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Channel: EMMILA GITANA
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FRANKETIENNE...Extrait

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Rocher rauque et baroque au vif escarpement du rêve abrupt le malaise des manèges se prolonge aux anfractuosités du songe rocailleux rongé d’épines le cauchemar profondément inhabitable. Aux affres du désarroi le chiendent s’entrelace aux orties de la blessure dans la jubilation des racines qui saignent entre nos jambes nos plaies à rougeoyance de caillots enflammés rallument les échos de nos douleurs. La détresse tressée d’angoisse n’est pas mon paysage quotidien ni mon voyage fondamental le désespoir non plus aux arêtes de la peur angulaire alors j’ai replanté mes joies fertiles hors de la rage des avalasses ravageuses mes déchirures livrées au surgissement de l’aube rugissement du scalpel en feu de chirurgie.

 

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FRANKETIENNE

 

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haiti


DANS L’OBSCURITÉÉBLOUISSANTE...Extrait

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Nuit

Dans l’obscuritééblouissante

mon visage est un charbon en fleurs

dans la blessure de la mémoire

et ma mémoire

est faite des villes qui meurent

effacées

par le déversement du temps dans un autre temps

Dans l’obscuritééblouissante

ma main droite est un pont formé des têtes de mes amis

et ma main gauche de forêts de bras coupés

qui continuent à réclamer la paix

dans l’obscuritééblouissante

Mon dernier souffle comme la chute de l’argent sur les villes

de cendres endormies brûlant

de Rome à la Palestine

d’Hitler à Daech

 

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FADWA SOULEIMANE

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fadwa_Souleimane

Sur

https://www.terreaciel.net/Fadwa-Souleimane#.WpwTp2rOXIV

 

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FADWA_SOULEIMANE

Fadwa Souleimane

1970 - 2017

C'EST UN JOUR SILENCE...

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C 'est un jour silence,un jour blanc sans nuance,un jour sans
paroles, sans ambiance, sans présence. Juste la neige derrière les carreaux, supprimant la
couleur , impose sa brillance . Ces éphémères couches de transparence qui nous basculent dans
une froideur intense, et dans un monde nouveau ,se révèlent être la seule attirance.
Le jour blanc vire à l'éclatant sous le ciel assombri . Derrière les
carreaux le regard s'appuie, et s'enfuit au bout de la nuit. On se croirait seul sur une lune de fine
porcelaine qui se se craquellera à la moindre source de chaleur. Tout en douceur Pierrot est
descendu de sa longue échelle de soie , il est venu jouer sous ma fenêtre , il semblait irréel mais
il était bien là , je le sais. Il a laissé sur le pas de la porte quelques notes gelées . Le temps s'est
arrêté, un jour et une nuit seulement.
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JOSIANE
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JOSIANE

