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PAIX

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 Le silence est la rosée du ciel

la paix l’unique bergerie des sources

il fera clair entre les hommes

en ce jour sans épines

adonnés à la joie

nous allons d’une enfance à l’autre

 

! DIAMON~11

 

 

GILLES BAUDRY

 

 

! DIAMON~11

 

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UNE PENSEE...

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Une pensée pour Pascal Petithory, disparu au large du Cap d'Agde le 13 août 2014...

Aujourd'hui, il aurait fêté ses 52 ans...

 

! DIAMON~11

 

PASCAL 2

 

! DIAMON~11

LES POETES - PROLOGUE AUX POETES ( Partie chantée )

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Il y a ce soir dans le ciel
Veiné d'encre et de rose Nil
Ce ciel vanné ce ciel de miel
Ce ciel d'hiver et de vinyle
Des vols de vanneaux qui le niellent

Ou si c'étaient que l'on devine
Des cigognes qui s'en reviennent
De quelles régions divines
De quelles rives diluviennes
Dans l'air bleu comme du Gershwin

Ou peut-être aussi bien des cygnes
Qui saignent dans le crépuscule
La lune blonde leur fait signe
Là-bas où les bateaux basculent
Et la première étoile cligne

Mais bah s'il y a ciel et plumes
Qu'importe l'aile alors ouverte
Qui bat le champ d'ombre où s'allument
Au velours d'une avoine verte
Les étincelles de l'enclume

Heure douce aux oiseaux légère
Heure aux amants tendre et troublante
Jour étrange où je rôde et j'erre
Comme une chanson triste et lente
Sur les lèvres d'une étrangère

Chimères canards ou mouettes
Dites-moi ces folles chandelles
Vous les voyez mieux d'où vous êtes
Au-delà de votre champ d'ailes
Sont-ce les yeux d'or des poètes

Firmament de métamorphoses
Où la raison se dépayse
La lumière se décompose
Omar Khayam Saadi Hafiz
O constellation des roses

S'il y a ciel il y a sable
Et ces yeux aux cieux qui s'éveillent
Sont-ce des chanteurs ineffables
Rimeurs de mots et de merveilles
Dans ma mémoire ineffaçables

Ciel sur le siècle et sur les armes
Au-dessus du jardin des morts
Ciel sur le saule et sur le charme
Et voici l'étoile Valmore
S'il y a ciel c'est pour les larmes

Les ténèbres sont les tambours
Des crucifixions humaines
Le poème y monte à rebours
D'Icare où la douleur le mène
Parmi les célestes labours

Il y a ciel où tu succombes
Sans nom que l’éclat de tes vers
C’est peu que passent les palombes
Et se balance un arbre vert
O Keats au-dessus de ta tombe

Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d'Espagne
Que le ciel pour lui se fît lourd
Il s'assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours

A toi géant triste et superbe
D’où la manne des mots émane
Poète vers des Feuilles d’herbe
Ciel ou prairie ô Walt Whitman
Vieil homme en blanc Chair faite verbe

S'il y a ciel ce n'est point d'anges
Et le chant se passe de lyre
S'il y a ciel le ciel nous venge
Et que du vin de nos délires
Le vent divin fasse vendange

Ciel inverse au fond de la mer
Il y a des langues ardentes
Péchés dansants larmes amères
Le bas de la robe de Dante
Y frôle ceux qui mal aimèrent

La souffrance enfante les songes
Comme une ruche ses abeilles
L'homme crie où son fer le ronge
Et sa plaie engendre un soleil
Plus beau que les anciens mensonges

Il est fait étoile d'Ovide
Avec les rayons de l'exil
Étoile au ciel almoravide
Où Federico trouve asile
Au-dessus de Grenade vide

Il y a grenade et grenade
Et pour un sourire éternel
S’entrouvre au printemps des manades
La blessure au cœur d’Aubanel
Egrenant les grains de l’aubade

Au-dessus des eaux et des plaines
Au-dessus des toits des collines
Un plain-chant monte à gorge pleine
Est-ce vers l’étoile Hölderlin
Est-ce vers l’étoile Verlaine

Étoile au front d’Apollinaire
Sous le bandeau noir qu’il enlève
Point une aube extraordinaire
Comme l’idée au front de Scève
En prend la forme imaginaire

