Je voudrais n'écrire
que des mots insérés
dans un grand silence
Comme cette estampe
avec une branche fleurie
dans un angle inférieur
Je voudrais n'écrire
que des mots insérés
dans un grand silence
Comme cette estampe
avec une branche fleurie
dans un angle inférieur
Toujours ramener la vie à sa base, à ses nécessités premières : la faim, la soif, la poésie, l’attention au monde et aux gens. Il est possible que le monde moderne soit une sorte d’entreprise anonyme de destruction de nos forces vitales – sous le prétexte de les exalter. Il détruit notre capacitéàêtre attentif, rêveur, lent, amoureux, notre capacitéà faire des gestes gratuits, des gestes que nous ne comprenons pas. Il est possible que ce monde moderne, que nous avons fait surgir et qui nous échappe de plus en plus, soit une sorte de machine de guerre impavide. Les livres, la poésie, certaines musiques peuvent nous ramener à nous-mêmes, nous redonner des forces pour lutter contre cette forme d’éparpillement. La méditation, la simplicité, la vie ordinaire : voilà qui donne des forces pour résister. Le grand mot est celui-là : résister.
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Qui se rappelle de Paloma Matta , cette actrice ravissante, pleine de talent, des années 60-70, qui fut l'héroïne de "Belle et Sébastien ", dans le rôle d'Angelina, surnommée " la petite fiancée des Français " ( à tout juste vingt ans en 1965 )...et de bien d'autres téléfilms . Épouse de l'acteur François Chaumette, elle est décédée au mois de Septembre 2017 à l'âge de 72 ans, sans qu'on le sache. Hommage à une actrice talentueuse, qui préféra abandonner une carrière cinématographique prometteuse afin de devenir sage-femme ...Nostalgie ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paloma_Matta
https://www.facebook.com/paloma.matta/
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Paloma Matta
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https://www.facebook.com/paloma.matta/videos/1487622703409/?t=48
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Je me souviens de cette vieille fermière suisse à laquelle je demandai – morveux immigré de 8 ans voulant se faire un peu d'argent de poche – si je pouvais lui faire des courses et qui me demanda, méfiante: "À qui appartiens tu ?" (comprenez «De qui es tu l'enfant, quel est ton pays, ta famille, ta caste, ton clan...). Innocent, ignorant, mais fier comme un coquelet, je me dressai sur mes ergots et répondis : «À personne! Je ne suis pas un esclave.» Et elle de me remettre vertement en place : "Va-t-en alors, petit effronté!"
Eh bien, oui, j'ai filé et c'est que j'ai toujours continuéà faire, en attendant de m'en aller pour de bon, sempiternel passant, dont même les attaches qu'il cherche et croit parfois trouver lui apparaissent tôt fait factices et ne sont que licols éphémères. Tour à tour italien, toscan, suisse, belge, allemand, français, luxembourgeois…
Et pourtant, parfois je vous envie ; parfois je pourrais pleurer, de n'être à personne. Dur, dur, d'être libre! Vraiment libre. Je me sentirais peut-être moins seul si nous l’étions tous, seuls. Est-il vraiment nécessaire, indispensable, d'être arabe, juif, italien, tunisien, français ou que sais-je ? Ne peut-on pas, tout simplement, se contenter d'être un être humain, sans plus ?
Peut-être, que j’eus aiméêtre méditerranéen… peut-être même que je le suis ? Mais est-ce bien raisonnable ?
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GIULIO ENRICO PISANI
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Photographie Gérald Bloncourt
Quel courage, quelle grandeur d'âme, que d'humilier un ado quand on profite honteusement de son statut d'homme d'État vivant aux crochets des français, parce qu'un ado vous manque de respect. Comble de la perversion, partager cette humiliation sur les réseaux (a)sociaux parce que votre amour propre a été touché!
Alors j'entends de-ci de-là certain(e)s s'insurger en hurlant que c'est bien fait pour sa gueule à ce sale môme, manquer de respect au Président quelle infamie!
À quoi j'ai envie de répondre mais où avez-vous qu'elle était respectable Sa Sainteté Macron?
