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Channel: EMMILA GITANA
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CROQUIS

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Je cherchais, à l’aurore, une fleur peu connue,
Pâle fille des bois et de secrets ruisseaux,
Des sources de cristal aux murmurantes eaux,
Enchaînèrent mes pas et surprirent ma vue.

Ô fraîche cascatelle ! En légers écheveaux,
Son onde s’effilait, blanche, à la roche nue,
Puis, sous un rayon d’or un moment retenue,
Elle riait au ciel entre ses bruns roseaux !

Et comme j’inclinais quelques tiges mutines,
Sans bruit, l’oreille ouverte aux rumeurs argentines,
Pareilles aux soupirs d’un luth mystérieux,

Soudain, glissant vers moi sur son aile inquiète
À travers les rameaux, doux et penchant sa tête,
Un rossignol vint boire au flot harmonieux.

 

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ALFRED GARNEAU

 

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CLAIRE FELLONI2

Aquarelle Claire Felloni

http://www.aquarelle-bota-clairefelloni.com/tag/jardins%20et%20paysages/5


ARCHIE SHEPP - Alone together

ASTRONOMIE

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Je vais cueillir des étoiles tombées

du ciel, cette nuit.
Elle est accrochée à une
branche d'arbre,
scintille seulement pour moi,
unique fruit lumineux de l'été passé.

Je la dépose dans un flacon afin qu'elle
conserve son éclat, et je la vois s'éteindre,
contre le verre, au fur et à mesure que le jour
se lève, et que le monde s'éveille de la nuit.

On ne peut pas garder une étoile.
Sa place est parmi les constellations
et nuages, où le rêve la protège.

Alors j'ai sorti l'étoile du flacon et je l'ai
recueillie dans le poème, où elle a brilléà nouveau,
au milieu des mots, des vers et des images.

 

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NUNO JUDICE


Traduit du Portugais par Yves Human

et Bétrice Bonneville Human

 

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NUNO

POETE D'AL ANDALOUS

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Berger je suis d'étoiles, comme si j'étais chargé
de faire paître tous les astres fixes et les planètes.
Les étoiles dans la nuit sont le symbole
des feux d'amour allumés dans la brume de mon esprit.
On dirait que je suis le gardien de ce jardin vert sombre du firmament,
dont les hautes herbes sont bordées de narcisses.
Si Ptolémée était en vie, il reconnaîtrait que je suis
le plus savant des hommes qui épient le parcours des astres.

 

 .

 
Pastor soy de estrellas, como si tuviera a mi cargo
apacentar todos los astros fijos y planetas.
Las estrellas en la noche son el símbolo
de los fuegos de amor encendidos en la tiniebla de mi mente.
Parece que soy el guarda de este jardín verde oscuro del firmamento,
cuyas altas yerbas están bordadas de narcisos.
Si Tolomeo viviera, reconocería que soy
el más docto de los hombres en espiar el curso de los astros.

 

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IBN HAZM


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hagemans-maurice

Oeuvre Maurice Hagemans

 

ERRI DE LUCA

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(…)

Ils veulent nous renvoyer, ils demandent où nous étions avant, 
quel endroit nous avons laissé derrière nous.

Je leur montre mon dos, c’est tout le derrière qu’il me reste, 
ils se fâchent, pour eux ce n’est pas une deuxième face.

Nous nous honorons la nuque, là où se précipite l’avenir 
qui n’est pas devant, mais qui arrive par derrière et nous dépasse.

Tu dois rentrer à la maison. Si j’en avais eu une, je serais resté, 
même les assassins ne veulent nous reprendre.

Remettez-nous sur le bateau, chassez-nous en hommes 
Nous ne sommes pas des paquets et toi Nord tu n’es pas digne de toi-même

Notre terre engloutie n’existe plus sous nos pieds, 
notre patrie est une barque, une coquille ouverte.

Vous pouvez repousser, mais pas ramener, 
le départ est une cendre éparse, nous sommes des aller-simple.

Choeur 
Nous sommes les innombrables, nous doublons à chaque case de l’échiquier, 
Nous pavons votre mer de squelettes pour marcher dessus.

(…)

Nous serons vos serfs, les fils que vous ne faites pas, 
nos vies seront vos livres d’aventures.