Étoile de sang sur la plaine
Que veut dire ce noir manège
Tu visas Pouchkine au cœur Haine
Et s’enfuit à travers la neige
D’Anthès Baron van Heckeren

Marlowe il te faut la taverne
Non pour Faust mais pour y mourir
Entre les tueurs qui te cernent
De leurs poignards et de leurs rires
À la lueur d’une lanterne

Nerval s’y pend c’était fatal
Les feux forment là-haut des phrases
Et près de Pétrarque s’installent
Le Hussard sur les monts Caucase
Rimbaud dans ses draps d’hôpital

Et Germain Nouveau sous son porche
Qui compte les poux du ciel noir
Nassimi des pieds qu’on écorche
À la tête rejoint ce soir
Les chanteurs transformés en torches

Vienne Abovian ô Katchatour
Disparu sans laisser de traces
Veilleur de la plus haute tour
Tcharentz et toi voici la place
Que vous étoilez tour à tour

D’autres périssent pour l’honneur
La balle qui tua Dovalle
Perça ses vers et puis son cœur
Et les drames de Paris valent
Ceux de la Perse ou d’Elseneur

Étoiles poussières de flammes
En août qui tombez sur le sol
Tout le ciel cette nuit proclame
L'hécatombe des rossignols
Mais que sait l'univers du drame

II n'est pas que du sang qu'on verse
II n'est pas que du chant qu'on perd
Qu'on meure à Paris comme cri Perse
C'est vivant que l'on désespère
Et son chant le chanteur transperce

Je suis l'Archange et Lucifer
Tous les bourreaux mal nous bourrellent
Au prix en nous de cet enfer
De ce que nos mains naturelles
De notre âme s'emploient à faire

Celui qui chante se torture
Quels cris en moi quel animal
Je tue ou quelle créature
Au nom du bien au nom du mal
Seuls le savent ceux qui se turent

Je ne sais ce qui me possède
Et me pousse à dire à voix haute
Ni pour la pitié ni pour l'aide
Ni pour en avouer ses fautes
Ce qui m'habite et qui m'obsède

J'ouvre mon ventre et mon poème
Entrez dans mon antre et mon Louvre
Voici ma plaie et le Saint-Chrême
Voici mon chant que je découvre
Entrez avec moi dans moi-même

 

! DIAMON~11

 

 

 LOUIS ARAGON

 

 

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Henri_Fantin-Latour

Oeuvre Henri Fantin-Latour

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GUISANE...Extrait

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J’ai trop écrit de poèmes
Je sais
Mais l’arbre

J’ai trop écrit
Avec les prophètes
Et les guetteurs

J’ai trop écrit
Je n’ai jamais su vivre
Autrement

Je conte l’argile
Je compte sur le temps
Qui me rendra lisible

La postérité c’est toujours
Un mal entendu
Qui sourd

Mon enfance est un puits perdu
Je change l’eau
En lumières

J’ai trop écrit dans la coulisse
Veilleur de l’invisible
Donne-moi un repère
Dans ce monde précaire

J’ai perdu le père

J’ai trop écrit
J’ai cherché de l’or
Dans la rivière boueuse
Et fautive
J’ai trop écrit
Que reste-t-il de nos vies ?
Le silence contient la main du sage
Posée sur le dernier manuscrit

J’ai trop écrit
Je sais
Mais l’arbre
Mais le baiser
Sans un mot
Sur tes lèvres
Mais la beauté du jour
Contient le pardon
De l’amour

! DIAMON~11

 

 

PATRICK CHEMIN

 

 

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li

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NON, PAS QU'UN SONGE TOURBILLONNANT

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Nous avons traversé des orages, des tempêtes, les hautes solitudes, les profondes douleurs.

Ne fût-ce que cela la vie ? La mort, n'était-ce que cela. — Vers l'haut-delà ?

Des joies, — l'éclair, du bonheur, — l'éblouissement.

— Or, j'avance somnambule, entre rêve et réel. Et j'ai outrepassé le visible, — le cap vers l'inconnu, — l'invisible.

Nous serions donc passés, comme des fantômes pressés. Pourquoi ce brouillard, ce perpétuel brouillard ?

— Mais quoi, folie, pourquoi ce doute ? dit l'Éveilleur. Vois ! l'homme qui disparaît au seuil de l'embrasure.

