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Channel: EMMILA GITANA
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DECLARATION

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Pour la Syrie et la Palestine

 

Je déclare l'état de bonheur permanent
Et le droit de chacun à tous les privilèges.
Je dis que la souffrance est chose sacrilège
Quand il y a pour tous des roses et du pain blanc.
Je conteste la légitimité des guerres,
La justice qui tue et la mort qui punit,
Les consciences qui dorment au fond de leur lit,
La civilisation au bras des mercenaires.
Je regarde mourir ce siècle vieillissant.
Un monde différent renaîtra de ses cendres
Mais il ne suffit plus simplement de l'attendre :
Je l'ai trop attendu. Je le veux à présent.
Que ma femme soit belle à chaque heure du jour
Sans avoir à se dissimuler sous le fard
Et qu'il ne soit plus dit de remettre à plus tard
L'envie que j'ai d'elle et de lui faire l'amour.
Que nos fils soient des hommes, non pas des adultes
Et qu'ils soient ce que nous voulions être jadis.
Que nous soyons frères camarades et complices
Au lieu d'être deux générations qui s'insultent.

Que nos pères puissent enfin s'émanciper
Et qu'ils prennent le temps de caresser leur femme
Après toute une vie de sueur et de larmes
Et des entre-deux-guerres qui n'étaient pas la paix.
Je déclare l'état de bonheur permanent
Sans que ce soit des mots avec de la musique,
Sans attendre que viennent les temps messianiques,
Sans que ce soit voté dans aucun parlement.
Je dis que, désormais, nous serons responsables.
Nous ne rendrons de compte à personne et à rien
Et nous transformerons le hasard en destin,
Seuls à bord et sans maître et sans dieu et sans diable.
Et si tu veux venir, passe la passerelle.
Il y a de la place pour tous et pour chacun
Mais il nous reste à faire encore du chemin
Pour aller voir briller une étoile nouvelle.
Je déclare l'état de bonheur permanent.

 

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GEORGE MOUSTAKI

 

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ALGER

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Dans ma larme s’étend l’injuste addition que m’impose l’éloignement et que je règle de mes pleurs d’apatride à l’émotivité déchue. Ma larme renferme la broche kabyle de ma mère, le henné qui fleurait sa main et une pierre de ma maison criblée des traces de mes rires et de mes chroniques d’enfant cédées à la confiance close de mon pacte avec de tristes avantages. J’ai dans ma larme quelques gouttes de la pluie qui tombe sur Alger et un peu des soupirs des justes râlants sur la hampe de son drapeau brûlé. J’ouvre ma larme comme on ouvre sa valise et Alger s’ouvre devant moi à son tour tel un éventail d’expressions exquises. Beaucoup de sensations pour des yeux surets et discrets qui surgissent du passé, pellucides et muets devant la sensualité sacrée
Alger flotte sur la mer comme un flocon de neige éternel. Qui l’imagine aux temps arabe, turc et français, la verrait à chaque fois émerger blanche et innocente des orgies des conquérants qui ont tenté de l’auréoler de couleurs sales. La blanche, car au matin céleste, elle s’ouvre discrètement dans une nudité laiteuse qui apaise les crochets de la douleur et de la faim comme l’exige le burnous blanc de nos ancêtres. Infiniment blanche parce qu’on lui succombe facilement tels des soupirants forbans dont les yeux s’ouvrent à faire ventre des contours d’une vierge aimante mais tenace à demeurer chaste indéfiniment.

Alger des crépuscules écarlates aspergés de délires célestes. Alger de ma mer bleue d’oùémanent les vagues en houles halées par le vent jusqu’aux premières lueurs des aubes qui augurent quelques fois le tragique quand le crime se prépare au tournemain de la nuit aux yeux dardant. Alger, jouvencelle timide née de l’humilité des berbères Beni-Mezghena, finement ciselée de vers si précis, si simples et si limpides qu’ils éclairent les abysses terrestres et les profondeurs du ciel. Lorsque l’on arrive vers elle, par la mer ou par les routes, elle dévoile ses panneaux et fait pivoter les regards encaissant les frets poignants des départs. Elle descend de la basilique de Notre-Dame d’Afrique qui crâne sur le mont qui fait son dessus jusqu’au port où fourmillent les pas hagards des exilés aux illusions fichues.
Bonjour Miramar, bonjour Franco et Bains-romains. Bonjour Beau Fraisier, Bouzeréah, Climat de France, El Biar et les Tagarins. Bonjour boulevards des vitrines, des rencontres et du prêt-à-porter. Bonjour front de mer des randonnées nocturnes. Bonjour Hydra des dobermans et des golden boys en herbes ; bonjour le Golf, quartiers des gouvernants et des clans qui hébergent les sympathies suspectes des sacripants qui s’épuisent en activités douteuses. Bonjour Bab Ejdid, Soustara et Bab El Oued, hauts lieux des révoltés d’octobre. Je vous salue quartiers des enfants terribles, des salaires indécents et des défis où la noblesse est toujours mise à contribution. Bonjour foyers où flottent les odeurs de chez nous, les arômes de l’encens, du cumin, du poivre rouge, des merguez cuites dans de petits braseros des rues pavées. Salut à toi Casbah, aquarelle à la fois libre et complète, redoublant d’éclat sous la clameur du zénith. Citadelle indomptable du kabyle Sidi Mohamed Cherif, saint aux deux tombeaux et des artistes aux ascendants combatifs. Tes requêtes et ta précellence se livrent à l'œil de l'amoureux éprouvé comme une graine d’anis qui parfume le pain. Tu secoues de souvenirs d'émeraudes la mémoire du kabyle que je suis dont l'aïeul à probablement péri sous le fouet turc en pétrifiant le ciment ottoman. Ce n’est pas au jour levé qu’Alger fait connaissance avec le soleil, il cabote ses côtes depuis que la pierre est pierre, depuis que le jasmin est jasmin. Il ne la quitte jamais. Il la couvre de vie, d’espoir et de certitudes. Il irrigue ses toits, ses versants et ses faubourgs. Ses rayons arrosent ses jardins, ses criques et collines. Alger et le soleil, deux éléments d’un couple qui brûlent l’un pour l’autre et leur flamme incendie la charge des solitudes à la manière des vieux amants qui partagent leur idylle avec les rhapsodes qui aiment à se tenir en faction au premier rayon du soleil quand il apparaît entre les cimes des monts. Je voudrai tellement écorcher mes inquiétudes et dépouiller le silence de ce qu’il a de cruel. Je regarde venir à moi les mots ambrés de mes étreintes et je les vois séducteurs telles des ombres frémissantes d’une surprenante affection. Heureux l’errant que l’on croit fou parce qu’il n’est allé nulle part, il répercute ses blessures dans les alvéoles de la ville blanche sans craindre le murmure violent de l’oubli.
Quoique l’histoire l’ait faite, Alger la belle la rebelle reprend à chaque fois son bruit d’amour élevé de ses crêtes, heureuse de concéder des droits à l’expression du souffle chaud des résistants. Son souvenir crépite comme un feu dans un Karoun, il fait reculer le liquide des nuits froides et fait plier l’ennui.
Préau des cultures et des inspirations, elle recueille dans son panthéon les insurgés et les intraitables ouvriers de la mémoire prompts à relever sa dignité mille fois poissée par les dealers de la chose politique.
Alger la berbère contrainte à naviguer entre le liquide de la gloire et celui du vaudevillesque. Elle n’a nul besoin des diplomates faquins rompus et corrompus, habiles mais inutiles ; elle se fout des fourbes religieux qui se font élire tribuns ; elle se fout des hâbleurs félons qui se plaisent à pester dans d’éprouvantes campagnes électorales ; elle se fout des militaires indus élus qui n’ont jamais connus ses rues secrètes et les arrière-salles des cafés banlieusards ; elle se fatigue d’être la capitale des cultures qui l’oppriment. La brise de ses poètes lui suffit, elle fait son sourire dansant qui éblouit et luit au bout de ses nuits comme une vierge aux lèvres humectées de Souak.

