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LA MAISON PRES DE LA MER...Extrait

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Ne me parlez pas du rossignol ni de l’alouette
ni même de la petite bergeronnette
qui trace dans la lumière des chiffres avec sa queue.
Je ne sais pas grand-chose des maisons :
je sais qu’elles ont du caractère, c’est tout.
Neuves au début, comme les bambins
Qui jouent dans les jardins avec les franges du soleil,
elles brodent sur le jour des persiennes colorées
et des portes luisantes.
Quand l’architecte a fini, elles changent,
Elles se rident, ou sourient ; ou encore boudent
ceux qui sont restés, ceux qui sont partis
d’autres qui seraient revenus s’ils avaient pu le faire
ou qui ont disparu, maintenant que le monde
est devenu une immense auberge.

 

 

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GEORGES SÉFÉRIS

Traduction  André Kedros

Extrait de Poésie de Grèce, UNESCO / Actes Sud, 1990

 

 

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MER000


SUR L'ALTAS DES MOTS...EXTRAIT

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Aucune tempête n'interdira
La houle des rêves
Il y a toujours quelques fleurs
Là où rien ne pousse
Il y a toujours un peu de bleu
Pour les pirogues venues d'ailleurs
Elles sont venues de très loin
De derrière les dunes
Embarquant des femmes
Aux lèvres carmin
Une brindille d'espoir
Dans les fagots du cœur

 

 

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©Ahmed El Fazazi

Collection «Les 4 saisons» Z4 éditions/Février 2020

 

 

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la sablière6

KHAL TORABULLY...Extrait

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Mère, j'ai lu un livre écrit par un homme
À la plaie béante.

Le premier chapitre débute par une terre fertile.
Il décrit le silence des oasis sous un croissant de lune.
La terre se moque de l'humeur des poètes,
L'histoire n'écrit pas la mort des étoiles.

Je tourne la page à la porte d'une ville fortifiée.
Un étranger sonne à la porte ciselée.
Il se dit persécuté par l'aigle sanguinaire du donjon.
Il ouvre sa main. Il est déjà trop tard pour lire.

Un livre n'attend pas la fin de l'exil.
Un livre n'attend pas le retour des saisons.
Un livre surprend. Il mêle l'agréable et l'utile.
Il est immensité lumineuse dans une sombre pièce.
Au flanc gauche des jardins.
Il ouvre les portes du monde au cœur des couvre-feu.
Il met en déroute les armées en manœuvre.

Aucune loi ne m'empêchera de lire et d'aimer.
Le livre de mémoire ne soigne pas l'homme blessé,
Il met du baume aux cœurs meurtris des fous.

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KHAL TORABULLY

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LIVRE

 

LA TRAPPE DU MONDE

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Faute de nom un non attend le nouveau-né

innocemment tombé dans la trappe du monde.
De sommeil en sommeil, il efface l’horreur,
il s’efface en douceur dans d’étranges babils.

Et comme la brindille espérant le vieux cèdre,
sa sève d'origine où il pourrait renaître,
il traverse des jours et des saisons stériles,
il traverse des vies et des morts successives

– continents expulsés des mémoires du monde,
villages explosant de pestes génitales,
villages oubliés par leurs propres chemins,

où l’on endort la faim avec une berceuse –.
La mort lui prête un nom avant de l’endormir,
avant de lui donner un sommeil sans symboles.

 

 

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RAYMOND FARINA

Bangui (Centrafrique), 1990

Exercices, éditions L’Arbre à Paroles, 2000

 

 

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Edward Okun

Oeuvre Edward Okun 

PRIERE A L'INCONNU

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Voilà que je me surprends à t’adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement:
Voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.

Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m’agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l’orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m’empêcher de penser à autre chose.
Hélas! j’aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c’est encore moi.
C’est peut-être mon vrai moi-même.
C’est là que je me réfugie.
C’est peut-être là que tu es.

Je n’aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n’ai pas su profiter.
Je n’en connais pas bien l’usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J’ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parléà moi-même, quand je ne sais pas bien si j’existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes.
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons,
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t’adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu’il faut que chacun tente à présent tout l’impossible.
Même si tu n’es qu’un souffle d’il y a des milliers d’années,
Une grande vitesse acquise,
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie.
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n’ont pas de repos sur la planète.

Ecoute-moi! Cela presse.
Ils vont tous se décourager
Et l’on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés.
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés,
L’on prépare de bizarres distributeurs de sang, de plaintes et de larmes,
L’on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t’occupais des hommes?
T’appelle-t-on dans d’autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle?