Que la nuit tombe enfin, pour que renaisse le jour !

Et le soleil victorieux, avec le mot amour réécrit, avec ces lèvres tremblantes, — avec ces lettres tremblées,

avec ces corps lents de musique, de frais parfums, avec dans la bouche ce goût de fruit d'été.

Nos corps tournant, dans le torrent du lit, roulant, parmi les draps d'aube d'or, le grand soleil, le vent.

Les cigales écrasées par le silence énorme. Dans l'obscur du soleil, les champs noirs de midi.

Une porte a été fracturée. — Une autre sera entr'ouverte.

Et ainsi tu vois l'homme dans son inachevé. J'outrepasse l'humain.

J'écoute les colombes et les rires s'envoler. Une promesse.

Oui, rien qu'une promesse. — Juste une promesse !

 

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SERGE VENTURINI

 

 

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PAUL LES OISEAUX...Extrait

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Peut-être pas toi
mais quelque chose de nous

qui tisse l'épissure peut-être poème
ou enlacement proie contre proie

Peut-être l'aile tombée nue

de cet éphémère céleste
dans le cerveau

ayant vu une durée infinie

 

! DIAMON~11

 

 

ERWANN ROUGE

 

 

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ANGE

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L'IMPROBABLE

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Une plume entre

en voltigeant

par les barreaux

de la prison.

Une plume blanche

au fond de l’ombre

s’est posée.

Parmi toutes les pensées

du monde

d’où vient cette intention

de l’oiseau

et du vent?

 

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JEAN MAMBRINO

 

 

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PLUME2,

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CORONILLA...Extrait

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" L'heure de Toi, l'heure de Nous
" Ah... Te le dire à tes genoux,
" Puis sur ta bouche tendre fondre
" Prendre, joindre, geindre et frémir
" Et te sentir toute répondre
" Jusqu'au même point de gémir...
" Quoi de plus fort, quoi de plus doux
" L'heure de Toi, l'heure de Nous ? "

! DIAMON~11

 

 

PAUL VALERY

 

 

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chagall

Oeuvre Marc Chagall

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FUREUR ET MYSTERE....Extrait

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La contre-terreur
c'est ce vallon que peu à peu le brouillard comble,
c'est le fugace bruissement des feuilles comme un essaim de fusées engourdies,
c'est cette pesanteur bien répartie, c'est cette circulation ouatée d'animaux et d'insectes tirant mille traits sur l'écorce tendre de la nuit,
c'est cette graine de luzerne sur la fossette d'un visage caressé,
c'est cet incendie de la lune qui ne sera jamais un incendie,
c'est un lendemain minuscule dont les intentions nous sont inconnues,
c'est un buste aux couleurs vives qui s'est plié en souriant,
c'est l'ombre, à quelques pas, d'un bref compagnon accroupi qui pense que le cuir de sa ceinture va céder...
Qu'importent alors l'heure et le lieu où le diable nous a fixé rendez-vous !


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RENE CHAR

 

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David Seidner1

Oeuvre David Seidner

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EXORCISMES...Extrait

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J'ai vu l'homme.
Je n'ai pas vu l'homme comme la mouette, vague au ventre, qui file rapide sur la mer indéfinie.
J'ai vu l'homme à la torche faible, ployé, et qui cherchait...

...

Je n'ai pas entendu le chant de l'homme, le chant de la contemplation des mondes, le chant de la sphère, le chant de l'immensité, le chant de l'éternelle attente.
Mais j'ai entendu son chant comme une dérision, comme un spasme.

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HENRI MICHAUX

 

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redon_homme_aile

Oeuvre Odilon Redon

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STEPHANE MALLARME

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Une dentelle s’abolit
Dans le doute du Jeu suprême
A n’entrouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit.

Cet unanime blanc conflit
D’une guirlande avec la même,
Enfui contre la vitre blême
Flotte plus qu’il n’ensevelit.

Mais chez qui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien

Telle que vers quelque fenêtre
Selon nul ventre que le sien,
Filial on aurait pu naître.

