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Channel: EMMILA GITANA
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ÊTRE LYRIQUE...

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Certains ne deviennent lyriques que dans les moments décisifs de leur existence ; pour d'autres ce n'est qu'au moment de leur agonie, où tout le passé s'actualise et déferle sur eux comme un torrent. Mais dans la majorité des cas, l'explosion lyrique surgit à la suite d'expériences essentielles, lorsque l'agitation du fond intime de l'être atteint au paroxysme. Ainsi, une fois prisonniers de l'amour, des esprits enclins à l'objectivité et à l'impersonnalité, étrangers à eux-mêmes comme aux réalités profondes, éprouvent un sentiment qui mobilise toutes leurs ressources personnelles. Le fait qu'à peu d'exceptions près tous les hommes fassent de la poésie quand ils sont amoureux montre bien que la pensée conceptuelle ne suffit pas à exprimer l'infinité intérieure ; seule une matière fluide et irrationnelle est capable d'offrir au lyrisme une objectivation appropriée. Ignorant ce qu'on cache en soi même comme de ce que cache le monde, on est subitement saisi par l'expérience de la souffrance et transporté dans un région infiniment compliquée, d'une vertigineuse subjectivité. Le lyrisme de la souffrance accomplit une purification intérieure où les plaies ne sont plus de simples manifestations externes sans implications profondes, mais participent à la substance même de l'être. Il est un chant du sang, de la chair et des nerfs. Aussi, presque toutes les maladies ont-elles des vertus lyriques. Seuls ceux qui se maintiennent dans une insensibilité scandaleuse demeurent impersonnels face à la maladie, toujours source d'un approfondissement intérieur.

 

On ne devient vraiment lyrique qu'à la suite d'un profond trouble organique. Le lyrisme accidentel est issu de déterminants extérieurs et disparaît avec eux. Pas de lyrisme sans un grain de folie intérieure. Fait significatif, les psychoses se caractérisent, à leur début, par une phase lyrique où les barrières et les obstacles s'effondrent pour faire place à une ivresse intérieure des plus fécondes. Ainsi s'explique la productivité poétique des psychoses naissantes. La folie : un paroxysme du lyrisme ? Bornons-nous àécrire son éloge pour éviter de réécrire celui de la folie. L'état lyrique est au delà des formes et des systèmes : une fluidité, un écoulement intérieur mêlent en un même élan, comme en une convergence idéale, tous les élément de la vie de l'esprit pour créer un rythme intense et parfait. Comparé au raffinement d'une culture ankylosée qui est prisonnière des cadres et des formes, déguise toute chose, le lyrisme est une expression barbare : sa véritable valeur consiste, précisément, à n'être que sang, sincérité et flammes.

....

Je voudrais exploser, couler, me décomposer, que ma destruction soit mon oeuvre, ma création, mon inspiration ; m'accomplir dans l'anéantissement, m'élever dans un élan démentiel, au delà des confins, et que ma mort soit mon triomphe. Je voudrais me fondre dans le monde, et que le monde se fonde en moi, que nous accouchions dans notre délire, d'un rêve apocalyptique, étrange comme une vision de la fin, magnifique comme un grand crépuscule. Que naisse du tissu de notre rêve, des splendeurs énigmatiques et des ombres conquérantes, qu'un incendie total engloutisse ce monde, et que ses flammes provoquent des voluptés crépusculaires, aussi compliquées que la mort et fascinantes comme le néant. Il faut des tensions démentielles pour que le lyrisme atteigne son expression extrême.

 

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CIORAN

 

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CIORAN

 

 


KAMPA...Extrait

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Ils viendront les amandiers en fleur à ta fenêtre
échappés de ma pensée,
et le frémissement de l'olivier
qui tressaille quand passe la nuit.

 

Mais moi,
Toujours plus égarée dans tes paroles,
Je n'aurai pas la force d'atteindre ta porte,
J'irai errant dans les rues,
égrenant des craintes sur les terres de Kampa,
dialoguant confuse avec l'éther,
dansant courtoise avec le fleuve la danse de la mort.
avec de délicates arabesques
et d'obscures révérences.

