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Channel: EMMILA GITANA
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BERCEUSE POUR MA BIEN-AIMEE

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Viens dormir, ma douce colombe,
Ma bien-aimée!
Viens voyager,
Toi, mon amour si éreinté !

Je caresserai tes rêves de paix,
Tes cheveux qui racontent
Tant d’années de luttes, tant de veillées !

Laisse ton souffle, qui se libère, me réchauffer
De toutes ses lunes, de tous ses soleils !
Il couvrait tous leurs réveils, tous leurs sommeils,
De baisers, quand ils étaient,
Au milieu de la nuit, si effrayés,
Quand ils se réfugiaient, petits anges,
Dans le nid de tes insomnies, mon ange!

Ta radieuse patience, qui toujours rit,
Leur cachait tes peines et tes soucis.

Viens donc dormir, ma douce colombe,
Ma bien-aimée!

Je bercerai, toutes les nuits,
Ton corps qui a toujours bercé
Tant de vagues d’espoirs portés
Par les ailes de nouveaux fruits,
Ton corps qui cherche, aujourd'hui,
Un doux rivage où se reposer,
Pour se recomposer,
Après les fatigues de tant d'années!

Viens donc dormir, ma douce colombe,
Mon adorée!

Je te bercerai, jusqu’au sourire serein de ton arrivée
Au plus profond de mon cœur qui, jamais, n’a cessé de t’aimer !

 

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MOKHTAR EL AMRAOUI

 

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Jamil Naqsh41

Oeuvre Jamil Naqsh

 

 


ALPHABET...Extrait

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(…)
pense comme
pense un oiseau qui construit son nid,
pense comme un nuage, comme
les racines du bouleau nain
.
pense comme pense une feuille
sur un arbre, comme pensent la lumière et l’ombre
comme pense l’écorce luisante,
comme pensent les nymphes derrière
l’écorce, comme pense le lichen
sur un peu de bois pourri,
comme pense la clandestine écailleuse,
comme pense la clairière
brumeuse, comme pensent les marais
quand la montée de l’arc-en-ciel
se reflète, pense comme pensent
un peu de bourbe, quelques gouttes
de pluie, pense comme un miroir
.
si vital ; regarde le tourbillon
de la tempête de sable
sur son trône de néant ;
regarde ô combien banalement,
enfermée dans le moindre
petit grain de sable une subtile
vie fossilisée se repose
après le voyage ; regarde comment,
calmement, elle porte la
nuée de commencements de
la première mer ; regarde
un signe si simple
dans lequel, tel un être,
.
la vérité se reflète ;
mais regarde
combien c’est vrai, gracieux ; laisse
les choses, ajoute
les mots, mais laisse
les choses ; regarde
la facilité avec laquelle
elles trouvent d’elles-mêmes un abri
derrière une pierre ; regarde
la facilité avec laquelle
elles se glissent dans
ton oreille et chuchotent
à la mort de s’en aller
.
.
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INGER CRISTENSEN
.
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Monserrat Gudiol3,

Oeuvre Montserrat Gudiol

MARC VIDABREVE - TARENTINA FLAMENCO

PATRICK ASPE

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Trouver l'âme des pierres
À la source des galets
Jongler la terre en ligne de sel
Danse de l'ultime tribu
À la flèche décrochée
D'une forêt de larmes de plumes de serpents etoiles
Amazone fleurs flammes et fleuve
Pour le soleil des illusions
Sarbacane dans l'attente
Des nuages
Là bas dans le grand lointain du monde qui s'effiloche
Tremblements des ors terreurs
Au sang d'un conquistador fou
Âme des pierres et des sueurs
Âme soeur

 

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PATRICK ASPE

 

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ilede paques

 

 

 

 

MARC VIDABREVE

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Aux cœurs légers et aux cœurs lourds

Souhaitons l'osmose

Le contrepoids de la rencontre

Le soin des ecchymoses

La réversibilité des anges

Et l'intensité des songes...

