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LE REPAS DES GRAND-MERES

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Dans l'épaisse chaleur

Des petites cuisines

Qu'un pauvre lustre à fleur

Chaque jour illumine

D'un éclat tamisé

Echaudant les paupières

Pour parfois nous griser

D'une étrange manière;

 

Entre un panier de fruits

Issu des poteries,

Les champêtres récits

De la tapisserie

Nous parlant de gibiers

De chasseurs et de crosses

La fenêtre et l'évier

Où on lavait les gosses;

 

Aux tomettes en sang

Sous les plis de l'éponge

Et sur les bords cassants

D'une table à rallonge,

A deux pas du frigo

Et de la gazinière

Se faisait tout de go

Le repas des grand-mères.

 

C'est là que revenant

De leur sortie marchande,

Les mémés cuisinant

" Pour qu'on soit fort " la viande,

Se mettaient à brandir

L'huil' de foie de morue

Tant de nous voir grandir

Elles étaient férues

 

C'est là qu'en subissant

Un interrogatoire

Sur les aboutissants

D'une quelconque histoire,

On pouvait rencontrer

A leur féminin dogme

De la difficulté

A devenir un homme,

 

Et la peur d'être homo

Au devant des pupilles

enjouées des nanos

Qui nous parlaient de filles

De la femme qu'un jour

On choisirait pour mère

Pour que dure toujours

Le repas des grand-mères

 

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SIMON DEMURU-ANTONA

 

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vuillard

Oeuvre Edouard Vuillard

 

 

 

 

 


AGNES SCHNELL...Extrait

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J’habite l’absence
ce creux intransigeant
qui sans cesse change
et charge ma voix
et l’obstrue.

Je porte en moi
les lieux de toute enfance
chemins ombreux / profanés
d’une forêt attentive.

Je porte toutes les eaux
prête à dénouer leurs flots
pour me serrer
pour m’enserrer.

Je garde un bout de ciel
entre l’écorce et les veines
pour contrer la gravité
l’inquiétude
ces lambeaux incommodes
hérités d’ancêtres inconscients.

 

.

 

AGNES SCHNELL

 

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agnes2

 

 

SENSATIONS

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 Pour dire le chemin perdu qui va là haut sur le plateau des estives de ma petite enfance, la cabane de pierres de mon oncle, qu'il tenait de mon grand-père, et du grand père de mon grand-père, les ruines du buron où se rassemblaient dans les tintements des lourdes cloches les vaches rouges aux longues cornes.
La traite commençait tôt, il était juin déjàà l'été frémissant dès quatre ou cinq heures du matin, du fond de la vallée la Santoire faisait des zigzags dans les prés, sous le regard des vieux volcans éteints. Odeurs des réglisses frais, des racines de gentianes, des campanules, la terre respirait toute la montagne sous le repère de la "croix du gendarme ", les jeunes veaux courant derrière leurs mères, les chiens regroupant les troupeaux, les vachers affairés à préparer les grands bidons, les entonnoirs et les filtres, sous le regard étonné des ânes qui patientaient pour redescendre le lait encore chaud au village avant l'arrivée du camion citerne du laitier. C'était l'heure des vérités simples, je n'avais pas dix ans, mais je suivais impatience de l'enfance, les gestes de ces hommes dans les affaires des bêtes, le vent chaud sur les crêtes, là haut, les ruines d'une chapelle, et la légende des camps romains, les sources en guirlandes, les ajoncs, les grenouilles en grappes, puis avec l'été les framboises croquantes et les airelles noires. L'envol d'un rapace, les loriots, les salamandres dans l'eau claire et froide des fontaines à cette pierre flammes grises des flammes du volcan. Les vaches rouges, les tranches de pain avec le beurre et ce fromage cru pour comprendre que le vent donne à l'âme le sens du chemin.