Je n 'essaierai même pas de te parler de la pluie,
ni de chevaucher le vent
et enfouie dans sa crinière
de te rendre le parfum des roses
que toi, d'un seul geste, une fois pour toujours,
sans t'en douter,
tu as exhumées pour moi
avec tout le printemps embrasé.

 

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CLARA JANES

 

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CLARA

 

 

CE QUELQUE CHOSE D'OBSCUR

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Je ne suis plus de ces royaumes. Je n’appartiens — ni à la terre ni au ciel. 

 

J’habite l’espace, — celui que j’ai déjà quitté. Je suis un briseur de cercles,

 

l’univers m’est trop étroit, je suis multivers. — Allez ! point ne m’attendez. 

 

Je suis déjà plus loin que ce que voient vos yeux. J’entends juste, 

 

juste ma force, ma force d’être. — Celle qui me tient debout. Je refuse 

 

la chaise de votre monde d’Assis. — Tout hurle autour ! Or le vent grogne 

 

et toujours vous restez sourds. Cent mille morts n’émeuvent plus personne. 

 

Ne l’entendez-vous donc pas ce vent qui mugit ? D’assauts en assauts. 

 

Oh ! j’aime tant sa puissance et son histoire. Sa mémoire. Ah ! ces hautes 

 

vagues briseuses d’échines. Ces vagues tueuses. — Les Assassines ! 

 

Je crois aux grandes forces de l’invisible. À ce brasier grondant au feu

 

 de l’horizon.

 

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SERGE VENTURINI

 

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M R

Mario Rossi

 


 

 

 

 

NON EXISTENCE EST MON EXISTENCE...Extrait

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« Chuchote, chuchote, chuchote

A tes plages sablonneuses,

Grâce à ces vagues dont le flux est à l’assaut

du sable, altières,

Et qui renaissent en un reflux

douloureusement bruyant

Si je savais ce qu’il recèle, j’aurais détenu le

secret de l’existence

et de l’immortalité ;

Ainsi, que la Mer te soit leçon

Et va ton chemin sur les routes de l’existence

Ayant acquis la Sagesse de l’univers

Tire aussi la leçon du cycle des saisons:

Bien que l’hiver soit rude

Il donne vie à la vie

Le printemps est naissance d’une rose

destinée à mourir,

Sans la goutte de pluie de l’hiver il n’y aurait

ni vie

ni printemps,

ni existence,

C’est en hiver que j’ai accompagné le temps

Mais aucune des pluies ne s’est manifestée

Ô mon temps, ma rose est morte et tu me vois

dans l’étiolement

Inexistant dans mon existence même»

 

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JAWDAT HAYDAR

 

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MER

 

 

 

 

 

 

JE LIS TON CORPS...ET ME CULTIVE

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Le jour où s'est arrêté
Le dialogue entre tes seins
Dans l'eau prenant leur bain
Et les tribus s'affrontant pour l'eau
L'ère de la décadence a commencé,
Alors la guerre de la pluie fut déclarée
Par les nuages
Pour une très longue durée,
La grève des vols fut déclenchée
Par la gente ailée,
Les épis ont refusé
De porter leurs semences
Et la terre a pris la ressemblance
D'une lampe à gaz.


Le jour où ils m'ont de la tribu chassé
Parce qu'à l'entrée de la tente j'ai déposé
Un poème
L'heure de la déchéance a sonné.
L'ère de la décadence
N'est pas celle de l'ignorance
Des règles grammaticales et de conjugaison,
Mais celle de l'ignorance
Des principes qui régissent le genre féminin,
Celle de la rature des noms de toutes les femmes
De la mémoire de la patrie.



O ma bien aimée,
Qu'est-ce donc que cette patrie
Qui se comporte avec l'Amour
En agent de la circulation ?
Cette patrie qui considère que la Rose
Est un complot dirigé contre le régime,
Que le Poème est un tract clandestin
Rédigé contre le régime?
Qu'est-ce donc que ce pays
Façonné sous forme de criquet pèlerin
Sur son ventre rampant
De l'Atlantique au Golfe
Et du Golfe à l'Atlantique,
Parlant le jour comme un saint
Et qui, la nuit tombant,
Est pris de tourbillon
Autour d'un nombril féminin?



