldats israéliens pour les soutenir dans l’épuration ethnique des Palestiniens...

VOUS PRÉSIDENT , accréditez l'idée que cette guerre serait menée par deux armées qui combattent l'une contre l'autre. Le fait même de renvoyer dos à dos l'occupant colonisateur israélien avec les palestiniens, comme vos propos tendent à le suggérer, est démagogique.
Non monsieur, ceci n'est pas une guerre mais un génocide qui se déroule sous vos yeux , sous nos yeux.

La Palestine est sous occupation depuis 1947, sous blocus depuis 2006...Israël fait fi de toute considération humaine et de droit , nie la légitimité des palestiniens à vivre librement dans un État normal, justement partagé, aux frontières sûres et reconnues. Devant  des milliers de morts Palestiniens ( voir précédents massacres ),  la destruction d'une économie et l'éradication d'un peuple, vous nous soumettez le mot qui fait peur : TERRORISME...Il fut un temps où en France, les résistants étaient nommés terroristes par l'envahisseur nazi... Ils étaient armés et provoquaient des attentats meurtriers ...Aujourd'hui, de par vos fonctions, vous fleurissez les tombes de ces terroristes qui se sont battus pour sauver la France...leur pays... votre pays ...Voyons Monsieur Hollande, nieriez- vous le droit des palestiniens à se défendre, à revendiquer une indépendance si chère payée durant plus de soixante ans, à résister devant des envahisseurs inhumains qui n'hésitent pas à tuer toute une population civile ...?!! Une armée d'occupation qui commet de tels actes a perdu toute légitimité ; elle n'est plus qu'une puissance d'humiliation, de torture et de mort...
Vous nous soumettez également les victimes israéliennes qui sont à 98% des soldats de l'armée, une des plus puissantes au monde ! La quatrième il me semble...et régulièrement réapprovisionnée en armes de toutes sortes par les USA...!  Je ne peux que constater qu'il existe des morts propres et des morts sales, des morts que l'on regrette et des morts qui puent !!! Cela s'appelle de L'APARTHEID  ET DU RACISME Monsieur ...! La stigmatisation des palestiniens et la haine des populations arabes

Permettez-moi de  citer un homme que vous avez dû admirer lorsque vous possédiez encore un idéal : Nelson Mandela , "« L’ONU a adopté une position forte contre l’apartheid, et avec les années, un consensus international s’est constitué et a contribuéà mettre fin à ce système injuste.  Mais nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. »

Notre solidarité avec la Palestine n'est pas une renaissance de l’antisémitisme comme l'évoque lamentablement une propagande gouvernementale française, c'est une lutte pour la paix et la justice, n'en déplaise au lobby sioniste ...


Au côté de Mahmoud Abbas vous avez déclaré"« Je ne cherche pas un équilibre, une espèce de parallélisme des formes. Ce que je fais en Palestine, ce que je fais en Israël, c’est être utile. Ce n’est pas simplement évoquer des principes mais être utile. Il ne s’agit pas de faire plus pour les uns ou plus pour les autres, mais de faire plus pour la paix. »

Donc deux pays en paix, dont un, prison à ciel ouvert  ! Cela vous agrée Monsieur ?

Propos  frileux qui ne vous engagent en rien ...

Non monsieur, vous n'êtes pas utile ! Vous participez, de par votre partialité et votre " amour " inconditionnel pour Israël - je vous cite ! - à ce que la France soit un relais docile de la propagande d’État israélienne.  Par votre désengagement , ce lourd silence et la non-application de votre promesse électorale, vous entraînez votre peuple dans un conflit de civilisations exacerbant la haine et l'inhumanité...Vous participez, vous et votre gouvernement, à importer cette violence que vous passez sous silence !
Jean Jaurès, dont nous célébrons le centenaire de l' assassinat, aujourd'hui, aurait certainement fait partie des gazés de la manifestation Parisienne...