Nous portons Homère et Dante, l’aveugle et le pèlerin, 
l’odeur que vous n’avez plus, l’égalité que vous avez subordonnée.

Choeur 
D’aussi loin que nous arriveront, à des millions de pas, 
ceux qui vont à pied ne peuvent être arrêtés.

 

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ERRI DE LUCA

 

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SOLEIL2

 

 

 

 

 

 

LÂCHER PRISE

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Nous n'avons qu'une seule vie, qu'une seule pauvre vie et, en partie, nous la perdons dans le leurre, le mensonge d'un travail. Alors, un jour, dans ce jardin, notre vie s'est retirée en silence. Elle est allée rejoindre les solitaires, la solitude. Devons-nous la porter comme un fardeau, nous délivrer d'elle? Ou bien l'abandonner à la faim des serpents, à l'horreur des jours, aux regards assassins des bourreaux? C'est pour rejoindre notre vie que nous écrivons, c'est pour toucher en nous les battements de son cœur que nous écrivons, que nous aimons. C'est dans l'effondrement qu'elle nous soutient, c'est dans la plus haute solitude que no

 

us fêtons ensemble nos retrouvailles. Ailleurs, dans le monde, il y a les mots bien sûr, le flôt des choses courantes, la marée des jalousies, il y a tout ce qui enveloppe les mots et les corps mais la vie n'est pas là et si elle apparaît parfois, si elle nous frôle de ses ailes, c'est pour nous enjoindre à ne jamais renoncer, à ne jamais faillir à la tâche d'aimer, au labeur d'écrire, au bonheur de chanter l'enfance, les livres et l'été sur les livres et sur tous les visages.

 

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JOEL VERNET

 

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werner hornung

Oeuvre Werner Hornung

 

 

COULEURS VOUS ÊTES DES LARMES, Guy Béart...Hommage

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Dors mon enfant c'est déjà l'heure
Ça ne sert à rien que tu pleures
Dans tes yeux couleur d'arc-en-ciel
Il y a des larmes de sel
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Elle est en couleur mon histoire
Il était blanc elle était noire
La foule est grise grise alors
Il y aura peut-être un mort
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Il lui a donné des cerises
Et noire sa main les a prises
Et rouge sa bouche a mordu
Il y a demain un pendu
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Voici des fleurs toutes bien faites
De la rose à la violette
Le bouquet qu'il lui a offert
Etait bleu rouge jaune et vert
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Ils ont couru jusqu'au rivage
Ils riaient de tout leur visage
Ils se sont baignés dans la mer
Il y aura des revolvers

La mer est bleue pour tout le monde
Pour les peaux brunes et les peaux blondes
Quand l'homme s'y baigne en passant
Il y a des gouttes de sang
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Ce sang qui coule jusqu'à terre
Mon enfant ferme tes paupières
Pourvu que tu ne saches rien
Ce sang qui coule c'est le tien
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

Les larmes sont partout pareilles
Sèche tes yeux qui s'ensommeillent
Dors mon enfant ne pleure pas
Tu ne sais pas encore pourquoi
Couleurs vous êtes des larmes
Couleurs vous êtes des pleurs

 

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GUY BEART

 

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CALYPSO

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                                            Tout au long du chemin j'ai aimé
                                                aimé le bruit le rire le chant
                                                 les autres et même les méchants
                                                 envers et tout contre j'ai aimé
                                                 je n'ai pu éviter la souffrance
                                                 la terrible qui casse l'enfance
                                                 celle qui brise l'insouciance
                                                 et assassine l'innocence
                                                 à te faire aimer le silence
                                                 et j'ai encore aimé doucement
                                                 d'un amour pur comme le diamant
                                                 la lune l'arbre l'océan
                                                 l'homme tout en le craignant
                                                 un peu plus la vie à dix ans...
                                                 l'animal tout en le plaignant
                                                 la robe bis tâchée de blanc
                                                 du cheval sauvage galopant
                                                 sur un rivage inexistant
                                                 le noir et le transparent
                                                 d'une étole sous le vent
                                                 la pluie la nuit se mêlant
                                                 le jour et le vert espérant
                                                 le bleu de mes rêves dorés
                                                 l'argent des flêches acérées
                                                 cédant sur un bouclier
                                                 faisant fi de tous les dangers
                                                 j'ai beaucoup aimé
                                                 sans m'aimer.

