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Channel: EMMILA GITANA
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UNE AUTRE ANNEE...

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Une autre année se prépare à naître en musique sur la grande parodie de celle qui va s’achever bientôt dans le chant habituel des vœux gracieux distribués charitablement. Des vœux qu'on adresse à l'autre et dans lesquels l'on cherche nous-mêmes une place généreuse avec le rôle béni du séducteur soupirant de l'oligarchie des succès avidement espérés. Qu'importe ! Ma pensée va vers toi, solitaire. Tu ne sais si la nouvelle année va enfin te procurer le sésame des portes fermées ou alors te réserver de nouveaux naufrages. Oh, je sais, camarade, tu as des craintes parce que justement tu as des espérances. Tu vas vouloir sortir de bonne allure et plein de dévotions pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, est-ce pour t'éloigner de la rive du passé que tu veux à jamais révolue ? Est-ce parce que tu penses que cette nuit sera particulière et qu'elle va t'enflammer d'une fièvre particulière qui anéantira le fâcheux souvenir de tes défaites ? Mais, camarade, chacun de tes souvenirs est une pâleur qui prend les couleurs dont tu disposes et qui sont tiennes à présent. Des couleurs que tu n'as pas à emprunter chez les autres. Ou alors, tu vas vouloir sortir pour te revêtir d'une joie fluide. Peut-être, la trouveras-tu dans l'arc du cupidon ? Peut-être que tu rentreras chez toi avec du vent dans les voiles, accompagné de zéphyrs trompeurs tourbillonnant dans tout ton être ?
Ce qui est magique dans cette nuit est un mythe, camarade, c'est une nuit comme toutes les autres ! À moins que l'on appelle magie la force qu'elle a de nous rendre sourds aux souffrances des SDF que le froid abrège de son point final pour laisser à l'image télévisée le soin hypocrite d’annoncer que la mort avait effectué son shopping auprès du détaillant nommé trottoir. Les crochets des nuits glacées s’abattent sur des hères qui se nourrissent en notre ère d’ers de survie car fourbus dans l'aire de la faim aux airs de pitié sacrée à des fins de publicité. Ces anonymes que n’accroche pas la curiosité, si ce n’est qu’un jour par an. Cette curiosité burlesque qui avive la blessure des imbéciles volontiers assujettis qui n’ont mal que lorsqu’un prince est pris d’une quinte de toux. Oh, tu me diras, ce n'est pas parce qu’un prince crie la malédiction quand un moustique atterrit sur son bras que les ponts du diable s’écroulent sous les pieds des sans-abris. Je te dirai qu’il y a pire que la solitude.

Pour les privilégiés par l’ADN, camarade, la saint Sylvestre sera en effet suivie d’effets magiques tout en luxure dans les parfums pimpants des jolies filles aux surnoms coquets, d’autres, comme toi, agiteront leur verge veuve sous le froc. Au final, tu retrouveras la réalité de toutes les brutalités des regards qui ont percé tes nuages quand tu les avais à portée de mains. La réalité va t’obliger à affronter de nouveaux orages de la vérité qui éclatera sous tes yeux face au vent ennuyeux de cette nuit que tu crois si particulière. Tu vas, alors, te rabattre sur la télé et ses troupeaux malades d'orgasmes, elle te prendra de ses films décadents dans le filet des pulsions mondaines où les elfes du X joueront la complaisance à te couper la chique tant tu t’entendras faire pataquès sur pataquès à chaque baiser minablement filmé en réponse à ta solitude.

Seul, tu feras partie fine en goguettes silencieuses, tu vas t’empiffrer de bières avant de t’affaisser sur ton lit. Tu affectionneras à vau-l’eau les effluves du vin et l'appétence luxueusement polissonne de la nuit qui dégoulinera de rêves comme une mièvre pluie sur le plaid froissé de ta solitude.

Au petit matin de premier jour de janvier, tu laisseras égarer ta vue au loin dans un morceau de ciel que tu t'es réservé avec une étoile dans ta retraite agitée d'une foi indicible et secrète. Tu te reprendras à l'espoir, il a l'avantage de rompre les nœuds les plus serrés de la solitude. Alors, tranquille dans le colloque sentimental que tu animeras avec toi-même, simplement avec toi comme interlocuteur anonyme, tu demanderas encore une fois de l’autre côté du miroir, quelle est ta place dans le destin.