 

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PATRICK ASPE

 

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santoire-auvergne-1830

Vallée de la Santoire 1830

Oeuvre Théodore Rousseau

 

 

 

EMEL MATHLOUTHI - NACI EN PALESTINA

MANON

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Une pensée pour mon amie Agnès

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Manon, tu as à peine un an
Je suis bien plus loin dans les ans
Portant sur mon dos des visages
Des pays et des continents

L'univers entier a ton âge
Nous sommes plus vieux que le vent
Il neige sur l'hémisphère nord
Tu cours après les flocons blancs

Il neige. Lasne* hier encore vert
Lasne a mis son manteau d'hiver
Tout est blanc, le toit, la prairie
Le petit pont, le bois, les champs
On dirait que tu te maries
Et mes cheveux aussi sont blancs

Manon, tu viens de l'avant-vie
Avec du mystère plein les yeux
Et cette dévorance avide
D'agripper tout ce que tu peux

Tu tires les cheveux et les tresses
Tout ce que tu vois t'intéresse
La neige qui tombe dehors
À Lasnes dans l'hémisphère nord

 

Il neige. Lasne* hier encore vert
Lasne a mis son manteau d'hiver
Tout est blanc, le toit, la prairie
Le petit pont, le bois, les champs
On dirait que tu te maries
Et mes cheveux aussi sont blancs


Manon, dans tes livres d'images
Tu plonges deux yeux bleus fureteurs
Tournant et retournant les pages
Comme pour apprendre tout par cœur

Tu te mets des mots dans la bouche
Nouveaux jouets que tu retouches
Et tes petits pas dans la neige
Sous les grands arbres font un cortège

 

Il neige. Lasne* hier encore vert
Lasne a mis son manteau d'hiver
Tout est blanc, le toit, la prairie
Le petit pont, le bois, les champs
On dirait que tu te maries
Et mes cheveux aussi sont blancs


Demain, c'est le tout premier jour
Du reste de ma vie, Manon
J'aimerais faire un long parcours
Proche de toi, en communion

Faire plein de bonshommes de neige
Courir après tous les flocons
Qui tombent sur l'hémisphère nord
Patiner sur les étangs ronds

 

Il neige. Lasne* hier encore vert
Lasne a mis son manteau d'hiver
Tout est blanc, le toit, la prairie
Le petit pont, le bois, les champs
On dirait que tu te maries
Et mes cheveux aussi sont blancs

 

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JULOS BEAUCARNE

 

* Lasne est une commune francophone de Belgique, située en région wallonne dans la province du Brabant wallon

.

 

 

J'AIMERAI TANT TE PARLER TENDRE

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J'aimerais tant te parler tendre
Un soir d'hiver au coin d'un feu
Te dire des mots à pierre fendre
À fendre la banquise des yeux
J'aimerais tant tendre la perche
D'un grand sourire radieux
Prendre le temps de dire "Je t'aime"
Arrêter les courses et les jeux

Dans le silence
Dans le silence

J'aimerais te faire douze doudouces
À douze heures douze et pourquoi pas
Treize doucouces à treize heure treize
Blotti tendrement dans tes bras
Il n'y a jamais d'overdose
Pour les doudouces, enfin je crois
L'amour est une énergie douce
Qui réchauffe tant haut que bas

Dans le silence
Dans le silence

Il fait froid, ce serait bon se fendre
D'un baiser tendre, même de deux
Enfin se fondre et se confondre
Et n'être qu'un bien qu'étant deux
Se perdre dans l'espace immense
Oiseau léger au gré du vent
Perdre doucement connaissance
Naître à nous-mêmes en même temps

Dans le silence
Dans le silence

J'aurais tant aimé lire les lignes
Subtiles de tes blanches mains
Pêcheur d'amour, tendre ma ligne
Pour te faire mordre mes lèvres au moins
Oui, j'aurais tant aimé descendre
Au plus secret de tes jardins
Écouter le vent dans les branches
De tes longs cheveux châtains

Dans le silence
Dans le silence

Mais je n'ai pas dû tant t'attendre
Tu m'as pris au piège amoureux
Et c'est moi qui me suis fait prendre
Aux appeaux si beaux de tes yeux
Et tel est pris qui croyait prendre
J'étais seul et nous voilà deux
Je n'ai rien perdu pour attendre
Le temps est venu d'être heureux

Dans le silence
Dans le silence

 

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JULOS BEAUCARNE

 

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LES LOUPS ONT DES TÊTES DE MOUTON