LE BAISER

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" Au- dessus de l’atelier de mon père était un vaste grenier sonore comme une cale de navire. Une large fenêtre, dominant toute la cour aux moutons, permettait de voir, au- delà des toits, par là-bas loin, le scintillement de la rivière, le sommeil des collines, et les nuages qui nageaient comme des poissons avec de l’ombre sous le ventre. On ne pouvait vivre dans le bas de notre maison qu'en rêvant. Il y avait trop de lèpre de terre sur les murs, trop de nuits qui sentaient le mauvais champignon, trop de bruits dans l'épaisseur des pierres. La tranquillité, on ne l'avait qu'en partant de cette maison, et, pour partir, on pouvait se servir de ces bruits, de ces nuits, de ces visages étranges que l’humidité dessinait sur les murs. On pouvait se servir de la large fenêtre [ … ]
L’humidité montait dans les murs jusqu'au grenier. Du côté qui regardait le nord donnait une ombre grise où parfois, même en plein jour, passait l'éclair blême d'un rat. Je regardais souvent ce mur. Il fallait d'abord laisser les yeux s'habituer. Je sentais mon regard qui entrait de plus en plus profond dans l'ombre. C'étaient comme des épaisseurs et des épaisseurs de ciel qu'il fallait traverser avant d'atteindre le pays. Peu à peu j'arrivais à un endroit où l'ombre s'éclaircissait, une sorte d'aurore montait le long du mur du nord, et je voyais « la dame ». C'était une tache de moisissure. Elle avait un visage ovale et un peu gras. Elle était verte, mais, le plus vert, c'était dans ses yeux, et toute la couleur de sa peau ne devait être qu'un reflet, un suintement lumineux de son regard. A la place de sa bouche, le mal du mur était allé profond jusqu'à la brique, et c'était là rouge et charnu comme de la vraie chair. Elle était autoritaire et dure à la fois pour elle‑même et pour moi. Elle cachait volontairement au fond de l'ombre moisie ces yeux verts et cette bouche que je désirais mais elle y restait toute seule, et pourtant elle savait bien que tout le monde l'aurait aimée si elle s'était montrée au jour. Elle m'imposait tous mes rêves en me regardant droit dans les yeux. Certes, à partir de moi, l'émotion de son regard s'en allait à travers ma tête en des jaillissements que je commandais seul, qui fusaient vers le vent ou vers le pas mystérieux dans l'épaisseur des murs, mais la pierre jetée dans cette flaque d'eau calme que j'étais c'était elle qui la jetait en me regardant. Elle avait des générosités soudaines et magnifiques ; certains de mes désirs terribles, elle les apaisait dans elle‑ même. D'autres fois, elle me refusait la plus simple douceur et je m'en allais, tout ballottant, sans plus rien de solide ni d'accroché dans ma poitrine; je passais, de longs jours à souffrir. Elle ne se laissait jamais attendrir par ma souffrance, mais elle attendait la bonne saison de mon cœur. Alors, quand cette bonne saison était venue, elle faisait naître en moi, d’un seul regard, le chant de toutes mes violettes et fleurir l'épais jasmin qui dansait au‑dessus de mon cœur [...]
Ce visage du mur avait encore d'autres pouvoirs et d’autres grâces. Il était humainement beau et triste. Sa beauté venait de ce qu'il était profondément humain. Le front, les joues, la bouche, les yeux, ce grand pli qui dessinait sa volute d’un seul côté des lèvres de briques, les cheveux : tout était fait de chair non protégée, de chair vive, tout était franchement offert au grand pouce maçon de la vie, sans peur des bonheurs et des souffrances. Souvent, malgré la dureté implacable de la pensée de plâtre qui blêmissait son front, je sentais dans mon humus de petit garçon la plante d'homme tressaillir. Je sentais qu’il me serait doux, plus tard, d'accompagner, de protéger ce visage, de vivre avec lui, de chercher sur lui la consolation de mes peines; j'appelais de toutes mes forces secrètes pour qu'il ne soit plus moisissure de pierre et je désirais tant qu'il se construisit charnellement dans l'air qu'au bout de très longs moments de silence et d’attente une forme vivante touchait mes yeux éblouis."

 

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JEAN GIONO

" Jean le Bleu "

 

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tham2

Photographie Thami Benkirane

 

JEAN-CLAUDE PIROTTE...Extrait

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J'écris à toutes les femmes comme
si je les aimais car toutes
les femmes sont aimables et celle
qui seule est mon amour dort
de son sommeil de légende
elle est toutes les femmes elle est
toutes les rages elle est toutes les pluies
elle est tous les amours elle est
toute l'absence et toute l'évidence.

 

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JEAN-CLAUDE PIROTTE

 

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Katya Grydneva2

Oeuvre Katya Grydneva

LETTRE A DIEU

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Dieu, tu me fatigues. Encore. Tu n'as rien compris. En décembre 2016, je t'ai écrit une lettre pour protester contre l'effondrement de l'humanitéà Alep, alors que Bachar al-Assad, le sinistre président de la Syrie, tuait des civils et bombardait des hôpitaux pour arracher la ville au contrôle des djihadistes.

Je te reprochais de rester les bras croisés, toi qui es, à ce qu'on dit, tout-puissant et miséricordieux.

Aujourd'hui, ça recommence. Bachar al-Assad a de nouveau déployé sa machine de guerre pour étouffer la Ghouta orientale, située à quelques kilomètres de la capitale, Damas. Environ 400 000 personnes y vivent dans un dénuement effrayant.