 

 

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DJAFFAR BENMESBAH

 

 

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IT'S TIME

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Il nous faut maintenant nous ajuster au pas des dieux
Et des héros, relever ce monde qui penche tout entier
Vers l'abîme, faire revivre la dignité, effacer
Les larmes et la crasse, avancer, repousser du bout du pied la hargne
Qui nous colle aux semelles et nous englue, pauvres oiseaux,
A nos idées et nos pauvres discours
J'ai pouvoir d'inviter les morts à nos tables, qu'ils viennent,
Vous tendant les bras, vous rassurant, nous avons fait
Ce que nous avions à faire, nous fendant le cœur et criant
Et les morts vous disent qu'ils sont fiers d'être à vos côtés
Car il n'y a pas d'un côté la vie et de l'autre l'absence de vie mais
Une chaîne de mains humaines immense qui s'enlacent
Chaque maillon reconnaissant celui qui le précède et celui qui le suit
Et laissant sur le côté de la route humaine celui qui ne peut pas tenir
La main des autres et la serrer
Comme si son sort dépendait de ses deux mains
Celle qui va vers le passé celle qui creuse le présent
Oh que je serre fort l'une et l'autre
Oh que nous irons loin
Il suffit de vouloir
Et de tenir

 

 

! DIAMON~11

 

 

ALEXO XENIDIS

 

 

! DIAMON~11

 

Victor-Wang-human-experiences

Oeuvre Victor Wang 

2019....

QUE LA VIE SOIT...

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Que la vie
Soit
Ce Tout
Et ce Rien
Ce souffle
Des secondes

Elle n'est
Déjà plus...
Dans le premier rayon
De lumière
A la goutte
De rosée
Tout se pose
Dans cet esprit
Du Vivant
A naître
Et devenir poussière...
Dans ce geste
Du bleu sur le ciel
Et la trace
De ton pas
Que la pluie efface
Le temps
Est ce silence
Qui murmure,

Dans le battement
De ton coeur
Entre hier et demain
Il va
Et s'abandonne
A cette rivière
De la vie
Qui coule en toi...

 

 

! DIAMON~11

 


PIERRE LEBRETON

2018

 

 

! DIAMON~11

 

 

ROSEE

PIERRE LEBRETON ...Extrait

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Tout ce qui se dépose en nous, années après années sans que l'on s'en aperçoive : des visages qu'on pensait oubliés, des sensations, des idées que l'on était sûr d'avoir fixées durablement, puis qui disparaissent, reviennent, disparaissent à nouveau, signe qu'au-delà de la conscience, vit quelque chose en nous qui nous échappe mais nous transforme, tout ce qui bouge là, avance obscurément, année après année, souterrainement, jusqu'à remonter un jour et nous saisir d'effroi presque, parce qu'il devient évident que le temps a passé et que on ne sait pas s'il sera possible de vivre avec tous ces mots, toutes ces scènes vécues, éprouvées, qui finissent par vous charger comme on le dirait d'un navire.
Peut-être est-ce cela la Sagesse : cet amas de Tout, de voyages et cieux lointains, de serments d'enfants, de courses poursuites dans les bois, de visages de gares bondées, de toutes ces promesses accomplies ou abandonnées de la vie, et notre solitude à devoir nous donner de vivre chaque instant comme un trésor impermanent qui se renouvelle sans cesse...

 

 

! DIAMON~11

 

 

 

PIERRE LEBRETON

 

 

! DIAMON~11

 

 

Wynn Bullock,

Photographie Wynn Bullock

LE GAI SAVOIR - LIVRE IV...Extrait

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Aujourd’hui, chacun s’autorise à exprimer son vœu et sa pensée la plus chère : eh bien, je veux dire, moi aussi, ce que je me suis aujourd’hui souhaitéà moi-même et quelle pensée m’est venue à l’esprit la première cette année, – quelle pensée doit être pour moi le fondement, la garantie et la douceur de toute vie à venir ! Je veux apprendre toujours plus à voir dans la nécessité des choses le beau : je serai l’un de ceux qui embellissent les choses. Amor fati : que ce soit dorénavant mon amour ! Je ne veux pas faire la guerre au laid. Je ne veux pas accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Que regarder ailleurs soit mon unique négation ! Et somme toute, en grand : je veux même, en toutes circonstances, n’être plus qu’un homme qui dit oui ! »

 

 

! DIAMON~11

 

 FRIEDRICH NIETZSCHE

 

 

 ! DIAMON~11

 

 

phil charp,,

Oeuvre Philippe Charpentier

VOEUX...