Cet homme qui lèche le fion des puissants de ce monde, on se rappelle toutes et tous de son attitude calamiteuse avec Trump, le vieux pervers qui trimballe son petit caniche pour aller pisser dans le parc, on se rappelle également de ce député Belge qui l'humiliait lors d'un magnifique plaidoyer au Parlement européen concernant la politique liberticide et des contradictions du laquais des lobbies, et évidemment, on se rappelle toutes et tous des petites punch-liens que Sa Sainteté ne se cache pas de lâcher, comme atteinte d'une aérophagie malodorante, pour brimer les pauvres, et toutes celles et ceux qui ne font pas partie de sa petite confrérie très "sélect", c'est à dire la majorité des français (ou presque).
Alors oui, quand on se fait rabrouer en public par de plus forts que soi, qui ont mis à jour votre perversité, quand on a étéélu par la minorité d'un peuple, pas étonnant que lorsqu'un ado vous tutoie on lui balance à la gueule tout son fiel, parce qu'un ado ne pourra pas vous répondre! David contre Goliath.
Alors oui, il est normal de "recadrer" le mouflet pour lui apprendre le respect, mais pourquoi cet acharnement perpétuel de lutte des classes avec un discours puant à son encontre.
À l'heure où le harcèlement numérique fait rage, Sa Sainteté, diffuse cette video dans son intégralité sur les réseaux sociaux, pour que ses moutons puissent la relayer et détruire la vie d'un jeune homme en construction. On ne peut que saluer un tel geste, un tel fair play à toute épreuve.
Voilà, notre oligarchie tout puissante humilie son peuple, sa jeunesse, et tout cela sous les bravos des veaux qui ne comprennent pas que cette attitude est digne des plus grandes dictatures car dans celles-ci, aucune empathie, aucun respect de l'être humain mais un broyage de l'esprit et des hommes. Dans cette oligarchie toxique, les merdias vendus floutent le visage des terroristes mais pas celui d'un gosse qui a commis le crime de tutoyer Sa Sainteté Abyssale!
Alors modestement je soutiens avec mon petit dessin cet ado au fond du trou, pour lui dire qu'il n'y a pas que des crétins sur les réseaux (a)sociaux, qu'il y a plein de gens comme moi qui approuvent ce qu'il a dit, parce nous, contrairement à tous ces crétins lobotomisés de la secte de Sa Sainteté, on a été ados, et qu'à cet âge, on a fait et dit plein de conneries.
Toutefois, quand je vois l'état du monde, je me dis que la connerie n'est pas que l'apanage de l'adolescence!
Heureux les imbéciles...
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MIKO
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Dessin Miko
De nos querelles avec nous mêmes, de la poésie.
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Parler, après un long silence : c'est dans l'ordre,
Morts ou enfuis tous nos autres amours,
Et tirés les rideaux sur la nuit hostile
Et voilée de ses franges la lampe hostile,
Qu'ainsi nous dissertions, à n'en plus finir,
Sur ces thèmes suprêmes, l'Art, le Chant.
La décrépitude du corps est sagesse. Jeunes,
Nous nous aimions, nous ne savions rien d'autres.
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WILLIAM BUTLER YEATS
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Guillaume Apollinaire par Picasso
Prends-moi dans tes bras comme si nous étions le sentiment des vierges tout en haut de cette colline du pardon. Où nous allions dans la vérité simple de l’amour consenti. Le dos contre l’arbre, échangeons un baiser dans cette langue native. Je comprends ton dialecte de femme. L’attente est subtile. Il ne faut rien brusquer. Si tu le veux, je vais explorer la nuance et les creux. Si tu le désires je serai ce jeune homme florentin avec la timidité de celui qui débute dans cette grande maison moirée du sentiment et des aveux. Et si enfin, ces incarnations te laissent songeuse, je serai ce vieux professeur de français, une canne et les mots à la main. Par amour, je peux traverser le fleuve et ses crues langagières. Ton mystère est équivoque, ta féminité dépasse la cadre de la femme que tu sembles. A mon heure dernière, je veux des nains et des bruissements. Je veux ton murmure salé et la densité de ton verbe, quand tu te retires de la superficialité qui nous est imposée par le commun. Prends ma tête au creux de ta poitrine, j’ai tellement voyagé, immobile, je suis un peu fatigué, las. Il nous reste beaucoup de jours à l’écoute de la vie. Il nous reste du temps. Combien, je ne sais pas. Il nous reste la vie, porte dérobée.
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Tu verras! J'ai accroché le trousseau à la vieille ferrure du petit mur en pierres. Le vent, à ta venue, saura les faire tinter.
