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Channel: EMMILA GITANA
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NOUVEAUX POEMES...Extrait

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Je suis Palestinienne !
Bergère des foudres !
Chaque seconde, j’enfante
Tous les millénaires de ma terre
Que je reprendrai,
Dans l’insaisissable lumière
De mon ventre céleste,
Intarissable source des poings
Qui broieront les ténèbres
De vos lâches feux d’assassins !

 

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MOKHTAR  EL AMRAOUI

 

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GUY DENNING2

Oeuvre Guy Denning


GUISANE...Extrait

JOEL GRENIER...Extrait

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Ah ! Marcher tout là-haut sur la pointe des oiseaux !

Mettre les mots nuages côte à côte.

Sans parler, sans faire d'autres bruits que le murmure des regards qui se croisent en bordant le silence d'azur.


Comme un début de voyage qui laisse son empreinte dans l'horizon qui s'envole.


Donne-moi la main, j'ai peur de me perdre dans ton ciel quand il laisse des traces.


Si tu la serres fort, je dirais au vent de se taire, pour n'effacer rien.

 

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JOEL GRENIER

 

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ALCHIMIE II ,

Photographie C. Ortoli

 

 

 

 

EXIL A LA FRONTIERE DES MONDES

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 pour Elsik,

latcharentsienne

 

 Es-tu du côté du rêve ou bien du réel ? Ton ombre est là, à mes côtés, tu es là. Et pourtant, je t’ai dans moi, — quand j’ai faim de toi. Je t’appelle de loin et dès lors en moi tu viens. — Je passe dans ton ombre, je glisse dans ton soleil. Je suis en avant de toi, j’en chante quand tu parles. Et, je t’enchante et nous naissons de cet en chant.

 

Puis, tu pars alors au-delà du visible. — Tu reviens entre mes mains,tu es mon demain. — Reculer les résistances, faire tomber les murs. — Oiseaux que mon rire délivre, tes seins s’envolent. Non, tu n’es pas d’ici, tu es d’ailleurs toujours. — Or, tu es le Janus bifront aux portes ouvertes. Voici la porte janvier, il a neigé une heure. — Fin janvier, neige des transitions et des pas sages.

 

Marche dans la brume ! ton pas léger dans l’entre-deux. — Je te vois là-bas, au son d’un doudouk lointain, sur des routes inconnues, là où tu vibres nue. Tu chemines à la lisière, près de la frontière. — Un chemin perdu que le vent vientcaresser. — L’or de la poussière voledans le présent du temps. Elle monte, tourbillonne sur la terre rouge. — Rouge de sang.

 

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SERGE VENTURINI

Paris, 31 janvier 2015,

jour de saint Sarkis.

 

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david-seidner-francine-howell-for-azzedine-alaia-1986,,

Photographie David Seidner

 

 

 

 

 

 

ELOGE DE L'ARMENIE

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De ma douce Arménie, j'aime la parole à saveur de soleil,
De notre lyre aux sons de deuil, j'aime la corde aux sanglots,
L'étincelant parfum de nos roses, — pareilles au soleil,
Et des filles de Naïri, j'aime la danse pudique et gracieuse.

J'aime notre ciel obscur, les sources limpides, le lac de lumière,
L'été torride, l'auguste tempête-dragon soufflant de l'hiver,
Les murs noirs de misère de nos maisons perdues dans la nuit,
Et, de nos millénaires cités antiques, — j'aime la pierre.

Où que je sois, je n'oublierai pas nos chants, voix endeuillées,
De nos livres aux lettres forgées, je n'oublierai point la prière,
Que des épées de nos plaies exsangues percent mon cœur,
Orphelin, brûlé de sang, j'aime l'Arménie-ma-bien-aimée !

Pour mon cœur languissant, il n'y a d'autre conte de fée,
Narek, Koutchak ; point d'autre front glorieux, auréolé,
Parcours la Terre : point d'autre blanche cime que l’Ararat —
Chemin d'inaccessible gloire, j'aime le Massis ma montagne.