 

! DIAMON~11



STEPHANE MALLARME

 

! DIAMON~11

 

DENTELLE1

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AMEN...Extrait

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Peut-être devons-nous parler encore un peu plus bas,
De sorte que nos voix soient un abri pour le silence ;
Ne rien dire de plus que l’herbe en sa croissance
Et la ruche du sable sous le vent.
L’intervalle qui reste à nommer s’enténèbre, ainsi
Que le gué traversé par les rayons du soir, quand le courant
Monte jusqu’à la face en extase des arbres.
(Et déjà dans le bois l’obscur a tendu ses collets,
Les chemins égarés qui reviennent s’étranglent.)
Parler plus bas, sous la mélancolie et la colère,
Et même sans espoir d’être mieux entendus, si vraiment
Avec l’herbe et le vent nos voix peuvent donner asile
Au silence qui les consacre à son tour, imitant
Ce retrait du couchant comme un long baiser sur nos lèvres.

 

! DIAMON~11

 


JACQUES REDA

 

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vladimir-ryabchikov

Oeuvre Vladimir Ryabchikov

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2015...

BONNE ANNEE...!

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Image du Blog coquelico.centerblog.netC'est le jour des ciels qui mangent les ruines. Un arbre est encore nu. Il a froid, peut-être. Un printemps inventé l'habillerait pourtant.
Il suffirait de tendre les mains au delà des meurtrières pour que des bourgeons nourrissent les colombes. Il suffirait de repeindre les ombres de la couleur d'un coeur qui ne sait que le partage des lumières.
Il suffirait...
Et les voix étouffées saperaient les murs où les briques entassées n'abritent que le vide d'un passé qui se meurt.
C'est le jour des promesses de ciel pur qui posent le rêve dans le nid des vœux.
Bonne année !

 

! DIAMON~11

 

JOËL GRENIER

 

 

! DIAMON~11

 

lumiere d'hiver,

 

 

 

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JE HAIS LE NOUVEL AN...

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Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an àéchéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante.Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation.

Tout cela est écœurant.

 

! DIAMON~11

 

 

ANTONIO GRAMSCI

 

 

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paris-hier-quai-montebello-,,,

Photographie Gérald Bloncourt

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AU SEUIL DE LA NOUVELLE ANNEE

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Au fond, la seule chose certaine est peut-être qu’au cours de l’année écoulée, il est devenu encore plus difficile d’être un homme, et que les difficultés ne seront pas moindres au cours de l’année qui vient. La crainte nous saisit devant l’inanité de ce qui s’offre à nous, et la crainte fait de nous des égoïstes, muets, sourds et aveugles à tout ce qui n’est pas le plus court chemin jusqu’aux abris. Faudrait-il donc mettre toutes nos énergies dans la construction systématique d’abris souterrains, bien convaincus que la seule chose qui vaille la peine d’être sauvée est la vie à tout prix — cette vie ne se distinguerait-elle en rien de celle du rat ?
La tentation est grande, mais il est encore possible de se consoler à l’idée qu’il existe tout de même quelque chose qui ne cède pas à la tentation de la mort, à savoir l’art et sa capacitéà tenir tête. C’est toujours sur un défi que s’appuient les œuvres qui importent, celles qui rendent l’être humain à la vie. Dans les époques où l’espoir paraît gonfler ses voiles au-dessus de l’horizon, l’art s’oppose à la mort qui est tapie dans le rêve d’un bonheur éternel. Aux époques de désespérance, il tient tête à la compagne du sentiment d’impuissance en osant seul soutenir le droit de l’être humain à s’émanciper de sa peur.
Souvenons-nous d’Isaac Grünewald qui, aux pires moments de la persécution des Juifs, défiaient les bourreaux de son temps en construisant son grand atelier. Et rappelons-nous tout ce qu’apporte de réconfort le simple mot d’esprit anglais, surgi au milieu de la terrible situation de la dernière guerre : la situation est sans issue, mais pas désespérée.
Au seuil de la nouvelle année, je ne ferai qu’un vœu : puisse l’art à l’esprit rebelle se perpétuer.