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Depuis qu’Lumumba fut tué

Pour avoir dit sa vérité

Depuis qu’Lahaut est là en haut

Parce qu’il avait parlé tout haut

Depuis qu’on étouffa une fille

Dans un avion pour pas qu’elle crie

Les loups ont des têtes de mouton

Derrière les roses y a des chardons

C’est celui qu’est tout en haut

Qui tient le manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci,

Tu seras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’ jeu des grands ça c’est bien pire


Celui qui se tient haut perché

Il a le droit d’vous supprimer

De beaux enfants sautent sur des mines

Mais on n’arrête pas la machine

D’autres sont drogués pour tuer

Et la cocaïne les défait

Nous vivons en pleine barbarie

Les soldats violent toujours les filles


C’est celui qui est tout en haut

Qui tient l’manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci

Tu s’ras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’jeu des grands ça c’est bien pire


Chez nous un jeune homme fut visé

Tiré comme lièvre en un pré

Pour le diamant Kisangani

A été totalement détruit

Y a des fabriques et des boutiques

De fusils à deux pas d’ici

La mort fait vivre nos ouvriers

L’emploi est sauf, on laisse couler

 

C’est celui qu’est tout en haut

Qui tient le manche de la faux

Si ce que tu dis cause souci,

Tu seras vite raccourci

Celui qui r’garde jouer aux cartes

S’il pète un mot d’trop on l’écarte

Les ptits r’gardants n’ont rien à dire

Su l’ jeu des grands ça c’est bien pire


Des femmes sont tuées à chaque jour

Par jalousie par leurs amours

Y a des p’tites filles qui sont forcées

Et toute leur vie en est gâchée

Y en a d’autres à qui on enlève

Le clitoris, leur vie s’achève

A trois ans, on tourne la page

Leur vivance est déjà veuvage

Tout le monde veut être tout en haut

Pour tenir le manche de la faux

Une fois qu’il l’tient, il veut faucher

Et l’cauchemar de recommencer

Les ptits r’gardants devenus grands

Veulent jouer au grand jeu des grands

Y en a pas un qu’est épargné

Tout le monde veut être le premier


Nous sommes six milliards tout en bas

Maraboutés au nom de quoi

Au nom du pèse, au nom du fisc

Et du sacro saint bénéfice

Mineurs et majeurs détournés

Par des bonimenteurs roués

Qui veulent que nous marchions au pas

Et dans les souliers de leur choix


C’est celui qui est tout en bas

Qui est bien plus fort qu’il ne croit

Si nous le voulons toi et moi

Le cauchemar s’arrêtera

6 milliards de p’tits regardants

Peuvent devenir acteurs puissants

6 milliards de gens conscients

Ensemble changent le cours du temps

 

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JULOS BEAUCARNE

 

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NULLE AUTRE LAMPE QUE LA VOIX...Extrait

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    Il faudrait passer outre
     le seul entendement
pour écouter la voix venue d'ailleurs,
la soie d'une respiration et comme
     une intuition du monde
     autre que ce qu'il est.
Il faudrait trouver des mots-réceptables
et des vocables en forme d'alvéoles
     pour contenir ce qu'il y a
     de plus beau après le silence.
Nous irions vers les couleurs jamais vues,
une musique encore jamais entendue.

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GILLES BAUDRY

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MUNA

Village abandonné de Muna Corse du sud

 


VOYAGE FUTILE

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Quelques cailloux à la joue du rêve
initient un chemin.
Sautillement d'oiseaux
entre nos deux visages,
palabres des gentianes
aux
lèvres carminées
quand, derrière la haie,
le soir couche le vent
quand, derrière ton nom,
s'élève un chêne vert.
Au coeur de l'hiver
débroussailler les heures
et retenir des friches
leur patience gris-bleu.
Déterrer sous la croûte durcie
un
reste de jour,
un morceau de saison.
Les rainures du temps
laissent glisser le ciel.
Frêle esquif ?
Voyage futile ?
Si peu de couleurs s'apprêtent à embarquer.
Et pourtant,
il suffirait d'un rien
pour les accorder.
De quelques notes de jasmin
quand les mains de l'orante
ne sont plus que deux ailes,
deux ailes de gaze,
fines et légères.
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BRIGITTE BROC
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BRIGITTE

 