La petite, c'est pour les rêves, quand ils demandent à sortir pour dire leurs besoins. Ne referme pas la porte : ils ne pourraient plus rentrer!
L'autre, la plus rouillée, c'est celle de la remise où j'entasse mes habitudes au lieu de les jeter. Ne va pas trop y voir, ça sent le renfermé.
La troisième, malheur! c'est si tu ne restes pas. C'est celle de tous les champs où plus rien ne pousse, où le silence s'enferme dans les doubles tours. Il vaut mieux l'oublier.
Mais la dernière, tu verras, la plus forte, la plus vraie, c'est celle de nos rêves, la clé de nos mystères. L'amour, à ta venue, saura la faire tourner.
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JOËL GRENIER
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Une des plus grandes voix ougandaise s'est éteinte aujourd'hui Geoffrey Oryema est parti vers le monde des étoiles.Il était un " passeur " de beauté, d'amitié et d'amour, le passeur d'espoir que nous avons vu sur une scène magique ... Un être de lumière .....Nous sommes bouleversés..Geoffrey était une belle âme, apprécié par tant et tant d'hommes et de femmes, pour ce talent exceptionnel qu'il possédait, les mélodies sublimes de douceur qu'il nous a, à tous, offertes; apprécié aussi pour ses combats et son humanité...Nous l'avions rencontréà Bonifacio, où il s'était montré d'une gentillesse sans égale ...Tu fus une étoile, Geoffrey, une lumière de vie...Quelle tristesse... Tu demeureras toujours dans nos coeurs...Que la terre te soit légère mon frère...Lots of love...
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GEOFFREY ORYEMA 2013 from Marin 2A on Vimeo.
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Geoffrey Oryema
Quand l’homme et la femme deviennent un, tu es ce un. Quand les unités sont effacées, tu es cette unité. Tu as façonné ce “je” et ce “nous” afin de pouvoir jouer au jeu de l’adoration avec toi-même, afin que tous les “je”, les “tu” deviennent une seule âme, et soient à la fin submergés dans le Bien Aimé
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RUMI
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"Sin duda que así como dizen que van degenerando los hombres y siendo más pequeños cuanto más va (de suerte que cada siglo merman un dedo, y a este paso vendrán a parar en títeres y figurillas, que ya poco les falta a algunos), sospecho que también los coraçones se les van achicando..."
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Il est certain que, de même que les hommes perdent peu à peu, à ce qu'on dit, leurs qualités, et deviennent plus petits avec le temps (de sorte qu'ils rapetissent de la hauteur d'un doigt à chaque siècle et deviendront à ce rythme des marionnettes de dimensions réduites, ce qui est déjà presque le cas pour certains d'entre eux), je me demande si leur coeur ne s'achemine pas vers la dimension zéro
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BALTASAR GRACIÁN
(1601-1658),
El Criticón, II, Crisi segunda.
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Vous me lirez lorsque je serai mort et ce sera bien ainsi
Car tout ce que j'ai écrit je l'ai écrit dans cette ombre paisible
Juste à côté de vous dans le silence heureux
Où les mots se laissent entendre dans une clarté
Qui n'existe que là
Et lorsque vous me lirez ce sera comme si une voix glissait
De l'autre côté des futaies et venait vous rappeler
Qu'il existe une autre manière de parler donc de vivre
Et que le monde n'est pas cette fête triste qu'on en fait
Pour vous empêcher de vivre toute la vie qui vous appelle
Ne laissez jamais la poésie
N'être qu'une image ou un mot
Regardez-la toujours
Se dessiner à l'horizon comme une aurore
Sur le désert qu'elle va fertiliser
Ne lui donnez pas la forme d'un visage venu du passé
Mais d'une musique
Sur laquelle vous danserez votre vie
En ne laissant rien retomber
De ce qui en vous demande à vivre
Lorsque vous l'entendrez et que cette voix vous paraîtra la vôtre
Qu'elle vous ramène à ce qui en vous souffre de sommeiller
- Le plus beau -
Qu'elle vous donne le désir de l'embraser
Puis qu'elle se perde dans le silence d'où elle est venue
Car c'est à vous
Qu'appartient le royaume
Ne laissez jamais personne
Ecrire à votre place
Le poème de votre vie
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EMMANUEL GODO
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Ne dites pas que je pars demain, car j'arrive encore aujourd'hui.