C'est le même scénario qu'à Alep. D'abord le siège. Les troupes de Bachar al-Assad encerclent la Ghouta pour la couper de tout, médicaments, eau, nourriture. Plus rien n'entre et plus rien ne sort. Les civils sont piégés. Savais-tu que des bébés meurent de faim dans les bras de leur mère ?

 

Après le siège, les bombes qui détruisent tout.

Je ne sais pas si tu as la télévision au ciel, Dieu, mais les images sont bouleversantes. Des squelettes d'immeubles à moitié effondrés, des rues saturées de poussière soulevée par les bombes, des hommes qui courent avec des enfants blessés dans les bras à la recherche de secours qui n'existent pas, car Bachar al-Assad a pris soin de bombarder les hôpitaux.

Des images révoltantes. Je n'en peux plus de les voir défiler à la télévision, assise dans le confort de mon salon avec, pour seules compagnes, mon impuissance et mon indignation.

Dieu, as-tu une pierre à la place du coeur ? Pourquoi ne fais-tu rien pour aider ces civils innocents ?

 

Laisse-moi te rappeler le nombre de morts depuis le début de cette guerre : 340 000, peut-être davantage. Un chiffre grotesque, monstrueux. L'ONU ne les compte plus, Human Rights Watch non plus. Seul l'Observatoire syrien des droits de l'homme additionne encore les cadavres.

À cela, il faut ajouter les blessés, une génération d'enfants sacrifiés qui ne vont plus à l'école depuis des années, un pays en ruine et une population traumatisée par trop d'horreurs.

Plus de la moitié des Syriens ont été déplacés ou ont fui dans d'autres pays, soit 12 ou 13 millions de personnes. Là aussi, on perd le compte. Beaucoup vivent dans des camps de misère sans savoir s'ils pourront, un jour, retourner chez eux.

Quand le Printemps arabe a amorcé son mouvement de révolte en 2011 pour détrôner les dictateurs, Kadhafi, Ben Ali, Moubarak, on ne donnait que quelques semaines à Bachar al-Assad. C'était sans compter sur sa volonté maladive de conserver le pouvoir que lui avait légué son père, Hafez, quitte à assassiner son peuple.

Parlant du père, Bachar a étéà bonne école, comme me l'a rappelé Thomas Juneau, expert du Moyen-Orient à l'Université d'Ottawa. En 1982, Hafez a réprimé dans le sang un soulèvement des Frères musulmans à Hama en utilisant la bonne vieille méthode Assad : siège et pilonnage. Bilan : quelques dizaines de milliers de morts.

La brutalité s'est transmise de père en fils.

 

La guerre qui bouleverse le pays depuis sept ans est d'une extraordinaire complexité. Difficile de savoir qui se bat contre qui. Du côté de Bachar, on retrouve les Russes, l'Iran et le Hezbollah libanais, sans oublier des combattants irakiens, afghans et pakistanais.

L'opposition, elle, est fragmentée en d'innombrables groupes islamistes purs et durs. Selon Mokhtar Lamani, émissaire de l'ONU à Damas de 2012 à 2014, il existe près de 2000 katibas (brigades). Certaines comprennent six ou sept combattants, d'autres 30 000.

Prenez le Front al-Nosra, par exemple, qui a connu plusieurs mutations. Né en 2012, il s'est alliéà Al-Qaïda. Il s'est battu non seulement contre les troupes de Bachar, mais aussi contre le groupe arméÉtat islamique.

En 2013, à Alep, les gens du Front al-Nosra avaient refusé de me parler parce que je ne portais qu'un voile et une tunique.

J'avais été obligée d'acheter une tenue islamiquement correcte au bazar, une sorte de niqab qui couvrait mon visage et une robe noire qui traînait par terre. Quand je les interviewais, ils évitaient de me regarder dans les yeux et ils ne me serraient jamais la main.

Le Front al-Nosra a changé de nom en 2016 après avoir rompu avec Al-Qaïda. En 2017, il a fusionné avec d'autres djihadistes pour devenir Tahrir al-Cham. C'est ce groupe, Tahrir al-Cham, qui, aujourd'hui, contrôle principalement la Ghouta orientale.

À ce tableau embrouillé s'ajoutent l'Europe, les États-Unis, la Turquie, le Liban et les pays du Golfe qui jouent aussi un rôle en Syrie.