AGNES SCHNELL

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J'ai rencontré Agnès Schnell lors d'un marché de poésie dans les Ardennes, Place aux livres. Nous avons vite parlé librement, amusées de nous trouver une même passion pour l'Ardenne profonde, ses paysages, ses eaux et ses légendes . Nous avons parlé de la difficulté d'avouer l'écriture quand on est femme, et des fidélités qui poussent vers la page encore vide. D'auteurs que nous aimions.
Je suis partie avec deux livres d'elle : Murmures dans l'absence et En filigrane, L’Ardenne.
J'ai lu ses deux livres, pas dévoré, lu, siroté, comme un nectar fluide et parfumé. Je les ai lus et relus, plongeant au hasard dans les textes. Je sens qu'il s’agit d'un long poème unique qui se cache dans le morcellement, j'entends les échos et les résonances. Mais une ou deux pages suffisent à ma soif et me donnent assez de rêve. Je garde les autres comme une gourde précieuse pour les aridités futures.
L'Ardenne est là, comme lorsque mes pieds la traverse. Dans l'arc-en-ciel que lui donnent les saisons.
Agnès Schnell utilise un vers court, fluide, très proche de la parole. Les images et les sensations naissent des associations de mots ou d'idées. Tout est osmose : la langue, les paysages et les êtres qui s'y meuvent, la sensualité des pierres et celle des verbes ou du vent.
Il m'est difficile finalement de parler de cette écriture tant elle ressemble à celle qui habite dans mon imaginaire.
Plongez.

 

 

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FRANCOISE VARENNE

 

 

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clef2

MA NUIT TE CHERCHE SANS CESSE....FRIDA KAHLO

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12 septembre 1939

Ma nuit est comme un grand cœur qui bat.

Il est trois heures trente du matin.

Ma nuit est sans lune.

Ma nuit a de grands yeux qui regardent fixement une lumière grise filtrer par les fenêtres.

Ma nuit pleure et l'oreiller devient humide et froid.

Ma nuit est longue et longue et longue et semble toujours s'étirer vers une fin incertaine.

Ma nuit me précipite dans ton absence.

Je te cherche, je cherche ton corps immense à côté de moi, ton souffle, ton odeur.

Ma nuit me répond : vide ; ma nuit me donne froid et solitude.

Je cherche un point de contact : ta peau. Où es-tu ? Où es-tu ?

Je me tourne dans tous les sens, l'oreiller humide, ma joue s'y colle, mes cheveux mouillés contre mes tempes.

Ce n'est pas possible que tu ne sois pas là.

Ma tête erre, mes pensées vont, viennent et s'écrasent, mon corps ne peut pas comprendre.

Mon corps te voudrait.

Mon corps, cet aléa mutilé, voudrait un moment s'oublier dans ta chaleur, mon corps appelle quelques heures de sérénité.

Ma nuit est un cœur en serpillière.

Ma nuit sait que j'aimerais te regarder, chaque courbe de ton corps, reconnaître ton visage et le caresser.

Ma nuit m'étouffe du manque de toi.

Ma nuit palpite d'amour, celui que j'essaie d'endiguer mais qui palpite dans la pénombre, dans chacune de mes fibres.

Ma nuit voudrait bien t'appeler mais elle n'a pas de voix.

Elle voudrait t'appeler pourtant et te trouver et se serrer contre toi un moment et oublier ce temps qui massacre.

Mon corps ne peut pas comprendre.

Il a autant besoin de toi que moi, peut-être qu'après tout lui et moi ne formons qu'un.

Mon corps a besoin de toi, souvent tu m'as presque guérie.

Ma nuit se creuse jusqu'à ne plus sentir la chair et le sentiment devient plus fort, plus aigu, dénué de la substance matérielle.

Ma nuit me brûle d'amour.

Il est quatre heures du matin.

Ma nuit m'épuise.

Elle sait bien que tu me manques et toute son obscurité ne suffit pas pour cacher cette évidence.

Cette évidence brille comme une lame dans le noir.

Ma nuit voudrait avoir des ailes qui voleraient jusqu'à toi, t'envelopperaient dans ton sommeil et te ramèneraient à moi.

Dans ton sommeil, tu me sentirais près de toi et tes bras m'enlaceraient sans que tu te réveilles.