 

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MARC VIDABREVE

 

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Brooke Shaden Photography14,

Brooke Shaden Photography

AGNES SCHNELL...Extrait

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Faut-il qu’il soit riche le limon
d’où en naissances multiples
s’échappent nos rêves.

Faut-il qu’elle soit fragile l’absence
quand tout se réduit
à un bout de terre qui s’éloigne

et plus fragile sans doute -
mais vigilant
dans le confus des rumeurs -
le geste
pour atteindre le silence.

 

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AGNES SCHNELL

 

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Brooke Shaden Photography4,

Brooke Shaden Photography

 

VERS LE ROYAUME DE LA PAIX

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je conte le corps exilé et les racines migrantes
la boussole égarée dans les décombres de l'errance
le souffle amasse les peurs moisies des jours pétulants

la fréquence du pas atteint l'âge des ténèbres
brusquement l'homme dévore la chair vive de la prairie
il disparaît sur son dos l'amphore sertie de sécheresse

son crâne évadé subit l'avalanche des mémoires
il porte les séquelles de sa terre et boit son calice
ne sait plus lire le paysage étourdi par la gerçure des dunes

il flanche à l'épreuve de l'arène à la croisée des vents
marche contre le smalt la nuit sur l'humus du périple
pour atteindre la statue de la miséricorde qui remue son éclat

sous la lumière qui l'a secouru il se désaltère de sueurs nomades
se nourrit des ocres qui s'offrent en renfort à la marche des sables
il dépose sa complainte sur la pierre de la contrée méconnue

à l'aurore sa lyre le secoue dans son songe
il se réveille enchanté par la clarté de l’idylle
s'empare du chant thaumaturge du jour naissant

il entame alors la voie du sirocco dans l'axe du soleil
et brave la dompteuse des déserts qui s'empare de lui en dévotion
lui offre l'expression de l'inaccessible firmament

de ce pas il pénètre dans le royaume de la paix

 

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KAMEL YAHIAOUI

 

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desert

 

 

PONTE-NOVU CORSICA 8 MAI 1769 - PONT-NEUF PARIS 17 OCTOBRE 1961

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La bataille de Ponte-Novu, qui eut lieu du 8 au 9 mai 1769, est le point final des affrontements entre les troupes de Pascal Paoli — composées de Corses et de mercenaires allemands — et les armées du roi de France Louis XV, aidées de soldats corses du parti français. Ouvrant aux grenadiers français la route de Corte, capitale de la nation corse, cette bataille marque la fin de la seconde et dernière phase de la guerre de Corse. Afin d'en finir avec le gouvernement rebelle de Corse de Pascal Paoli, le commandement français décide de se porter sur Corte en passant par le passage du Golo à Ponte-Novu...Assaillis de tous côté, les Corses tentent alors de repasser sur l'autre rive, mais dans le désordre mêléà la confusion dans le commandement, les troupes en retraites de Pietro Colle se font tirer dessus par les mercenaires prussiens chargés de défendre le pont.
Assaillis d'un côté par les Français et empêchées de l'autre de passer le pont, les troupes corses sont laminées.

Voltaire, écrit, admiratif, à l'occasion de ce combat :

« L'arme principale des Corses était leur courage. Ce courage fut si grand que dans un de ces combats, vers une rivière nommée Golo, ils se firent un rempart de leurs morts pour avoir le temps de recharger derrière eux avant de faire une retraite nécessaire ; leurs blessés se mêlèrent parmi les morts pour affermir le rempart. On trouve partout de la valeur, mais on ne voit de telles actions que chez les peuples libres. »

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Le 17 octobre 1961 a d'abord été oublié au même titre tous les crimes de la Guerre d'Algérie