Tu y comprends quelque chose, Dieu ?

 

Que fait-on avec Bachar al-Assad ? L'Occident a longtemps exigé son départ, sauf qu'il ne partira pas, car il a presque gagné la guerre. L'opposition ne contrôle plus que quelques bastions, dont la Ghouta orientale.

La reconstruction de la Syrie coûtera des milliards. Qui va payer ? L'Occident ? Ce serait étonnant. Endurer Bachar est une chose, investir des milliards pour reconstruire son pays en est une autre. Bachar al-Assad est un des pires criminels de guerre de l'histoire moderne. L'Occident ne peut tout de même pas remettre son pays sur pied. Il existe des limites à l'élasticité morale.

Alors qui ? Les Russes et l'Iran qui se sont battus avec Bachar ? Ils se débattent avec des difficultés économiques, note Thomas Juneau. Ils ne pourront pas faire pleuvoir des milliards sur la Syrie.

Qui va payer pour cet immense gâchis ? Le peuple syrien.

On ne peut pas tout faire dans une guerre. Il existe des conventions, comme celle de Genève sur les prisonniers, et une Cour pénale internationale qui juge les criminels. Mais pour être jugé, il faut d'abord perdre la guerre et être capturé sans se faire assassiner.

Bachar ne sera probablement pas jugé par les hommes. Par contre, il le sera par l'histoire. Ses bombes et ses armes chimiques n'y pourront rien.

Ce qui me tue, c'est que l'homme - et toi aussi, Dieu - n'apprend pas de ses erreurs. L'histoire de l'humanité est jalonnée de guerres et de génocides. L'homme est capable du pire. J'ai couvert un génocide et j'y ai perdu un morceau de mon âme. Je suis sortie du Rwanda ébranlée et en colère contre toi, Dieu, même si je ne crois pas en toi. De toute façon, à quoi sers-tu ?

Tu sais ce qui est le plus absurde dans toute cette histoire ? La guerre se fait en ton nom. Et si tu ne servais qu'àça : pousser les gens à s'entretuer ?

 

 

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MICHELE OUIMET

Journaliste

 

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chagall

Oeuvre Marc Chagall

 

A MON AMI YVES

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C'était un code entre nous, tu signais Ton barbare quand, de ton pays lointain, tu m'écrivais ces longues lettres où tu me partageais tes plus grandes révoltes, tes plus belles utopies . D'un grand ciel ouvert, tu me confiais tes rêves d'athée et ceux de gavroche romantique. Tu t'étais trompé d'époque, tu le disais. Tu ne supportais pas ceux qui voulaient rabattre tes ailes. Sans justification, nos parcours fraternels jumelaient une alliance Nous étions ceux qui se parlent vrai, qui se savent vrais. Mes rectitudes, mes quêtes, te faisaient sourire, le bad boy que tu croyais être, les bousculait. Tu disais : Il y a mille ans nous étions amis, dans mille ans nous le serons encore. Nous étions ces amis-là, d'une rare confiance. Une bienveillance. Tu brûlais entre la matière dense et ta clarté de bleu regard d'enfant. Je t'ai envoyé un livre, il m'est revenu. Et si tu n'habites plus l'adresse indiquée, c'est que tu es parti bien plus loin que la Terre, je l'ai appris hier. Tu as pris la traverse sans au revoir,ça te ressemble, l'amitié n'a besoin que d'être.

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ILE ENIGER

Solaire - (à paraître)


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ile2

SENS AVERSE

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"Sourions nous sommes filmés ne tirons pas cette gueule
La seule bonne gueule qui soit c'est la gueule d'amour
Et ne nous voilons pas la face sourions même jaune
Nous sommes fichés acteurs ratés d'époque épique
Porc-épic actrices en rade il faut nous écraser
Actrices ratées acteurs en rade
Nous aplatir comme des écrans des paillassons
Planches sans salut avant les clous
Pour traverser de l'ici-bas à l'au-delà
Si on y croit à l'au-delà si on y rêve
Est-ce qu'on y va et sous quelle forme un hérisson
Un hérisson bien épineux ou une galette 
Un billet de banqueroute une feuille de route ?"