 

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YEGHICHE TCHARENTS

Traduction Elisabeth Mouradian,

Serge Venturini

 

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TCHARENTS, Yéghiché - Éloge de l'Arménie (trad...par Gilles-Claude

DIRE LE VRAI

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Trier les mots
au fil de l'eau
au dos d'un galet
au rond d'une pierre
au bord d'une paupière
au gué d'une rivière
au grelot d'un sanglot
saisir le sens
au son d'une consonne
aux voix d'une voyelle
au pas d'une virgule
au non d'un hiatus
au clos d'une parenthèse
au final d'un point
tailler l'idée
au fil du temps
au grés des ans
au vent de l'océan
au ciel d'enfance
aux portes de la mémoire
au seuil du néant
trier les mots
à demi-mot
ou en porte -à-faux
de la brisure
à la démesure
saisir le sens
à mots ouverts
ou au figuré
de la césure
à la cassure

Tailler l'idée
à la pointe du jour
ou au plus noir de la nuit
de la blessure
à la rupture
vivre l'écriture
en guenilles
ou en nu-pieds
vivre l'écriture
au pied du mur
et en terre étrangère
hors de moi
ou en outsider
dans cette langue
qui n'est pas mienne

Trier les mots
à n'en plus finir
saisir le sens
à s'écrire
tailler l'idée
à en mourir

au nom de ce qui est
et de ce qui n'est pas
ou des miens qui ne sont plus
au nom de ceux qui sont
au bord
d'un pays à naître
au rire des enfants
à venir.

 

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DEWE  GORODEY

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photo1

NEIGE

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Neige, neige

Plus blanche que linge,

Femme lige

Du sort: blanche neige.

Sortilège !

Que suis-je et où vais-je ?

Sortirai-je

Vif de cette terre

Neuve ? Neige,

Plus blanche que page

Neuve neige

Plus blanche que rage

Slave...

Rafale, rafale

Aux mille pétales,

Aux mille coupoles,

Rafale-la-Folle !

Toi une, toi foule

Toi mille, toi râle,

Rafale-la-Saoule

Rafale-la-Pâle

Débride, dételle,

Désole,détale,

A grands coups de pelle,

A grands coups de balle.

 

Cavale de flamme

Fatale Mongole,

Rafale-la-Femme,

Rafale: raffole.

 

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MARINA TSVETAÏEVA

 

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chaperon-rouge-hiboux,1

Photographie  Darya Kondratyeva

DEMEURE LE SECRET...Extrait

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J'ai pris le chemin des épices du nard et de l'encens

Le gabier de mon attente à la hune de mon amour

Il se retient de crier la terre à lui se découvre

En toi se démêle dans le flux la laine des comètes

Une fileuse à voix de merle en tresse les frontières

Mélodies des lavandières l'auberge samaritaine

J'écoute ton coeur bat mais ton coeur est ignorance

Tu poursuis tes rêves quand je les vois poursuivis

Je tremble et rougis et ne sais la pudeur qui me prend

Je voudrais te recouvrir mais la trame se déchire

Mon amour que j'habillai de velours tu te dénudes

A quoi donc m'a t-il servi de te parer de mon guet

A quel usage toutes ces robes filées de merveille

Te voici plus nue que l'enfant à l'issue de la mère

Plus nue qu'un oiseau sur le plus nu des rameaux

Nue telle ma bouche quand je te dis que je t'aime

Nue comme une flûte comme un violon de Mozart

Nue comme l'étoile comme l'or et la croix de Jésus

 

...

 

Jeu de paume des collines le ciel se les renvoie

Tes seins émergent un vol de colombes fraie l'azur

J'écoute à ton sexe battre la mer immense

Rumeur des coquillages grand pavois de tes mains

Tu pénètres en rade les flancs chargés de cristal

Voile gonflée de ta chair claires digues de tes jambes

Mais tu gardes de l'obscur le noir drapeau corsaire

A l'artimon tu t'étales où se joignent tes cuisses

Mon corail des abysses mes courbes et mes caps

Te voici laissée sur la grève et du poids des éponges

Les prisons de tes aisselles le relais de la ténèbre

Je les presse je les lave tu me regardes et souris

Tu ne m'interroges pas mais je te lis incertaine

Aux battements de volière dans le lacs de tes cils

Mon innocence t'effraie la tienne m'emplis de peur

Il fait jour dis-tu mais la source tu l'ignores

Je l'ai suivie dans sa course femme de nuit et d'aube

O femme qui ne sais que tu portais en toi le monde

 

