LILA DOWNS - LA LLORONA
ENIGMA MIX....
AGNES SCHNELL
LES HERBES COUPEES
Les herbes coupées
bleues dans l'herbe.
Le poirier qu'il faudrait émonder.
Sur un fil
des étoffes rendues à leurs couleurs.
Dans une lavande
les réseaux de l'épeire,
une guêpe agrippée.
Un livre de Chénier,
ces deux trois vers
qu'il laissait parfois sans suite
comme
où dort la solitude amante des ombrages.
La paresse attend la nuit.
Le temps ouvre ses heures,
les referme
aussi juste et calmement que le font les fleurs.
Le jour en coupole arrondit mes épaules.
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JEAN - LUC STEIMETZ
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SILENCES, Poemes 1957-1977...Extrait
Il n'y a pas longtemps
À celui qui disait
Le poète est là pour changer le monde
Je répondais que la poésie
Est une lame
À couper le pain des jours de l'homme
Et qu'il n'en faut point faire une épée
Et je trouvais que mon image n'était pas mauvaise
J'avais tort. Énormément tort.
Et je le dirai si fort
Que pour trancher le pain des jours qui viennent
Je forgerai lame nouvelle
Plus coupante que belle
Plus vive que sonore
De quelques criarde chanson
Qui couchera dans l'oreille populaire.
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GILLES VIGNEAULT
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LES FLEURS DE TON SANG
PILLAGE BLOG....
Je n'ai pas l'habitude de réagir de la sorte, car je ne suis pas mesquine et plutôt partageuse...C'est un principe et une évidence lorsqu'on publie des textes qui ne nous appartiennent pas et qui font partie du patrimoine littéraire ...Il est nécessaire souvent de demander des autorisations, de joindre des auteurs ( lorsqu'ils sont vivants ), enfin d'effectuer tout un travail en amont afin de pouvoir poster des oeuvres avec le maximum de légalité - ce qui n'est pas toujours possible -
Mais enfin, ce matin, j'ai eu la " désagréable " surprise de constater sur le réseau social " Facebook ", qu'un Monsieur effectuait son marché poétique sur mon blog, et ce de la pire des façons...C'est à dire en empruntant les articles dans leur intégralité - poèmes + photographies - afin de les poster à la suite des uns des autres sur son espace " Facebook "...Si les textes ne m'appartiennent pas, la grande majorité des photographies sont prises par et pour "Emmila " et ne sont pas libres de droit . Ce monsieur ne s'est jamais donné la peine de me contacter, ni de me laisser le moindre petit commentaire sur mon site de poésie...Et pourtant, il aime beaucoup mon blog, vu le nombre d'articles " empruntés -qui plus est sans jamais donner la moindre source à ses lecteurs qui ne cessent de l'encenser sur ses choix poétiques et photographiques...Sachez monsieur Jean-Pierre Pinon, puisque c'est de vous qu'il s'agit, que ce travail de recherche et de mise en page nécessite des heures de travail... A vous qui donnez facilement des leçons de civisme sur votre blog politique, je demande le respect du travail fait et non ce pillage ordonné...
Je vous demande donc expressement de supprimer de votre espace " facebook " toutes les photographies publiées et empruntées sur mon blog- ou de poster un lien vers mon blog - dans le cas contraire, je me verrai contrainte à engager des poursuites.
Je ne fais qu'énoncer un constat, et afin que vos et mes lecteurs puissent s'en assurer, je me permets de faire apparaitre votre lien Facebook...
https://www.facebook.com/jeanpierre.pinon.1
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EMMILA
PS: Vous pouvez publier cet article, la photo n'est pas de moi...Mais j'ai obtenu l'autorisation de son propriétaire ...!
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LOST EPITHUMIA...Extrait
C'est un oiseau des temps modernes, c'est une chanson au fil de l'eau. C'est un cœur qui s'émerveille, c'est une enfant, juste un sourire. C'est une maison qui soigne les prières, c'est une vallée qui embrasse les pleurs, c'est une lueur d'espoir pour les mille misères, c'est une enfant, juste un sourire.