 

 

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VALERIE ROUZEAU

 

 

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Ofra Amit2

Oeuvre Ofra Amit

 


CHANTS DE LA BALANDRANE...Extrait

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A la proue du toit la hulotte,

De son œil accoutumé,

Voit l'aube assombrir la prise

Que la nuit lui livrait sans leurre.

 

Après l'écho écartelé,

L'arrachage des mûriers ;

L'oiseau dont seul le cœur transpire

Présage un cruel demi-jour,

Le ciel où s'embrase Corinthe.

 

L'un l'autre avons même souffrance

Et le vent est bien léger,

Le vent à tête de méduse,

Qu'à Martigues en peine d'enfance

J'avais pris pour un cri d'oiseau

Alertant la voûte cendreuse.

 

 

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RENE CHAR

 

 

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hulotte

PROFONDEUR

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Épuisée

Ne restent, au fond du puits, que des boues chahutées
Des pièces de monnaie qu’on a lancées pour se porter bonheur
L’anse d’un seau, brisée, le seau rouillé le souvenir
D’une colère
Et la lente fatigue de l’eau usée stagnant
Les pierres verdies de mousses la douleur légère
Des os 
Le cri que tu lances vers le mur rond et qui te revient
Echo écho écho 
Inchangé
Tu te penches
Nulle vérité, nue, ne sort
Et tu commences lentement à te haïr

 

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ALEXO XENIDIS

 

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comprendere,,

CES CHEZ GENS LA

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D’abord, d’abord, y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu´y boit
Tellement qu´il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n´en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s´prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu´on retrouve matin
Dans l´église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l´œil qui divague
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas, Monsieur
On ne pense pas, on prie

Et puis, y a l´autre
Des carottes dans les cheveux
Qu´a jamais vu un peigne
Qu´est méchant comme une teigne
Même qu´il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d´une autre ville
Et que c´est pas fini
Qui fait ses p´tites affaires
Avec son p´tit chapeau
Avec son p´tit manteau
Avec sa p´tite auto
Qu´aimerait bien avoir l´air
Mais qui a pas l´air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n´a pas le sou
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´vit pas, Monsieur
On n´vit pas, on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d´une glissade
Et qui r´garde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et puis y a la toute vieille
Qu´en finit pas d´vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
C´que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On n´cause pas, Monsieur
On n´cause pas, on compte

 

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m´aime pareil
Que moi j´aime Frida
Même qu´on se dit souvent
Qu´on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu´on vivra dedans
Et qu´il fera bon y être
Et que si c´est pas sûr
C´est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu´elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J´ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j´ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c´est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu´elle partira
Elle dit qu´elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois, Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur, on ne s´en va pas
On ne s´en va pas, Monsieur
On ne s´en va pas
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre chez moi

 

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JACQUES BREL

 

 

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MEMOIRE

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La mémoire me revient, me surprend au détour d’un mot, d’une image, d’un parfum, d’une route,

Bruit de l’eau, ressac de la peur,
Chants des coqs, cris des oiseaux,
Ronronnement d’un moteur évoluant sur le lagon !

La mémoire surgie à l’improviste me submerge,

Mais flotte-t-elle haut dans le ciel, comme aux heures du crépuscule, la saisissant au vol, je l’intériorise à souvenirs retrouvés !

La mémoire sait que je la guette, aux heures sombres des jours d’averses et de grande crue,

Tout comme je sais qu’alors elle s’y impose en pleureuse douloureuse, narcissique m’entraînant dans sa mélancolie.

Mémoire du solitaire qui, au déclin du jour, réclame son reste, le trouve dans les entrefilets jaunes et verts émeraude au milieu des nuages gris bleus teintés de rose
Des nocturnes féeriques.

Longue mémoire bruineuse, évolutive, des nuages en procession vers leur destin en eau !

Mémoire sifflant, pépiant, susurrant à la tombée de la nuit
Mais la fraîcheur qui descend des hauteurs des terres brise la voix des gorges chaudes des chanteurs en herbe de rosée !

La mémoire des mots longtemps oubliés un instant traverse l’esprit dans sa torpeur avant de disparaître dans la mutité du sommeil qui le gagne.