Ecoute-moi! Je ne suis qu’un homme parmi tant d’autres.
L’âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s’enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons,
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n’avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mêlant à l’odeur de l’herbe grasse.

Ah! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l’on dirait que tu la regrettes un peu.
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m’en vouloir si nous sommes à tu et à toi,
Si je te parle avec tant d’abrupte simplicité.
Je croirais moins qu’en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t’exprimer par les brins d’herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n’empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m’en vouloir de dire ce que je pense,
De réfléchir comme je peux sur l’homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons,
Et peut-être de toi-même dont j’ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses.
Veuille accepter mes pauvres ruses.
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous.
Quoi que nous fassions, nous craignons d’être pris au dépourvu
Et d’être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe.
Le mène-t-on à l’abattoir,
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu’il a faim et brouterait résolument,
Mais qu’est-ce qu’ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s’occuper de lui?

 

 

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JULES SUPERVIELLE

 

 

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coronavirus-death-

PAT RYCKEWAERT...Extrait

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Tu voudrais la pluie douce sur tes lèvres
la terre sous tes pieds, épaisse et tendre

la pourrissure aussi à coller un peu à la peau
à faire la vie

quelque chose qui te rappelle d’où tu viens
le jour à peine écrit

les premières sueurs du printemps
et le pollen des mots.

Tu voudrais te sentir vibrante en dedans
là oùça respire, là oùça veut

l’effervescence et l’envie
tous les sursauts.

Habiter le naissant du monde
sans jamais en connaître la fin.

 

 

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PAT RYCKEWAERT

 

 

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francisco_ribera_gomez_the_land_maidens)2

Oeuvre Francisco Ribera Gomez

BERNARD PERROY...Extrait

LE TOURNE-COEUR, CHRISTOPHE - PASCAL OBISPO


ON NE VOIT PAS LE TEMPS PASSER

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On se marie tôt à vingt ans

Et l'on n'attend pas des années
Pour faire trois ou quatre enfants
Qui vous occupent vos journées
Entre les courses la vaisselle

Entre ménage et déjeuner
Le monde peut battre de l'aile
On n'a pas le temps d'y penser

Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer

Une odeur de café qui fume
Et voilà tout son univers
Les enfants jouent, le mari fume
Les jours s'écoulent à l'envers
A peine voit-on ses enfants naître
Qu'il faut déjà les embrasser
Et l'on n'étend plus aux fenêtres
Qu'une jeunesse à repasser

Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer

Elle n'a vu dans les dimanches
Qu'un costume frais repassé
Quelques fleurs ou bien quelques branches
Décorant la salle à manger
Quand toute une vie se résume
En millions de pas dérisoires
Prise comme marteau et enclume
Entre une table et une armoire

Faut-il pleurer, faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer

 

 

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JEAN FERRAT

 

 

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LA PESTE

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J’ai vu la peste en raccourci :
Et s’il faut en parler sans feindre,
Puisque la peste est faite ainsi,
Peste, que la peste est à craindre !

De cœurs qui n’en sauraient guérir
Elle est partout accompagnée,
Et dût-on cent fois en mourir,
Mille voudraient l’avoir gagnée.

L’ardeur dont ils sont emportés,
En ce péril leur persuade,
Qu’avoir la peste à ses côtés,
Ce n’est point être trop malade.

Aussi faut-il leur accorder
Qu’on aurait du bonheur de reste,
Pour peu qu’on se pût hasarder
Au beau milieu de cette peste.

La mort serait douce à ce prix,
Mais c’est un malheur à se pendre
Qu’on ne meurt pas d’en être pris,
Mais faute de la pouvoir prendre.

L’ardeur qu’elle fait naître au sein
N’y fait même un mal incurable
Que parce qu’elle prend soudain,
Et qu’elle est toujours imprenable.

Aussi chacun y perd son temps,
L’un en gémit, l’autre en déteste,
Et ce que font les plus contents
C’est de pester contre la peste.

 

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PIERRE CORNEILLE

" Stances "

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plague-doctors

 

ANGEL BONOMINI

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...

Nous serons de retour chaque fois
jusqu’à tarir l’être que nous sommes
afin que, de pure vie,
nous puissions gagner le sens
de nos naissances répétées

 

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ANGEL BONOMINI

 

 

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GAELLE DE TRESCADEC

 

Photographie Gaëlle de Trescadec

BLES

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 Entendre le pas des blés

Ensemencer les saisons

Féconder le temps

Sans étouffer cette terre

Ni défier les couleurs du soleil.