Hélas, Monsieur Hollande, vous avez spontanément choisi le camp des néoconservateurs, un léger relent de la SFIO de Guy Mollet

Hélas, Monsieur Hollande,  vous tournez le dos à l'espérance et à l'humanité, égarant ainsi ceux qui vous ont fait confiance.
Le décompte quotidien et morbide des victimes palestiniennes ne me permets plus de vivre sereinement ...et plus jamais désormais  ! Et vous ?

C'est pourquoi je vous dénie le droit à utiliser le vote que j'ai déposé dans une urne un matin d'espoir...Je le reprends, fictivement certes, mais il n'appartient plus à un président en qui je ne fais pas confiance...J'espère simplement que beaucoup me suivront dans cette démarche...

L'histoire honorera un jour le martyre et le génocide du peuple  palestinien, et l'on enseignera certainement dans le détail aux enfants du monde, les niveaux de responsabilité des béligérants et de leurs alliés.

L'histoire retiendra certainement votre nom Monsieur Hollande, certainement !
Aux côtés de celui de Benjamin Netanyahu et de ses alliés, vous aurez perdu votre âme !


Pour terminer, cet extrait d'un des plus grands poètes arabes de notre temps, palestinien de surcroît -Mahmoud Darwich dont le nom a été attribuéà une place de Paris -  cette citation tiendra lieu de formule de politesse Monsieur...

" Ils ont volé ma terre, brûlé mes oliviers, détruit ma maison, pris mon eau, bombardé mon pays. Ils ont tué ma mère et nous ont affamés, mais tout est de ma faute puisque j'ai répliqué en leur envoyant une roquette. Et donc ils ont pris encore plus de ma terre, brûlé mes oliviers, pris mon eau,bombardé mon pays, tué mes enfants ..."

 

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CAROLINE MENNETRET

Pétition à signer si possible....

http://www.petitions24.net/lettre_ouverte-petition_a_monsieur_francois_hollande

 

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lettre

 

 

LES DIX GRANDS MEDIAMENSONGES D'ISRAËL

LA FILLE DE GAZA

GAZA...LA TERRE REMISE

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Je vais m’enregistrer… pour exprimer quelque chose que j’ai du mal à exprimer… mon témoignage de mère… que l’on dit indigne.

Je n’ai pas envie qu’on s’apitoie sur mon sort, ni qu’on sache si j’ai raison ou si j’ai tort d’exposer mes enfants… de ne pas craindre pour eux… la mort.

Je suis à bout de souffle… de les voir vivre toujours au bord du gouffre.

C’est l’air qui nous manque et on en souffre… terriblement.

Je voudrais témoigner… et je ne sais plus par où commencer… Peut-être parce que je sens que la fin approche.

On parle d’offensive terrestre… alors qu’il s’agit d’extermination… d’extermination pure.

Ils veulent nous dissoudre dans leur souffre douleur, nous faire disparaître un à un de leur mémoire sélective.

Ce qui est fou avec le mal… le mal radical… c’est qu’il vous rattrape toujours… au final.

 

Il y a eu le fascisme… puis le communisme… et enfin le libéralisme… c’est le pire des trois empires.

Ma mauvaise langue l’assimile au sionisme… mais l’ennemi absolu, c’est le libéralisme… qui transforme tout en système d’objets… qu’on échange contre des parts de marché.

Les sionistes se sont tout simplement emparé de la clé pour nous enfermer dans une prison à ciel ouvert et nous achever à mots couverts.

 

À Gaza, ils ne se battent pas contre nous, non… Ils nous exterminent… parce que c’est dans leur programme.

 

Ils sont déterminés àéliminer deux choses de la surface de la terre :

La Foi et la Loi.

La Loi qui dit : tu ne tueras point. Alors que les marchés ne font que ça.

Et la Foi qui te laisse entrevoir une autre voie, on n’en veut surtout pas.