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Puisqu’au final, nous avons chacun nos nuages à portée de main, j’aimerais donc éclater les miens afin de voir tomber sur vous, à la manière d’une pluie furieuse, des torrents infinis de joies, de délices et de douceurs et que la beauté comble, de ses jets sonores et lumineux, l'étendue de votre regard. Dans la beauté, les aléas défavorables s’évaporent comme des bulles de savons pour renaître en bulles pétillantes, annonciatrices de réussites et des succès. Je vous souhaite donc une errance sans répit, sans limite dans la beauté afin de jouir pleinement de sa splendeur séductrice que rien ne ternit, ni la lenteur dans l’activité de l’esprit ni la promptitude dans son mode d’action. Dans la beauté, quand une idylle prend fin, une autre sort du néant armée des sourires d’un tournesol féroce pour illustrer les nuits de puretés et d’estimes. Dans la beauté, chacun s’offre une semblance de lui-même, véridique et réelle, sans réciprocité affreuse envers sa nature.
Je vous souhaite un retour à l’enfance avec la détermination d’adulte qui est la vôtre et de chavirer très logiquement dans un océan de jasmins où les vagues, d’élégies heureuses, chanteront pour vous l’envoûtement des jours florissants à venir.
Je souhaite à la femme sa place sacrée parmi les fleurs et à l’homme l’honnêteté de les nommer afin d’y trouver son affection et sa sensitivité dans l’émancipation de chacun quand il est en quête de l’autre car ainsi, le bonheur ne connaîtra point l’agonie. Je vous souhaite la force de triompher sur toutes les raisons de la haine et les seigneuriaux dédains et vous souhaite surtout de l’indifférence devant les richesses à profil bas, connaitre des hauts et des bas est une bénédiction du Ciel et toute souffrance est un germe de vie. Je vous souhaite du pep à repousser d’instinct toutes les valeurs et les mérites qui n’ont pas le prétexte du bon goût pour que s’effritent les préjugés et les clichés de lubricité accolés aux femmes qui chantent et qui dansent. Je souhaite la déclinaison vers l’authenticité de toute image infidèle que l’on se fait de nous-mêmes, car, à la base, elle donne corps au leurre auquel nous nous accrochons pour de tristes avantages. Je vous souhaite jour après jour, des instants productifs de poésies et un éclat immense d’espoir pour aider à remettre d’aplomb vos esprits à chaque déception, à chaque douleur et à l’ébauche de chaque chagrin. Je vous souhaite des étreintes en pagaille dans une prose séduisante avec celles et ceux que vous aimez et de regarder autrement celles ou ceux qui vous répugnent, car probablement, une senteur agréable flotte autour de leur aura, il vous faudra juste l’effleurer.
À chaque masse d’obscurité qui viendrait entraver votre chemin, je vous souhaite une masse de lumière cent fois plus résistante qui vous aidera à la faire reculer. Je vous souhaite de l’entrain pour élargir votre cercle d’amitié et du cœur pour l’entretenir. Je vous souhaite au plus fort, des arcs en ciel dans vos rêves et des volts puissants dans votre faculté d’aimer car l’amour quand il mord le ciel, peut reformer les destins.
Santé et bonheur. Que la vie vous ouvre ses sentiers les plus lumineux.
Votre serviteur

 

 ! DIAMON~11

 

 

DJAFFAR BENMESBAH

 

 

 ! DIAMON~11

 

roberto concha2,

 

Oeuvre Roberto Concha

CHARLES JULIET...Extrait

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La douleur incessante
qui brûle les entrailles
de ces huit cents millions
d'hommes de femmes et d'enfants
qui endurent les affres de la faim
et survivent
comme ils peuvent
dans tant de villes et de contrées
sur les cinq continents

 

lèvres crevassées
regards éteints
corps décharnés

 

les forces qui manquent
s'épuisent
parfois la mort

 

et l'autre faim

 

celle qui n'ose
s'avouer
ne trouve pas
à s'assouvir
non moins lancinante
non moins acharnée à ronger
que la première

 

celle qui tire l'être
hors du quotidien
lui fait rejeter
la défroque
dont on veut l'affubler

 

celle qui le condamne
au chemin de solitude
le voue à l'errance
à la recherche inlassable
de l'oasis
de la paix de l'oasis
de l'eau ensoleillée
de la source

 

 

...


chassé
livréà la nuit et la soif

alors il fut ce vagabond
qui essaie tous les chemins
franchit forêts déserts
et marécages
quête fiévreusement
le lieu où planter
ses racines

cet exilé
qui se parcourt et s'affronte
se fouille et s'affûte
emprunte à la femme
un peu de sa terre et sa lumière

ce banni que corrode
la détresse des routes vaines
mais qui parfois
aux confins de la transparence
hume l'air du pays natal
et soudain se fige
émerveillé...