Qu'est-ce donc cette patrie
Qui exerce son infamie
Contre tout nuage de pluie chargé,
Qui ouvre une fiche secrète
Pour chaque sein de femme,
Qui établit un PV de police
Contre chaque rose?


O bien aimée
Que faisons-nous encore dans cette patrie
Qui craint de regarder
Son corps dans un miroir
Pour ne pas le désirer?
Qui craint d'entendre au téléphone
Une vois féminine
De peur de rompre ses ablutions?
Que faisons-nous dans cette patrie égarée
Entre les œuvres de Chafi'i et de Lénine,
Entre le matérialisme dialectique
Et les photos pornos,
Entre les exégèses coraniques
Et les revues Play Boy,
Entre le groupe mu'tazélite
Et le groupe des Beattles,
Entre Rabi'a-l-'Adaouya
Et Emmanuelle?


O toi être étonnant
Comme un jouet d'enfant
Je me considère comme homme civilisé
Parce que je suis ton Amant,
Et je considère mes vers comme historiques
Parce qu'ils sont tes contemporains.
Toute époque avant tes yeux
Ne peut être qu'hypothétique,
Toute époque après tes yeux
N'est que déchirement ;
Ne demande donc pas pourquoi
Je suis avec toi :
Je veux sortir de mon sous-développement
Pour vivre l'ère de l'Eau,
Je veux fuir la République de la Soif
Pour pénétrer dans celle du Magnolia,
Je veux quitter mon état de Bédouin
Pour m'asseoir à l'ombre des arbres,
Je veux me laver dans l'eau des Sources
Et apprendre les noms des Fleurs.
Je veux que tu m'enseignes
La lecture et l'écriture
Car l'écriture sur ton corps
Est le début de la connaissance:
S'y engager est s'engager
Sur la voie de la civilisation.
Ton corps n'est pas ennemi de la Culture,
Mais la culture même.
Celui qui ne sait pas faire la lecture
De l'Alphabet de ton corps
Restera analphabète sa vie durant.

 

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NIZAR QABBANI

 

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ALGERIE

Algérie, grand sud saharien

POESIE VERTICALE...Extrait

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Si nous connaissions le point
où quelque chose va se rompre,
où le fil des baisers sera coupé,
où un regard cessera de rencontrer un autre regard,
où le cœur ailleurs s'élancera,
nous pourrions mettre sur ce point un autre point
ou du moins l'accompagner quand il cède.

Si nous connaissions le point
où une chose va se fondre avec une autre,
où le désert rencontrera la pluie,
où l'étreinte atteindra la vie,
où ma mort s'approchera de la tienne,
nous pourrions dérouler ce point comme un serpentin
ou du moins le chanter jusqu'à mourir.

Si nous connaissions le point
où une chose sera toujours cette chose,
où l'os n'oubliera pas la chair,
où la source est mère d'autre source,
où le passé ne sera jamais le passé,
nous pourrions le laisser seul et abolir tous les autres
ou du moins l'abriter dans un lieu plus sûr.

 

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ROBERTO JUARROZ

 

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WOU-KI-

Oeuvre Zao-Wou-Ki

 

EPOPEE DU THYM DE PALESTINE

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Mahmoud Darwich en mémoire

 

J’embaumais collines et plaines
Nourri de l’éclat de la lumière
Et tenais compagnie aux pas des errants
Dans le sacre de la terre
Tous ces dômes clochers et temples
Offrandes pour mille prières

Cette pluie soudaine pour mêler
Mes fragrances à l’endurance des pierres
Toujours aux aguets des fissures béantes
Les roches retenant mes chutes
Au crépuscule des siècles qui se couchent
Dans la fosse de l’Histoire

Je t’aimais rumeur de la mer si près
Qui consolais mes frémissements
Alliés aux flûtes bercées par les oliviers solaires
Ils sont venus de nuit avec leurs chars
Reptiles aux chenilles aiguisées raser mes brins
Piliers du songe bâti comme une rivière