 

                                                   

 

                                                        CALYPSO

 

                                                    


                                  

Oleg Tchoubakov5,

Oeuvre Oleg Tchoubakov

                                  



TOUJOURS

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Tout est mensonge : aime pourtant,
Aime, rêve et désire encore ;
Présente ton cœur palpitant
À ces blessures qu’il adore.

Tout est vanité : crois toujours,
Aime sans fin, désire et rêve ;
Ne reste jamais sans amours,
Souviens-toi que la vie est brève.

De vertu, d’art, enivre-toi,
Porte haut ton cœur et ta tête ;
Aime la pourpre comme un roi,
Et, n’étant pas Dieu, sois poète !

Aimer, rêver, seul est réel :
Notre vie est l’éclair qui passe,
Flamboie un instant sur le ciel,
Et va se perdre dans l’espace :

Seule la passion qui luit
Illumine au moins de sa flamme
Nos yeux mortels avant la nuit
Éternelle, où disparaît l’âme.

Consume-toi donc : tout flambeau
Jette, en brûlant, de la lumière ;
Brûle ton cœur, songe au tombeau,
Où tu redeviendras poussière.

Près de nous est le trou béant :
Avant de replonger au gouffre,
Fais donc flamboyer ton néant ;
Aime, rêve, désire et souffre !

 

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JEAN LAHOR

 

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ALAIN DENEFLE DIT NIALA,

Oeuvre Alain Denèfle, dit Niala

CHET BAKER - Alone together

MOSTEIRO DOS JERONIMOS ...extraits en français

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 Le regard efface la promenade,
si lointains
le vent frais du fleuve,
l’odeur des toutes petites fleurs
les couleurs passées peu à peu.
Il n’y a rien de tranquille dans toute cette tranquillité.

De tant de risques dûs,
la beauté est fragile en cette fin d’après-midi.

...

Avec le temps, la couleur
change
et reste à définir; on cherche ses secrets,
ses règles, ses mesures, ses retards,
parfois ses échecs.
Les yeux incertains et le regard,
le passage des glacis, des noms,
des lointains. Reste la tension du regard, la fragilité
de la pensée dans le vif désir du réel,
dans le risque même
d’inventer, avec des visions, les réponses.

...

La couleur ne s’inquiète pas du regard;
elle est enfermée et présente
dans son retrait, dans son espace de silence,
dans sa source secrète d’air.
Et le regard reste présent
glissant à la surface de la couleur,
dans l’inconnu
d’un frôlement, dans l’abîme lisse
de murs insaisissables.

...

Avec le temps, la couleur
peut être l’évidence
où repose le rien ou terre
alluviale, oubli
de l’origine. Et les yeux de la couleur
sont toujours incertains, peut-être
est-il impossible de voir
si ce sont les mêmes yeux, ou le travail
de l’affouillement, de l’abandon, de l’eau
somnambule de l’image, avec le temps.

...

La branche sous le regard,
nue, comme dans l’arbre,
le vent la fait osciller
de haut en bas avec le vent,
elle cingle avec le vent, mystérieuse
vue du sous –sol,
au bas de l’escalier.

...

Les matins de peu de lumière
la branche, sans contraste, reste
comme l’ombre, là en bas,
nous obligeant à lever les yeux,
à chercher en quelque lieu caché
l’éclat de la couleur.

 

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MIGUEL CASADO

Traduction de Jean Gabriel Cosculluela

 

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Peter Wileman2

Oeuvre Peter Wileman

 

MOSTEIRO DOS JERONIMOS ...Extractos en español

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La mirada apaga el paseo,
tan distantes
el viento fresco del río,
el olor de las flores diminutas,
una por una desvaídas.
No hay nada quieto entre tanta quietud.

Deudora de tantas apuestas
la belleza es frágil en este atardecer.

...

A través de los años, el color
de manera cambiante
se define; se buscan sus misterios
y leyes, sus medidas, sus demoras
y en parte sus fracasos.
Variables son los ojos que lo miran,
las gradación de veladuras, nombres,
distancias. Tensa es la actitud, es frágil
el juicio del que ansía lo real,
de quien se atreve incluso
a inventar, como en sueños, las respuestas.