Ma nuit ne porte pas conseil.

Ma nuit pense à toi, rêve éveillé.

Ma nuit s'attriste et s'égare.

Ma nuit accentue ma solitude, toutes mes solitudes.

Son silence n'entend que mes voix intérieures.

Ma nuit est longue et longue et longue.

Ma nuit aurait peur que le jour n'apparaisse jamais plus mais à la fois ma nuit craint son apparition, parce que le jour est un jour artificiel où chaque heure compte double et sans toi n'est plus vraiment vécue.

Ma nuit se demande si mon jour ne ressemble pas à ma nuit. Ce qui expliquerait pourquoi je redoute le jour aussi.

Ma nuit a envie de m'habiller et de me pousser dehors pour aller cherche mon homme.

Mais ma nuit sait que ce que l'on nomme folie, de tout ordre, sème-désordre, est interdit.

Ma nuit se demande ce qui n'est pas interdit.

Il n'est pas interdit de faire corps avec elle, ça, elle le sait. Mais elle s'offusque de voir une chair faire corps avec elle au fil de la désespérance. Une chair n'est pas faite pour épouser le néant.

Ma nuit t'aime de toute sa profondeur, et de ma profondeur elle résonne aussi.

Ma nuit se nourrit d'échos imaginaires. Elle, elle le peut. Moi. j'échoue.

Ma nuit m'observe. Son regard est lisse et se coule dans chaque chose.

Ma nuit voudrait que tu sois là pour se couler en toi aussi avec tendresse.

Ma nuit t'espère. Mon corps t'attend.

Ma nuit voudrait que tu reposes au creux de mon épaule et que je me repose au creux de la tienne.

Ma nuit voudrait être voyeur de ta jouissance et de la mienne, te voir et me voir trembler de plaisir.

Ma nuit voudrait voir nos regards et avoir nos regards chargés de désir.

Ma nuit voudrait tenir entre ses mains chaque spasme.

Ma nuit se ferait douce.

Ma nuit gémit en silence sa solitude au souvenir de toi.

Ma nuit est linge et longue et longue.

Elle perd la tête mais ne peut éloigner ton image de moi, ne peut engloutir mon désir.

Elle se meurt de ne pas te savoir là et me tue.

Ma nuit te cherche sans cesse.

Mon corps ne parvient pas à concevoir que quelques rues ou une quelconque géographie nous séparent.

Mon corps devient flou de douleur de ne pouvoir reconnaître au milieu de ma nuit ta silhouette ou ton ombre.

Mon corps voudrait t'embrasser dans ton sommeil.

Mon corps voudrait en pleine nuit dormir et dans ces ténèbres être réveillé parce que tu l'embrasserais.

Ma nuit ne connaît pas de rêve pus beau que celui-là.

Ma nuit hurle et déchire ses voiles, ma nuit se cogne à son propre silence, mais ton corps reste introuvable. Tu me manques tant. Et tes mots. Et ta couleur.

Le jour va bientôt se lever.

 

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FRIDA KAHLO

 

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FRIDA KAHLO DIEGO RIVERA2

Frida Kahlo et Diego Rivera

LETTRE A MES CELLULES

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Merci ma Vince

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Mes chères cellules,

Je vous ai réunies aujourd'hui pour vous dire
que nous allons désormais changer de trajectoire.
Car jusqu'ici, nous nous sommes laissé aller à suivre un programme désastreux:

Il s'agissait de rester fidèle à la mémoire de nos ancêtres
et de prendre un petit peu de leurs maladies,
un petit peu de leurs faiblesses, un petit peu de leurs émotions,
un petit peu de leurs souffrances, un petit peu de leurs limitations.

Il eût paru indigne de s'octroyer une vie sans limites
et dans le bonheur absolu alors que tous ces gens
grâce auxquels nous détenons la vie avaient souffert,
transpiré, vécu tant de manques avant de nous transmettre
ce bien si précieux « la vie » !

Toutes ces vies antérieures
dont nous avons ramené des programmes, des mémoires,
de la culpabilité, des limitations, des handicaps,
qu'il s'agisse d'une banale myopie
ou de maladies bien plus graves physiques et psychiques, voire mentales.