Entendre le pas des blés

Bavarder avec la légère hirondelle

Celle qui porte les ailes de la brise

Parmi la fragrance des bruyères

Et de nos belles enfances.

Entendre les blés

Ils ont longtemps chanté

Dans l’or ciselé des poèmes

Avant de reposer leurs gerbes

Sur l’ocre esplanade des sycomores.

Bientôt se tasseront les glaises calleuses

Sur les genoux empêtrés.

Dans le pays de souvenirs

Tintinnabule le silence inouï.

 

 

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JEAN-PIERRE BOULIC

 

 

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eric costan2

Photographie Eric Costan

JUDITH CHAVANNE...Extrait

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Chutent les pétales du cerisier,

ailleurs, un enfant naît ;

de légers pétales dans le vent,

une déflagration pour la femme de douleur,

douceur infinie comme doit l’être le velours des fleurs.

Le cerisier naît peu à peu à son été,

l’enfant à la vie, soudainement ;

c’est l’événement d’un jardin un instant et de qui le regarde,

l’évènement d’un âge, de toute une vie durant.

Mais la femme est présente au pétale comme à l’enfant.

Avec le temps, s’approfondit l’espace de résonance ;

il n’y a peut-être pas de moindre ni de plus grand.

 

 

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JUDITH CHAVANNE

 

 

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LORELEI 26 FEVRIER 2020,

EMMANUEL N'DJOKE DIBANGO DIT MANU DIBANGO...HOMMAGE

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Pourquoi battre le rappel
Du jazz imagination
De la bamboula des paroles
Au clair de ma jeunesse ?

Renvoyons l'harmonie tumultueuse des hanches,
La frénésie des seins bondissant et bramant
À travers les forêts parfumées,
Renvoyons les longs jours titubants, ivres de vin.

Pauvre convalescent,
Dévêtons-nous de violence.
Seulement un peu d'air vert et vif
Et léger, comme une mousseline
Autour de nous, n'est-ce pas ?
Et le repos tranquille,
Calme,
Sous le tiède soleil d'une affection sororale.

 

 

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LEOPOLD SEDAR SENGHOR

 

 

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Merveilleuse soirée de concert à St Florent en 2010....A l'avant-scène, à 3 métres; nous retenons sa gentillesse, son talent, son humour, l'ambiance de l'Afrique de notre adolescence ...et mes 17 ans qui s'envolent avec " Soul Makossa "

 

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QUI MARCHE DANS LE SILENCE DES SIECLES INVENTES ?

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Aubes d’espaces orientent la fenêtre inattendue
On saigne les parchemins des signes à décrypter

Les yeux futurs décoderont syllabes
ombres
vertiges
et le grain de blé aiguillera la main et ses visions

Des papyrus s’envolent mille siècles d’incertitudes

Que de sang a embrumé la clairvoyance de l’invisible !

Les firmaments craquellent sur le rivage
la mer errante lève la braise
et les portes s’ouvrent

La vie entre par toutes les fenêtres
Cortèges de manants maquillent le jour d’arc-en-ciel
Escadrons d’abeilles embrasent la dernière lumination

Qui marche dans le silence des siècles inventés ?
Perdus ?

 

 

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RIO DI MARIA

 « Enigmes du seuil »éditions L’Arbre à Paroles

 

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Masao Yamamoto,

Oeuvre Masao Yamamoto

 


VOYAGER BARBELÉS AUX LEVRES

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Comme un ouragan emportant tous les seuils

faim et armes gouvernent l’instant
Barbarie et bombes développent déserts de décombres

S’accaparer de l’essentiel au rythme de la dernière hâte
Le pan de terre se dérobe sous souliers sans boussole
Fuir vérités qui somment intégrales soumissions
Échapper aux permissions du doute
quand la vie défend l’émasculation de toute survivance

Devenir désormais monstre sans identité
qui sait comment se divertit l’absurde

Voyager barbelés aux lèvres
pour tenter traverser frontières d’autres langages

Quel pays sans ivresse
ouvrira ses territoires d’ouate
à tout fugitif écœuré de promesses ?