Que ce soit ici, à Damas ou à Kiev, il n’y a qu’une vérité que je tenais absolument à révéler : c’est…

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http://www.lejournaldepersonne.com

LES OISEAUX MEURENT EN GALILEE...Extrait

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Pluie douce en un automne lointain
pluie douce en un automne lointain
les oiseaux sont bleus, bleus
la terre en fête
Ne dis pas : Je suis un nuage suspendu sur le port
car je ne veux
de mon pays tombé de la fenêtre du train
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle

pluie douce en un automne étrange
les fenêtres sont blanches, blanches
le soleil, un verger vespéral
et moi
je suis une orange spoliée
Pourquoi donc t’évades-tu de mon corps
alors que je ne veux
du pays des couteaux et du rossignol
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle ?

pluie douce en un automne triste
les rendez-vous sont verts, verts
et le soleil argile
Ne dis pas : Nous t’avons vu quand le jasmin fut piétiné
vendant la mort et les calmants
ma face était nuit
ma mort un embryon
et moi je ne veux
de mon pays qui a oublié le langage des absents
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle

pluie douce en un automne lointain
les oiseaux sont bleus, bleus
la terre en fête
les oiseaux se sont envolés vers un temps irrévocables
veux-tu malgré tout connaître mon pays
et ce qui nous unit ?
- mon pays est une jouissance dans les chaînes
- mon baiser fut envoyé par le courrier
et je ne veux
de mon pays qui m’a tranché la gorge
que le mouchoir brodé de ma mère
et les raisons d’une mort nouvelle


Les oiseaux meurent en Galilée
- nous nous verrons tout à l’heure
dans un an
deux ans
une génération
et elle jeta dans son appareil photo
vingt jardins
et les oiseaux de Galilée
puis elle partit chercher, par-delà la mer
un nouveau sens à la vérité
- ma patrie, une corde à linge
pour les broderies du sang versé
je me suis étendu sur la plage
sables … et palmiers

 

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MAHMOUD DARWICH

 

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pal6,,


T'AIMER OU NE PAS T'AIMER

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La sortie du littoral méditerranéen



torrent d’arbres dans ma poitrine
me voici, me voici
marchez dans les artères de mon bras
vous parviendrez

Gaza ne célèbre pas la prière lorsque les blessures
s'illuminent au-dessus de ses minarets
le matin se déplace vers ses ports
et le trépas y mûrit

me voici, me voici
mon cœur est potable, buvez
marchez dans les artères de mon bras
vous parviendrez
Gaza ne vend pas les oranges, son sang en conserve
je fuyais ses rues
écrivais avec son nom ma mort sur un sycomore
elle devenait une dame, me concevait, futur homme libre

louange à celle qui a ramené mes jugulaires à ses mains
me voici, me voici
Gaza ne célèbre pas la prière
je n’ai trouvé personne sur ma blessure, sauf sa petite bouche
le littoral méditerranéen a traversé l’éternité


ne m’arrêtez pas dans mon hémorragie
l’heure de nativité a imité le temps et m’a essayé
j’étais difficile. Elle m’a essayé
j’étais peuple. Elle m’a essayé une fois encore
je vois une rangée de martyrs s’élancer vers moi, puis se cacher dans ma poitrine et prendre feu

le temps ne les a pas massacrés, mon cadavre est illimité.
Mais je sens comme si toutes les batailles des Arabes avaient pris fin dans mon cadavre, j’aurais voulu que les jours se déchirent dans ma chair et que le temps me tourne le dos pour que les martyrs s’apaisent dans ma poitrine et se réconcilient

il y a encore de le place pour eux, mon cadavre est illimité, mais le Califat a fortifié les murailles de la ville par la défaite, et la défaite a donné un deuxième souffle au Califat
ne m’arrêtez pas dans mon hémorragie
l’heure de nativité a imité le temps et m’a essayé
j’étais difficile. Elle m’a essayé une fois encore
je vois une rangée de martyrs s’élancer vers moi
personne !