...

No se inquieta el color con la mirada;
permanece encerrado y manifiesto
en su retiro, en su despliegue mudo,
en su latencia de burbuja igual.
Y la mirada permanece fija
sobre su superficie resbalando,
sin el conocimiento
de la caricia, en un abismo liso
de inasibles paredes.

...

A través de los años, el color
puede ser la fijeza
que es sostén de la nada, o territorio
aluvial, desmemoria
de origen. Y los ojos que lo miran
siguen siendo variables, o quizá
no es posible saber
si son los mismos ojos, o un proceso
de erosiones, de arrastres, de sonámbulas
aguas de espejo, a través de los años.

...

La rama en el ojo,
como en el árbol, desnuda,
que el viento bambolea.
Sube y baja con el viento,
azota, misteriosamente
se la ve desde un sótano,
al pie de una escalera.

...

En las mañanas de poca luz
la rama, sin contraste, queda
como sombra, ahí abajo,
obligando a levantar los ojos,
buscar en alguna parte negada
la nitidez del color.

 

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MIGUEL CASADO

 

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GARCIA FONS PIERRE,

Oeuvre Pierre Garcia Fons

CONCIERTO DE ARANJUEZ

BELLES SAISONS OBSCURES

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Nous n'oublions rien des moissons lourdes

Des plaines brûlées du long désir

Noué aux vignes des sarments rouges

De la chair des pollens de lumière

Autour des épaules des visages

Tendus vers une crête invisible

Nous sommes la mémoire du vent

Qui s'épuise au chevet de l'hiver

Quand vous ne songez plus qu'au silence

Où disparaissent même les noms

Des plus aimés de leurs plus beaux songes

Même cette paume sur la nuque

A la croisée des routes les peurs

Et leurs aveux débordant les ombres.

 

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GERARD BOCHOLIER

 

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Fatima El Hajj2,

Oeuvre Fatima el Hajj

DE L'ALCHIMIE DE SOI

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Ne sommes-nous pas les alchimistes malhabiles d'un destin que nous revendiquons pour le mieux avilir? A chaque heure du jour et de la nuit, j'ai le sentiment que nous sommes làà fabriquer, sans le savoir, l'or de nos infortunes et le plomb de nos amères félicités. Sorciers de nos propres sottises, nous agissons avec une telle incurie, une telle ignorance, qu'une incertaine magie opérationnelle se déroule à notre insu, brassant un embrouillamini d'éléments qui se contrecarrent, vent de bricole et s'ouvrent à contresens.

La LUCIDITE puise si ordinairement ses lumières à la source noire, dont notre enfance a été indûment abreuvée, que la plupart des alchimistes d'eux-même, inconscient des enjeux, sacrifient au processus d'involution et opèrent moins dans le sens d'une renaissance possible que d'un déclin inéluctable.

Je ne veux pas briller de ce que je ne suis pas, je veux seulement la lumière de ce que je désire et de ce que je veux être.

S'humaniser, devenir soi,c'est mettre l'éxubérance de la vie au service de l'harmonisation des désirs. N'est-ce pas le sens d'expressions telles que "chevaucher le tigre" ou "monter le dragon"? Ces forces si aisément dévastatrices, sous l'effet de la rage impuissante et de l'autodestruction à laquelle les induit leur prolifération sauvage, condensent une énergie qui déplace les montagnes , creuse un défilé ou simplement révèle un passage qui me permet d'accéder à ce que j'ai de plus vrai en moi, car j'ai conscience de ma richesse et la volonté d'y atteindre.

L'alchimie est le processus d'évolution qui nous conduit de la "vie sauvage" et désordonnée à la vérité qui est en nous. Elle est la semence qui aspire à fructifier.

Le dragon, qui est le souffle vital, est condamnéà cracher le feu de la destruction. La poésie n'a pas d'autre but que de le rendre à ses trésors et de l'amadouer afin que nous en révélant l'immensité, il nous accorde la grâce d'y puiser en les accroissant sans relâche.