Sans compter avec les entités qui partagent nos vies.
Nous faisons parfois un long bout de chemin avec elles
avant de pouvoir nous en défaire,
et nous faisons nôtres tous leurs fonctionnements négatifs

Il ne faut pas oublier les difficultés dans lesquelles
nous avons baigné depuis la vie intra-utérine :
les émotions irrémédiables vécues par notre maman
avant et pendant la conception,
soit nous concernant directement,
soit concernant sa relation avec des tiers,
les événements plus ou moins douloureux
qui ont nourri cette période de sa vie.

Et que dire de la façon parfois désastreuse
avec laquelle nous avons géré les émotions de cette vie,
et tout ce que nous avons accumulé personnellement
de colères, haines, angoisses, chagrins, culpabilités, et peurs

Si je vous ai réunies aujourd'hui, mes chères cellules,
c'est pour vous dire que nous avons les moyens de changer ces données.
Nous allons mettre en route le programme annulation
pour chacun des points précités.

A partir d'aujourd'hui
chaque cellule est investie du pouvoir d'annuler
tout programme négatif lui appartenant en propre
ou appartenant aux générations précédentes.

Chaque cellule a déjà aussi reçu
les informations positives contraires aux programmes négatifs.
Il est demandéà chacune de se repasser entièrement le film
contenu dans sa mémoire, d'annuler le programme négatif
et de recréer un programme de santé absolue et de joie intégrale.

CHAQUE CELLULE CRÉE MAINTENANT LE BIEN-ÊTRE.

Vous en êtes toutes capables.
Il suffit de vous faire confiance et de recréer le programme de base
que toutes vous avez en mémoire, je vous le répète.

Aucun échec n'est possible.

Chaque cellule recrée maintenant un programme
de perfection et de jeunesse.
Chacune de vous va retourner maintenant au moment
où toute trace de dysfonctionnement ou de maladie était encore absente.

On y retourne maintenant ; c'est très bien.

On se réapproprie le message de perfection ; c'est très bien...

Ce schéma devient désormais la réalité de chaque cellule.

Chacune de vous va maintenant repartir avec ces nouvelles injonctions.

Soit le travail est déjà fait, soit il est en route
et va se concrétiser, devenir la réalité, dans les jours,
les semaines ou les quelques mois qui suivent,
pour celles des cellules
qui ont besoin d'un temps d'intégration plus long.

Je vous remercie de votre écoute, mes chères cellules
et de l'excellent travail que vous avez
ou que vous allez fournir dans un très court délai..

 

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MARY LEQUIN

thérapeute en service de soins holistiques (France)...

www.lespasseurs.com

 

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Tomasz-Alen-Kopera

Oeuvre Tomasz Alen Kopera

DE L'EXIL

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Légers les martinets dans l’oblique des rais
Suivent le vent, éclairs légers
Ton regard les suit.

Tu as fui le ciel chargé de la guerre
Tu te souviens, les ombres
Le pas rouge de l’aube

Te voilà posé sur l’autre rive
Tout déborde dans tes rêves
La lumière, les collines, les feuilles

Ton histoire n’émeut personne
Tu te perds dans le halo des âges.
Rien, la vie ou le vide t'ensevelit
La nuit, l’autre face du rien
L’horizon, son étendue vide

Les étoiles, des points de lumière
Où tu deviens nomade
Et plus tard l’oasis, l’imposture

A ce point d’eau, tu cherches refuge
Tes pas se dérobent, frisson, tremblement
Le passeur d’infini, inconnu

Dans la combe, plus loin
Tu t’appuies et t’abandonnes à l’arbre
Les nuages mutilés te regardent

D’autres passeurs voraces
Détrousseurs de reliques
Tu tends tes os comme des trophées
Tu tentes une marche héroïque
Tel un acrobate, un funambule
Loin de cette sale guerre

On t’a retrouvé prosterné,
L’échine docile sous le soleil
Tu délirais entre les âges de ta vie

Tu appelais ton frère, ta mère
Ton peuple, sa nostalgie et sa fierté
Tu appelais tes fleuves,
Tes montagnes
Ton désert,
Et tu puisais dans dix mille ans d’histoire.