 Au matin du mardi 17 octobre, la police sait qu'une manifestation de masse se prépare ; des cars de police quadrillent la ville, des policiers cernent les bouches de métro aux portes de Paris, prêts à arrêter les manifestants. Aux portes de Paris, à la sortie des métros Étoile, Opéra, dans les couloirs de la station Concorde, sur les Grands Boulevards, les manifestants seront systématiquement matraqués, à coups de crosse, de gourdin, de bâton, souvent jusqu'à ce qu'ils s'effondrent.Les policiers frappent au visage, au ventre, des manifestants qui ne font montre à aucun moment d'aucune violence ni d'aucune résistance. Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d'Argenteuil et en d'autres lieux, les policiers tirent sur les manifestants. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, des hommes sont précipités à la Seine. En plein Paris et pendant plusieurs heures se déroule une véritable chasse au faciès, à laquelle la population parisienne assiste et collabore même parfois. Le préfet de police M. Papon suit toutes les opérations et se rend lui-même à l'Etoile, pour constater leur " bon déroulement ". Plus de dix mille Algériens sont interpellés. Ils sont internés au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d'Identification de Vincennes, pendant près de quatre jours. Quatre jours pendant lesquels les violences continuent. A leur arrivée, les manifestants sont systématiquement battus. Dans l'enceinte des lieux d'internement, on assiste à des exécutions et nombreux sont ceux qui meurent de blessures non soignées. Au lendemain de la manifestation, le bilan officiel est de deux morts algériens. Il fait état de " tirs échangés " entre la police et les manifestants. Malgré les efforts de quelques parlementaires, le gouvernement empêche la création d'une commission d'enquête. Aucune des plaintes déposées n'aboutira. S'il n'est pas possible de déterminer exactement combien d'Algériens furent tués le 17 octobre 1961 et les jours qui suivirent, il reste que le chiffre de plusieurs centaines de morts, avancé par J-L. Einaudi dans son livre La Bataille de Parisà partir de l'étude de registres de cimetières, de témoignages et de documents internes du F.L.N., est le plus vraisemblable.

 

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 Pont Neuf……..Paris.
Ponte Novu…….....Corsica.
Quand les flots coulent, s’écoulent et roulent et portent témoignage.
Seine…
Toi…fleuve des rencontres aux rives giboyeuses.
Toi…fleuve des méandres, qui hésite et qui flâne et musarde au hasard des jours, des saisons et des temps et des amours cachés et des prairies complices,
Toi…fleuve des échanges de marchandises et d’hommes,
Toi…fleuve porteur de Drakkars, de péniches et chalands,
Toi…fleuve des crues, hautes, immenses, larges et calmes et nourricières aussi.
Toi…fleuve caressant et berçant des châteaux, de feux et de lumières.
Toi…Fleuve de culture, de peuples de légendes et de héros vainqueurs et d’armures fêlées,
Toi…fleuve de Paris et de ses barricades enjambées par des Gavroches fous...
Fous d’espoirs insensées et de rêves aussi fous…
Raconte-nous l’histoire.
Entrouvre un peu tes flots, juste légèrement.
Entrouvre ce tombeau de martyrs aux mains nues qui voguent entre deux eaux.
Raconte-nous tes ponts de sinistre mémoire de cette nuit d’automne.
Ta vague coulait glauque, couleur épouvantable d’une Algérie en deuil…
Raconte-nous octobre…à Paris, à l’heure grise.
Golu
Toi…fleuve des tempêtes faites d’écumes blanches,
Toi…fleuve impétueux chantant les transhumances,
Toi…fleuve sans méandres aux rives sans châteaux,
Toi…fleuve légendaire tant pavé de légendes, de feux et des lumières
Toi…fleuve déchainé aux rive de granit,
Toi…fleuve qui finit ta course en caressant les schistes aux senteurs de maquis,
Toi…fleuve qui toujours lave et désaltère le rebelle/maquisard au courage inouï gavé d’insoumission et de justes révoltes.
Raconte
Ce jour là, néfaste, nous étions au printemps…un jour de transhumance.
Raconte
Sous le pont, tu emportais les corps et, acqua in bocca, tu étouffais des cris.
Tu étais en colère
La neige fondait rouge et levait de l’écume couleur de premier Mai.
Nous étions un 8 Mai. Malgré tant de vaillance l’espoir était en deuil, la Corse était vaincue…
Au gré des flots rageurs, tu portais des rêves en drapeaux, ceints d’un drapeau de rêve.,
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Golu….Seine
Qu’ils soient grands ou petits les fleuves se ressemblent,
Ils caressent des ponts et bien des passerelles qui mènent l’un vers l’autre.
Seine….Golu,
La liberté a ses martyrs partout.
Golu….Seine
La liberté a des frères partout.
Golu….Seine,
Soyez fiers,
Par-dessus les bourreaux de nos martyrs noyés,
Vous charriez l’espoir, vous charriez la vie.