(…)


A Gaza, le temps divergea d’avec l’espace
et les poissonniers ont vendu l’unique occasion de l’espoir afin de me laver les pieds
où est Marie-Madeleine ?
ses doigts ont fondu avec le savon
et s’écoulèrent comme écritures
les soldats pavoisaient, pavoisaient
récitaient sa prière
fouaillaient les ongles des pieds et des mains à la recherche d’une joie fedayi
ils reliaient sa vie aux larmes d’Agar. Le désert était assis sur ma peau. Et la première larme sur terre fut une larme arabe.
Vous souvient-il des larmes d’Agar – La première femme à pleurer lors d’un exode interminable
O Agar, réjouis-toi de mon nouvel exode
je me dresse depuis la pénombre du caveau jusqu’aux étoiles
les martyrs habitent ma poitrine affranchie
je soulève à bout de bras les tombes et le littoral méditerranéen
réjouis-toi de mon nouvel exode
Le poème de la terre

(...)


Au mois de mars, en l’an du soulèvement, la terre nous révéla ses secrets sanglants. Au mois de mars, cinq filles passèrent devant les violettes et le fusil. Elles s’arrêtèrent devant la porte d’une école et s’enflammèrent ainsi que les roses et le thym du terroir. Elles inaugurèrent le chant de la terre. Elles entrèrent dans l’étreinte ultime – Mars vient sur terre du ventre de la terre et de la danse des filles – Les violettes se penchèrent légèrement pour laisser passer la voix des filles. Les oiseaux tendirent leurs becs en direction du chant
et de mon cœur
je suis la terre
tu es la terre
Khadija !Ne ferme pas ta porte
ne rentre pas dans l’absence
nous les chasserons du pot de fleurs et de la corde à linge
nous les chasserons des pierres de ce chemin si long
nous les chasserons de l’air de la Galilée
Au mois de mars, cinq filles passèrent devant les violettes et le fusil. Elle s’écroulèrent devant la porte d’une école. Sur les doigts, la craie prit une couleur d’oiseau. Au mois de mars, la terre nous révéla ses secrets sanglants


je bouleverse les appellations
la terre devient : prolongements de mon âme
mes mains : qui des blessures
les cailloux : ailes
les oiseaux : amandes et figues
mes côtes deviennent arbres
j’arrache une banche du figuier de ma poitrine
et je la lance comme une pierre
sur le char des conquérants

je suis l’espoir facile et hospitalier, m’a dit la terre,
l’herbe ressemblait à un salut au moment de l’aube
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie derrière Khadija.
Ils ne m’ont pas semé pour me moissonner
l'air de la Galilée veut parler de moi, il s’assoupit chez Khadija. La gazelle de Galilée veut détruire aujourd’hui ma prison, elle surveille l’ombre de Khadija alors qu’elle se penche sur son feu
O Khadija ! J’ai vu, et j’ai cru en mes visions. Elle m’emporte vers son large et m’emporte dans sa passion. Je suis l’amant éternel – l’évident prisonnier. Les orangers adaptent ma verdure et deviennent l’obsession de Jaffa
Depuis que j’ai connu Khadija, je suis la terre
ils ne me connaissent pas pour pouvoir me tuer
les plantes de Galilée peuvent croître entre mes doigts et dessiner ce lieu écartelé entre mon ardeur et l’amour de Khadija
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie depuis mars
jusqu'à la disparition de l’air sur terre
Cette glèbe est ma glèbe
ces nuages sont mes nuages
et ceci est le front de Khadija
Je suis l’amant éternel – l’évident prisonnier
l’odeur de la terre me réveille au petit jour
mes chaînes de métal la réveillent tôt le soir
Ceci est la promesse d’une nouvelle vie
Les partants vers la vie ne se préoccupent pas de leur âge
ils se préoccupent de la terre : s’est-elle levée
mon enfant la terre ?
t’ont-ils connue pour pouvoir t’égorger ?
t’ont-ils entravée, avec nos rêves pour que tu descendes rejoindre nos rêves en hiver ?
t’ont-ils connue pour pouvoir t’égorger ?
t’ont-ils entravée avec leurs fantasmes pour que tu te hisses jusqu’à nos rêves de printemps ?
Je suis la terre …
O vous qui êtes en quête du grain de blé dans son berceau
labourez mon corps
Vous qui allez à la montagne du feu
passez sur mon corps
Vous qui allez au rocher de Jérusalem
passez sur mon corps
O vous qui passez sur mon corps
vous ne passerez pas
je suis la terre dans un corps
vous ne passerez pas
je suis la terre qui s’éveille
vous ne passerez pas
je suis la terre. O passagers sur la terre qui s’éveille
vous ne passerez pas
vous ne passerez pas
vous ne passerez pas