Mais qui se soucie d'elle, voyez sa main qui tremble, voyez ses yeux qui quémandent, voyez ses lèvres qui susurrent, ne voyez vous pas ses fractures...
C'est un berceau en chaloupe d'humanité, c'est une plume légère qui virevolte en cadence, c'est un cri dans la nuit, c'est un don de soie, un cadeau de la vie, c'est une enfant, juste un sourire. C'est un jardin endormi au grenier, c'est un volcan qui allume les océans, c'est un pas de mille, un trésor oublié, une gazelle en robe de missel, c'est une enfant, c'est un sourire.
Mais qui se soucie d'elle, voyez sa main qui frissonne, voyez ses yeux qui implorent, voyez ses lèvres qui se ferment, ne voyez vous pas ses blessures...
De grâce, du haut de vos tours de feu, du fond de vos cages cousues de fil d'or, donnez lui un peu de vous, soyez magnificence, elle ne demande rien ou si peu, juste un peu de vous, de ce que vous avez de bon en vous. C'est une enfant, une femme aussi.. Et ce sourire.. Donnez lui du sourire. Elle en a bien besoin. Juste un peu de pain, un peu de vie... Donnez...
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TOM B.
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IL A RENCONTRE UN ARBRE
(...)
Les premiers pas de cet enfant n'ont été applaudis par personne, il s'en est donc allé , cahin-caha , sans garde-fous. On ne lui jamais raconté d'histoires, le hasard l'a guidé vers un autre hasard, il avançait au gré du temps, libre, stoïque, utilisant le capital " vie" que lui dictait sa faim, son sommeil, et développait un instinct contre toute attente. La route l'emmenait toujours plus loin, et déroulait son long tapis de bitume qu'il foulait sans amertume, il faisait front, sans regarder en arrière. Il n'y avait rien à re-voir d'ailleurs...Il n'a pas appris qu'on pouvait s'aimer. Comme un passage obligé, simplement il passait d'un point d'interrogation à un autre, poursuivant sa marche en avant, inexorablement . Personne ne s'est intéresséà lui, pas le temps, l 'indifférence, la crainte. Les gens sont ainsi, ils laissent aller ... et se donnent bonne conscience...
Il a un jour, rencontré un arbre qui lui a ouvert ses branches et il s'est pendu.
L'arbre a pleuré.
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JOSIANE
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photographie Eva Besnyo
POESIE VERTICALE...Extrait
« Il est des messages dont le destin est la perte,
des mots antérieurs ou postérieurs à leur destinataire,
des images qui viennent de l’autre côté de la vision,
des signes qui pointent plus haut ou plus bas que leur cible,
des signaux sans code,
des messages enrobés dans d’autres messages,
des gestes qui butent contre la paroi,
un parfum qui régresse sans retrouver son origine,
une musique qui se déverse sur elle-même
comme un escargot définitivement abandonné.
Mais toute perte est le prétexte d’une rencontre.
Les messages perdus
inventent toujours qui doit les trouver. »
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ROBERTO JUARROZ
Traduction Roger Munier, Éditions Fayard, 1989
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COMME UNE FEUILLE AU VENT...
Il y en a qui vivent avec les yeux fermés à clef,
le cœur vidé de ses meubles,
les bras fermés aux autres,
les deux pieds dans les plats.
Mes souliers sont usés à tant chercher la route
et mes poches trouées par les clous des poèmes.
J’avance ligne à ligne au-devant du couchant.
Je n’entends plus qu’à peine les trilles de la vie.
Sa lumière s’amenuise en repliant ses ailes.
Je ne sais déjà plus contourner les tempêtes.
Mes yeux regardent à peine les îles des nuages.
Le jour hésite au ras des arbres.
Chaque seconde travaille à mourir un peu moins.
Si le temps s’arrêtait,
je tomberais de moi comme une feuille au vent.