Et je m’évertue à rassembler les mots qui témoigneront du voyage de l’esprit flottant vers l’imaginaire salutaire !

 

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FLORA AUDIMA DEVATINE

 

 

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Ofra Amit (1

Oeuvre Ofra Amit

CHRISTIAN ARJONILLA...Extrait

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Dans les rêves se trouvent les noms des enfants à naître :
Cercle-de-Lumière
Arc-en-Ciel-du-Vent
Aurore-qui-chante
Tremblement-de-Fleurs
Gouttes-d'Eau-sur-les-Feuilles
Écume
... etc.

 

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CHRISTIAN ARJONILLA

 

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NEBULEUSE

LES MASQUES

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Merci Marie-paule et Raymond Farina

 

Au théâtre, au milieu du jour, des toiles sont tendues, et beaucoup de comédiens entrent sur la scène, jouant un rôle, ayant des masques sur le visage, récitant la fable antique et racontant les événements d'autrefois. Celui-ci joue le rôle de philosophe quoiqu'il ne soit pas philosophe; celui-là joue le rôle de roi quoiqu'il ne soit pas roi, mais il en a le costume pendant la représentation. Cet autre joue le rôle de médecin, quoiqu'il ne soit pas même un ouvrier habile à travailler le bois, mais il est revêtu des habits de médecin; un autre joue le rôle d'esclave quoiqu'il soit de condition libre; un autre joue le rôle de docteur, et il ne connaît pas même les lettres ; ils paraissent ce qu'ils ne sont pas et ne paraissent pas ce qu'ils sont. En effet, tel paraît médecin qui ne l'est nullement, tel paraît philosophe qui a sous son masque une chevelure bien soignée, tel paraît soldat qui n'a fait que revêtir le costume de soldat. La vue du masque trompe, mais elle ne change pas la nature en donnant une autre apparence à la réalité. Tant que les joyeux spectateurs sont sur leurs sièges, les masques sont conservés; mais lorsque le soir est arrivé, que le spectacle a cessé, et que tout le monde s'est retiré, les masques sont déposés, et celui qui était roi sur la scène se trouve être dehors un forgeron. Les masques sont rejetés, les apparences trompeuses ont disparu, la vérité est manifestée; celui qui sur la scène était libre est esclave au dehors, car ainsi que je l'ai dit: au dedans les apparences trompeuses, au dehors la réalité. Mais le soir est venu, le spectacle a cessé, la réalité se manifeste.

Il en est de même pendant la vie et à la fin de la vie : les choses présentes sont un spectacle; les affaires humaines, les richesses, la pauvreté, la qualité de prince et de sujet, et tout le reste, sont les rôles d'une pièce de théâtre. Mais lorsque le jour de la vie présente sera passé, et que sera venue cette nuit terrible, ou plutôt ce jour, car si c'est une nuit pour les pécheurs, ce sera un jour pour les justes; lorsque le spectacle aura cessé, lorsque les masques auront été déposés, lorsque chacun sera jugé ainsi que ses œuvres, non pas chacun et ses richesses, chacun et son autorité, chacun et sa considération, chacun et sa puissance; mais chacun et ses œuvres : le magistrat et le roi, la femme et l'homme ; lorsqu'on nous demandera une vie honnête et de bonnes actions, et non le faste des dignités, non les abaissements de la pauvreté, le despotisme du mépris; lorsque le Juge dira : Donne-moi des œuvres, et quand même tu serais esclave, tu vaux mieux que l'homme libre; quand même tu serais femme, tu es plus homme que l'homme lui-même; lorsque les masques seront déposés, c'est alors que l'on reconnaîtra le vrai riche et le vrai pauvre. Et de même qu'ici-bas, lorsque le spectacle a cessé, si quelqu'un de nous se trouvant en un lieu élevé, reconnaît dehors un forgeron qui sur la scène était philosophe, il s'écrie : Eh quoi ! Cet homme n'était-il pas sur la scène un philosophe ? Dehors je reconnais en lui un forgeron; cet homme n'était-il pas sur la scène un roi? Dehors je reconnais en lui un homme de rien; cet homme n'était-il pas un riche sur la scène? Dehors je reconnais en lui un pauvre; ainsi en sera-t-il dans l'autre vie.