Il faut tout recommencer, apprendre que poétiser, c'est transformer la réalité confuse-celle où notre existence est cantonnée- en une réalité où le désir se diffuse.

La vie se propage par correspondances non par argumentation. Elle est un réseau de communication, une "religio", au sens où rien ne la sépare d'elle-même et où elle relie...les êtres.

La conscience d'une vie sans limite émane du corps, elle en est la quintessence, elle préside au processus de transmutation qui entend recréer le monde au gré des désirs qu'affine patiemment l'athanor somatique.

Ainsi, la conscience est, analogiquement, la femme par excellence. Celui qui la pénètre en est pénétré. Telle est , en l'exercice quotidien qui la devrait manifester, la grande puissance de Vie.

 

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RAOUL VANEIGEM

"Le Chevalier, la Dame, Le Diable et la mort "

 

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paul w ruiz

Oeuvre Paul W. Ruiz

 

 


DEVIENS CE QUE TU ES

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 Toi qui ne sais pas encore lire le grand livre du passé et demain auras à te reconnaître dans le miroir de l'avenir, il est prévu qu'un jour tu jaillisses des profondeurs de la Vie.

Comme ton intervention sera comprise entre le déterminisme et le libre-arbitre, avec le temps tu apprendras à découvrir les étoiles de la nuit, les soirs d'orage, les douces pluies, les vents légers qui transportent des parfums de voyages et les soleils couchants qui te tiendront compagnie.

Plus tard, tu apprendras à te connaître, à reconnaître que tu ressembles un peu aux autres, beaucoup à un autre, et à donc devenir ce que tu es.

Alors, sans plus attendre, dès ton premier cri, cisèle ton histoire, invente ton secret, minute ta légende et n'abandonne pas tes songes.

Dompte tes énergies, étreins le naturel, tente l'impossible mais ne taris pas la source.

Donne de la Vie à chaque instant de ta vie. Donne à la Vie, l'amour.

 Donne à l'Amour, l'ivresse et ne donne à la mort et au morbide que le superflu.

Et puis chante! Chante pour le jour nouveau qui se lève. Chante pour la nature dont tu demeures l'élève. Chante encore et toujours jusqu'à ce que tu deviennes l'effet de la cause que tu ne cesseras d'être, et qui n'est rien d'autre que l'écho logique de l'Amour.

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GERARD OLIVIER

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ENFANT ANNE GEDDES,

Photographie Anne Geddes

LEÏLA ZHOUR

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La solitude est comme du chocolat. Amère et douce à la fois, elle a l'âpreté de notre condition, tout comme la cocotte de pâques garde trace de la dureté du cacao brut.

Etre seul, c'est parfois être confrontéà un insoutenable isolement. Enfermé dans la ronde des pensées, on se heurte aux barreaux du silence, et même un cri dans les montagnes n'est encore que de la solitude. Confiné dans le secret de l'esprit, les sentiments entrent en guerre avec les mots. Plus on parle, plus on rencontre de monde, plus on mesure combien hermétique est la sphère de cette vie-là, dedans. On a beau en livrer des bribes, laisser fuiter quelques scandales, pousser ça et là un soupir, un éclat, ce qu'on rencontre n'est que de l'inconnu, des masques sur d'autres solitudes.
Parfois aussi, être seul est agréable. C'est une ganache vive et poivrée qui explose de saveur quand on la croque. Le silence alors n'est plus l'ennemi, les pensées s'organisent autour d'un flux de paix. Cette solitude-là est créative. On y puise le meilleur de soi, on y trouve de l'esprit, les mots aident les idées et l’esprit range les mots dans un ordre qui avance. Cette solitude là est l'âme du confiseur en nous et s'y plonger, c'est être soi, être chez soi.

Solitude est l'autre nom de la longue randonnée entre ces deux extrêmes. Jamais on n'en perd vraiment le sentier, jamais on ne s'en écarte tout à fait. Jamais on n'est pas seul. La solitude est un compagnon sur l'épaule, le leprechaun capricieux qui a fait de nos âmes sa caverne. Quand on l'oublie, qu’on avance serein, on perd conscience de sa réalité. On se tient dans un entre-deux anesthésiant. On en oublie même son fredonnement persistant, à l'arrière plan de tous nos projets. 
On se mélange, on rencontre, on échange, et soudain c'est comme si les solitudes qu'on avait traversées n'étaient que souvenirs. Une réminiscence nous vient de temps à autre, mais on est si confiant… si naïf. On croit pouvoir se maintenir ainsi au sommet de la vague, dans le confort d'une glisse tranquille, où seules quelques éclaboussures bienvenues viendraient nous rafraîchir dans l'enthousiasme des partages.