Et je vous revois enfants brûlés au phosphore
Les cendres noircies par les nuages blanchis
De sang et de lâche poussière
Sous les ciels blessés par le plomb durci
Les hôpitaux saignés par cent obus
Les écoles comme des cimetières

Et je n’oublie la course du vent
Pour éteindre vos torches sans génie
Comment prétendre que le fusil se cache
Dans la farine les fusées dans la cuisine
Quand les lits sont éventrés sur les corps
Endormis les seuils souillés par l’infamie

Comment ne pas vous voir chauves-souris
Dans la cécité de la nuit
Bottes conquérantes qui marchez sur mes étés
Lavés de citronniers séculaires
Comment ne pas vous reconnaître corbeaux
Dans les drones sans cerveaux

Et l’hiver couvert par les pleurs des sirènes
Les maisons comme des tombes sans sépultures
Parmi les cris sombres parmi les décombres
Je consolais les étoiles réveillées en sursaut
Affolées par les traînées de vos poudres
Mes feuilles tendres martyres de vos incendiaires

Je vous le dis le thym c’est pour parfumer
Le pain à l’huile d’olive pétri de mes feux
Non pour allumer les brasiers
Ni le romarin compagnon de mes cyprès
Ni l’eau détournée de sa source
Ne pardonneront à votre mémoire ses trous

Je vous le dis le thym c’est pour les chemins
Augustes et fiers non pour les vautours
Le thym c’est pour le repos des oiseaux
Libérés de leur peur et de leur détresse
Non pour affamer les arbres et les nids
Non pour punir les mères et leurs berceaux

Je vous défie hyènes et vous casques
Le thym même cerné par le Mur
Percera la mer le ciel et la terre
Tant d’armées pour une herbe
Ne pourront empêcher mes arômes
D’être dédiés aux humains à bras ouverts.

 

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TAHAR BEKRI

 

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EVELYNE

Photographie

http://evegdphotos.over-blog.com/thym-nom-masculin-plante-aromatique-utilis%C3%A9e-en-cuisine-botanique-.-anglais-thyme-synonyme-serpolet

 

 

 

COLETTE GIBELIN

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   Balbutiements du vivre

sur ces terres abruptes
Parole d’ombre ou de raisins trop mûrs
La mer se fait silence
Le silence soleil

Terres rousses
espérant un grand feu de joie
La vie surgit sur ces boues
et ces traces
De l’océan ne reste que l’écume

Terres brunes
entêtées d’absolu
refusant la douceur des pluies
et le miroitement des fleurs
Toute facilité détourne

Terres promises
dans la blancheur de l’aube
et le lent songe végétal
De ces matins qui chantent
faudra-t-il s’éveiller ?

Terres frémissantes et floues
Tous les chemins s’effacent
L’horizon s’est perdu
Le rêve seul tient lieu d’espoir

 

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COLETTE GIBELIN

 

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grand_terre_1

Oeuvre Fabienne Rybeirolles

http://www.ribeyrolles.com

 

 

 

 


LUNE ANDALOUSE...Extrait

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 J’écoute l'inachevé

de l’ Eden du possible

à l’insu du temps

pour boire

l’âme du jasmin

tel un astre de nuit

proche et lointain du néant

j'écoute la pulsion de la terre

le chant du peuple mutant

émerveillé

je caresse l’ineffable

l’indicible

le dedans et le dehors

et je danse

sur la circonférence de la rose plurielle

 

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AHMED BEN DHIAB

 


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DHIAB

Oeuvre Ahmed Ben Dhiab

 

 

 

 

 

 

POEME DE L'EXIL, DU MONDE QUI RETRECIT ET DES EGORGEURS

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Ils sont venus de loin, de très loin, de derrière les dunes
Ils portent des poignards et marchent comme des égorgeurs
Ils ont mis un voile noir sur les visages les plus matinaux
Si je reste encore ils vont me poursuivre jusque chez moi