 

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DJAFFAR BENMESBAH

 

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alfred-dabat-terrasses-de-la-casbah2

Oeuvre Alfred Dabat

JONGLEUR DE TEMPS...Extrait

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Puisque des murs se lèvent autour de l’homme, des murs que construisent à la hâte mensongère ceux qui vivent dans la peur qu’une parole plus forte qu’eux ne vienne abîmer leur volonté de se restreindre puisque tant de murs se lèvent autour de l’homme que le monde lui est devenu une prison multiple et dure, il est bon que l’homme qui a souffert les restrictions que d’autres lui imposent vienne toucher, tangible et toujours présent, ce Mur, ce Mur qui résume et englobe tous les murs. Murs devant l’enfance vive et gaie, murs devant l’être jeune qui s’apprête à la joie, à l’amour insouciant, murs devant l’inaltérable soif de savoir et de devenir, murs devant l’appréhension de l’être jeune de se libérer de la contrainte, murs devant la volonté de dépasser l’incertitude du lendemain, murs devant l’homme sentant en lui vibrer la commune mesure qui lie les hommes à la terre, et la terre au paysage et le paysage qui retourne à sa vue, murs devant la femme qui désire enfanter et revivre dans sa tendresse les joies qu’on lui refuse par de subtiles manœuvres , invisibles et cruelles, murs devant la joie, devant l’accomplissement de la pureté du désir, murs devant la beauté, l’air frais et la réalité du monde extérieur, , murs devant la véritéà peine soupçonnée qui pourtant se dresse toujours au-delà de ces murailles, murs, murs, murs, je vous ai vus tous réunis en un seul mur au pied duquel nous fûmes vaincus, au pied duquel chaque jour encore nous sommes vaincus, qu’importe car la solitude devant les murs qu’on a bâtis autour de chacun d’entre nous, c’est pour que nous voulions nous réunir et les abattre et derrière eux il y a la certitude et la lumière et l’objet de cette liberté qu’avant tout au monde il importe de ramener au rang des choses familières.

 

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TRISTAN TZARA

 

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Brooke Shaden Photography2,

Brooke Shaden Photography

 

 

REGAIN DE SANG...Extrait

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Du chemin d'herbes passées de feuilles vagabondes

reste cette poussière à peine née, déjà ancienne qui est le goût de l'été.

À mi-distance des adieux et de nous-mêmes.

La lumière bientôt lente à s'emparer du ciel rendra aux formes leur chance,

et le goût de vivre aux peintres.

À cet instant où le jour est sans ordre

notre chair est dans l'air perméable,

tout entière au tranchant de la lame.

Notre tâche c'est être et voir tout ensemble,

de la branche qui a cessé de bouger à la mésange qui la quitte,

des nombres sans voix aux balbutiements de la rivière

quand septembre s'éloigne et ne laisse vifs que les éclats de pierre.

 

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  EMMANUEL DAMON

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septembre2

L'HAM DE FOC - ANDARLETTO

SOLEIL EN BIAIS...Extrait

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Merci pour la découverte Thami...

 

Front basculé
depuis les hautes forges de l'ennui
Quel est ce fou
qui ne sait plus attendre le printemps

La joie reviendra
Promise à tout regard
Qui connaît sa lumière

Nous subissons le poids de nos propres caresses
Nous mêlons chaque jour à nos mains jointes
le souvenir des régions en friche
dévastés par le vent
Et nous sourions
parce que nous savons l'hymne du feu
léchant les vitres

Le moindre geste est l'exercice d'une force
contre laquelle aucune parole n'a prévalu

L'amoureuse peut bien s'ouvrir à la nuit
insulter la ville entière que détruit son regard
L'adolescent peut faire passer sur son corps
la fraîcheur des sous-bois
retrouver dans sa voix les confidences de la source
et l'appel des combats
J'ai beau peser en moi la haine et l'offrande

Quand un enfant
change en rayon de miel
une feuille qui tombe
Rien ne survit à notre volonté

 

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 SERGE BRINDEAU

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inde

 

 

RIVIERE DE TOUT BOIS...Extrait

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Au coeur des mots

Toujours les mêmes fleurs

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Vous me parlez d'abeilles

De rameaux

De sève de cigales

Et du matin que vous avez dans l'âme

Et vous fermez les yeux

Sur mes secrets de pleine ivresse

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L'hiver

Vous le savez

Blanchit le soleil même

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Essayez donc

De renverser le ciel sur votre table

 

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SERGE BRINDEAU

 

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catherine rey,

 

TRAMONTI...Extrait

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...

libellule affolée du déclin

de nos vies

je cherche

d'autres seuils oùélargir le temps

je cherche

d'autres vies pour inventer ma vie

les frontières du jour qui décline

ses heures

me sont d'inutiles palis

où appuyer le front

 
le temps s'espace

 et me ramène   cours sans fin

impossible retour                        je voyage

en ailleurs

 
je repousse      au plus loin

de l'exil le vif des fêlures

 qui toujours nous assaillent

je m'envole    et toujours

 
je repousse    plus loin

 
dans l'ailleurs éphémère

les portes de l'oubli

mémoire incertaine

qui scelle notre amour         et à droite

sur l'aile qui vacille

 

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ANGELE PAOLI

 

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angele

 

 

 


LES MOTS

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C’est pas donné aux animaux, pas non plus au premier blaireau
Mais quand ça vous colle à la peau, putain qu’est-ce que ça vous tient chaud
Écrire et faire vivre les mots, sur la feuille et son blanc manteau
Ça vous rend libre comme l’oiseau, ça vous libère de tous les maux,
Ça vous libère de tous les maux

C’est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Poèmes, chansons, brûlots, vous ouvrent des mondes plus beaux
Des horizons toujours nouveaux, qui vous éloignent des troupeaux
Et il suffit de quelques mots, pour toucher le cœur des marmots,
Pour apaiser les longs sanglots, quand votre vie part à vau-l’eau
Quand votre vie part à vau-l’eau.

C’est un don du ciel une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

Les poèmes d’un Léautaud, ceux d’un Brassens d’un Nougaro
La plume d’un Victor Hugo éclairent ma vie comme un flambeau

Alors gloire à ces héros, qui par la magie d’un stylo
Et parce qu’ils font vivre les mots, emmènent mon esprit vers le haut,
Emmènent mon esprit vers le haut.