 

 

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SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Extrait de la Sixième homélie sur le tremblement de terre

et sur Lazare et le mauvais riche

Traduit du grec 344-407

 

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MEDUSA

 

 

EMILE VERHAEREN...Extrait

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Si d'autres fleurs décorent la maison
Et la splendeur du paysage,
Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

Dites de quels lointains profonds et inconnus
Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
Avec du soleil sur leurs ailes ?

Juillet a remplacé Avril dans le jardin
Et les tons bleus par les grands tons incarnadins,
L'espace est chaud et le vent frêle ;
Mille insectes brillent dans l'air, joyeusement,
Et l'été passe, en sa robe de diamants
Et d'étincelles.

 

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ÉMILE VERHAEREN

 

 

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FatatBahmad-l-2

Oeuvre Fata Bahmad

 


JEAN LAVOUE...Extrait

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Cette vie si fragile,
Cette fleur, ce talisman,
Ce chant inconsolé,
Où s’y tenir vraiment ?

Il suffit d’être là, 
Dans l’ouverture du jour, 
Repoussant doucement 
Les portes de la nuit.

Il nous faut accueillir
Comme un flux de silence
La beauté de ces arbres,
De ces berges aux oiseaux.

Partout le vent nous dit 
Son énigme et sa gloire,
Dans l’éclat des voilures
Nous sommes au rendez-vous.

Nous avons beau savoir
Que le temps nous emporte,
Pourtant nous dérivons 
Sur des eaux sans repos,

Ignorant tout du Chant 
Ce feu entre les mots, 
L’inouï du Poème, 
Ce Matin sans pourquoi.

 

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JEAN LAVOUE

Le 12 mars 2018

 

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bernard liegois

Oeuvre Bernard Liégeois

 

 

ESQUISSE POUR LA VIVANTE...Extrait

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Sur ce rebord du monde qui nous rendra tous étrangers,
je suis
un corps debout
qui tient le paysage.

 


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DOMINIQUE SORRENTE

 

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odilon redon

Oeuvre Odilon Redon

NAD IAM...Extraits

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Aujourd'hui, avec Lucie, j'ai chassé un chat terrifiant qui n'existait pas, paraît-il. 
Je revenais de fumer une cigarette, au pied de l'hôpital, sous une pluie battante. Je suis passée devant la chambre de Lucie, qui à ce moment là ne s'appelait pas comme ça, c'était juste la vieille dame très maigre que j'avais déjà croisée lors de ma visite de la veille et qui se tenait droite sur son lit et avait déjà dit à l'infirmière qu'il y avait un horrible chat sur le lit, quand j'étais descendue. 
Elle me l'a dit de nouveau, sur le même ton péremptoire, et moi, en vrai, j'avais envie d'entrer dans la chambre, de rencontrer quelqu'un. 
Alors je lui ai demandé comment elle s'appelait et si je pouvais entrer pour chercher cet horrible chat. Elle a dit Lucie et oui. Alors j'ai tout retourné, les couvertures, et les draps et bougé le fauteuil où elle ne pouvait plus s'asseoir et ouvert la fenêtre pour regarder en bas si cet horrible chat était pas en train de guetter. On a fait tous les recoins, crois moi. Après j'ai tout rangé, et elle a dit " En tout cas, il était là, je vous le dis". J'ai dit oui, mais qu'on l'avait fait partir pour un moment avec tout ce qu'on avait fait. C'était la vérité, il était là cet horrible chat, je ne l'appelais pas comme ça, on avait tous un nom pour le Chat Grin. Lucie n'a pas essayé de connaître le nom du mien, elle m'a juste laissée quelques minutes le chasser , assise sur son lit d'hôpital , dans sa chambre où elle m'avait laissée entrer. 
Moi , les yeux dans le vide, je pensais à mes amiEs croyantEs qui ne sont pas comme nous, et parlent du Chat Grin en public. Je pensais à cela, et à ce qu'est leur Facebook, à ces invocations qu'ils font pour les autres, à ces mots étranges qu'ils prononcent, à ces réalités qu'ils ne taisent pas, et dont ils font société, sans avoir peur de gêner ou de faire pitié et en sachant bien que le Chat Grin, forcément sur cette terre , est partagé. Même si ici, on l'ensevelit sous le silence et les lieux réservés. 
Je pensais à cette invocation qu'on venait de faire avec Lucie, ces gestes étranges mais qui avaient marché, on dira ce qu'on voudra, mais ça avait marché. On avait fait société, et je me suis dit que j'allais continuer, alors courage à vous toutEs, qui chassez un peu en vain le Chat Grin, mais ensemble n'est jamais vain.