 

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GHJISEPPU MAESTRACCI

 

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ponte novu

Ponte-Novu

 

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17-octobre-61

Pont-Neuf Paris 17 Octobre 1961

 

 

 

 

 


L'ART D'ECRIRE

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Tu exprimes le manque, l’incertitude, l’abandon peut-être
Le gouffre où tu te débats
Tu affectionnes un style et cherches le ton qui te ferait exister
tu es là dans l’immensité, le bleu et la voix
la voix se heurte au bleu
et l’horizon renvoie un écho
ne cherche pas l’écho
l’écho est l’exil du même
rapproche-toi de la sérénité,
les puissants battants du songe
ailes ouvertes répétant à l’infini
le geste heureux d’aller vers l’autre
et tu découvres la précarité de l’être,
ou le refus
ou le silence
ou la mort

Tu crées en court-circuit, tu précipites le mouvement
Certains font cela en apprentis sorciers !

Obstines-toi à la vérité, obstines-toi à naître même si la mort menace
Elle continue à frapper à la porte la faucheuse inconnue
Elle ne sait rien, face vide, et pourtant elle oblige, elle exige que tu lui prêtes voix,
Prête-lui ta voix de sagesse, puisque c’est ainsi que tu seras exemplaire
Laisse derrière toi la fadeur quotidienne qui encombre les jours
Te voilà prête-nom, prête-voix à cette autre qui te précède.
N’attends pas d’elle les confidences, les dires rapportés et les médisances
N’attends pas d’elle un dialogue, elle s’en tiendra à distance
N’attends pas d’elle un miracle, la diffraction du je/nous dans l’arc en ciel des différences
Accorde lui comme à tous l’hospitalitéà l’étrangère
Elle te saura gré de l’alliance, de la reconnaissance
et pour te souhaiter la bienvenue, elle aménagera sa demeure.
Écris-lui, écris-la.
Voilà une parole qui défie!
Apprivoise-la !
Transcende-la en existence commune, en souffle, en temps
Accueille-la à ce seuil où son regard scrute l’horizon
Habite son appel et résonne en ses psaumes
Relis le monde et célèbre la vie
Va à l’initiale des recommencements et sois l’hôte passager de l’écriture.

 

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NICOLE BARRIERE

Le 18/10/2015

 

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Jamil Naqsh4,

Oeuvre Jamil Naqsh

 

 

 

NADAKA RAGA GUITAR

UN SI LONG PARCOURS...Extrait

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Merci Colette, merci Thami, de nous offrir une si belle page par vos deux arts réunis

.

 

Et nous voici

encore une fois,

jetés dans les vendanges et bousculés d'azur,

célébrant la beauté du monde

 

Nous voici menacés

dissous, désarmés,

ivres de soleils imparfaits

 

Îles folles de la nuit,

Îles éclatées

Nous scintillons dans nos défaites

de toute l'insolence de vivre

 

Quelles sources en marche

Quel acharnement ?

Mains nues,

abandonnées aux drames, aux blessures,

aux caresses,

j'aime la vie jusqu'au désespoir

 

Terre insensée,

nous t'invoquons, royale

 

Et nous voici dans ta poussière,

investis, effrités,

clamant encore la joie d'être mortels.