 

! DIAMON~11

 

 

STIG DAGERMAN

 

 

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David Seidner2,

Photographie David Seidner

 

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22 POEMES PRESQUE TRISTES...Extrait

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Je ne sais pas ce qu'est la tristesse

Mais je pourrais la définir ainsi :
Un toboggan sans enfants sur une place encerclée par le vent

Je ne sais pas ce qu'est la tristesse
Mais je sais ce qu'est l'angoisse :
Un toboggan à l'infini avec des enfants vieillissants
Qui glissent jusque sur le sable sans avoir jamais gravi le sommet.
Parce que pour arriver au sommet il faut avoir des ailes
Et moi je n'avais que de folles envies
Envies de vol et d'éternités.
Aujourd'hui je comprends que tellement peu de choses n'adviennent
Que chaque jour il nous faut des ailes plus dures et plus fiévreuses
Mais est-ce si difficile de rêver d'impossible miracle ?

Je ne sais pas ce qu'est la tristesse
Mais elle ne doit pas être mauvaise
Puisqu'elle voyage avec moi depuis mon enfance
Et comme tu peux le voir ...
Je l'écris en vers libres.

 

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ENRIQUE BOSSERO

 

 

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toboggan,

 

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SI C'EST UN HOMME

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Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connait pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain
Qui meurt pour oui ou pour un non.

Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur
Pensez y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant :
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable
Que vos enfants se détournent de vous.

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PRIMO LEVI

 

 

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ENFANTS...

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Enfants
Qui déjà prenez place,
Quand vous aurez grandi
Au point d’être conscients
Du mal du temps qui passe
Et s’arrache de nous
Plus mal qu’un pansement,
Vous qui pousserez de l’avant
Nos vieux rêves de liberté,
Enfants
Consultez quelquefois
Les miroirs du passé ;
Et vous y relirez
L’écho de ces visages
Qu’un temps nous avons habités.
Enfants gentils marins des traversées prochaines
Ayez une pensée de sel pour nos vieux équipages
Lorsque vous voguerez debout vers les mêmes naufrages
Où debout nous aurons sombré !

 

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ROBERT DESNOS

 

 

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DEVOIR DE MEMOIRE

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Cette histoire, trop méconnue, qu’il faudrait enseigner dans les écoles comme paradigme de l’absence de renoncement face à la barbarie, puis comme figure moderne de l’amour, est racontée “de l’intérieur” dans le livre de Wieslaw Kielar, Anus Mundi. L’auteur est un ami personnel d’Edek et songe à s’évader avec lui. Mais, il ne voit pas d’un très bon œil le fait qu’Edek veuille s’évader avec son amoureuse. Avec une présence féminine, estime Wieslaw, le retard pris en chemin pourrait être fatal. Un échec en la matière correspondrait à une mise à mort assurée, à la potence ou pire. Et si le pire n’est jamais certain, il devient très probable dans les camps.

 

Edward Galinski est un jeune polonais de vingt-ans. Il fait partie du convoi de Wieslaw Kielar (matricule 290), premier convoi de politiques polonais àêtre déportés à Auschwitz au printemps 1940. Il porte donc un “petit numéro” (ceux qui étaient le plus respectés à Auschwitz), le matricule 531.

Mala Zimetbaum est une jeune juive polonaise de vingt-cinq ans, arrêtée lors de la rafle de la gare d’Anvers, le 11 septembre 1942. Elle porte la matricule 19 880.

Les futurs amants se rencontrent à Birkenau vers la fin de l’année 1943. Même dans le trou du cul du monde, on peut rencontrer une promesse avide qui remplace le vide et l’arbitraire. Même dans l’antre de la mort, il y a l’autre de la mort, l’affirmation du vouloir-vivre. L’amour naît de la précarité, pas seulement de la richesse. Telle est la leçon du mythe de Poros et de Penia du Banquet de Platon.
L’amour, contrairement à la passion, ne crée pas ses obstacles, il est reconnaissance du manque et exclut d’emblée le projet unificateur de la passion amoureuse : « Ils ne formèrent qu’un seul être. Mais lequel ?», s’amusait Oscar Wilde. Le scandale de la passion, c’est le dépassement de la condition humaine, le désir, voire le délire, au sens freudien, de combler son manque dans un autre être manquant. Bien plus, le désir de mort, inhérent à la passion amoureuse, relègue les modèles occidentaux de l’amour à l’état de simple déchet de l’amour. L’amour des modèles, Tristan et Iseult, Roméo et Juliette, c’est l’angoisse d’être deux, et son aboutissement ontologique, la transfiguration dans l’absolu de la mort n’est pas néant, mais symbole d’un désir inconscient : celui d’aimer à en mourir, pas à en vivre !
Edek et Mala ne sont pas amoureux. Ils s’aiment. Comme le soulignait Rougemont, dans L’amour et l’occident, on subit un état, on décide un acte. Penser les camps de concentration dans ce qu’il donne à voir de l’homme, c’est peut-être et aussi, d’une manière étonnante, voire presque scandaleuse, penser une philosophie de l’amour qui cesserait la fascination devant l’amour-à-mort.
Le 24 juin 1944 est jour de carnaval pour Edek, qui s’évade, déguisé en SS, en faisant croire qu’il escorte la prisonnière Mala à l’extérieur du camp. Douze jours. Environ deux cent quatre-vingt-huit heures. On peut compter sans escompter. Chaque jour est un apôtre de l’amour. Une histoire religieuse. Est-il possible de s’aimer quand le monde devient fou ? Est-il possible de sauver l’amour quand le monde brûle ? Où est le Sauveur ?

