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LE PASSE, C'EST UN SECOND COEUR QUI BAT EN NOUS....

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Le passé, c’est un second coeur qui bat en nous…
on l’entend, dans nos chairs, rythmer à petits coups,
sa cadence, pareille à l’autre coeur, -plus loin,
l’espace est imprécis où ce coeur a sa place,
mais on l’entend, comme un grand écho, néanmoins,
alimenter le fond de l’être et sa surface.
Il bat. Quand le silence en nous se fait plus fort
cette pulsation mystérieuse est là
qui continue… Et quand on rêve il bat encor,
et quand on souffre il bat, et quand on aime il bat…
Toujours ! C’est un prolongement de notre vie…
Mais si vous recherchez, pour y porter la main,
où peut être la source heureuse et l’eurythmie
de son effluve… Rien !… Vous ne trouverez rien
sous les doigts… Il échappe. Illusion… Personne
ne l’a trouvé jamais… Il faut nous contenter
d’en sentir, à coups sourds, l’élan précipité,
dans les soirs trop humains où ce grand coeur résonne.

Le passé! Quel mot vain! C’est du présent -très flou,
c’est du présent de second plan, et voilà tout.
Il n’est pas vrai que rien jamais soit effacé.
Le passé n’est jamais tout à fait le passé.
N’avez-vous pas senti comme il rôde partout,
et tangible ? Il est là, lucide, clairvoyant,
non pas derrière nous, comme on croit, mais devant.
L’ombre de ce qui fut devant nous se projette
sur le chemin qui va, sur l’acte qui s’éveille.
Ce qui est mort est encor là qui nous précède, -
comme le soir on voit, au coucher du soleil,
les formes qu’on avait peu à peu dépassées
envoyer leur grande ombre au loin, sur les allées,
sur tout votre avenir, plaines, taillis, campagnes !
Et s’en aller toucher de l’aile les montagnes…

Ainsi, tout ce qui fut, jeunesse, enfance, amour,
tout danse devant moi sa danse heureuse ou triste.
Rien derrière !… Le groupe est là qui vole et court.
Mais j’ai beau me hâter, la distance persiste
entre nous deux… Tel je m’en vais, épris du bleu
lointain, et quelquefois si je titube un peu
ce n’est pas que le sol sous mes pas se dérobe,
c’est que parmi le soir, les yeux plein de passé,
ô toi qui vas devant, Souvenir cadencé,
j’ai marché sur la traîne immense de ta robe !

 

 

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HENRI BATAILLE

 

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LE SENS INNE...BEAUTE

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Un coeur d'oiseau bat sous la plume
Un coeur d'oiseau bat frêle sous la plume
Il chante, brisé et brisant
Ramage grêle du soleil
Roulant vers les grèves du couchant
Seule j'aime
J'aime comme on tisse
Toute la nuit j'aime
Un duvet de lumière sur les feuilles
Eclaire mon ouvrage de deuil
Je ne vais guère vite
Mes doigts sont fatigués
De jouer avec les cordes du métier
Ma vigueur ploie
Le coton ne file pas droit
De ces trames empesées
Dont je redresse le biais

Je n'ai plus le teint frais
Sauf à user de fards
Infiniment je tisse
Dieu sait qu'il est trop tard
C'est l'aumône pour une main
Dans l'ombre disparue
Je ne me plains pas
Tirant, mêlant les fils, je tisse
La blancheur perdue
Le drap épais où demain
Viendra cracher le roi Ulysse
Ayant bandé l'arc et visé des défunts
Qui ne prétendent à rien
A rien de ce qu'attendent les vivants
Lien à lien je tisse
Les fils de mes rides
Seule j'aime
J'aime comme je tisse

Un souffle dans les buissons
Me jette le parfum des menthes
Une hampe a bougé
Le moineau rouge et moi bruissons
Un coeur d'oiseau bat sous la feuillée
Un coeur d'oiseau fêlé
Balance au bout de la tige tremblée
Et sa chrysalide de sang
Sur les argiles musquées
Où lèvent les ferments de la vie
Laisse couler ses filaments
Les ailes avides d'infini

 

 

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ANNA MARIA CARULINA CELLI

 

 

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CORNEILLE A MARSEILLE...