Il y a des solitaires par choix, des solitaires par hasard, des solitaires contraints. Il y a des gens expressément sociables qui semblent n'avoir jamais fait le détour vers les terres de la solitude. Tout cela est un leurre, sans doute. Tous nous sommes seuls, et nous aménageons cela à notre manière, certains avec de l'opulence, d'autres avec une sorte de culture du vide. Quel que soit l’habillage qu'on ait choisi cependant, on peut partager véritablement quelque chose : ce destin imposéà nos âmes, cette nature. Humains, conscients, nous n'en sommes pas moins seuls d'un bout à l'autre de nos vies. Les innombrables rencontres qui nous enthousiasment et nous occupent tant nous sont alors essentielles en ce qu'elles sont la précieuse barre qui nous équilibre sur le fil. Mais elles n'effacent ni le vide en dessous, ni la folie de la chute, ni l'euphorie du vertige parfois vaincu. 

 

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LEILA ZHOUR

 

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eddie o'brian,

Photographie Eddie O'Brian

 

 

LE BLEU DE L'ECRIT

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Tant de Bleu dans les mots du poète   

Tissé enlacé en lacis caressants, le Bleu s'étire et s'affirme   
Oh mon Bleu ! L'intransigeance à ma porte   
Ouverte sur la béance de l'azur   

Bleu, teinte pure sur nos horizons   
Bleu, teinte obscure en lisière des ténèbres   
Bleu, fleuve d'encre au long des berges d'une âme...fleur bleue   
Bleue cette mémoire vive enchâssée en cartouche sur de l'ébonite   
Bleus mes cahiers d'enfance   
Bleues les prairies vertes de la mer frémissante   
Bleus certains yeux...chut !   
Bleues aussi ces traces de peine sur l'épiderme de mon coeur   

Bleue la vitre profonde des cathédrales   
Bleu l'espoir irridescent de Giotto   
Bleue cette ligne chrétienne de fuite   
À la rencontre du rêve vert d'un Orient voué aux déserts   

Bleu le drap rêche du touareg sans retour   
Bleues les mosquées d'Ispahan sous des souillures de terreur   
Bleu le tapis de la nuit au septentrion   
Bleue la vague absolue du grand japonais   
Bleus tous ces espoirs de peuples décousus   
Bleue l'oeuvre entière de l'homme à son ouvrage   

Tant de Bleu, oui, tant de Bleu dans la création   
Outremer, indigo, roi   
Pétrole, presque gris, turquoise, presque vert   
Cyan, presque pur   

Bleu Bleu Bleu, promesse de mots dans la métaphore de demain   
Bleu épris entre blanc et noir   
Presque blême avant que la nuit ne l'emporte   
Bleu enfoui là, dans un silence aux couleurs de geyser   
Bleue cette Terre ignorante aux confins de l'espace   
Bleue, isolée, si ronde sous ses écharpes blanches, agrippée au néant   

Bleu mon amour comme un rêve de jeune fille   
Bleues mes caresses sur ta peau de ténèbres   
Bleus mes baisers sur tes lèvres de myrtes   
Bleu mon désir entre tes mains de nuit   
Ce bleu, encore un peu, encore une fois   
Ce bleu, il n'y en a plus   

Oh, le bleu de l'oubli   
Bleu phocéen, effacement maritime   
Bleue, avec des petites bulles, mon âme dissoute dans les abysses   
Bleu ce tremblement souterrain où je ne suis plus rien   

Tout ce bleu qui demeure, indifférent filigrane   
Tout ce bleu dans l'écrit, écrin de nos vies .

 

 .