 

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COLETTE GIBELIN

 

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thami6,

Photographie Thami Benkirane

 

 

 

BERNARD PERROY...Extrait

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Et si nous allions
par-delà les apparences
rejoindre la voix qui se tait
tout au fond de chacun,

là où s'étreignent
au fil des ans
tous nos espoirs d'enfant
et nos désirs les plus fous

venus défier la mort
et mûrir d'eau vive quand l'horloge du cœur
se métamorphose en joie
dans l'écoulement du temps

qui nous captive
comme le bruit fragile
du goutte à goutte d'une fontaine
parmi les bruits dispersés de la ville…

 

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BERNARD PERROY

 

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corse

 

 

VIVRE A LA HACHE XCVI

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En dernier lieu
en dernière instance
quand les bouchers rigolards
égorgent à 100 contre un
et foutent le tout
à la broyeuse
une vieille,
très vieille histoire de visages
et de crânes
refait surface
Une histoire brève
et même un tantinet brutale
dont la concision
donne vraiment
pour une fois
À RÊVER

Au hachoir industriel
à l’abattoir consacré
du loup parmi les hommes,
à une certaine profondeur
plus basse que les nécropoles putains
un morceau dur enraye les tranchoirs
Subitement, ça ne passe plus
Il y a "un os" comme on dit
Mais on a beau vider
purger, tamiser,
l’hélice aiguisée
les lames en rut
moulinent dans le vide
et se détraquent

Si l’on pouvait regarder
à la loupe ce cosmos d’horreur éternelle
on verrait là un détachement de figures
éjectées d’une quinte d’abîme
Fantômes d’un soleil insupportable
missionnés par une tempête
non de justice
mais de trou noir
rassemblant son œil,
quelques transparents
à la manœuvre
comme malgré eux
ne sachant plus même
où tourner où calmer
leur crâne de désastre
rasant d’un regard
cette pâture d’enfer
recalée des bouillons
les plus noires

Ce quatuor,
peut-être ce quintette
de pauvres élus
leur modèle de spectre
avaient bien des yeux
au commencement
des patrouilles damnées
mais l’enfer lui-même
pris à la gorge, subjugué
et pour tout dire, révolté
par une abjection rebelle
à tout châtiment
a cru bon hisser à l’endroit
des yeux séparés
la meurtrière flambante
des cœurs parfaitement crevés
Plus de regard donc mais
un perpétuel lance-flammes cyclopéen
un rayon d’apocalypse
sectionnéà sa base

C’est la dernière heure
pour ceux qui croyaient
fuir en enfer
comme d’autres
au Paraguay

 

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NICOLAS ROZIER

 

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NICOLAS ROZIER 33,

Oeuvre Nicolas Rozier

http://roziernicolas.blogspot.fr/

 

 

 

UN TEMPS POUR AIMER

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Avec une conjonction de coordination
je te réjouis
te punis
t'engloutis
Avec un verbe au futur antérieur
je te retourne le coeur
du côté du bonheur
Avec un rossignol andalou
je t'enivre
d'un chant mystique
saturé d'étoiles
Avec quelques adjectifs
je te charme
je t'embrasse
je t'allume
Avec une métaphore
je nous transforme
au présent de l'indicatif.

 

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ANDRE CHENET

In "L'éclosion du feu"

 

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ANDRE2

 

 

POEME A MA GRAND-MERE TASSADIT

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Visage endormi sur un siècle de fractures
gravé dans ma mémoire en éveil
me voilà dans les affres mon cœur a atteint son paroxysme

une voix gorgée d'amour s'est tue
quand ma main a caressé l'ancêtre au féminin
le courage s'est évanoui et ma sève refroidie

l'aède enveloppait ma présence
au sol s'est agenouillée ma sagesse
mon unique conteuse est morte et sa raison gesticule encore

la terre assoiffée prie la source éteinte
que m'apporte la sécheresse des yeux fermés
à jamais s'est étouffé le souffle de ma centenaire

je porte la clé de la citadelle
grand-mère m'a légué son parchemin de résistance
sur la reliure du linceul je peins l'héritage blessé

une foule de souvenirs m'ont accompagné au cimetière
j'ai enterré une peau saine avec mes doigts gelés
mes chandelles pleuraient le rapatriement de l'âme seule à dieu

la sérénité de l'âge a rejoint la terre jeunesse
l'azur du ciel scinde les rondeurs du deuil
j'ai mal aux rides ancestrales