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JEAN-MARC LAFRENIERE
http://lafreniere.over-blog.net/article-comme-une-feuille-au-vent-119301527.html
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Photographie Nathalie Magrez
ETOILE DE PROIE...Extrait
Le compromis entre l’obscur et la lumière
N’est pas l’ombre,
De même que le marécage n’est pas
La réconciliation entre la mer et la terre.
Tends la main en sommeil
Et ne respire plus jusqu’à ce que tu touches
Le bout de mes doigts suspendu vers toi
Au-dessus des traverses
Seuls nos bras
En rêvant
Peuvent encore jeter des passerelles.
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ANA BLANDIANA
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COMME SI DORMIR...Extrait
C’est-à-dire que ton rire rit en moi
Que ton sourire sourit en moi
Que ta voix est ma voix
Cette manière d’apothéose
Ce mal je m’y pique d’un seul mot cette démarche
Être ce sablier cette fissure je m’y glisse
C’est-à-dire que tu es ce par quoi du sel
Sur la plaie du désordre de la vitesse
Sur les éléments épars de ma nature particulière
De l’affolement
C’est-à-dire que ton rire rit en moi
Que tes pleurs pleurent en moi
Qu’il a plu d’un ciel sans nuage
Des lambeaux insoupçonnés
Que ton pas ô rythme de mes pas sur cette neige
Ôtant au décor et l’époque et son âge
Les pleins et les creux courant sur ton visage
L’oiseau noir mesure matin borgne
Le dernier de tes soupirs mais la terre délicate
Te prolonge de ses encres déliées
C’est-à-dire que ton rire rit en moi
Que ta mort mord en moi
Qu’il est des moments où je voudrais t’imiter
Mais à moins de mourir chacune à mon tour
Celui-ci n’est pas joué
Déjà ton air roulant sur ma peau d’herbe et de vitre
Ton reflet s’y accorderait
Si les lunes pleines des légendes
Et pour vivre ce que vivent les fantômes
Quand se taisent les loups
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LAURENCE BOUVET
Editions Bruno Doucey 2013
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CE QUELQUE CHOSE D'UN ANGE
Est-ce toi l'ange, au si doux visage ? Je t'ai croisé l'autre nuit. Tu es venu me délivrer du visible, ― dis, est-ce bien toi l'ange ? Tu parles la langue des oiseaux, tu voles au-delà des limites quand moi, je n'atteins que les confins de moi-même. Tu passes, tu glisses, sans pourquoi ni au revoir, ― tu disparais.
J'entends un bruissement dans les feuillages, est-ce l'annonce de ta venue ? Allons-nous nous battre comme des pauvres, sache que je suis prêt au combat, je ne crains pas ta puissance. Même si parfois, je suis fatigué de tous les combats. Ma force est redoutable, mes griffes tranchantes, mon cynisme étincelle.
― Tu ris d'innocence ! Comme je te comprends, la grâce est de ton côté. Tes lèvres tremblent comme les miennes, comme tu me ressembles, je suis d'un autre royaume moi aussi, ni de celui des vivants, ni de celui des morts, mes ailes battent entre les mondes. J'avance en aveugle, ― mon œil voit au-dedans.
Ah ! Je brûle de t'entendre, mais tu gardes le silence. Connais-tu l'orgueil toi aussi, l'orgueil démesuré des grands esprits aériens ? J'aime la pâleur de ton visage de porcelaine, l'effroi de ta beauté me paralyse, mon verbe tant s'épuise qu'il voudrait tout emporter. Le vent se lève, n'est-ce qu'une tempête ?
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SERGE VENTURINI
Paris, le 21 avril 2008,
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ENTRE LA PIERRE ET LA FLEUR...Extrait
(...)
C'est l'argent et sa ronde, l'argent et ses numéros creux, l'argent et son cortège de spectres.
L'argent est une fastueuse géographie : montagnes d'or et de cuivre, fleuves d'argent et de nickel,
arbres de jade et l'épais feuillage de la monnaie.
Ses jardins sont aseptisés, son printemps perpétuel est congelé, ses fleurs sont des pierres précieuses
sans odeur, ses oiseaux volent avec des ascenseurs, ses saisons changent avec l'aiguille de l'horloge.