C’est un don du ciel, une grâce, qui rend la vie moins dégueulasse
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses
Qui vous assigne une place, plus près des anges, que des angoisses.

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RENAUD SECHAN
 
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ZIAD MEDOUKH...Extrait

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Ô soldats occupants,
Ô colons agresseurs,
Ô sanguinaires apatrides,
Vous qui vous avez occupé notre pays,
Volé notre terre
Et humilié notre peuple
Par des orgies de punitions collectives,
Par des agressions et des crimes quotidiens
Partez !

Vous qui êtes élevés dans la haine et la violence,
Vous tuez de sang froid nos gosses lanceurs de cailloux,
Vous brûlez sans foi ni loi nos bébés dans leurs lits,
Vous attaquez brutalement nos lieux saints,
Vous encerclez nos villages et nos champs,
Vous détruisez nos maisons et vous arrachez nos arbres
Mais votre sentiment de domination n’est qu’illusion.

Plus qu’une pierre dans la main de nos enfants,
Vous craignez le sourire de nos martyrs.
La beauté de leur cœur
Vous met à genoux
Ainsi que le cri de leur souffrance,
Le cri de leur révolte et de leur dignité.
Vous aurez beau déployer toutes vos mesures
Et vos forces obscures
Sachez que toutes vos armes, à vous les génocidaires,
Ne nous rendront pas moins déterminés.

Vous ne savez pas que la résistance est palestinienne,
Que cette résistance ne peut que vaincre
Parce qu’elle est noble,
Vous ne savez pas que nous ne renoncerons pas
Et continuerons de nous battre,
Jusqu’au dernier souffle,
Vous ne savez pas que notre cause
Est une cause pour chaque révolutionnaire,
Un symbole d’émancipation pour tous les peuples.

Vous, les passants parmi nous,
Vous, les racistes extrémistes,
Vous, les méprisants du droit international,
Arrêtez de jouer les victimes
Avec vos représailles sanglantes,
Vos exactions et vos meurtres.
Prenez tout et partez.
Prenez nos sables, nos pierres, les flots de notre sang
et vos mauvais souvenirs,
Dégagez !

Il est temps que vous partiez.
Assez de violence, assez de sang.
Sortez de notre terre, de notre mer.
Quittez nos villes et nos vergers.
Nos racines, c’est ici.
Nous ne partirons pas.

Laissez-nous notre présent et notre avenir
Et allez-vous en !
Vous ne savez pas
Combien nous adorons la liberté,
Combien nous aimons la vie,
Combien nous luttons pour elle,
Pour une vie digne.
C’est à nous de vivre comme nous le voulons
Dans l’espérance d’une paix réelle,
Pas une paix sous occupation,
Ni une paix sous colonisation,
Mais une paix dans la justice.

 

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 ZIAD MEDOUKH

 

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ismail shammout

Oeuvre Ismail Shammout

OCTOBRE...Extrait

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En mémoire d'Agnès

 

Et viennent de nouveau les grands beaux jours...

Une fois encore, la sérénité d'octobre...

L'air entoure, c'est quelque chose qui n'est pas, c'est de la place, de l'espace, c'est une absence d'oppression et de murs: l'air libre.

L'étendue à peine relevée sur ses bords, ses lointains bords, comme un berceau.

C'est l'air qu'on ne voit pas, qu'on boit un peu comme de l'eau fraîche, c'est tout le ciel comme un grand verre d'eau, et l'air est frais, rafraîchissant, désaltérant. On taille les haies, le jardin bleu s'éclaire, et c'est comme si on montait les degrés d'une échelle. Les branches, les herbes sécheront en grands tas que l'on fera brûler plus tard avec joie: grésillement des flammes dans la fumée comme une autre espèce d'air, agressif, agité, coloré, ascendant. Cascade inversée.

Puisses-tu allumer encore quelques feux avec ces feuilles sur la pente du temps... où du fond de l'enfance remonte un bruit de cloches sombres...

 

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PHILIPPE JACCOTTET

 

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OCTOBRE

PARADIS PERDU

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Les branches s'écartaient pour nous

laisser passage en retenant

délicatement nos cheveux

et nous proposaient des cerises

dont le jus coulait sur nos joues

C'était il y a si longtemps

à peine si je me souviens

il a fallu qu'on me raconte

et que je retrouve des traces

dans les peintures et chansons

J'étais un enfant mais j'avais

toutes les forces d'un adulte

et tous ses désirs je passais

de mère en fille et déposais

des bébés poisseux dans leurs bras

Tout cela semble disparu

et pourtant tout cela perdure

entre le miroir et l'image

entre le rêve et le réveil

entre la page et l'impression

Les ronces nous griffaient sans nous

infliger la moindre souffrance

dessinant des fleurs sur nos peaux

que les amoureux effaçaient

en buvant les perles du sang

La main dans la main nous courions

entre les déserts et les sources

choisissant les uns pour les autres

les fruits des arbres du savoir

dont nous comparions les saveurs

J'étais à l'aise dans mon corps

j'en connaissais tous les organes

les maladies étaient amies

je goûtais fièvres ou frissons

dans des lits de boues et de feuilles

Oùétait-ce ne saurais dire

si loin de tout si près de toi

jouissant du chaud comme du froid

j'ai perdu la clef de la grille

et j'erre comme une âme en peine

 

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MICHEL BUTOR

 

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MEMOIRE

REGARD

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Ton regard couleur de fleuve

Est l'eau docile et qui change

Avec le jour qu'elle abreuve.

Petit matin, Robe d'ange

Un pan du manteau céleste

Sous tes cils, entre les rives

S'est pris. Coule, coule eau vive.

La nuit part, mais l'amour reste

Et ma main sent battre un cœur.

L'aube a voulu parer nos corps de sa candeur.

Fête-Dieu.

Le désir matinal a repris nos corps nus

Pour sculpter une chair que nous avions cru lasse.

Sur les fleuves au loin déjà les bateaux passent.

Nos peaux après l'amour ont l'odeur du pain chaud.

Si l'eau des fleuves est pour nos membres,

Tes yeux laveront mon âme ;

Mais ton regard liquide au midi que je crains

Deviendra-t-il de plomb ?

J'ai peur du jour, du jour trop long

Du jour qu'abreuve ton regard couleur de fleuve

Or dans un soir pavé pour de jumeaux triomphes

Si la victoire crie la volupté des anges,

Que se révèle en lui la Majesté d'un Gange.

 

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RENE CREVEL

 

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Photographie David Arraez

http://www.arraez.com

 

 

 

CELINE RENOUX ...Extrait

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La vie se bat pour exister pendant que le réel cogne. Parfois jusqu’à se rompre. Alors ce tissu et la trame qu’il en reste, aussi mince soit-elle, il faut l’aimer, la caresser et chaque jour la consolider, lui rendre ses couleurs et quelque chose de sa beauté d’origine. Celle du petit matin, maladroite et irrésolue mais qui s’élance pour que rien ne blesse. Je veux garder cette capacitéà me décoller du réel pour sentir à quel point la vie me manque et mieux y revenir. J’écris et j’entends la pluie à nouveau, l’automne va bientôt craquer sous les pas, le sol se recouvrir de couleurs douces et fauves. Comme chaque année je serai ravie par la beauté des feuillages, l’odeur de terre et d’humus, la déclinaison parfaite des couleurs et saisie par la sensation elle-même, de première fois qui persiste. A l’usure, à la succession régulière des saisons, des amours, du quotidien. Parce-que le chant des oiseaux résiste à tout. Aux chagrins les plus fous comme aux disparitions les plus immenses.