Regardez bien : j'arrive à chaque seconde pour être un bourgeon sur la branche au printemps, pour être un petit oiseau aux ailes encore fragiles, qui apprend à chanter dans un nouveau nid, pour être une chenille au cœur d'une fleur, pour être un joyau qui se cache dans la pierre.
J'arrive encore, pour rire et pleurer, pour avoir peur et espérer, le rythme de mon cœur est la naissance et la mort de tout ce qui vit.
Je suis l'éphémère qui se métamorphose à la surface de la rivière, et je suis l'oiseau qui, lorsque vient le printemps, arrive à temps pour gober l'éphémère.
Je suis une grenouille nageant gaiement dans l'eau claire de l'étang, et je suis la couleuvre qui s'approche en silence pour se nourrir de la grenouille.
Je suis l'enfant ougandais, tout en peau et en os, mes jambes sont aussi minces que des tiges de bambou
...
Ma joie est comme le printemps, si chaude qu'elle fait éclore les fleurs dans tous les chemins de la vie. Ma peine est comme un fleuve de larmes, si pleine qu'elle emplit les quatre océans.
Appelez-moi par mes vrais noms, afin que je puisse m'éveiller, et que les portes de mon cœur puissent s'ouvrir, les portes de la compassion.
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THICH NHAT HANH
mai 1982
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Geoffrey Oryema par C. Ortoli
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J’ai aimé pour mille ans par une nuit semblable
Où juin s’époumonait au perron de l’été
J’ai aimé pour mille ans et coule intarissable
La source cyclamen de nos éternités
C’était un soir joyeux de fureur et d’esclandre
La venelle riait hétaïre et ambrée
C’était un soir joyeux de fureur et d’esclandre
Sous la pamoison d’or d’un grand ciel cérusé
Tandis que la Saint-Jean renaissait de ses cendres
Tu colportais heureux les flambeaux de l’été
Sous les madriers d’ocre où le couchant rassemble
La mémoire des hommes La caresse des blés
J’ai aimé pour mille ans par une nuit d’opale
Une bouche abyssine à la mienne scellée
J’ai aimé pour mille ans et coule intarissable
En mon cœur cyclamen la source de l’été
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© SYLVIE MEHEUT (2017)
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Oeuvre Jules Breton
A Geoffrey Oryema
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Le vent m’emporte avec le sable sans retour
mais les lieux absolus où réside à jamais
l’ombre de mon enfance bravent le temps rongeur
tant qu’un mur blanc marque d’un signe pur
la couture insensible qui lie la terre au ciel
et la ville vivante avec le champ des morts.
...
Nous passons, nous sommes passés, et nos pas sont effacés
Restent seuls quelques signes ineffaçables
que je trace en pleurant dans un lieu innommé.
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JEAN AMROUCHE
" Tunisie de la grâce ", extrait
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Je voudrais vous dire des choses si tendres,
Vous murmurer des mots si doux,
Que seules les fleurs mortes peuvent entendre
Car c'est tout ce que j'ai de vous.
Je voudrais vous confier mon rêve de folie
Mon beau rêve si insensé,
Hanté par le spectre de la mélancolie
Où viennent sombrer mes pensées
Je voudrais vous dire pourquoi mon âme pleure
Quand tout aime et refleurit,
Pourquoi elle gémit à la fuite de l'heure
Qui part sans apporter l'oubli.
Je voudrais vous dire comment je vous adore.
Hélas je ne le pourrais pas,
Et c'est en mon rêve qui s'envole à l'aurore
Que je dois le dire tout bas.
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BIRAGO DIOP
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A Geoffrey Oryema
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Feuilles, petites aiguilles qui claquent
comme claque le vent contre les jours
et perce peu à peu le brouillard
Voici le temps, mon âme. Retourne-le sans hâte.
Traverse chacune des arches qu’il érige ;
prends dans ta main les pierres
qui jalonnent le passage
de la terre jusqu’au ciel
et de nouveau à la terre
Il n’existe aucun chemin ;
la quête que nous poursuivons
repose en chaque chose approchée
en chaque instant qui délivre ses clartés.
Le temps ne s’écoule pas. Le temps
brûle à nos côtés, silencieux
et bordé de roc qu’il fissure
lentement, dans le désert intérieur.
Aucun chemin. Juste quelques pas
à la lisière de l’aube.
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HELENE DORION
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