 

 

.

 

 

CHARLES JULIET

 

 

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goxwa borg2

Oeuvre Goxwa


L'ETRANGE DOUCEUR

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Comme un oiseau dans la tête
Le sang s'est mis à chanter
Des fleurs naissent c'est peut-être
Que mon corps est enchanté

Que je suis lumière et feuilles
Le dormeur des porches bleus
L'églantine que l'on cueille
Les soirs de juin quand il pleut

Dans la chambre un ruisseau coule
Horloge aux cailloux d'argent
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant

L'air est plein de pailles fraîches
De houblons et de sommeil
Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil

C'est le toit qui se soulève
Semant d'astres la maison
Je me penche sur tes lèvres
Premiers fruits de la saison

 

 

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RENE GUY CADOU

 

 

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fabienne monestier2

Oeuvre Fabienne Monestier

MICHEL ECKHARD ELIAL ...Extrait

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Le corps comme une terre gagnée au dessus du silence quand tu es là vers moi matin de terre natale mer non naviguée. Les mots ne comptent plus, même si tu voudrais que je parle de moi dis-tu. 
Elle trace des rivières. Au milieu du gué, entre la pierre et l'eau brûle l'herbe de la présence. Si je disais je t'aime à la vie, sans.
Sans ta voix, je n'ai pas trace. Cela souffle dans ma voix. J'ai du mal sous le visage. A parler par des mots. Tu ne ne vois pas ce qui parle de toi à lèvre murmurée à silence muré. Aujourd'hui ça glisse sur un océan d'exils et de sorties d'urgences. Ca glisse vers la sortie parce que le mot est mûr et qu'il creuse la bouche. Ce mot qui vient toujours pour réparer la vie, ou la détruire. Où l'on est toujours contre le mur de la vie. Debout, inondé de mémoire et émondé, et toujours impatient d'amour. Oui, je songeais que ce lieu d'être et de voix est le corps du monde, et que j'y avais entendu comme la pensée d'une maison dans la maison. Que toi je dis comment entrer chez soi . C'est la parole pour dire à la bouche la rose cousue à la peau, ce trou d'où pousse le souffle. Nous habitons dedans, nous creusons les orifices pour surgir d'un visage, d'un premier cri dont on sera douleur et bonheur. Dans un temps qu'on ne coupe pas. C'est toi qui es là. Que toi je dis comment entrer chez soi d'où on part.Tu es là dans l'amande dans la bouche par qui, je vais au désert et à la beauté du monde. C'est dans la peau que ça coupe, l'alliance du silence et des mots, ça coupe comme l'herbe sous le pied de la beauté du monde.

 

 

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MICHEL EKHARD ELIAL

 

 

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josephine cardin2

 

Photographie Joséphine Cardin

LES PLANCHES COURBES...Extrait

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Et la vie a passé, mais te garda
vive mon illusion, de ces mains savantes
Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent 
Presque invisiblement les déchirures.

Sauf: que faire de ce lambeau d'étoffe rouge ?
On le trouve dans sa mémoire quand on déplace
Les années, les images; et, brusques, des larmes
Montent, et l'on se tait dans ses mots d'autrefois.

Parler, presque chanter, avoir rêvé
De plus même que la musique, puis se taire
Comme l'enfant qu'envahit le chagrin
Et qui se mord la lèvre, et se détourne.

 

 

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YVES BONNEFOY

 

 

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INCONNU2

PARFOIS LA BEAUTE...Extrait

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Mère fée

Lorsque d'un pas lent 
tu avances vers moi

Les bras ouverts comme un jardin

Comme c'est violent 
de te sourire 
à cet instant

Car avec toi l'idée me vient
que tu es peut-être

É p h é mère

 

 

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AZADEE NICHAPOUR

 

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Cayetano De Arquer Buigas21-001

 

Article 0

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Les anges ont leurs préférences, ils ne sont pas plus liés à l'existence que cette rose, qui fleurit bientôt son absence.
Le jour fait l'adieu, sa voix porte le fardeau d'un nouveau-né. C'est une joie violente de consoler, aussi la mort. Elle écrit sur ton front tous les mots de la honte, tous les secrets de cette absolue chance. En réalité, c'est ta paume qui transforme le dôme du matin, dans un silence tu ramasses tes épreuves pour les éloigner sur une page.