LES ARCHIVES DE LA PESTE , EXHORTATION AUX MEDECINS DE LA PESTE...

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« Il reste que rien de cela n’est facile. Malgré vos masques et vos sachets, le vinaigre et la toile cirée, malgré la placidité de votre courage et votre ferme effort, un jour viendra où vous ne pourrez supporter cette ville d’agonisants, cette foule qui tourne en rond dans des rues surchauffées et poussiéreuses, ces cris, cette alarme sans avenir. Un jour viendra où vous voudrez crier votre dégoût devant la peur et la douleur de tous. Ce jour-là, il n’y aura plus de remède que je puisse vous dire, sinon la compassion qui est la sœur de l’ignorance. »

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ALBERT CAMUS

 

 

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foto-depoca-persone-durante-influenza-spagnola-1918-01

GUERIR

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Un formidable poème de Kathleen O ' Meara ( 1869 ), née le 1839 à Dublin, Irlande, et décédée le 10 novembre 1888, Paris, France

 

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Et les gens se confinèrent chez eux
Et ils lurent des livres et ils écoutèrent
Et ils se reposèrent et ils firent des exercices
Et ils firent de l’art et ils jouèrent
Et ils ont appris de nouvelles façons d'être.
Et ils s’arrêtèrent

Et ils écoutèrent plus en profondeur
Certains méditaient
Certains priaient
Certains dansaient
Certains rencontraient leur ombre
Et les gens ont commencéà penser différemment.
Et les gens ont guéri

Et en l'absence de gens qui vivaient comme des ignorants dangereux
Sans raison et sans cœur
Même la Terre elle aussi commença à guérir
Et quand le danger fut passé
Et que les gens se retrouvèrent
Ils pleurèrent leurs morts

Et ils firent de nouveaux choix.
Et ils rêvèrent de projets nouveaux
Et ils créèrent de nouvelles façons de vivre
Et ils guérirent complètement la terre
Comme eux aussi avaient guéri

 

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KATHLEEN O ' MEARA

1839-1888

 

 

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peter zelei 4

Oeuvre Peter Zélei

 

 

 

JEAN LAVOUE...Extrait

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Il n’y a plus de feu pour forger nos matins,
Plus de lois, de serments où nous serions tenus,
Tous les noms sont perdus, les cartes, les indices,
Nous sommes sans racines comme des rois déchus.

Nous n’avons plus de cap, agir est sans boussole,
Nous ruons à tout-va enserrés dans la nasse,
Ceux qui croient voir l’issue nous précipitent à perte
Ceux qui pensaient mieux faire nous ligotent un peu plus.

Notre legs ne sera qu’écriture du vent
Car nous brisons les sceaux qui nous réunissaient,
Les clés sont inutiles, les serrures oubliées,
Et nous allons ainsi redoublant de vigueur
Pour dénoncer un monde dont nous sommes les fruits.

Aucun été en nous, aucun cri, nulle étoile,
Seul le bruit sans raison de notre tragédie,
Nous allons sans savoir, de pourquoi en pourquoi,
Ignorant que la nuit a dispersé nos hymnes.

Ce chaos, ce désastre sont justement le signe,
Il faut dresser la voile et puis tenter de vivre,
Se pencher sans compter sur l’aubier des saisons,
Réinventer les gestes, se tourner au dedans.

S’échapper immobile d’une troublante errance,
Faire naître un printemps au plus secret de soi,
Savoir qu’il y a des aubes et des chemins pour tous,
Choisir la pauvreté des odes fraternelles,
Se donner au silence comme on livre sa joie.

Se dresser dans l’instant comme un arbre vivant
Ignorant tout du sang qui monte sous l’écorce,
Libéré des combats, apaisant les orages,
Faisant de tout miracle un aujourd’hui comblé.

Il faut joindre nos pas aux murmures des roseaux
Et connaître la paix qui jaillit sous les souches,
Si je tiens mon journal entre poème et Chant,
Ce n’est pas par oubli, c’est pour ne pas mourir,
Pour accueillir l’ivresse de se savoir ici.

Je n’ai que ce silence pour nous réaccorder,MEMOIRES, 
Que ce vide entre nous par où le souffle passe,
Le commencement n’est plus au principe du Livre,
Mais à l’abîme en nous où il nous faut tomber.