 

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CELINE RENOUX

 

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francis picabia

Oeuvre Francis Picabia

 

 

CETTE FACON

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Où va le monde lorsque son épine dorsale traficote la faim, tricote la famine, lorsque les minarets deviennent des miradors, quand la farine cache des fusils, les cendres encore chaudes la puanteur des bombes, les herbes odorantes du thym empoisonné et le ventre des femmes des fœtus déjà prêts pour la guerre, les bras ouverts comme des balles. Cette façon qu’ont les radicaux islamistes de vouloir la mort des autres ne peut conduire qu’à la guerre. Cette façon de croire à la science dénuée de morale, cette obsession pour le pétrole et la technologie ne peuvent conduire qu’à la faim. L’objection commerciale qu’il oppose à ses rêves fait de l’homme un esclave. Cette façon de croire aux dieux, à l’argent, aux négoces, à l’accumulation inutile des choses ne peut qu’inventer des frontières et séparer les hommes. Dans un peuple de délateurs, nous en sommes venus à craindre le regard de l’autre. Il ne suffira plus de déféquer dans un cul de sac, de pomper du sang dans un charnier, de faire du paraître un vêtement de vie, mais de trouver une âme à notre humanité perdue.

Quand un enfant s’immole par le feu, il ne s’éteint jamais. Serrant la main de la mort, l’homme s’égare dans l’ambition des riches. Il a perdu son cœur au fond d’un porte-monnaie. Dans ce siècle hygiénique, il faut apprendre à se salir les mains, porter le placenta jusqu’au vent des abîmes. On ne pardonne pas les doutes et les angoisses. Je m’en fais une peau et des ailes d’oiseau. Attendant de rejoindre la camarde bretonne où logent Guillevic, Orveillon et Graal, j’offre au ventre affamé les syllabes du pain. On trépane le monde qu’on recoud à la hâte. On ne fait pas l’économie de vivre sans y perdre son âme. On ne fait pas l’économie du rêve sans arthrose cérébrale. Il n’y a pas de lésine dans le monde des quasars. L’homme armé tue déjà ce qu’il est. Ce ne sont que des larmes dans la rosée des barbelés, des colchiques amers dans les pâturages du malheur, des tendresses blessées dans les faubourgs du sang. Quand on ne sert pas la vie, c’est à la mort qu’on sert. On s’asservit au négoce des patrons. Quand il ne restera plus qu’un verre d’eau se partageant la soif, il faudra bien trouver la source, refaire le monde, chercher dans l’ombre la lumière.

 

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JEAN-MARC LA FRENIERE

 

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Bernard Liegeois

Photographie Bernard Liegeois


LA CHAMBRE OBSTINEE...Extrait

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Je serai peut-être
vent de cendre
dans la Guisane

Cette rivière
du pays de mon père
qui va s'oublier

Dans la Durance
comme tout oublie
toujours tout

Et si je suis loin
pensez à moi
de temps en temps

De la même façon
Suffisamment
Vivant

Dans le vieil habit propre
sincère
de la tendresse

Donnez-moi une postérité
de proximité
de baisers déplacés

 

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PATRICK CHEMIN

 

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Le Lauzet - 2, la Guisane

La Guisane au Lauzet

 

 

OSLO: LE JOUR D'APRES

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Cet essai hautement critique et d’une lucidité très actuelle, a étéécrit par Edward Saïd à l’automne 1993, dans la foulée des accords dits d’Oslo, et publié dans la London Review of Books datée d’octobre de la même année.

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A présent que l’euphorie s’est un peu évaporée, nous pouvons réexaminer l’accord Israël-OLP avec tout le bon sens nécessaire. Il ressort de cet examen que l’accord est plus imparfait, et pour la plupart des Palestiniens, plus déséquilibré que ce que beaucoup supposaient au départ. Les vulgarités du défilé de mode de la cérémonie à la Maison-Blanche, le spectacle dégradant de Yasser Arafat remerciant tout le monde pour la privation de la plupart des droits de son peuple, et la stupide apparition de Bill Clinton en empereur romain du XXe siècle pilotant ses deux rois vassaux à travers les rituels de la réconciliation et de l’obéissance : tout cela n’a obnubilé que temporairement les proportions vraiment incroyables de la capitulation palestinienne.

Alors, avant tout, appelons cet accord de son vrai nom : un outil de la capitulation palestinienne, un Versailles palestinien. Ce qui le rend pire encore, c’est qu’au cours des 15 dernières années, l’OLP aurait pu négocier un arrangement meilleur que ce Plan Allon modifié, et exigeant de faire moins de concessions unilatérales à Israël. Pour des raisons que les dirigeants connaissent fort bien, ils ont refusé toutes les ouvertures précédentes. Pour donner un exemple que je connais personnellement : à la fin des années ’70, le secrétaire d’État Cyrus Vance m’a demandé de persuader Arafat d’accepter la résolution 242, avec une réserve (acceptée par les USA) à ajouter par l’OLP et insistant sur les droits nationaux du peuple palestinien ainsi que sur l’autodétermination palestinienne. Vance a dit que les USA reconnaîtraient immédiatement l’OLP et instaurerait les négociations OLP-Israël. Arafat refusa l’offre catégoriquement, de même que des offres similaires. Ensuite éclata la guerre du Golfe, et l’OLP perdit encore plus de terrain à cause des positions désastreuses qu’il adopta alors. Les gains de l’Intifada furent dilapidés, et maintenant, les défenseurs du nouveau document disent : « Nous n’avions pas d’alternative ». Il serait plus exact de dire : « Nous n’avions pas d’alternative parce que nous en avions perdu ou rejeté bien d’autres, ne nous laissant que celle-ci ».

Pour avancer vers l’autodétermination palestinienne – qui n’a de sens que si liberté, souveraineté, égalité, et non une soumission perpétuelle à Israël, sont ses objectifs — il nous faut reconnaître honnêtement où nous en sommes, maintenant que l’accord intérimaire va être négocié. Ce qui est particulièrement mystifiant, c’est comment tant de leaders palestiniens et leurs intellectuels peuvent continuer à parler de cet accord comme d’une « victoire ». Nabil Shaath l’a qualifié de « parité complète » entre Israéliens et Palestiniens. La réalité c’est qu’Israël n’a rien concédé, comme l’ancien secrétaire d’État James Baker l’a dit dans une interview télévisée, excepté, tout platement, l’existence de « l’OLP comme représentant du peuple palestinien ». Ou, comme la colombe Amos Oz l’aurait dit au cours d’une interview à la BBC, « c’est la deuxième plus grande victoire de l’histoire du sionisme ».