 

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MAHMOUD DARWICH

 

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abbas moayeri5

Oeuvre Abbas Moayeri

 

 

 

 

JE RESISTERAI

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Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance
Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas
Je travaillerai peut-être à la carrière comme porte faix, balayeur des rues
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains
Je resterai peut-être nu et affamé
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Je résisterai

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison
Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens
Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie
Tu me priveras peut-être de la tendresse de ma mère
Tu falsifieras peut-être mon histoire
Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis
Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs
Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes
O ennemi du soleil
Je jure que je ne marchanderai pas
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

 

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SAMIH AL-QÂSIM

 

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Mahmoud Darwich, Mohammad Mahdi Al Jawahiri,Samih Al-Qâsim

Mahmoud Darwich, Mohammad Mahdi Al Jawahiri, Samih Al-Qâsim

NOTRE CHEMISE RAPEE...Extrait

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Tu ne comprenais pas... et ton petit non plus
ne savait pas
que sa chemise râpée, tant qu'elle battrait au vent
de la peine et de la détresse,
avec elle battrait aussi le drapeau du retour.
Alors explique à son frère qu'il n'est pas pire souillure
que d'en être réduit à vendre la terre humide
où gît son père.
Mais dis-lui aussi que la force qui pousse la vie
à sortir de la graine semée
est plus dure que le roc; dis-lui que nos racines
plongent loin dans le sein de cette terre...
et que notre chemise râpée, tant qu'elle battra au vent
de la peine et de la détresse,
avec elle battra aussi le drapeau du retour,
avec elle battra aussi le drapeau du retour ....

 

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SAMIH AL-QÂSIM

 

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Suhair Sibai2,,

Oeuvre Suhair Sibaï

ALLUMEZ LE FEU

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Allumez le feu
Pour qu’au miroir des flammes
Je voie la cour de la maison, le pont
Et les champs dorés.
Allumez le feu pour que je voie mes larmes
La nuit du massacre
Que je voie votre sœur, cadavre
Au cœur déchiqueté comme un oiseau
Par les langues etles vents métis
Allumezle feu pour que je voie
Votre sœur comme un cadavre,
Le jasmin commeun linceul
Et la lune comme un encensoir
La nuit du massacre
Allumez le feu pour que je me voie mourir
Mon soupir désespéré sera votre héritage,
Mon soupir désespéré avant que le jasmin ne devienne témoin
Que la lune ne devienne témoin

Allumez le feu pour que vous puissiez voir
Allumez le feu...

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SAMIH AL-QÂSIM

 

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livre gaza,,

 

 

 

JE T'AIME AU GRE DE LA MORT...Extrait

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Les enfants naissent
les accueillent dans leur berceau
leurs noms choisis
dans l'arbre généalogique
des ancêtres vénérés
Les accueillent les programmes d'épargne
la vision lointaine de l'avenir
et l'odeur de la cannelle bouillie
sur le feu du désir
Les accueillent les anniversaires
les fêtes
et les habits neufs

MES enfants naissent
les accueillent les larmes de l'amour
le frisson de la peur
A la porte de la maternité
les attendent
les yeux des chiens enragés
les attendent
les matraques de la police
les attendent
les programmes de liquidation physique
et de la vision lointaine de la mort

MES enfants naissent
et avec eux naissent
leurs bombes à phosphore
avec leurs lueurs étonnantes
comme les feux d'artifice
du carnaval
MES enfants naissent
avec leurs petits cercueils.

.

 

SAMIH AL-QÂSIM

 

.

 

SAMIH

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