une lésion traverse mon exil et salue les anges de la mort
cette touffeur qui me harcèle jusque dans ma palette
la couleur fume la tristesse de la chambre vide

hommage à toi muse nourrissant mes gestes
que la prophétesse paix fleurisse sur ta tombe
ma robuste racine je te salue de mes maux espoirs

je transmets l'espérance de ton verbe aux passants de la vie
et ta bénédiction en fidèles peintures
merci pour ta révolte ta parole ton lagon

notre étreinte habille l'expression de l'énigme
Setti s'en est allée avec une parcelle de ma douce patrie
désormais je veille sur son olivier et son poème fécond



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KAMEL YAHIAOUI

 

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TASSADIT 2


PIER MAYER DANTEC

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Quel que soit leur âge ou leur visage, les hommes sont beaux, quand leur âme n'est pas noire et que leur esprit n'est pas celui d'un reptile, d'un chacal ou d'une hyène. Le reste, c'est une question de degrés, de nuances, ou de types de beauté, même si, entraînéà certain esthétisme par une civilisation qui la met en valeur jusqu'à la folie, notre œil a toujours plus d'agrément autour de l'apollinien.
Mais qui sait encore voir le beau dans l'étrange et le fantastique, qui sait encore voir la lueur chez le vagabond chu du ciel ? Qui perçoit la vie serrée dans ces rides qui le sont autant, et que notre pauvre société s'acharne à gommer ?!
De quoi se sentir seul bien longtemps...
Et toi, le pauvre en langue parce que paresseux en esprit, toi qui viens enfoncer des portes ouvertes et repeindre les nuages en gris, pour dire "jolie"à femme qui se sait telle, va, cherche la beauté cachée. Peut-être cela t'apprendra-t-il à trouver enfin des mots de plume au lieu de vieux mots décatis et scellés de plomb.

 

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PIER MAYER DANTEC

 

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julio romero de torres2,,

Oeuvre Julio Romero de Torres

 

 

TESTAMENT

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La poésie doit dire quelque chose.
Dire quoi ?
Le malheur cueilli par Dieu dès l’enfance ?
Le voile blanc d’une aube désertant la mémoire ?
Une silhouette rivale et une ombre muette ?
L’expérience de la compassion, autre énigme de la bonté ?
Que me veut la poésie ? Me racheter ?
Rencontrer Dieu chez mes ennemis

Paradoxe…Dieu est l’ennemi.
Absent, laid, haineux,
Dieu est la foudre de l’âme
Il la traverse de haut en bas comme les longs arbres
Dont les racines s’immergent dans les marais
Dans la voix du poème,
Le vers sortent incandescents de la tourbe
Lueurs humiliées de la misère, du désert,
A la fin pour rendre l’âme ?

Je ne rendrai pas mon âme à ce Dieu de négoce et de délinquance mystique
Je ne lui donnerai rien
Ni la foudre qui me terrassera
Ni l’absence d’oxygène
Ni l’intensité des mots tressés
Ni la houle de feu, ni la trace qu’on laisse derrière sa vie.

Je ne laisserai rien de la rencontre éblouie
Ni le goût d’écrire ressemblant les métaphores
Ni la colère, ni le son, ni la pourpre
Je ne laisserai rien.

Voici l’heure du chantage immémorial de la faucheuse
Le grand rassemblement d’être à son point de dispersion.

Je ne laisserai rien et j’accuse à l’avance les improvisations nécrophages
Les envolées métèques saluant mon départ.
Je ne laisserai rien et j’emmerde Rimbaud, Mallarmé et Breton.

Je ne laisserai rien, les flammes m’envahiront et je récuse la crémation
Je ne laisserai rien, le goût exquis de l’enfer, je l’ai vécu ici
Dans les flammes rougeoyantes de l’amour.