Par contre, la reconnaissance par Arafat du droit d’Israël à exister comporte toute une série de renonciations : à la Charte de l’OLP ; à la violence et au terrorisme ; à toutes les résolutions pertinentes de l’ONU, sauf la 242 et la 338, qui ne disent pas un mot des Palestiniens, de leurs droits et de leurs aspirations. Implicitement, l’OLP mettait de côté bien d’autres résolutions de l’ONU (qu’avec Israël et les États-Unis, elle est apparemment disposée à modifier ou à abroger) qui, depuis 1948, ont donné aux réfugiés palestiniens des droits, dont le droit à des compensations ou au rapatriement. Les Palestiniens ont gagné bien des résolutions internationales — proposées notamment par l’Europe, le Mouvement des non-alignés, la Conférence islamique et la Ligue arabe, ainsi que par l’ONU – et qui rejetaient ou condamnaient les colonies israéliennes, les annexions et les crimes contre le peuple sous occupation.

Il semblerait donc que l’OLP a mis fin à l’Intifada, qui n’incarnait ni le terrorisme ni la violence, mais le droit des Palestiniens à résister, alors qu’Israël continue d’occuper la Cisjordanie et Gaza. La considération première du document est la sécurité d’Israël, et aucunement la sécurité des Palestiniens contre les incursions israéliennes. Dans sa conférence de presse du 13 septembre, Rabin a été franc sur la poursuite du contrôle souverain d’Israël ; de plus, a-t-il dit, Israël détiendrait le Jourdain, les frontières avec la Jordanie et l’Égypte, la mer, la terre entre Gaza et Jéricho, Jérusalem, les colonies et les routes. Peu de choses dans le document suggèrent qu’Israël renoncera à la violence contre les Palestiniens ou, comme l’Irak a été forcé de le faire après son retrait du Koweït, dédommagera les victimes de sa politique au cours des 45 dernières années.

Ni Arafat, ni aucun de ses partenaires palestiniens ayant rencontré les Israéliens à Oslo n’a jamais vu de colonie israélienne. Il y en a maintenant plus de 200, surtout sur des collines, des promontoires et des points stratégiques à travers la Cisjordanie et Gaza. Probablement beaucoup déclineront et mourront, mais les plus grandes sont conçues pour durer. Un système indépendant de routes les connecte à Israël, et crée une discontinuité handicapante entre les grands centres de population palestinienne. Les terres réellement saisies par ces colonies, plus celles destinées àêtre expropriées, représentent – estime-t-on – plus de 55 % de la superficie totale des territoires occupés. Le « Grand Jérusalem »à lui seul, annexé par Israël, comprend une énorme surface de terres virtuellement volées, au moins 25 % du total. A Gaza les colonies au nord (trois), au milieu (deux) et au sud, le long de la côte depuis la frontière égyptienne jusqu’au-delà de Khan Yunis (12), représentent au moins 30 % de la bande de Gaza. En plus, Israël a pompé dans tous les nappes aquifères de Cisjordanie, et utilise maintenant près de 80 % de cette eau pour les colonies et pour Israël même. (Il y a probablement des installations d’eau similaires dans la « zone de sécurité » israélienne au Liban). Ainsi le contrôle (voire le vol qualifié) des ressources en terre et en eau, est soit ignoré, dans le cas de l’eau, soit, dans le cas de la terre, remis à plus tard par les Accords d’Oslo.

Ce qui aggrave les choses, c’est que toutes les informations sur les colonies, la terre et l’eau sont détenues par Israël, qui n’a pas partagé la plupart de ces données avec les Palestiniens, pas plus qu’il n’a partagé les revenus des taxes excessivement élevées qu’il leur a imposées depuis 26 ans. Toutes sortes de comités techniques (auxquels des Palestiniens de l’extérieur ont participé) ont été mis en place par l’OLP dans les territoires occupés pour examiner ces questions, mais il semblerait que les conclusions de ces comités (en supposant qu’elles existent) n’aient guère été utilisées par la partie palestinienne à Oslo. Alors l’impression d’un énorme hiatus entre ce qu’Israël a obtenu et ce que les Palestiniens ont concédé ou négligé demeure inchangée.

Je doute qu’il y ait un seul Palestinien regardant la cérémonie à la Maison-Blanche qui n’a pas ressenti qu’un siècle de sacrifices, de spoliation et de lutte héroïque n’a finalement servi à rien. En fait le plus perturbant, c’est que Rabin lui-même a tenu le discours des Palestiniens tandis qu’Arafat prononçait des paroles aussi inspirées qu’un contrat de location. Ainsi, loin d’être considérés comme les victimes du sionisme, les Palestiniens ont été qualifiés devant le monde entier d’agresseurs repentis : comme si les milliers de personnes tuées par les bombardements israéliens sur les camps de réfugiés, les hôpitaux et les écoles au Liban ; l’expulsion de 800 000 personnes en 1948 (dont les descendants comptent maintenant 3 millions, apatrides pour beaucoup d’entre eux) ; la conquête de leurs terres et de leurs biens ; la destruction de plus de 400 villages palestiniens ; l’invasion du Liban ; les ravages de 26 ans d’occupation militaire brutale — c’était comme si toutes ces souffrances avaient été réduites à un statut de terrorisme et de violence qu’il faudrait rétrospectivement abdiquer ou passer sous silence. Israël a toujours décrit comme terrorisme et violence la résistance palestinienne, aussi, même sur le plan de la formulation, il a reçu un cadeau moral et historique.

En échange de quoi exactement ? La reconnaissance par Israël de l’OLP — sans doute un progrès significatif. Au-delà, en acceptant que les questions de la terre et de la souveraineté soient reportées aux « négociations sur le statut final », les Palestiniens ont en réalité bradé leur droit intégral et internationalement reconnu sur la Cisjordanie et Gaza : ce sont maintenant devenus des « territoires contestés ». Ainsi avec l’aide des Palestiniens, Israël s’est vu attribuer une revendication au moins égale à la leur. Le calcul d’Israël semble être qu’en acceptant de maintenir l’ordre à Gaza — un job que Begin a essayé de donner à Sadate il y a 15 ans — l’OLP se brouillerait rapidement avec les concurrents locaux, dont le Hamas. De plus, au lieu de se renforcer pendant la période intérimaire, les Palestiniens pourraient s’affaiblir, être davantage sous la botte israélienne et donc moins capables de s’opposer aux revendications israéliennes quand débutera le dernier cycle de négociations. Mais quant à dire comment, par quels mécanismes spécifiques, on va passer du statut intérimaire à un statut ultérieur, le document reste délibérément silencieux. Ceci signifie-t-il — mauvais présage — que l’étape intérimaire pourrait être la dernière ?

Les commentateurs israéliens ont suggéré que d’ici, disons six mois, l’OLP et le gouvernement Rabin négocieraient un nouvel accord reportant encore les élections, permettant ainsi à l’OLP de continuer à régner. Il est utile de mentionner qu’au moins deux fois l’été dernier Arafat a dit que son expérience de gouvernement consistait dans les 10 années où il a « contrôlé » le Liban, maigre consolation pour les nombreux Libanais et Palestiniens qui se souviennent de cette période désolante. Aujourd’hui il n’y a d’ailleurs pas de réels moyens pour mener des élections, même si elles étaient au programme. L’imposition du pouvoir par le haut, plus le long héritage de l’occupation, cela n’a guère contribuéà la croissance d’institutions démocratiques à la base. Des comptes-rendus non confirmés dans la presse arabe indiquent que l’OLP a déjà nommé des ministres dans son propre cercle de Tunis, et des ministres adjoints parmi les habitants fiables de Cisjordanie et de Gaza. Y aura-t-il jamais de vraies institutions représentatives ? On ne peut pas être très optimiste, vu le refus absolu d’Arafat de partager ou de déléguer le pouvoir, sans parler des moyens financiers que lui seul connaît et contrôle.