C’était encore l’aube d’avant
Tout dormait encore les oiseaux les belles et le vent
Si je n’étais pas aussi matinal
J’aurais saisi Kairos par les cheveux
Et je l’aurais traîné loin dans le premier estaminet
Il y a derrière le paravent de la forteresse
De vieux parchemins historiés
Et les amis qui ne dessoûlent pas
Il y a la dame qui a vu mes longues ivresses
Et qui s’est étonnée de me voir plus lucide
A chaque verre, à chaque icône, à chaque perle, à chaque goutte de sang

Faites comme si je n'existais pas
Faites comme si j'étais un métèque

J’ai le temps de demander asile à la poésie
Le temps de revoir les plus belles pages de la vie
Le temps de me dresser seul comme au plus fort de l’orage
Le temps de lire une page d’un roman sur la mer
Le temps de prier dans d’autres langues
Le temps de revoir les plus belles couvertures des romans de mes seize ans
Le temps de revoir sa belle chevelure
Le temps de rêver d’une île lointaine

D’où viennent-ils ? De quelle caverne sortent-ils ?
Nous lisions le livre et nous n’avions pas d’autres questions
Que celle de l’image et de la syllepse et ses traductions.
Nous ne demandions rien même pas le paradis
Nous ne demandons rien sinon le droit de pêcher
D’étreindre le matin se levant entre Byrsa et Hadrumète

Tenez ! me voici tout nu ! Je n’ai rien hormis la soif
Je ne veux rien hormis les rivages de la dernière jeunesse
Je ne demande rien hormis le vent qui souffle du Nord

Comment sont-ils venus jusqu’ici ?
Du sang a coulé sur la plus haute cime
Des hommes sont morts qui aimaient le voyage, le sourire d’une femme, l’olivier qui pousse
Ils pensaient que nos frontières allaient rétrécir
Et nous voici comme des albatros
Ils pensaient que nous choisirions l’exil
Et voici qu’il nous suffit d’un peu de rouge, d’un peu de blanc

Pour être chez nous. C’est que le monde a rétréci tant nos cœurs se sont élargis.

 

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JALEL EL GHARBI

Vendredi 30 Août 2013

 

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steve

 

 

 

 

 

 

 

LES LEVRES DES BAISERS SUR DES FIGUES MÛRES DE SEPTEMBRE

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 Les lèvres des baisers sur des figues mûres de septembre

danse l’andalouse

danse

ma mémoire de fragiles mains sectionnées

dans tes cheveux de satin

le sang fait des éclats de vives voix

est-ce déjà la corniche

enflammée des parois abruptes

la lumière

des blés

aux cieux de la plaine chaude des poussières

blanches

comme les ventres des juments

les deux derniers coquelicots d’or et de larmes

les lèvres des baisers sur les figues mûres de septembre

sont bleutées

comme ta bouche

rose

rose

au fleuve

si lent

si chaud

 

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PATRICK ASPE

 

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juan-carlos-boveri2

Oeuvre Juan Carlos Boveri

 

 

 

 

 

 

LA ROBE ET L' ECHELLE

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T'avais mis ta robe légère
Moi, l'échelle contre un cerisier
T'as voulu monter la première
Et après

Y a tant de façons, de manières
De dire les choses sans parler
Et comme tu savais bien le faire
Tu l'as fait

Un sourire, une main tendue
Et par le jeu des transparences
Ces fruits dans les plis du tissu
Qui balancent

Il ne s'agissait pas de monter bien haut
Mais les pieds sur les premiers barreaux
J'ai senti glisser le manteau
De l'enfance

On n'a rien gravé dans le marbre
Mais j'avoue souvent y penser
Chaque fois que j'entends qu'un arbre
Est tombé

Un arbre, c'est vite fendu
Le bois, quelqu'un a dû le vendre
S'il savait le mal que j'ai eu
A descendre

D'ailleurs en suis-je descendu
De tous ces jeux de transparence,
Ces fruits dans les plis des tissus
Qui balancent ?