 

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NICOLE BARRIERE

 

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CECILE RAVEL exile11,

Oeuvre Cécile Ravel

 

 

ALBANE GELLE

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Plus âgés que nos âges, tous debout
depuis la terre, nous sommes restés
longtemps au chaud dans nos paniques,
récitant des chagrins ici et là appris par
coeur sous une grande pluie d'hiver.
Avant de nous mettre à chercher le
soleil, et ses fraîcheurs, et ses jardins.
Demain, même si la lumière
demeure difficile, nous croirons enfin aux
anges.

 

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ALBANE GELLE

 

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Samantha Keely Smith

Oeuvre Samantha Kelly Smith

NEE DE LA PLUIE ET DE LA TERRE

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Viens marcher avec le printemps
Sens le vent sur tes joues
Sois libre de tes mouvements
Prends le temps de vivre
Car demain ne t'appartient pas.

N'oublie pas ta promesse
D'aller retrouver la paix
Dans une forêt
Dans une maison en bois
Retrouve le battement de ton cœur.

Nous partirons les yeux fermés
Le cœur enveloppé
Du parfum de la terre
L'automne Uashtessiu
Qui nous dira
Viens viens mon ami mon frère
Oui je t'attends
Depuis cet instant
Où ton souffle a touché mon âme
Oui je t'attends mon frère
Alors nous partirons tous deux.

J'ai vu la montagne dans sa splendeur
J'ai entendu la rivière dans son désir
Quel plaisir et quel bonheur
D'être dans les bras de la Terre.

Et lui ce grand mystère
Que je découvre dans son absence
Cherche la vérité au creux de ses mains
Je respire l'air qu'il habite.

Voir son regard s'évanouir dans le mien
Pendant qu'il ferme les yeux sur mon corps
Pour mieux goûter à l'instant
J’entends son cœur battre.

J'aime son silence
J'aime sa voix
J'aime son reflet
J'aime l'invisible que je ne peux toucher
Mais que je sens avec force en moi.

Les arbres sont témoins de mon amour
Les rochers entendent encore aujourd'hui
L'écho de ma grande tendresse
Sur le ciel qui nous enveloppe.

Mon cœur est fait de branches de sapin
Entremêlées à toutes les saisons du monde.

Je dors pour mieux tapisser tes rêves
Et celui du chasseur en quête d'une terre
Où il pourra alimenter son envie d'être libre
De marcher en admirant les courbes des rivières
De nourrir sa faim et d'assouvir sa soif.

Je crois aussi en la force du destin
Je crois aussi en la confiance de demain
La patience d'attendre en admirant l'eau des chutes
En priant pour mon prochain.

Je deviens l'hiver pour me reposer
Je deviens le printemps pour rêver
Je deviens l'été pour briller.

Et je suis une femme d'automne
Née dans un univers qui est aussi le tien.

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RITA MESTOKOSHO

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Tomasz-Alen-Kopera

Oeuvre Tomasz Alen Kopera

 

 


LE BONJOUR ET L'ADIEU...Extrait

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...

Ce sont des battements d’ailes très doux
dans la banalité grise d’un ciel éteint
on entend cette voix
tapisserie disjointe de la terre
laisse rousse semée d’oiseaux
on entend ce murmure déchirant
sauvé…
provisoire…
on ne peut se fier qu’à ces ailes douces
on ne peut que bâtir sur l’absence
en son nom d’ange
car la piété ce beau nuage bas
nous conduit vers cette porte de nous-mêmes
où de grands chiens fauves s’endorment
sur une herbe scintillante
nommant clarté cette dépossession infinie

 

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PIERRE-ALBERT JOURDAN

 

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Guy-Denning

Oeuvre Guy Denning

 

 

LAS TRES HERIDAS - MIGUEL HERNANDEZ

DANS LA MAIN DE LA TERRE

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Il y avait peut-être cent ans qu’elle était là, ou peut-être juste un instant. Le vent de la nuit lui caressait le visage et je ne saurais vous dire oùétait son pays, oùétait sa maison, si elle était femme de marin, de paysan, d’exilé ou d’émigrant, si elle avait franchi la mer, une montagne ou l’océan. 


La terre semblait être derrière elle ; en la voyant marcher on pouvait imaginer qu’elle la portait toute seule sur ses épaules. 