Les prisonniers du camp d’Auschwitz et du camp des femmes de Birkenau se délectent de cette fuite, de cette possibilité du dehors, du monde contre l’immonde. Cette évasion est tellement symbolique qu’elle en devient une raison d’être, une raison de ne pas mourir. Car il y a tellement de raisons de mourir dans les camps d’Auschwitz et de Birkenau.

Mala et Edek seront repris le treizième jour de leur évasion, le 7 juillet 1944.

Gardés pendant de longues semaines pour être torturés afin de savoir qui sont les complices de leur fuite, Edek et Mala ne parlent pas. Dans la torture, le plus sûr des mutismes n’est pas de se taire, mais de parler. La voix suffit pour les cris. Mais le langage reviendra pour l’écrit… dans la parole des autres. Le chapitre 89 de Anus Mundi relate le dernier jour des amants avec l’intensité de l’inéluctable :
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“La journée commença mal pour moi. Perché entre deux lits – le ciment n’était pas encore sec – je parlais avec Elzunia et n’avais pas vu qu’un jeune commandant de bloc était entré et nous observait depuis un moment. Si ç’avait été un SS que je connaissais, cela se serait sans doute bien passé. Mais c’était un nouveau. Je me mis au garde-à-vous, et il me frappa au visage. En fait, c’était à peine plus qu’une gifle.

Chamek arriva, avec notre chef de commando, qu’il était immédiatement allé chercher. Rouge de colère, le chef de commando réprimanda vertement le commandant de bloc, qui était d’un grade inférieur; figé au garde-à-vous, ce dernier n’ouvrait la bouche que pour dire : “A vos ordres, Herr Oberscharführer !” Il sortit du bloc comme un chat mouillé, mais finit tout de même par se venger. Il me guetta toute la journée, et finit par me rattraper sur le terrain neutre que constituait la route, loin du chef de commando. Il ne me frappa toutefois pas, se contentant de me faire faire du “sport”. Il prit également note de mon numéro. Le reste de la journée se déroula sans incident.

Alors que nous revenions du travail au son de l’orchestre, je vis de loin que, sur l’esplanade proche des cuisines, juste à côté du château d’eau, se dressait une unique potence, au lieu de deux ou trois comme cela arrivait le plus souvent. Je sus immédiatement pour qui elle était. Mon rêve n’avait pas menti. J’allais donc assister une seconde fois à l’exécution de mon ami – mais cette fois, dans la réalité.

De retour à mon bloc, je tombai sur Jupp ; très agité, il se mit immédiatement à me parler d’Edek. De ce flot de paroles, je retins seulement qu’Edek avait été amené l’après-midi même, et était enfermé dans un réduit proche des cuisines. Jupp lui avait attaché les mains avec du fil de fer. “Après l’appel”, me dit-il pour conclure. Je ne savais pas trop ce qu’il voulait dire par là; peut-être qu’il avait encore des choses à me dire, mais n’avait pas le temps maintenant. Le commandant de bloc faisait déjà se rassembler dans la cour les “Russkis” réticents. L’appel allait commencer et Jupp était chargé de veiller à ce que l’alignement des détenus fut impeccable. Je vis aussi Grapatin. Il portait sur la poitrine la plaque de laiton indiquant qu’il était de service. Je jugeai prudent de me mêler discrètement aux rangs des Russes.