J'ai trouvé d'autres choses à faire
Et d'autres sourires à croiser
Mais une aussi belle lumière
Jamais

A la vitesse où le temps passe
Le miracle est que rien n'efface l'essentiel
Tout s'envole en ombre légère
Tout sauf ce goût de fièvre et de miel

Tout s'est envolé dans l'espace
Le sourire, la robe, l'arbre et l'échelle
A la vitesse où le temps passe
Rien, rien n'efface l'essentiel

J'ai trouvé d'autres choses à faire
Et d'autres sourires à croiser
Mais une si belle lumière
Jamais

Et voilà que, du sol où nous sommes,
Nous passons nos vies de mortels
A chercher ces portes qui donnent
Vers le ciel

 

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FRANCIS CABREL

 

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POSSU FA

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Tra dui cosi ci era un’altra cosa
Una cosa sugnata è vera

Vengu à tuccalla
Ed eccula chì si movi
A voddu abbraccià ed eccula ombra
Ùn dici nudda
Ùn facci nienti
M’hà dighjà impiutu di notti
Pugnendu di scunvìcimi
Ch’ùn era chè l’altra
L’altra cosa
Ch’ùn avìu micca vista

Quidda chì da luntanu m’hà arrubatu
Stu sgardu senza mimoria
Struttu dipoi tantu tempu
In a sciuma di u parè

 

...

Entre deux choses il y avait une autre chose
Une chose rêvée et pourtant vraie

Je parviens à la saisir
Et la voici qui se déplace
Je veux l’enserrer et la voici ombre
Elle ne dit rien
Elle ne fait rien
Elle m’a déjà empli de nuit
Tentant de me convaincre
Qu’elle n’était que l’autre
L’autre chose
Que je n’avais pas vue

Celle qui de loin m’a dérobé
Ce regard sans mémoire
Absorbé depuis si longtemps
Dans l’écume de l’apparence

 

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NURBERTU PAGANELLI

 

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louis-icart'''

Oeuvre Louis Icart

 

MA PLUS DOUCE LUEUR

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Ma plus douce lueur c'est ton corps de feuillage
Et sa limpidité prise aux sources du vent
Odeur de pomme brune et de renard filant
Quand le poids d'une bouche incline vers l'orage

Ma plus douce lueur ta peau fière et sauvage
Pays de l'innocence où ma main va rêvant
Ma plus douce lueur mon plus tendre sarment
Quand l'amour et la nuit me soufflent ton image

Robe de mon amour marronnier du soleil
Eclair illuminant la voûte du sommeil
En grappes rouge-feu tu flambes sous la pluie

Mais quand l'automne triste aux route de bois mort
Abat ses herses de malheur nous sommes forts
Ma plus douce lueur humaine mon amie

 

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JEAN-PIERRE SCHLUNEGGER

 

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SCH

 

 

JE SUIS LA

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                             A Sylvie

 

Se peut-il que l'on n'arrive jamais

Au seul pays où l'on puisse vivre

 

Où le pain a la saveur de ton rire

  J'ai déjà arpenté cette terre promise

 

Aujourd'hui j'habite le désespoir

 

De n'être pas où tu te bats seule 

 

Contre le mal à l'intérieur de toi  

 

Si mes mains ne peuvent être caresses

 

Qu'au moins mes mots t'atteignent

 

Te disent que je suis là et te soutiens

 

Que chacune des cellules de ton être

 

Sente la force apaisante des miennes

 

Mon épaule existe pour y poser ta tête

 

Mon bras se tend pour soutenir tes pas

 

A quoi bon mon amour s'il ne t'est utile 

 

Il y aura encore je le sais des étés de miel

 

Nous irons enlacés au devant du soleil

 

Et j'attiserai le feu ardent de ton rire

 

Je te parlerai de toi de nous de toi

 

L'amour sera plus fort que le mal 

 

Tu verras tout recommence et fleurit 

 

Mille et mille matins neufs renaitront

 

Où ta voix vibrera aux frissons du vent 

 

Le chemin est long qui me ramène à toi 

 

Mon espérance est chevillée à ton coeur.