La mort est un rêve dont ne rêve pas l'argent. L'argent ne dit pas : tu es. L'argent dit : combien.
Avoir beaucoup d'argent est pire que de n'en avoir pas.
Savoir compter n'est pas savoir chanter.
Joie et peine ne s'achètent ni ne se vendent.
La pyramide nie l'argent, l'Idole nie l'argent, le sorcier nie l'argent,
la vierge, l'enfant et le Saint nient l'argent.
L'analphabêtisme est une sagesse qu'ignore l'argent.
L'argent ouvre les portes de la maison du roi et ferme celles du pardon.
L'argent est le grand prestidigitateur : il fait s'évaporer tout ce qu'il touche,
ton sang et ta sueur, ta larme et ton idée. L'argent te réduit à néant.
Entre tous nous construisons le palais de l'argent : le grand zéro.
Non le travail : l'argent est le châtiment. Le travail nous donne de manger et dormir.
L'argent est l'araignée et l'homme la mouche. Le travail fait les choses.
L'argent suce le sang des choses.
Le travail est le toit, la table, le lit; l'argent n'a ni corps, ni tête, ni âme.
L'argent assèche le sang du monde, il fait tourner la tête de l'homme.
Escalier d'heures, de mois et d'années en haut duquel nous ne rencontrons personne.
Un monument que ta mort amène à la mort.
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OCTAVIO PAZ
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DE CHAIR ET DE MOTS...Extrait
J’écris pour rendre enfin à tous ceux qui l’ont fait,
à ces jeux gouvernés, à ce ghetto des squares,
un vieux gamin fantoche, idiot et dérisoire,
le fantôme entêté d’un clown insatisfait.
J’écris pour tenir tête au silence établi,
pour rallumer des mots éteints par l’habitude
et les garder vivants face à cette hébétude
qui pétrifie le cœur et qui nous désunit.
J’écris pour mieux aimer, poème aux mains tendues,
et j’invite chacun au creux de sa mémoire
à raviver sa soif pour lui donner à boire
à la source ameutée des sensations perdues.
J’écris pour demeurer devant la porte ouverte
et renaître nomade en sachant discerner
en tout feu une escale, en tout lieu un sentier
et en chaque être ému une parole offerte.
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MICHEL BAGLIN
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LE BALISEUR DES SONGES...Extrait
(...)
Fêter le vent le nuage le parfum
dit l'alphabet d'amour
à l'astre inconsolable
fêter la couleur l'encre la braise
le rire les larmes de ton cie
impossible étreinte du partage
fêter l'écho de l'amandier en pleurs
le papillon le basilic
et ton visage en toute choses
fêter le jour le mois l'année
de ta naissance ton absence
mille ans de chants sacrifiés
fêter la rose le cantique l'eau
et la lumière souveraine de l'âme
ô ma joie ô ma douleur
toi et moi deux souffles
dans la même poitrine
ô ma joie ô ma douleur
buvons le double rêve du soleil
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AHMED BEN DHIAB
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NOUS LES PORTEURS DE FEU...Extrait
Au centre des ténèbres
Un tourbillon se déshabille
Une femme se forme
Pour que la nuit soit blanche
Heureuse d'être nue
D'avoir tout exprimé
Son rôle est accompli
Plus rien ne la tourmente
Elle se sent bien
D'avoir déjoué les énigmes
Elle est debout dans sa victoire
Qui n'a fait que des beaux gestes
S'arracher les voiles
Effacer de la nacre sa buée
Sortir du miroir
En baissant la tête
Chasser la nuit de la vitre
En s'y reflétant
L'art d'éclairer ses profondeurs
L'art de jeter son linge
Sur la face de nuit
L'art d'ignorer les obstacles
L'art de passer à gué
L'art de venir au monde
Sans déchirer la soie
L'art de pousser vers la beauté
Sur les jeunes pousses de ses pieds
L'art d'être la faiblesse
Qui met la force au monde.
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ERNEST DELEVE
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EN SOMME
STEFANU CESARI
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Stefanu Cesari, lauréat du Prix du Livre corse