L’appel commença. Jasinski fit son rapport à Grapatin, mais cela ne suffisait pas à ce dernier. Il passa entre les rangs pour recompter lui-même les détenus. Arrivé devant moi, il me transperça du regard et se mit à me marteler le visage de coups de poing. Ma tête était ballottée dans tous les sens, et dans ma bouche, je sentis le goût bien connu du sang, non sans me lancer quelques insultes. Ma tête continua encore longtemps à bourdonner et à vrombir.
L’appel se termina. Comme il était d’usage dans ces circonstances, tous les détenus du camp s’assemblèrent devant les cuisines, formant un grand carré au centre duquel se trouvait la potence. Je me mis le plus près possible du petit réduit oùétait enfermé Edek. Après quelques minutes qui me parurent interminables, la porte s’ouvrit et il apparut. Un grand silence se fit. L’on n’entendait que le crissement du gravier sous les pas du condamné– Edek – et du bourreau – Jupp. Je me frayai un passage jusqu’au premier rang, dans l’espoir qu’Edek me verrait au passage. Pâle, les traits légèrement bouffis, il cherchait quelqu’un des yeux. J’étais certain qu’il désirait me voir. Il passa si près que j’aurais pu le toucher. Il aurait suffi d’un murmure pour qu’il tourne la tête dans ma direction. Mais j’étais comme paralysé, et je maudissais mon impuissance. Je ne voyais plus que ses épaules raides, et ses mains attachées derrière le dos. L’œuvre de Jupp, qui maintenant le suivait en trottinant.

Edek monta sans hésiter sur l’estrade et se mit immédiatement sur le tabouret. Le nœud coulant touchait sa tête. Un ordre retentit, et un SS se détacha du groupe qui se tenait devant le corps de garde. Tenant un papier à la main, il commença à donner lecture du jugement en allemand. A ce moment précis, la tête d’Edek trouva l’ouverture du nœud coulant et il repoussa le tabouret d’un coup de pied. Il avait tenu parole! Il n’était pas tombé vivant entre les mains du bourreau !… Mais les SS ne tolérèrent pas une telle manifestation d’indépendance. Les entendant crier, Jupp réagit rapidement; il saisit Edek par la taille, le remit sur le tabouret et desserra la corde. Le SS termina la lecture du jugement en allemand, et commença à le lire en polonais. Manifestement pressé d’en finir, il parlait vite et indistinctement. Edek attendait qu’il eût terminé, et cria dans le silence : “Vive la Pologne…” Il eut à peine le temps de dire le dernier mot. Jupp retira le tabouret, et cette fois, la corde se resserra jusqu’au bout. Le corps d’Edek eut un brusque soubresaut, puis se détendit, et sa tête retomba de côté. C’était terminé. Son corps inerte se balançait légèrement et tournait sur lui-même au bout de la solide corde. Les rayons du soleil couchant teintaient de rouge le massif château d’eau. Pour ne pas claquer des dents, je me mordis les lèvres. Personne ne bougeait.