 

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NAD IAM

 

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cht-grin

LA NATURE...Extrait

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 Pour se retirer dans la solitude, on a autant besoin de quitter sa chambre que la société. Je ne suis pas seul tandis que je lis ou écris, bien que personne ne soit avec moi. Mais si un homme veut être seul, qu'il regarde les étoiles. Les rayons qui tombent de ces mondes célestes le sépareront de ce qui l'environne. Il est permis de penser que l'atmosphère a été créée transparente dans le seul but de  donner à l'homme, par l'intermédiaire des corps célestes, le sentiment de la présence constante du sublime. Vues à travers  les rues des villes , comme les étoiles paraissent grandioses !  Si elles ne devaient apparaître qu'une seule nuit tous les mille ans, combien les hommes croiraient et adoreraient et conserveraient le souvenir  de la cité de Dieu qui leur aurait été montrée. Mais c'est chaque nuit  que se montrent ces ambassadrices de la beauté et qu'elles illuminent l'univers  de leur souriante exhortation.

Les étoiles éveillent une certaine vénération, car bien que toujours présentes, elles demeurent inaccessibles. Mais tous les objets naturels suscitent une impression analogue lorsque l'esprit est ouvert à leur influence. La nature ne revêt jamais une forme mesquine. Et  lorsque l'homme le plus sage ne lui ravit pas son secret, pas plus qu'il n'épuise sa curiosité en en découvrant toute la perfection. Jamais la nature ne fut un jouet aux yeux du sage. Les fleurs, les animaux, les montagnes reflètent la sagesse de ses heures les meilleures, de même qu'ils ont enchanté la simplicité de son enfance.

Lors que nous parlons de la nature de cette manière, nous avons à l'esprit un sentiment particulier, quoique des plus poétiques. Nous voulons parler de l'unité d'impression provoquée par  la diversité des objets naturels. C'est cela qui distingue le morceau de bois du bûcheron de l'arbre du poète. Le paysage charmant que je contemple ce matin  est indubitablement composé de vingt ou trente fermes. Miller possède ce champ, Locke celui-là,  et Manning le bois situé au-delà. Mais aucun d'eux ne possède le paysage. Il est une propriétéà l'horizon que personne ne possède, sauf celui dont l'oeil est capable d'intégrer toutes les parties, c'est à dire le poète. C'est la meilleure part de la ferme de ces hommes, quoique leur titre de propriété n'y donne aucun droit.

A vrai dire, peu d'adultes sont capables de voir la nature. La plupart des gens ne voient pas le soleil. Du moins en ont-ils une vision très superficielle. Le soleil ne fait qu'éclairer l'oeil de l'homme, alors qu'il brille à la fois  dans l'oeil et dans le coeur de l'enfant. L'amoureux de la nature est celui dont les sens  internes et externes sont encore réellement ajustés les uns aux autres  et qui a gardé l'esprit d'enfance jusque dans l'âge adulte. Son commerce avec le ciel et la terre devient une part  de sa nourriture quotidienne. En présence  de la nature, une joie sauvage  parcourt cet homme, en dépit des chagrins réels. La nature  dit "  Il est ma créature et malgré l'insolence de son affliction il sera heureux avec moi. "

 

 

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RALPH WALDO EMERSON

 

 

Hengki Koentjoro32

Hengki Koentjoro

ENTRELACS III

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Allons par degrés discrets
Vers la tendresse de l’eau
L’eau libre sans gîte et sans remous
Qui donnera de la plénitude à nos faces
Les éveillant à l’interne départ
Dans l’épanouissement des larmes
Et sous la fluide caresse du monde

 

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ELIE-CHARLES FLAMAND

 

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minimaliste 2,

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