Z.M

PIERRE WARRANT...Extrait

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Si ton sang est encore rouge
si tu aimes l'aube naissante
la couleur de ses sources
et la marée de ses jardins

resserre doucement quelques silences
couche-toi sur un tapis de feuilles
comme ces fruits qu'aucune main n'a touchés
et qui roulent sans bruit vers une bouche à aimer

songe à partir vers un ciel à l'écoute
pars pour rester comme une barque
à l'arrêt sur les larmes du lac
où le vent d'un vertige s'élargit

allume la pâle paume des nuages
à l'incendie des mots et de la neige
écris la plaine et la montagne
l'orage et l'accalmie la source et l'embouchure

oublie ce que tu sais et d'où tu viens
retiens la terre à la croisée des ombres
l'élan des jours et des poèmes
les coeurs qui battent à l'unisson

 

 

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PIERRE WARRANT

 

 

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nature2

LA CONDITION SUFFISANTE

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Il suffira d'un seul sourire
pour être l'ami du soleil
& la nuit nous chuchotera
à l'oreille tous ses secrets.

La mort ne viendra pas ce soir,
elle a d'autres yeux à fermer,
tant de soupirs à oublier,
de larmes et de "plus jamais",
tant de désespoirs à bercer
que ne put apaiser "enfin".

Il suffira d'un seul sourire
pour voir tous les "non" hésiter
puis mourir au bord du silence,
pour voir le silence s'écrire
d'abeilles que l'avril affole,
& libre de tous les "pourquoi",
pouvoir caresser l'évidence.

Il suffira d'un seul sourire
pour sortir du dernier poème.

 

 

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RAYMOND FARINA

Dans la revue de poésie ARPA N°124 
4eme trimestre 2018, page 42.

 

 

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Christian Spencer2

 


SEULE LA VOIX DEMEURE...Extrait

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Pourquoi m'arrêterais-je? 
J'allaite de mes seins les grappes vertes du blé.

La voix, la voix, seule la voix, 
la voix du désir clair de l'eau à couler, 
la voix de l'écoulement de la lumière de l'étoile
sur la paroi de féminité de la terre, 
la voix de la conception de l'embryon du sens
et l'extension de l'esprit commun de l'amour
la voix, la voix, la voix, seule la voix demeure.

Dans le pays des nains, les critères de la mesure
ont toujours tourné sur le parallèle de zéro degré.
Pourquoi m'arrêterais-je? 
J'obéis à quatre éléments, 
et la rédaction du règlement de mon cœur
ne relève pas du pouvoir local des aveugles.

Que m'importe le gémissement persistant 
de la sauvagerie dans l'organe génital de l'animal?
Que m'importe le mouvement insignifiant 
du ver dans le trou de la chair? 
Ma lignée des fleurs m'a engagée à vivre
la lignée des fleurs, vous connaissez?

 

 

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FOROUGH FARROKHZÂD

 

 

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mohamed jaamati2

Oeuvre Mohamed Jaamati

 

LEGITIME DEMENCE

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Je suis vos détritus, vos tics, vos manies,
les tessons de la soif aux recoins du désastre,
vos parfums vétustes où se brise le ciel,
ce mur où s'écrasent vos souvenirs d'enfance.
Je suis votre mariole, votre guignol, votre mime.
Je suis votre bafouille à la trouille de la honte,
l'amertume de la rouille sur vos chaînes dorées.
Je suis votre fantôme où s'use la lumière,
la sève et le silence entre la page et l'arbre.
Je suis l'hémorragie des remords sans reproche,
une crasse d'ignorance, une ignorance crasse,
une carapace d'arrogance délavée par la peur.
Je suis l'apoplexie au moment du plaisir,
cette varice amère à la place de l'âme.
Je suis le vide au cœur de vos amis,
comme un mort dans la tombe,
comme un pas dans la neige,

comme un trou dans la nuit,

comme un cri sans personne.
Je suis la bactérie fomentant la révolte,
l'aliment de l'absence, la semence des cendres,
votre chrysobéryl, votre schiste, vos schismes,
un hiver aux joues creuses, un été sans soleil,
un astre familier dans le repli des pierres,
l'orgueil du borgne au pays des aveugles,
cet amour de vivre crachant sur les cadavres,
l'impossible à saisir, le juron des pavés,
la braise du désir qui se meurt de froid.
Je suis votre souffrance. Je suis votre malchance.
Je suis parmi vos mots celui qu'on n'a pas dit,
ce creux pesant du monde où le temps se fait mal
et ramasse la nuit pour la jeter au loin.
Je suis votre balafre, votre moignon, votre ombre,
le négatif des rencontres, la dérive des heures.
Je suis le squelette sous la chair de l'ennui,
ce revenant qui tombe et ne veut pas se taire,
la beauté mise à nu entre la rose et l'œil.