 

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JACQUES VIALLEBESSET

 

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PABLO-PICASSO-1923BBB

Oeuvre Pablo Picasso

 

 

 

 

 


MARIE HURTREL

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Il y a des poèmes écrits parce qu'on aime
mais que sert-il d'écrire ce que la lumière du jour grave
ce que la nuit enfle
ou le jour
et l'heure le temps
quand un rien au fond d'une fleur ouvre la porte du sang
et du temps
à la circonférence d'un mystère
comme une foi ancienne qui revient arpenter les présages

On prend tout par amour
on ne cède rien
comme on refuse de cueillir l'orchidée sauvage sous les feuilles brassées des vents
incultes
ne pas casser la tige de l'incroyable
et croire encore à sa nature

A quoi reviendrait-il d'encrer ce qui ne s'ancre d'aucun souffle
et ne fuit qu'au revers des manques
ce qui se comble de combler

Avez-vous vu cette cage
l'abolition des rêves en soi
et la porte ouverte sur les doigts qui refont les balises
le tarmac est dehors et c'est dedans qu'on s'envole

Faut-il décrire comme on pose une main sur l'épaule de l'in-doute
dans les alter-valises offertes des guerres passées
et des tombes jamais fermées
sous l'incompréhension brumeuse
quand se lève le brouillard sur les étangs sombres et les larmes éternelles
faut-il écrire les paumes vers le ciel ce que l’essence de l’amour descelle
l’entièreté du voyage et le monde où l’on s’abreuve

Peut-on faire un poème quand la ligne d'horizon plonge
dans le rouge au sens àêtre
les partages incandescents et l’éternité faisant rivage

quand au loin résonne un arpège et que c’est en soi que les notes s’enroulent comme
des lianes fécondes

 

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MARIE HURTREL

 


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MARIE

 

 

OSTINATO...Extrait

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Le gris argent du matin, l'architecture des arbres perdus dans l'essaim de leurs feuilles.

Le parcours du soleil, son apogée, son déclin triomphal.

La colère des tempêtes, la pluie chaude qui saute de pierre en pierre et parfume les prairies.

Le rire des enfants déboulant sur la meule ou jouant le soir autour d'une bougie à garder leur paume ouverte le plus longtemps sur la flamme.

Les craquements nocturnes de la peur.

Le goût des mûres cueillies au fourré où l'on se cache et qui fondent en eaux noires aux deux coins de la bouche.

La rude voix de l'océan étouffé par la hauteur des murailles.

Les caresses pénétrantes qui flattent l'enfance sans entamer sa candeur.

La rigueur monastique, les cérémonies harassantes que les bouches façonnées aux vocables latins enveloppent dans l'exultation des liturgies pour célébrer la formidable absence du maître souverain…

 

Les grands jeux dits innocents où les corps se chevauchent dans la poussière avec un trouble plaisir. Les épreuves du jeune orgueil frémissant à l'insulte et aux railleries.

Le bel été qui tient les bêtes en arrêt et l'adolescent comme un vagabond assoupi sur la pierre.

Le pieux mensonge filial à celle dont le cœur ne vit que d'inquiétude.

Le vin lourd de la mélancolie, le premier éclat de la douleur, l'écharde du repentir.

Les fêtes intimes d'une amitiééprise du même langage, la marche côte à côte sur le sentier des étangs où chacun suspend son pas aux rumeurs amoureuses des Oiseaux…

 

La fille pendue à la cloche comme un églantier dans le ruissellement de sa robe nuptiale, le feu pervenche de ses prunelles.

 

Ce ne sont ici que figures de hasard, manières de traces, fuyantes lignes de vie, faux reflets et signes douteux que la langue en quête d'un foyer a inscrits comme par fraude et du dehors sans en faire la preuve ni en creuser le fond, taillant dans le corps obscurci de la mémoire la part la plus élémentaire :- couleurs, odeurs, rumeurs -, tout ce qui respire à ciel ouvert dans la vérité d'une fable et redoute le profondeurs.