 Allez donc savoir ce qu’elle s’en allait chercher, ce qu’elle aurait aimé entendre cette nuit-là. La nuit, les regards des hommes s’éteignent un peu, on dit que la lumière est à l’intérieur, dans un village, au fond d’un port, en haut d’une montagne, un phare dans l’océan ou bien une étoile dans le ciel. 

 À chaque chant qui résonnait elle accordait son âme, elle accordait ses pas. Elle disait qu’elle voulait apprendre le chemin jusqu’aux plus beaux signaux du monde, jusqu’à la beauté qui unit les hommes et les peuples. 

Son rêve, elle l’écrivait de quatre mots : l’unité qui rassemble, la diversité qui enrichit. Dans chaque chant du monde elle voulait graver une alliance, une reconnaissance, dans chaque langue elle voulait apprendre la part d’altérité, d’intelligence et d’humanité. 

Elle disait que c’était cela la plus belle promesse d’avenir, de paix, de richesse du monde. Un jour le poète a écrit pour elle « l’homme n’est ni grand ni petit, il a la taille de ce qu’il sait aimer et respecter ». 

Elle, elle répondait que toute la vie il fallait apprendre àêtre l’invité de l’autre, l’invité du monde, que c’était cela l’hospitalité. Il y a peut-être cent ans qu’elle marchait ainsi, ou peut-être un instant, c’était cela sa fidélité. Le chant d’amour qui fait pleurer les yeux d’un peuple ne peut à tout jamais laisser indifférent l’âme du monde, c’était cela sa paix. 

Ce soir, entre la mer et l’océan il y a peut-être quelques lumières de plus dans la main de la Terre, là où rien n’est séparé, là où s’additionnent et se reconnaissent toutes dignités du monde, là où des enfants de Bretagne ont écrit un jour « tous ces pays dispersés par le vent, les champs de blé dans la poche des paysans, et l’océan qui n’a plus pour frontière que la graine emportée par une main d’enfant ».

Ce soir... ce soir le pain sera blanc à la table d’hôte ; passant, demeure ici pour le partager. Il y a peut-être cent ans qu’elle marchait ainsi ou peut-être un instant ; elle disait que cette beauté-là est invincible, elle disait que cette beauté-là est invincible.

 

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JEAN-FRANCOIS BERNARDINI

 

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EVENTUALITE

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Il suffit d’un mot
d’une image

l’éclair d’un frémissement
la musique d’une ombre

pour que d’un gouffre
se reflète en une seconde
l’encre d’un baiser

pour que d’un souffle
s’attisent à nouveau
les torches d’un brasier

 

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JACQUES BASSE

 

 

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Theophile Alexander Steinlen,

Oeuvre Téophile alexander Steinlen

COLETTE GIBELIN ...Extrait

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...

« Envolés, les oiseaux,

portés par la respiration du monde

dans l’étonnement de l’azur

Un grand déferlement de voix pures, là-haut,

Là-haut

Éclats du temps,

rêve mystique

La délivrance est musique et splendeur

On dépasse le chaos

On s’ouvre à d’autres innocences

et nos élans intérieurs

enfin déploient leurs ailes

 

Envolés, nos désirs,

vers quel inaccessible jardin

où les arbres n’ont pas d’attache

où les plantes chantent la liberté

Jardin aux franges d’infini

ouvert à tous les pollens,

aux saveurs douces-amères des fruits lointains

 

Dure sera la chute,

si violente que les larmes se tarissent

Les mots sont comme des pierres

blessantes et meurtries

On essaie de franchir la frontière

Mais les barbelés sont en nous

Rivés, figés,

nous ne parvenons plus à prendre notre envol

 

Et voici qu’à nouveau on s’élève, on renaît

On peut dire le vent

qui nous entraîne au-delà des marais

vers le miracle du soleil

 

On peut dire la nuit féroce

pour ne pas oublier

le souffle de la bête

la dure loi du monde

 

Dire l’herbe

pour vivre encore un peu

dans l’éblouissement végétal

 

Aucune chute, jamais,

n’arrêtera le cycle de l’envol »

 

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COLETTE GIBELIN

 

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thami8,

Photographie Thami Benkirane

 

 

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