 

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JEAN-MARC LA FRENIERE

 

 

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vincent-van-gogh

Oeuvre Vincent Van Gogh

FICTION D'UN DEUIL...Extrait

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"Meknès... 
Mon père portait le nom du plus puissant de tes sultans... Celui qui t’a bâtie palais et mausolées, mosquées et minarets sur les ruines des kasbah, t’a ceinte, dieu jaloux de ses propres miracles ou amant suspicieux jugulant les oracles que tes charmes surfaits et de ses mains fardés lui promettaient ardentes honteuses trahisons, d’une muraille plâtrée courroie de chasteté dont il ne reste plus aujourd’hui que les portes, closes, cent, dérisoires cadenas, plantés là dans la terre massives solitudes où Dieu même a laissé gravées soupirs de stuc cursives convoitises, platoniques étreintes. 
J’ai été bien déçu d’apprendre que mon père, pour vénéré qu’il fût, n’était pas ce saint qu’on invoquait à tout instant, Patron des morts, des vivants à mourir, des âmes errantes ou provisoirement vives, des femmes, surtout, qui l’imploraient au moindre geste, Moulay Ismaïl, au plus petit pas, manquant à chaque souffle de passer à trépas, femmes lasses et plaintives, toutes bourrelets de temps macéré dans leur chair, femmes agonisantes comme à perte de vie, ou à perte d’ennui et comme pétries de mort, empêtrées dans leurs corps comme dans magma d’empois mais qui reprenaient flamme, à grands cris et fracas, dans les plus bénignes des fractures des jours, ces petites fissures taillées par le hasard dans le rien quotidien tout de déserts sans fin, d’indéfectibles faims suspendues, résignées, aux potences des désirs tendancieux, sentencieux, ci-gisent corps informes, feus fantasmes figés, sacrifiés à l’embâcle de froides cécités où se glacent et se figent d’éternelles attentes, jugées irrecevables, et ma mère qui soupire et son corps qui tressaille un bref instant défaille comme un monceau de glace sous le souffle des eaux sous le souffle des vents sous les travers du temps, puis reprend silencieux son statique naufrage, entre deux plaintes sourdes, Moulay Ismaïl, et ce nom susurré entre ses lèvres bruit encore en moi aujourd’hui obscur, insondable lapsus...

Non, mon père n’était pas ce Moulay Ismaïl que les femmes haletaient, gémissaient, à tout vent.
Je l’aurai appris, à mes dépends, un jour d’avril 1947, le jeudi 10 avril, plus exactement, si j’en crois les annales. Car je n’apprendrai que plus tard, bien plus tard, grâce aux livres d’Histoire, à dater la mémoire, certaines de ses scènes du moins, les souvenirs d’une enfance occultée par un drame beaucoup plus nécessaire mais dont la chronologie me renverrait parfois à d’autres circonstances. "

 

 

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BOUTHAINA AZAMI

 

 

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mohamed jaamati2;;

Oeuvre Mohamed Jaamati

MICHEL EKHARD ELIAL...Extrait

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Parce qu'ici est peu et trop
me reconnaîtras tu
sous le feuillage
des paroles
au bord de l'existence
une tige unique
quand le bonheur
tombe

Ecrire
pour laisser la lumière allumée
au dessus de l'ombre
du chant le plus fidèle
poursuivre
entre
les séismes et les élans de joie
tant de ruines tant de roses
au cadastre
des ciels et des os
touchent la prière
et l'incendie
d'où me vient la tendresse du monde
quand je fleuris et me défeuille
quand le poème brûle
j'ai la ferveur d'aimer

 

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MICHEL EKHARD ELIAL

 

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Odilon-Redon-Woman-and-Stone-Pot-

Oeuvre Odilon Redon

ALAIN SUIED...Extrait

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Etre un arpent
ou une nuée de rêve
insituable de l'origine.

 

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ALAIN SUIED

 

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francoise suzanne

 

Oeuvre Françoise Suzanne

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