 

Sans doute eût-il fallu, pour garder en soi un fond de gaieté, ne rien voir du monde ni entendre qui vienne de son versant le plus sombre, rien que les éclaircies au sommet et la musique parfois d'une ineffable beauté, mais c'est là encore rêver tout haut, car croirait-on avoir occulté l'innommable qu'il bondirait hors de l'ombre pour rentrer le rire dans la gorge.

 

Dans le jour douteux de la chambre où l'on dira entendre fermenter la mort, ce vieux corps possédé par la souffrance, ce regard en faction sous la broussailleuse grise des sourcils comme travaillant avec une extrême duretéà se voir mourir, ces lèvres où s'entrouvre d'une manière déchirante le sourire timide d'un enfant, ces doigts joints sur le cœur qui cède en un frémissement désolé, ce visage soudain muré dans une absence stupéfiante.

 

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LOUIS RENE DES FORÊTS

 

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FENAISON2

Oeuvre Pierre Eugène Montezin

 

 

 

 

DONNE MOI QUELQUE CHOSE QUI NE MEURE PAS...Extrait

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 " Prendre soin, être confiant.
Et naître.
Naître une fois, deux fois, trois fois, entrer à chaque instant dans une vie blanche comme dent de lait, et que la mort ne saisisse dans le vieil homme qu'un nouveau-né, et que mourir ne soit qu'une naissance de plus, surajoutée aux autres, une naissance comme on dit d'une image: surexposée"

"Dire, cette vie est un jardin de roses, c'est mentir.
Dire, cette vie est un champ de ruines, c'est mentir.
Dire, je sais les horreurs de cette vie et je ne me lasserai jamais d'en débusquer les merveilles, c'est faire son travail d'homme et vous le savez bien: ce genre de travail n'est jamais fini...

La confiance est la matière première de celui qui regarde : c’est en elle que grandit la lumière. La confiance est la capacité enfantine d’aller vers ce que l’on ne connaît pas comme si on le reconnaissait.

La confiance est cette racine minuscule par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie – avec les autres hommes, les autres femmes, comme avec l’air qui baigne la terre ou le silence qui creuse un ciel. Sans confiance, plus de lien et plus de jour. Sans elle, rien."

 

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CHRISTIAN BOBIN / EDOUARD BOUBAT

 

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Justyna Kopania - Tutt'Art@ (67)

Oeuvre Justyna Kopania

 

 

 

 

 

 

 

DU MOUVEMENT ET DE L'IMMOBILITE DE DOUVE

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Je nommerai désert ce château que tu fus,
Nuit cette voix, absence ton visage,
Et quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l’éclair qui t’a porté.

Mourir est un pays que tu aimais. Je viens
Mais éternellement par tes sombres chemins.
Je détruis ton désir, ta forme, ta mémoire,
Je suis ton ennemi qui n’aura de pitié.

Je te nommerai guerre et je prendrai
Sur toi les libertés de la guerre et j’aurai
Dans mes mains ton visage obscur et traversé,
Dans mon cœur ce pays qu’illumine l’orage.

 

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YVES BONNEFOY

 

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ombre-rideau-dentelle-noir-et-blanc

 

 

 

 

 

 

RUSES DU VIVANT

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  Même innocents
du sang de notre prochain
il nous arrive
de tuer
la vie en nous
Plusieurs fois
plutôt qu’une

 

 

Le voile
qui nous recouvre les yeux
et le cœur
Les barricades
que nous dressons
autour du corps suspect
La lame froide
que nous opposons au désir
Les mots
que nous achetons et vendons
au marché florissant du mensonge
Les visions
que nous étouffons dans le berceau
La sainte folie
que nous enfermons derrière les barreaux
La panique
que nous inspirent les hérésies
La surdité
élevée au rang d’art consommé
La religion
largement partagée
de l’indifférence

 

  Bien des messagers
frapperont encore à notre porte
Y aura-t-il quelqu’un
dans la maison ?

 

  Dites-moi
vers quel néant
coule le fleuve de la vie
C’est quand
la dernière fois
que vous vous y êtes baignés ?

 

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ABDELLATIF LAÂBI

 

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PO

 

 

 

 

 

 

 

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