Plus d’arc-en-ciel annonciateur de nouvelles voyelles
aux murs impavides qui murmurent fenêtres ouvertes
l’ultime écho du glas qu’on sonne

La nuit la plus noire ouvre ses abîmes
pour billets en aller simple

Tout regard baisse les yeux
innocence de l’humanitéà genoux

Demain est une révolution
si j’y suis tu anticipes

 

 

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RIO DI MARIA

 

 

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RIO

 

 

STATE IN CASA....QUEDARSE EN CASA...RESTU HEJME...RESTEZ CHEZ VOUS !

AHMED BEN DHIAB...EXTRAIT

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Ivre rêvant des roses de Saadi

Ivre de l’essence des rêves

en paradis retrouvé

l’invisible chant de la rose

dénude l’aurore

parfume nos silences

 

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AHMED BEN DHIAB

 

 

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Catherine REINEKE-MANRY2

Oeuvre Catherine Reineke - Manry

https://catherinereineke.blogspot.com/

LETTRE OUVERTE DU DOCTEUR BERNARD GIRAL

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"On ne se moque pas des soldats, on ne se moque pas des morts !"

"Ave Cesar morituri te salutant "

 

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Cinq médecins morts en trois jours mais combien d'infirmières, d'aides-soignantes, de membres des services à la personne ? Combien tombés au champ d'honneur ? Avant de tomber à mon tour, je voulais tant qu'il est temps, vous rappeler mesdames messieurs les Hâbleurs du 20 heures radio télévisé, qu'en temps de guerre comme en temps de paix : on ne se moque pas des soldats, on ne se moque pas des morts !

On vient au soir d'un nouveau décompte des victimes du jour, nous annoncer avec un aplomb qui défie l'entendement qu'un essai de chloroquine sur des malades graves hospitalisés va démarrer et que l'on attendra les résultats pour conclure. Pourquoi pas, saupoudrer les tombes des victimes avec du Plaquenil en poudre pour en tester le pouvoir ressuscitant ?

...Et dans la foulée en interdire l'usage pendant 10 jours chez les futurs candidats à la réanimation au motif de leur éviter les effets secondaires d'un médicament que nos patients atteints de Lupus absorbent quotidiennement depuis des décennies!

Si la médecine est un art, cette décision est un chef-d'oeuvre!

Un chef-d'oeuvre qui nous contraint à prescrire malgré nous la mort sur ordonnance, car la prescription est dépourvue de l'essentiel requis pour espérer sans regret donner toutes les chances possibles à nos patients atteints, conformément à nos engagements dans le serment d'Hippocrate.

On ne se moque pas des soldats.

De nombreux et grands pays sur la planète se dotent de chloroquine et la distribuent larga manu. Nombre de nos élus des hautes assemblées se traitent au Plaquenil et ne s'en cachent pas. Nous devons expliquer aux nouveaux pauvres et aux gens de la misère, qu'eux n'ont que le droit que d'avoir faim et d'avoir froid et le droit de se taire.

En dernière heure, Martin Hirch lance un appel désespéré, mais toujours pas de chloroquine pour espérer baisser le flux des hospitalisés.

La colère monte chez les médecins du Grand Est.

L'heure est venue du décompte des suicides des désespérés et du décompte des morts illégitimes, disparus sans traitement maximal.

On ne se moque pas des morts !

Mais viendra le jour de la libération, de ses joies, de ses peines, Viendra l'heure du jugement et des règlements de compte.

Verra-t-on les peuples méprisés et endeuillés "monter sur Paris" vêtus de gilets noirs, noirs de leurs morts sur la sépulture desquels figurera une inscription commune : "malade ayant échappé aux méfaits de la chloroquine" ?

Parmi les chants de la révolte, entendra-t-on le cliquetis métallique des crochets de boucher, naguère utilisé par vos prédécesseurs en délicatesse réciproque ? On ne se moque ni des morts, ni des soldats."

 

 

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BERNARD GIRAL

Médecin généraliste à Fontvieille et président de la CTPS (Communauté territoriale professionnelle de santé) du Pays d'Arles 

 

 

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peste3

 

BENOIT CONORT...Extrait

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Le coeur ressemble aux jardins que j'aime, tout encombré de broussailles, d'orties, fleurs sauvages, roseaux droits dressés. Parfois, derrière quelque pierre brute, une terre cultivée comme un jardin secret, fragile, assailli de verdure. Puis cela disparaît. Les racines lasses, renoncent à creuser le lent terreau du temps.

S'il est une clarté, ce n'est qu'à la manière d'une sentinelle toute pétrie de nuit, toujours sur le qui-vive

 

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BENOIT CONORT

 

 

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Edward Detmold Fruits Of The Earth, 1910

 

Oeuvre Edward Detmold

 

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