À la fois pour la sécurité intérieure et pour le développement, Israël et l’OLP s’alignent maintenant l’un sur l’autre. Les membres ou consultants de l’OLP ont rencontré des dirigeants du Mossad depuis octobre dernier pour discuter des problèmes de sécurité, notamment la sécurité d’Arafat lui-même. Et ceci au moment même de la pire répression israélienne des Palestiniens sous occupation militaire. Derrière la collaboration, il y a l’idée qu’elle dissuadera tout Palestinien de manifester contre l’occupation, laquelle ne se retirera pas, mais ne fera seulement que se redéployer. Par ailleurs, les colons israéliens continueront à vivre, comme ils l’ont toujours fait, sous une justice différente. L’OLP deviendra ainsi l’exécutant d’Israël, perspective désagréable pour la plupart des Palestiniens. Fait intéressant, l’ANC a toujours refusé de fournir des policiers au gouvernement sud-africain avant tout partage du pouvoir, précisément pour éviter d’apparaître comme l’exécutant du gouvernement blanc. Il y a quelques jours, on rapportait depuis Amman que 170 membres de l’Armée de libération de la Palestine, actuellement entraînés en Jordanie pour faire la police à Gaza, ont refusé de coopérer, précisément pour cette raison. Avec environ 14 000 Palestiniens prisonniers dans les prisons israéliennes — dont certains pourraient être relâchés, selon Israël — il y a une contradiction implicite, pour ne pas dire une incohérence avec les nouveaux arrangements sécuritaires. Accorderont-ils plus de place à la sécurité des Palestiniens ?

Le sujet sur lequel la plupart des Palestiniens sont d’accord est le développement, décrit dans les termes les plus naïfs qu’on puisse imaginer. On s’attend à ce que la communauté mondiale donne aux zones presque autonomes un soutien financier à grande échelle ; on en attend autant de la diaspora palestinienne. Mais tout le développement pour la Palestine doit passer par le Comité mixte de Coopération économique Palestine-Israël, alors que, d’après le document, « les deux côtés coopéreront ensemble et unilatéralement avec les parties régionales et internationales pour parvenir à ces fins ». Israël est la puissance économique et politique dominante dans la région — et bien sûr sa puissance est renforcée par son alliance avec les USA. Plus de 80 % de l’économie de la Cisjordanie et de Gaza dépendent d’Israël, qui contrôlera vraisemblablement les exportations palestiniennes, l’industrie et le travail dans un futur proche. À part une petite classe moyenne d’entrepreneurs, la grande majorité des Palestiniens sont appauvris et sans terre, soumis aux caprices de la communauté industrielle et commerciale israélienne qui emploie les Palestiniens comme main-d’œuvre bon marché. Sur le plan de l’économie, la plupart des Palestiniens resteront sans doute ce qu’ils sont, même s’ils sont maintenant supposés aller travailler dans le secteur privé, dans des industries de services partiellement sous contrôle palestinien, comme l’hôtellerie, les petites unités de montage, les fermes et des choses similaires.

Une étude récente du journaliste israélien Asher Davidi cite Dov Lautman, président de l’Association des Industriels israéliens : « Qu’il y ait un État palestinien, l’autonomie ou un État palestino-jordanien importe peu. Les frontières économiques entre Israël et les territoires [occupés] doivent rester ouvertes ». En réalité, avec ses institutions bien développées, ses relations étroites avec les USA et son économie agressive, Israël incorporera économiquement les territoires [occupés], les maintenant dans un état de dépendance permanente. Et puis Israël se tournera vers le monde arabe élargi, faisant usage des bénéfices politiques de l’accord palestinien comme d’un tremplin pour s’introduire dans les marchés arabes, qu’il exploitera aussi et dominera probablement.

Encadrant tout cela : les États-Unis, la seule puissance mondiale, dont l’idée de Nouvel ordre mondial est basée sur une domination économique par quelques sociétés géantes et la paupérisation si nécessaire de nombreuses populations peu évoluées (même celles dans les métropoles). L’aide économique pour la Palestine est supervisée et contrôlée par les États-Unis, en contournant les Nations-Unies dont certaines agences comme l’UNRWA et l’UNDP sont de loin mieux placées pour la gérer. Prenons le Nicaragua et le Vietnam. Ces deux pays sont d’anciens ennemis des États-Unis ; le Vietnam a effectivement vaincu les États-Unis mais maintenant, il a économiquement besoin d’eux. Un boycott contre le Vietnam se poursuit et les livres d’histoire sont écrits de manière à montrer comment les Vietnamiens ont péché contre les États-Unis et les ont « maltraités » pour leur geste idéaliste d’avoir envahi, bombardé et dévasté leur pays. Le gouvernement sandiniste du Nicaragua a été attaqué par le mouvement des Contras financé par les États-Unis ; les ports du pays ont été minés, sa population ravagée par la famine, les boycotts et tous les types imaginables de subversion. Après les élections de 1991, qui ont porté au pouvoir un candidat soutenu par les États-Unis, Mme Chamorro, les USA ont promis des millions et des millions de dollars d’aide, dont seulement 30 millions ont en fait été concrétisés. À la mi-septembre, toutes les aides étaient supprimées. Il y a maintenant une famine et une guerre civile au Nicaragua. Pas moins fâcheux a été le sort du Salvador et de Haïti. S’abandonner, comme Arafat l’a fait, aux mains des États-Unis, c’était presque à coup sûr subir le sort qu’ils ont réservé aux peuples rebelles ou « terroristes » avec lesquels ils ont eu à traiter dans le tiers monde, « après » que ceux-ci eurent promis de ne plus résister aux États-Unis.

Main dans la main avec le contrôle économique et stratégique des pays du tiers monde qui se trouvent à proximité, ou sont détenteurs, de ressources comme le pétrole, indispensables aux États-Unis, il y a le système médiatique dont la portée et le contrôle sur la pensée sont vraiment stupéfiants. Depuis au moins vingt ans, Yasser Arafat était considéré comme l’homme le moins intéressant et moralement le plus repoussant sur la terre. À chaque fois qu’il est apparu dans les médias, ou qu’il s’est entretenu avec eux, il a été présenté comme s’il n’avait en tête qu’une seule idée : tuer des juifs, en particulier les femmes et les enfants innocents. En quelques jours, les « médias indépendants » avaient totalement réhabilité Arafat. Il était maintenant une personnalité admise, sympathique même, dont le courage et le réalisme ont reconnu à Israël sa juste cause. Il s’était repenti, il était devenu un « ami », et lui et son peuple étaient maintenant de « notre » côté. Quiconque s’opposait ou critiquait ce qu’il avait fait était soit un fondamentaliste comme les colons du Likoud soit un terroriste comme les membres du Hamas. Il était devenu presque impossible de dire quelque chose, sinon que l’accord israélo-palestinien – généralement non lu ni examiné, en tout cas pas clair, manquant de dizaines de détails déterminants – était la première étape vers l’indépendance palestinienne.