Lentement, la masse des détenus s’éparpilla dans l’obscurité naissante. Le groupe des SS se dirigea vers la sortie du camp. Dans le silence, un ordre retentit, en polonais :
— Otez vos casquettes !
Cela venait du côté de l’esplanade donnant sur le bloc 4; il me sembla que c’était la voix de Tadek P. Des milliers de détenus rendirent ce dernier hommage au supplicié. Soudain, un des SS qui se retirait hurla :
— Dispersez-vous ! Regagnez vos blocs !
Danisz et Jupp s’y mirent eux aussi :
— Avancez ! Avancez !
En un rien de temps, l’esplanade fut vide. Il ne restait que le corps d’Edek.
Je pleurai de rage et de douleur. Personne ne s’en étonna. J’étais assis sur ma couchette ; les “Russkis” venaient me taper sur l’épaule et essayaient de me consoler :
— Courage, secrétaire! Ils le paieront cher !
A côté de moi, quelqu’un sanglotait: Jankiel. Qu’il était drôle, tout en larmes, ce brave vieux juif, si honnête et si dévoué. Quelqu’un me tendit un verre que je vidai d’un trait. L’alcool me calma un peu, mais bientôt un sentiment de vide total s’empara de moi.
Peu après, un coureur du bloc 2 vint me chercher pour m’emmener au poste des commandements de bloc. Pour moi aussi, c’était donc la fin. En chemin, le coureur me rassura : il n’y avait pas un seul SS au bloc, seulement le doyen de camp Danisz, Jupp et le chef du rapport Gosk; ils avaient quelque chose à me remettre. Au bureau, je ne trouvai en effet personne en dehors des trois hommes. Comme je restais craintivement près de la porte, Kazek Gosk me dit:
— Entre. Tu n’as rien à craindre.
Craignant un piège, j’hésitais toujours.
— Venez, secrétaire, n’ayez pas peur, ajouta Jupp.
Danisz s’adressa à moi en polonais. Ses courtes phrases étaient entrecoupées de silences.
— Cet Edek, c’était ton ami… Un homme honnête et courageux… Il n’a trahi personne !… Quand le Kapo-chef lui a lié les mains… Edek l’a prié de te remettre ce papier. Si Dieu veut que tu rentres vivant chez toi, tu dois le remettre à son père! (Il me donna un papier replié jusqu’à former un minuscule paquet.) Regagne ton bloc, maintenant, et ne dis rien à personne. Nous n’avons pas le droit de faire ceci. Edek était un bon camarade… conclut-il en se levant.
Même eux regrettaient Edek.
De retour au bloc, j’examinai le contenu du paquet, en présence de Jankiel et du coiffeur. Le papier portait les noms et les numéros de Mala et d’Edek : Edward Galinski, N°531. Mally Zimetbaum, N° 19 880, et entourait de mèches de cheveux: les cheveux courts d’Edek et une petite boucle blonde de Mala. Cette fois, nous fûmes trois à sangloter. Ensuite, nous bûmes. Cela ne me fit guère de bien. De nouveau ce vide indescriptible.
Les “Russkis” fredonnaient Si demain la guerre…
Le lendemain, la petite estafette slovaque me décrivit en pleurant l’exécution de Mala. De même qu’Edek, celle-ci avait décidé de ne pas se laisser exécuter par les SS. Pendant la lecture de la sentence, elle se coupa les veines des poignets avec une lame qu’elle avait réussi à se procurer. De même que pour Edek, les SS ne lui permirent pas de se soustraire ainsi à l’exécution. Le Rapportführer Taube se précipita, et elle le gifla de ses mains ensanglantées. Les SS, enragés, la piétinèrent devant tout le camp des femmes assemblé.
La sentence fut donc exécutée, mais pas dans les règles. Elle mourut sur le chemin du crématoire, allongée sur le tombereau que tiraient plusieurs détenues, impuissantes à alléger ses souffrances. L’une d’entre elles était la jeune Slovaque elle-même. Elle pleurait en me racontant cela, et essuyait ses larmes avec sa manche. Je ne trouvai pas de mots pour la consoler.”

 

La mort de Mala est passée du fait historique au mythe. On rapporte des versions différentes de ces dernières paroles. Louise Alcan dans Le temps écartelé cite ce qui pourrait être un dernier discours : “Assassins, vous aurez à payer bientôt, n’ayez pas peur, l’issue est proche; je sais que j’ai été libre, ne renoncez pas, n’oubliez jamais.” Ce qui est certain, comme le raconte Kielar, c’est que Mala n’a pas cédé, ni décédé sur le moment de l’exécution. Elle mourra sur le chemin du crématoire.
Mais quand l’amour part en fumée, il peut renaître de ses cendres.
Nous étions le 15 septembre 1944.
Si vous allez visiter Auschwitz I, et que vous passez au Block de la mort, le Block 11, près du mur où l’on exécutait, près de la potence où l’on pendait, vous pourrez encore voir les traces laissées par Edek pour que l’amour ne soit pas détruit par la haine : noms, initiales, portrait de Mala dans les cellules 19, 20, 21 et 23.
Et cette date : 6 juillet 1944. Dernier jour de leur liberté. Mais pas de leur amour. Celui qui leur a permis de ne pas céder devant la violence répétée. Celui qui a gardé le silence devant le supplice et ne pas donné les noms de leurs amis. Celui qui a permis à Mala de ne pas se laisser assassiner.
Même à Auschwitz, l’amour est parfois inextinguible.
Ce n’est pas le travail qui rend libre, mais l’amour. Ne renoncez pas, ne l’oubliez pas !

 

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amour 1,

 

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amour2,

 

 

 

 

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