 

LEÏLA ZHOUR

 

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bleu,

 

 

 

 

FEMMES

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  Au pied de montagnes austères fécondes en fleuves jaunes et pourpres,  

A l'orée des déserts immortels aux lumières magiques,  
Il est des lieux où nous ne pouvons être.  
Et nous y sommes par milliers ! Mais invisibles et séquestrées,  
Scellées sous la garde de portes en bois ornementés,  
Remisées sous des treilles enluminées d'inviolables verrous.  

Et dans les rues et sur les routes nous y sommes aussi,  
Suant la peine et le silence sous le tissu sans grâce  
Qui arrête le vent et l'air en amont de nos corps pâles.  
Nous sommes, oui ! Présentes et inavouées en ces lieux d'hommes  
Et les larmes de nos mères ont creusé des lits  
Où coulent, amères, les hontes et les peurs de nos âmes sans visages.  

Qui voit ? Qui sait notre existence en deçà des regards qui nous fuient ?  
Qui entend le glissement des perles de sang qui nous enchaînent ?  
Nul ne pénètre dans les geôles de nos vies.  
Et tous, guetteurs iniques de nos vertus et de nos vices,   
Se meuvent au rythme du désir de nous tenir sous eux,  
Tous sombrent en des folies stériles à rêver en vain du don de notre altérité  
Quand ils dépècent nos coeurs et nos chairs   
Dans l'étau de leur puissance.  

Couvrez de cendre la chevelure secrète de boucles rebelles !  
Brisez la vague libre d'une main levée dans l'aube claire !  
Aucun espace ne s'ouvrira sous la poussée sanglante de nos souffrances !  
Nos filles naîtront dans la misère de notre souffle enchaîné,  
Elles maudiront nos ventres déjà honnis  
Comme nous avons crié (mais au coeur de quel silence !)  
Quand nous avons appris quels voiles de plomb allaient sceller nos vies.  

Nos bouches resteront muettes sous nos mains en coupe  
Quand nous goûterons aux fruits brûlants des rêves libres !  
Nos yeux seront de pierre sous les aubes sinistres  
Quand l'ivresse de l'espoir ébranlera nos marches !  
Mais où ? Mais quand poserons-nous la laine poisse qui nous brise ?  
Et nos corps nus et magnifiques,  
Qui saura lire en leur mémoire ardente le malheur ?  

Au feu, nos loques puantes verrouillées sur nos galbes d'amour !  
Au feu les marqueteries tyranniques qui ferment nos maisons !  
Que les fleuves en crue lavent nos villes  
De la flétrissure séculaire qui attache nos pas !  
Que des laves impétueuses passent leurs langues irradiées  
Sur la souillure concupiscente du regard de nos geôliers !  

Alors nous renaîtrons dans le crépuscule d'un jour juste  
Et une nuit limpide lavera nos visages clairs.  
Nous boirons les sources glacées qui sourdent des lendemains apaisés;  
Sur nos coeurs fleuriront les pétales de la liberté;  
Chantez femmes et filles des terres bannies !  
Nous porterons au loin le fardeau de nos peines opaques !  
Nous meurtrirons nos lèvres aux baisers des corps ressuscités  
Et de nos seins couleront des laits au parfum de cannelle.

 

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LEÏLA ZHOUR

30.09.1999

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augustin-ferrando-femmes-d-algerie-voilees

Oeuvre Augustin Ferrando

TOURS DE SILENCE...Extraits

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La multiple réalité s’efface
dans l’air vide.
Tout égare son nom
dans l’unité secrète,
et l’essence de chaque chose
se recharge
à l’abri lucide des ombres.

...

Nous serons de retour chaque fois
jusqu’à tarir l’être que nous sommes
afin que, de pure vie,
nous puissions gagner le sens
de nos naissances répétées.
...

Les vastes terrasses
de la maison qui ne fut jamais bâtie ;
les vignes ocres qui ne furent pas plantées ;
le temps antérieur au premier instant ;
les villes non fondées ;
le contre-rêve, l’envers de la réalité ;
ce qui n’est pas objet d’oubli ou de nostalgie ;
ce qui n’existe pas ni n’a existé
en heures ni en géographie.

De tout ça se nourrit et meurt,
c’est là que repose,
et œuvre cette façon d’être que nous sommes :
une simple possibilité
face à des renoncements infinis.

 

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ANGEL BONOMINI

 

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Oeuvre Werner Hornung

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