S’il s’agit d’un critique ou d’un analyste véritablement indépendant, le problème est de savoir comment il doit se libérer du système idéologique servi maintenant tant par l’accord que par les médias. Ce qu’il faut, c’est la mémoire et le scepticisme (voire la suspicion pure et simple). Même s’il est manifestement évident que la liberté palestinienne proprement dite n’a pas été atteinte, et s’il est clair qu’elle est destinée à ne pas l’être, au-delà des piètres limites imposées par Israël et les États-Unis, la fameuse poignée de main diffusée partout dans le monde est censée non seulement symboliser un grand moment de succès, mais aussi masquer les réalités passés aussi bien que présentes.

Avec un minimum d’honnêteté, les Palestiniens devraient être capables de voir que la grande majorité des personnes que l’OLP est censée représenter ne sera pas servie par l’accord, sauf superficiellement. Certes, les habitants de la Cisjordanie et de Gaza sont à juste titre heureux de voir que certaines troupes israéliennes vont se retirer, et que de grandes quantités d’argent vont commencer à arriver. Mais il est franchement malhonnête de ne pas être attentif sur ce qu’implique l’accord en termes d’occupation à venir, de contrôle économique et d’insécurité profonde. Ensuite, il y a le problème gigantesque des Palestiniens qui vivent en Jordanie, sans parler des milliers de réfugiés apatrides au Liban et en Syrie, États arabes « amis » qui ont toujours eu une loi pour les Palestiniens, et une autre pour leurs ressortissants. Ces deux-poids-deux-mesures se sont déjà intensifiés, comme en témoignent les scènes épouvantables de retards et de harcèlements qui se sont produites au Pont Allenby depuis que l’accord a été annoncé.

Alors, que faire, puisque le vin est tiré ? La première chose est d’expliquer clairement non seulement quelles sont les vertus d’être reconnu par Israël et acceptéà la Maison Blanche, mais aussi quels en sont les principaux handicaps. Pessimisme intellectuel d’abord, optimisme de la volonté ensuite. On ne peut améliorer une situation médiocre incombant largement à l’incompétence technique de l’OLP – qui a négocié en anglais, langue que ni Arafat ni son émissaire à Oslo ne connaissent, sans conseiller juridique – aussi longtemps que sur le plan technique au moins on n’implique pas les personnes capables de penser par elles-mêmes, et non pas de simples instruments de ce qui n’est toujours qu’une simple autorité palestinienne. Je trouve terriblement démoralisant que tant d’intellectuels arabes et palestiniens – qui, une semaine avant, se lamentaient des manières dictatoriales d’Arafat, de son contrôle égocentrique de l’argent, du cercle d’hypocrites courtisans qui l’entourait ces derniers temps, de l’absence de fiabilité et de réflexion, du moins depuis la Guerre du Golfe – opèrent maintenant un retournement à 180 degrés et se mettent à applaudir son génie tactique et sa dernière victoire. La marche vers l’autodétermination ne peut s’entreprendre qu’avec des gens nantis d’aspirations et d’objectifs démocratiques. Sans cela, l’effort n’en vaut pas la peine.

Après tout le tralala célébrant « le premier pas vers un État palestinien », nous devrions nous rappeler que ce qui importe beaucoup plus qu’avoir un État, c’est le genre d’État que ce sera. L’histoire du monde post-colonial est défiguré par les tyrannies à parti unique, les oligarchies tyranniques, la dislocation sociale causée par les « investissements » occidentaux et l’énorme paupérisation entraînée par la famine, la guerre civile ou le vol pur et simple. Pas plus que le fondamentalisme religieux, le simple nationalisme n’est et ne sera jamais « LA réponse » aux problèmes des nouvelles sociétés laïques. Hélas on peut déjà entrevoir dans un potentiel État palestinien l’esquisse d’un mariage entre le chaos libanais et la tyrannie irakienne.

Pour ne pas en arriver là, il faut s’occuper d’un certain nombre de thèmes spécifiques. L’un d’eux est la diaspora des Palestiniens qui à l’origine ont porté Arafat et l’OLP au pouvoir, les y ont maintenus, et sont à présent voués au statut permanent d’exilés ou de réfugiés. Comme ils constituent au moins la moitié de la totalité de la population palestinienne, leurs besoins et leurs aspirations ne sont pas à négliger. Un faible segment de la communauté exilée est représenté par les différentes organisations politiques « accueillies » en Syrie. Un nombre significatif d’indépendants (dont certains, comme Chafik El Hout et Mahmoud Darwish, ont suspendu leur participation à l’OLP ) ont toujours un rôle important à jouer, pas seulement celui d’applaudir ou de condamner en coulisses, mais en défendant des changements spécifiques dans la structure de l’OLP, en tentant de transformer l’ambiance triomphaliste du moment en quelque chose de plus approprié, en mobilisant le soutien et la construction d’une organisation au sein des différentes communautés palestiniennes partout dans le monde, afin de poursuivre la marche vers l’auto-détermination. Leurs communautés ont été singulièrement insatisfaites, sans leaders et indifférentes depuis le début du processus de Madrid.

L’une des premières tâches est le recensement des Palestiniens, à considérer non pas comme un simple exercice bureaucratique, mais comme l’affranchissement des Palestiniens où qu’ils se trouvent. Israël, les Etats-Unis et les états arabes, tous se sont toujours opposés au recensement : il donnerait aux Palestiniens une trop forte visibilité dans des pays où ils sont censés être invisibles. Avant la Guerre du Golfe, il aurait montréà différents gouvernements du Golfe combien ils étaient dépendants d’une communauté« hôte » trop nombreuse, généralement exploitée. Mais surtout le refus du recensement découlait de la conscience du fait que s’il fallait compter l’ensemble des Palestiniens, malgré la dispersion et la spoliation, un tel exercice ne serait pas loin de faire d’eux une nation plutôt qu’une simple collection de gens. Aujourd’hui plus que jamais, le processus du recensement, suivi peut-être d’élections partout dans le monde, serait un point majeur de l’ordre du jour pour tous les Palestiniens où qu’ils soient. Il pourrait constituer un acte d’auto-réalisation historique et politique en dehors de limitations imposées par l’absence de souveraineté. Et il donnerait chair au besoin universel de participation démocratique, qui à présent est ostensiblement entravé par une alliance prématurée entre Israël et l’OLP.