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MAX-POL FOUCHET

 

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Danil Golovkin

Photographie Danil Golovkin

 


PETIT PASSEREAU

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Sitelle  Rouge-Gorge Pinson
Serin  Rossignol  Mésange
Que suis-je en cet instant volé
Que fige l'image   ce cliché
Devers toi que je contemple
Et qui d'un vol court et risqué
Traverses buissons et halliers

Qui suis-je pour te nommer
Toi dont le trille unique
Le ramage et le plumage
Aux fables s'accordent
 Et te confie serein
Aux tiens pour la vie
Fidèle à la couvée 
A la saison des amours

Comme je me sens petit
Allant par le jour et la nuit
Qui te portent et te ramènent
Du ciel   Quand le soir venu
Perché sur une branche
Que la bise balance   tu loves
Ton âme apaisée 
Sous une aile d'ange
Couvant un juste sommeil
Que berce toute une patte   si frêle

Bien souvent   je m'attendris
Lorsque de la frondaison
Qui bruit  s'échappe furtif
L'écho mélodieux d'un songe
Blotti dans mon enfance 
Qui me ravit et qui m'étreint
Depuis les faveurs de l'obscur

J'envie ta source     liberté
Petit passereau    Tes horizons
De plénitude s'abreuvent aux champs 
D'harmonieux desseins  
Ta migration est un royaume
Où le grain jamais   ne meurt 
Chaque heure est une branche
Louant  plus près du ciel
Tes ailes de clarté et  de bonté
Ainsi de ton  allégeance méritée
Ravissant l'Eternel des étoiles
Et des multitudes sans nombre

Dis-moi   quel est ton dieu  pèlerin
N'est-ce pas tous les cieux
Que l'envolée souligne
Et caresse au petit jour
Du grand peuple migrateur
Ou bien le tronc vénérable
Le nid savant et ouvragé
Où penser ton âme - soeur
Ces baies par myriades
Que le vent agite et fronce
Entre azur et forêt
Tant de parfums musqués
Qu'exhale sans fin la brise
Aux contours lointains
De l'Idumée et de Phénicie

J'aime ton univers
Petit passereau et plus encore
L'immensurable dais
De ton chant et ses secrets
Neigeant comme un printemps d'amandiers

 

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CRISTIAN GEORGES CAMPAGNAC

 

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passereaux

MAX ALHAU

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...


On voudrait s’emparer d’une branche de saule
ou même d’une fleur et dire qu’un chemin
conduit au plus près de soi-même.
Mais la confiance s’amenuise,
on ne parie que sur l’invisible,
sur des sommets que troublent les nuages.               

C’est bien cela qui compte,
une géographie hors de portée,
des fleuves aux noms secrets, des îles englouties.

Que l’on marche, que l’on s’affronte au vide
et l’on comprend que le terme accompli,
il suffira de se retourner
pour que les lieux perdus nous soient restitués,
pour que la mémoire l’emporte
sur le blanc et l’absence à jamais naufragée.

...

 

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MAX ALHAU

 

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stefano corso2

Photographie Stefano Corso

 

 

JEANINE SALESSE

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La brume enfle
comme le trop-plein du manque
Les verts acides dans le printemps
bondissant
                       prennent l’ombre

Je vieillis
                        Sur la pente
une lueur sur quatre roues
longe le flanc nocturne de la vallée
disparaît
Quelqu’un passe en grand silence
                         s’échappe
 Sa lumière    lézard de feu   sait
où trouver asile loin des marques noires
sur la ferme incendiée

                               Autour et sans façon
les myosotis dégorgent
un bleu à réveiller les mots
La cendre est  vivante

 

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JEANINE SALESSE

 

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myosotis

 

 

 

 

ENDYMION...Extrait

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...