A quoi bon perdre son temps ? Faire de la poésie avec des formulaires ?
Transmettre l’excellence de bégaiements solaires ?
Crucifier le don…
Transmettre…

Noirceur, ton âme pâlit à la mort
Des visions malades
L’éclair blanc de la main collée au fil électrique dénudé
D’être maudit, d’être béni, de reconnaître l’orgasme athée
D’affronter Dieu et ses hauteurs béantes
Vérifiant sa toute puissance
A l’aune de la servilité.

La poésie doit dire quelque chose.
En secouant le verbe, en ravageant les substantifs
Dévoilement impudique, urgent, ténèbres
Intranquille.
Cesser d’être poignant pour être rebelle contre tous les systèmes.
En rupture contre tous les systèmes de la poésie.

Je ne laisserai rien et j’emmerde Aragon, Char et tous les autres
Je mourrai sans aphorisme, sans métaphore
Sans verbe ni adjectif
La mort est sans talent
Écœurante, primitive, sauvage, sombre, fièvre, flambante et humide
Sans respiration, malédictions, sanglots, illettrée, bohémienne,
Prophétie des vers…

Je mourrai à son ordre et sans Dieu, rage démente, mordante,
Ah cette morsure de l’amour tandis que j’écris
Branlant ton membre au dieu du souffle
La Diable enfin sort du bois
Engrosse la langue de sa fourche

Je renie les mots assassins des atrocités, des déchirures sublimes, des vies chastes
Je m’affranchis de tous.

 

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NICOLE BARRIERE

 

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nicolas rozier

Oeuvre Nicolas Rozier

http://roziernicolas.blogspot.fr/

 

 

RENE CHAR

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“ Toute poésie doit naître libre et un peu folle, tendre et rebelle aux mains qui la mettent au monde ; elle doit ignorer la course du bien et la ronde du mal ; c’est pour cela et sans ce souci qu’elle est humaine. Arbre nocturne, elle pousse au centre du jour. Elle sert à nos métamorphoses parce qu’elle dit vrai ou le croit. Et tous les opprimés sentent et savent qu’elle est leur sœur, et le frais talus de leur chemin. ”

 

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RENE CHAR

 

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char

 

 

LA POESIE DE PATRICK ASPE

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Warao ma rivière danse la Dordogne derniers indiens introuvables

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la rivière

je tombe sous le charme
les charmes
charme - charme encore
Warao
pêcheurs de l’histoire des hommes
les indiens Waraodu delta de l’Orénoque au Venezuela voyagent et vont – vont - sur sur sur de longues pirogues roguer roguant au pirogues dans les méandres du fleuve
Ils vont vont viennent et reviennent
fines - fines si fines embarcations pour se faufiler dans les étroits bras des rivières qui se donnent au fleuve roi
maitre des pirogues
chante
chante la rivière chante
courant coureur des poissons
des poisons soleil
bondissant jaillissant
sang
la plume d’or
verte jaune bleue
du perroquet
lune - lune
des femmes
oubliées
pirogues

sur ma rivière
mon grand-père
lance son épervier
est-ce déjà l’automne
ou bien cette fin
d’été
je m’endors sur l'île
au pied d’un chêne oublié
le chien aboie
un rire vient vers moi
des baisers sont là
étreinte
étreinte
l’eau s’en va

pourquoi ai-je rêvé
Orénoque

légende des mémoires
dans mon enfance
oubliée
la mousse sur les galets
glissades garanties

dans les bras de nos nuits

 

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PATRICK ASPE

 

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canoe indien

EBAUCHE

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Merci Agnès...
.
La nuit à peine repliée
une note / basse
griffe le silence

une lente mécanique
se dégage
de la rouillure
de la frilosité du limon

un bourgeon de chant
essaime

des voix palpitent
réveillent les chairs
pénètrent la couleur

bientôt des tentatives
s'échappent
fusent de partout

elles modulent des roulades
des redondances
telle une crue qu'on ne retient pas

dans la gorge rien qu'un chant
miel sauvage
fruit acide

sous la gangue
sables mouvants
et fièvres avant la lassitude
balbutiante

sous l'écorce durcie
l'amour
jusqu'à l'absurde incandescent.
.
.
.
.
AGNES SCHNELL
.
.
.
.

agnes

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