Certes, un recensement poserait une fois de plus la question du retour des Palestiniens qui ne sont pas de Cisjordanie ou de Gaza. Bien que ce dossier ait été condensé dans la formule générale de « réfugiés » reportée dans le futur jusqu’aux entretiens sur le statut final, il faut l’ouvrir dès maintenant. Le gouvernement libanais par exemple, a publiquement mis le feu aux poudres contre la citoyenneté et la naturalisation pour les 350 à 400 mille Palestiniens au Liban, la plupart apatrides, pauvres et dans une impasse permanente. La situation est similaire en Jordanie et en Egypte. Ces gens qui parmi tous les Palestiniens ont payé le tribut le plus lourd, on ne peut ni les laisser pourrir quelque part ni les déverser ailleurs contre leur volonté. Israël est capable d’offrir le droit au retour à tout juif dans le monde : les individus juifs peuvent devenir citoyens israéliens et vivre en Israël à tout moment. Cette inéquité extraordinaire, intolérable à tous les Palestiniens depuis plus d’un demi-siècle, doit être corrigée. Il est impensable que tous les réfugiés de 1948 souhaitent ou soient capables de retourner dans un endroit aussi petit qu’un Etat palestinien : mais par ailleurs, il est inacceptable pour eux tous qu’on leur dise de se réinstaller ailleurs, ou d’abandonner toute idée de rapatriement et de compensation.

Aussi l’une des choses que l’OLP et les Palestiniens indépendants devraient faire, c’est traiter une question non évoquée dans les Accords d’Oslo, anticipant les négociations sur le statut final, à savoir : exiger des réparations pour les Palestiniens qui ont été victimes de ce terrible conflit. Même si le gouvernement israélien souhaite (Rabin l’a énergiquement exprimé dans sa conférence de presse à Washington) que l’OLP ferme « ses prétendues ambassades », ces bureaux devraient rester ouverts afin que les plaintes en matière de rapatriement ou de compensation puissent y être déposées.

En somme, il nous faut progresser de l’état d’abjection passive dans lequel nous avons négocié les Accords d’Oslo (« nous accepterons tout du moment que vous nous reconnaissiez ») vers une position qui nous permette de poursuivre des traités parallèles avec Israël et les arabes concernant les aspirations nationales palestiniennes, par opposition à de simples aspirations municipales. Mais cela n’exclut pas de résister à l’occupation israélienne qui se prolonge indéfiniment. Aussi longtemps qu’existeront l’occupation et les colonies, qu’elles soient ou non légitimées par l’OLP, les Palestiniens comme les autres doivent se déclarer contre elles. L’une des questions non évoquées dans les Accords d’Oslo, ni dans l’échange de lettres OLP-Israël, ni dans les discours à Washington, c’est de savoir si la violence et le terrorisme auxquels l’OLP a renoncé incluent la résistance non violente, la désobéissance civile, etc. Il s’agit d’un droit inaliénable pour tout peuple à qui sont déniés la souveraineté et l’indépendance, et il faut le soutenir.

Comme beaucoup de gouvernements arabes impopulaires et antidémocratiques, l’OLP a déjà commencéà s’approprier l’autorité, qualifiant ses opposants de « terroristes » ou de « fondamentalistes ». C’est de la démagogie. Le Hamas et le Jihad islamique sont opposés à l’accord d’Oslo mais ils ont dit à plusieurs reprises qu’ils n’auront pas recours à la violence contre d’autres Palestiniens. D’ailleurs, leur influence combinée atteint moins d’un tiers des citoyens de Cisjordanie et de Gaza. Quant aux groupes basés à Damas, il me semble qu’ils sont soit paralysés soit discrédités. Mais cela est loin de résumer l’opposition palestinienne, qui comprend aussi des laïcs renommés, des gens qui se sont engagés pour une solution pacifique au conflit israélo-palestinien, réalistes et démocrates. Je m’inclus dans ce groupe qui est, je crois, beaucoup plus important que ce que l’on suppose aujourd’hui.

Au cœur de la pensée de cette opposition se trouve le besoin désespéré d’une réforme au sein même de l’OLP, qui est maintenant avertie que les revendications réductrices pour une « unité nationale » ne sont plus une excuse pour l’incompétence, la corruption et l’autocratie. Pour la première fois dans l’histoire palestinienne, une telle opposition ne peut plus, sauf par quelque logique grotesque et non sincère, être assimilée à une trahison de l’autorité ou à une trahison morale. En effet, nous affirmons que nous sommes opposés au palestinisme sectaire et à une loyauté aveugle à la direction : nous restons attachés aux grands principes démocratiques et sociaux de la responsabilisation et de la représentation que le nationalisme triomphant a toujours essayé de supprimer. Je crois qu’une opposition généralisée au passé de maladresses de l’OLP va émerger dans la diaspora, mais elle finira par intégrer des personnes et des partis des Territoires occupés.

Enfin, il y a la question déroutante des relations entre Israéliens et Palestiniens qui croient en une autodétermination pour deux peuples, mutuellement et àégalité. Les réjouissances sont prématurées et, pour beaucoup trop d’Israéliens et de juifs non israéliens, elles sont un moyen facile de se défiler devant les énormes disparités qui subsistent. Nos peuples sont déjà trop reliés l’un à l’autre dans un conflit et une histoire partagée de persécutions pour un pow-wow de style américain destinéà panser les blessures et ouvrir la voie pour avancer. Il y a toujours une victime et un bourreau. Mais il peut y avoir une solidarité dans la lutte pour mettre fin aux injustices, et, pour les Israéliens, en pressant leur gouvernement de mettre un terme à l’occupation, à l’expropriation et aux colonies. Les Palestiniens, après tout, n’ont plus grand-chose à donner. La lutte commune contre la pauvreté, l’injustice et le militarisme doit maintenant être engagée sérieusement, sans les exigences rituelles de sécurité psychologique pour les Israéliens – qui, s’ils ne l’ont pas encore aujourd’hui, ne l’auront jamais. Plus que tout autre chose, ceci montrera comment la poignée de main symbolique pourra être la première étape vers la réconciliation et une paix réelle.

 

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EDWARD SAÏD

إدوارد وديع سعيد

21 Otobre 1993

https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Sa%C3%AFd

 

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Edward Saïd

إدوارد وديع سعيد

 

 

 

 

JOE BOUSQUET

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(...)

Le vent pleurait les oiseaux de passage
Berçant les mers sur ses ailes de sel
Je prends l'étoile avec un beau nuage
Quand la page blanche a bu tout le ciel

 

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JOË BOUSQUET

 

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gilles-joseph-berger

Oeuvre Gilles Joseph Berger

ELEGIE DU SILENCE

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Silence, où mènes-tu
Ton cristal imprégné
De rires, de paroles
Et des sanglots de l'arbre ?
Comment effaces-tu
La rosée des chansons
Et les taches sonores
Que les lointaines vagues
Laissent sur la blancheur
Sereine de ton voile ?
Qui ferme tes blessures
Lorsque dans les campagnes
Une vieille noria
Plante sa flèche lente
Dans ton cristal immense ?
Où vas-tu si, le soir,
Te blesse l'angélus,
Si troublent ton repos
Des essaims de chansons
Et la rumeur dorée
Qui tombe sur les monts
Bleutés en sanglotant ?

 

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FEDERICO GARCIA LORCA

 

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ELEGIE

 

 

 

HEATHER DOHOLLAU...Extrait

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A ma Vince...

Je te cherche
Es-tu ma mère, ma fille ?
Laquelle est la porte de l’autre
La terre est là
Au niveau de nos songes
Faut-il descendre et monter
Pour y être
A portée de tes bras ?

 

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HEATHER DOHOLLAU

 

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Christian Arjonilla rose2

Oeuvre Christian Arjonilla

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