Sur l'épiderme moite de la terre dans l'orage de Juillet,
Mes lèvres épouseront la bouche de cette folle odeur,
Où la vie et la mort. ont la sensualité de l'éternel retour.
Ces mains au visage d'enfant que sont les miennes,
Sauront s'agenouiller sur le parvis du verbe
Et broder l'agonie sur le suaire de l'impossible.
Je saurai que les fleurs échangent des parfums comme un langage,
Et que l'oiseau crie des poèmes au crépuscule,
Qu'il y a Mozart et Bach dans le chant de la peau,
Que l'amitié a des murmures de ruisseau,
Que les forêts, les étangs et les sources
Sont habités de monstres et de génies,
Et qu'un conte égrené le soir au coin du feu,
Noue des soies de vertige au cou du merveilleux.

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MICHEL TRECOURT

 

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Source

 

 

APOLLINAIRE

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Remuer le silence jusqu'à ce qu'il bascule dans un vacarme assourdissant
et me perdre dans la tendresse de ton repos
quand les vagues de bombes s'apprêtent
à calmer définitivement nos rages de dents
quand les prisonniers fabriquent des cordes
pour se pendre sous le dernier rire d'un lever de soleil
quand les enfants sont prêts àêtre programmés
dans les fichiers d'une invraisemblable justice scientifique
quand des humains parmi d'autres humains sont emmurés
dans le coma éthylique de la solitude absolue
quand les êtres humains sont incapables d'êtres bons

Remuer le silence jusqu'à ce qu'il bascule dans un vacarme assourdissant
et me perdre dans la tendresse de ton repos ma Belle.
Duo déséquilibré dansant sous des éclats de lune.
Nous connaissons les hôpitaux psy et les regards désenchantés
quémandant une autre intuition du monde
nous connaissons les cages des flics et l'incompréhension
les bagarres sordides et les gueules de bois burinées sous les coups
de la haine et l'invention de l'amour dans les théories cupides
de bras étouffants
nous connaissons l'offense du mépris
nous connaissons le rejet des animaux abandonnés
et les bouts de nous mêmes écrasés sur la route des fous.

Remuer le silence jusqu'à ce qu'il bascule dans un vacarme assourdissant
et me perdre encore dans la tendresse de ton repos
pour que le calme s'agenouille enfin près de nos âmes
qui ne demandent rien à la vie et encore moins à la mort.
Me perdre dans la tendresse de ton repos
ma main posée sur ton ventre
ma figure enveloppée de ta chevelure rouge
ma chair sensible contre ta chair sensible
mon sourire échos de ton sourire.
Me perdre encore dans la tendresse de ton repos
Et puis repartir
Remuer le silence jusqu'à ce qu'il bascule dans un vacarme assourdissant.

 

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GUILLAUME APOLLINAIRE

 

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Jean Paul NEGLOT TOLGEN,,,

Jean-Paul Neglot-Tolgen

JUSTE RETOUR D'ABIME

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L’heure est dite d’abois dans les arrière-cours
Et de guenilles en sanglots sur les cordes du jour
Par le travers des lampes nues dans l’ombre noire
Ô reflet malingre d’un vieil été mémoire
D’un soleil en cendres sous les mains dans la nuit
Passé l’orgue de Barbarie où le temps bruit
Le malaise d’un chien la valise d’une âme
Emplie d’herbe lointaine et de cheveux de femme
Accoudé sur la table le ciel venu m’aider
À compter recompter feuilles mortes accoudé
Sur la table tremblante au fond d’auberges vides
Avec autour de moi pas mal de chopes vides
Et bien devines-tu j’en ai fini de mon espoir
À jamais je suis seul dans mon amour ce soir
Dans l’aube de la vie les montagnes de lumière
Aspiré par des tourmentes d’étoiles très claires
Au-dessus d’une transparence ornée de vergers bleus
Éclaboussant d’oiseaux qui sont comme tes yeux
Jusqu’à la cime la plus blanche le fol érable
Et ne viens pas me joindre au bord de cette table
Je n’y suis plus je suis parmi les neiges du futur
Pourtant je t’y attends tête tombée fruit mûr
Dans le bois mort de cette table où d’humides années
J’entends la pluie rouler ses renoncules piétinées.

 

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JEAN-PHILIPPE SALABREUIL

 

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thami6

 

 

LA LIBERTE DES FEUILLES...Extrait

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Il y a cette année
Beaucoup de neige dans mes poèmes
Et c'est aussi que l'hiver
A longtemps reblanchi notre monde

Or si je regarde bien
Dedans dehors un peu partout
J'aperçois des chevaux et des chiens
Qui marchent dans les fleurs au fond de l'eau

Comment ai-je pu tant dormir 
Le ciel soudain n'est plus désert 
Je reconnais des gens à leur sourire 
Voici que je respire au bord de la lumière

Un autocar jaune apporte des arrosoirs
Un train pas bien long passe à travers le temps
Je vais au bout de mon petit couloir
Là est le jour la porte ouvre au printemps

Beaux brins de filles de pervenches 
Jupons qui dérobez une tulipe au ciel 
La route à son épaule arque des branches 
Un oiseau fuse au pavillon de la forêt

Je suis parti revoir la terre 
Le moteur vert tourne tout rond 
Mais l'or du vent hisse paupière 
J'ai les yeux bleus et je suis blond

Halte ici recommence la vie
Sous un écroulement de lilas mauves
Je cache la voiture et je dévie
D'un pas de deux ou trois vers l'aube

Comment décrire ce qui s'ensuit 
Les pins sifflent l'étang bouge 
Alors je fume auprès d'un puits 
Toujours se déclare une joue très rouge

Ici-bas tu portes le nom
Léger que tu m'as dit j'en porte un autre
Mais à nous deux nous portons le même amour au monde 
Aux plantes la même eau le même jour aux morts.

 

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JEAN-PHILIPPE SALABREUIL

 

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NEIGE2


ROGER HANIN

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Paris. Il fait nuit. Je suis dans mon bureau. Je pense à l'Algérie. Comme elle me paraît loin. J'ai peur de ne plus pouvoir la retrouver en pensée. Je ne veux forcer ni mon coeur ni ma mémoire. Où en suis-je de l'Algérie ? J'écoute cette phrase et j'entends : " Où en suis-je de ma vie ? " Même sensation. L'Algérie, comme ma vie, m'a laissé bonheurs, souffrances, frayeurs. Et pourtant, dans le silence de mon bureau, j'ai l'impression, ce soir, que je ne la connais plus et que je n'ai ni droit ni qualité pour en parler. Et si je me taisais tout simplement ? Ah, bien sûr ! Ce serait plus conforme à l'élégance intellectuelle, et l'intelligentsia trouverait cette esquive correcte. Mais, décidément ce soir, je ne suis pas correct !... Je n'ai jamais été correct. Ni intellectuellement correct, ni politiquement correct, ni " algériennement " correct.

J'ai honte de cet affaissement que je ressens pour mon pays. Mon pays... J'ai dit " mon pays "... Chaque fois que j'évoque l'Algérie, c'est vrai, je dis " mon pays ". Est-il donc si loin cet Éden blanc de soleil, parfumé d'eucalyptus et de jasmin, orange et rouge et jaune de ses fruits, ses fleurs... Je ne me rappelle donc que cela ?... D'où vient que se télescopent l'horreur, l'OAS, les crimes, les offenses, la haine, le sang, l'exode ? Tout se mélange. Et pourtant, résiste en moi une petite pousse de refus qui s'entête. Je ne peux pas me contenter d'un constat. Même brouillé.

L'Algérie n'aurait donc plus de visage ? Difficile d'admettre l'adieu et de tirer sa révérence. Musique fade sur fond de " Vous ne me devez rien, je ne vous dois rien ". L'Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l'Algérie. Je dois d'y être né, d'un père d'Aïn-Beida, d'un grand-père et de toute une lignée venue de la basse Casbah. Je dois à l'Algérie d'avoir vécu de soleil, d'avoir été nourri de son amour pudique et braillard, excessif et profond, ensemencé des cris de la rue, où j'ai appris la vie, la lutte, la fraternité...

Et voilà que chaque jour, lorsque j'ouvre un journal, je lis : " Des Algériens ont assassiné lundi quarante Algériens dans le massif de l'Ouarsenis. " Mardi : " Des Algériens ont égorgéà Médéa trente femmes algériennes, dix enfants algériens. " Mercredi : " Des Algériens ont torturé des vieillards algériens, coupés en morceaux des bébés algériens. " Jeudi... J'arrête l'horreur.

Et ces crimes seraient commis au nom de Dieu ?

Je ne crois pas que Dieu veuille ce sang. Le Coran n'a jamais imaginé des scènes aussi déshonorantes, des sacrifices aussi écoeurants. Je ne suis pas musulman. J'en arrive à le regretter car aujourd'hui je pourrais parler plus haut, plus fort. Je suis juif et je dois une gratitude éternelle à l'Algérie d'avoir gardé sur sa terre et dans sa chair, des centaines de milliers de Juifs pendant des siècles et des siècles jusqu'à l'arrivée des Français, qui ont trouvé en envahissant le pays une communauté israélite intacte, heureuse et différente.

C'est cela l'Algérie... C'est cela l'islam : le respect, la tolérance, l'amour...

En dehors des analyses intelligentes et généreuses, il faut agir ! Aujourd'hui. Il y a urgence ! Chaque heure qui passe sonne notre lâcheté. Les chefs religieux de l'islam doivent parler sans craindre de porter l'anathème. Les chefs politiques doivent se déclarer en état de guerre civile car c'est bien de cela qu'il s'agit : il y a en Algérie des hommes et des femmes qui veulent vivre d'une certaine manière et il y a en face d'eux, d'autres hommes et d'autres femmes qui veulent vivre d'une autre manière.

Je forme des voeux pour que le prochain président de la République d'Algérie parvienne à faire vivre ensemble tous les Algériens dans leur patrie, qu'ils ont gagnée dans le courage et la dignité, dans le sang et les larmes, mais où ils ne veulent plus vivre dans les larmes et le sang.

Il ne faut plus que l'Algérie éloigne d'elle, par la terreur qu'elle inspire, ceux qui voudraient lui dire leur amour et leur fidélité. Il faut rendre, de nouveau, l'Algérie fréquentable, en y allant ; prouver que l'Algérie n'est pas un pays de chaos, mais une terre noble qui ne refuse pas la fraternité et appelle le courage partagé.

 



Je viendrai bientôt...

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 ROGER HANIN

Jeudi, 1 Avril, 1999

 

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ROGER HANIN,,

ROGER HANIN

 

SOYEZ SALUES !

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Je vous salue névrosés

Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes

Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes

Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance

Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde, parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde

 

Pour votre peur de l’absurdité de l’existence

Pour votre subtilitéà ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux

Pour votre difficultéà gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu, pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien

Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches, pour votre créativité et votre capacitéà vous extasier

Pour votre inadaptation à« ce qui est » et votre capacité d’adaptation à« ce qui devrait être », pour toutes vos capacités inutilisées

Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous

Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres, parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale; et pour tout ce que vous êtes capable de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous

Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies

Soyez salués !

 

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KAZIMIERZ DABROWSKI

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RUINE TAG 2

 

 

AGNES SCHNELL...Extrait

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Mille fois
tu as perdu ton visage
celui que l'on t'avait imposé,
mille fois
tu as affiché d'autres aridités
plus profondes.

D'autres peurs
d'autres incertitudes
te tenaient lieu de vérité.
Restera-t-il en tes mots
quelque image
qui parlera de ton absence ?

Restera-t-il en tes mots
un peu de l'haleine tiède
qui leur donna des ailes ?

 

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AGNES SCHNELL

 

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GUY DENNING2

Oeuvre Guy Denning

DISCOURS FINAL DU " DICTATEUR " - Charlie Chaplin

LE PAUVRE JOUR

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Et je sais bien qu'un jour

Je ne saurai plus même t'écrire

Comme je le fais encore

Comme je l'ose encore envers et contre tout

 

Car c'est une immense peine chaque fois

D'arracher ces mots au silence

Quand il serait si doux de te parler à l'oreille

 

Et je sais bien qu'au fond

Tu ne me répondras jamais

Puisque tu ne peuxm'entendre

Puisque mes paroles  s'épuisent dans la mer

Et dans l'ignorance de mon nom

 

Puisque mes poèmes

N'atteindront jamais l'île de ton sourire

 

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GUY ALLIX

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" Poèmes pour Robinson "

ou

 

robinson2

 

 

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robinson 3,

Illustrations  Alberto Cuadros

 

 

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