Nous nous tenons debout dans l’incendie de l’homme,
Le désespoir n’aura place dans nos mémoires,
Je vais vers ma naissance en gardant dans le cœur
Non ces trésors perdus mais l’estuaire à vif,

Il reste des clairières où se mettre à genoux,
Des marches inutiles, des gratitudes nues,
Des blessures guéries sous l’aile des caresses,
Des carrés de lumière au soupirail des heures.

Je ne relate pas le redouté présage,
Chacun y a sa part, nous sommes tous témoins,
Mais cette île épargnée au milieu des naufrages,
Je la dédie à tous,
Ce bois, ce lieu béni où nous serions sauvés.

 

 

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JEAN LAVOUE

11 avril 2018

 

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Foue-se-expo

Oeuvre Fouèse

https://www.fouese.com/

L'ETE...Extrait

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"Notre tâche d'homme est de trouver les quelques formules qui apaiseront l'angoisse infinie des âmes libres. Nous avons à recoudre ce qui est déchiré, à rendre la justice imaginable dans un monde si évidemment injuste, le bonheur significatif pour des peuples empoisonnés par le malheur du siècle. Naturellement, c'est une tâche surhumaine. Mais on appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout" .

 

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ALBERT CAMUS

Les Amandiers, L’Été, 1954

 

 

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CAMUS2,

 

Albert Camus

SEMMELWEIS ET L'ASEPSIE 1847

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Voici la très triste histoire de P. I. SEMMELWEIS, néà Budapest en 1818 et mort à Vienne en 1865.

 

Ce fut un très grand cœur et un grand génie médical. Il demeure, sans aucun doute, le précurseur clinique de l'antisepsie, car les méthodes préconisées par lui, pour éviter la puerpérale, sont encore et seront toujours d'actualité. Son œuvre est éternelle. Cependant, elle fut, de son époque, tout à fait méconnue.

 

Nous avons essayé de mettre en relief un certain nombre de raisons qui nous paraissent expliquer un peu l'extraordinaire hostilité dont il fut la victime. Mais on n'explique par tout avec des faits, des idées et des mots. Il y a, en plus, tout ce qu'on ne sait pas et tout se qu'on ne saura jamais.

... 

 

Quant à Semmelweis, il semble que sa découverte dépassa les forces de son génie. Ce fut, peut-être, la cause profonde de tous ses malheurs.

 Étudiant hongrois, il quitta Budapest pour apprendre la médecine à Vienne. Il eut des maîtres prestigieux : Skoda en clinique et Rokitansky en anatomie pathologique. Nommé maître en chirurgie en 1846, il devint professeur assistant de Klin, qui régnait sur une grande maternité de la ville de Vienne.  Céline décrit avec brio, dans un style inimitable, la "danse macabre" de la fièvre puerpérale dans les maternités de la capitale autrichienne. Cette véritable hécatombe fauchait un pourcentage effrayant de jeunes femmes atteintes par cette fièvre des accouchées.
Semmelweis, avec perspicacité, mit au jour pour la première fois le rôle de la transmission manuportée du "processus pathogène". Les étudiants en médecine qui venaient examiner les femmes en travail après avoir disséqué des cadavres, sans s'être lavé les mains, furent désignés comme responsables. Il constata que les femmes examinées par les élèves sages-femmes, qui n'avaient pas accès à la salle d'anatomie, étaient beaucoup moins souvent atteintes par la fièvre puerpérale. Il nota également que les femmes qui accouchaient dans la rue, de peur de mourir à l'hôpital, étaient épargnées par la maladie. Il a cherché les « variables » : l'établissement le moins performant fait appel à des étudiants et l'autre non. Il fait déplacer les étudiants et la mortalité suit les étudiants. Ils remarquent que lesdits étudiants ont disséqué des cadavres, ils ont peut-être rapporté sur leurs mains des « choses » mortelles, ce qui était repérable à l'odeur de leurs mains. Semmelweis leur fait laver les mains et la mortalité baisse.


Se laver les mains n'avait aucun sens dans l'esprit scientifique de l'époque. Il faudra attendre Pasteur quelques années plus tard pour avoir une reconnaissance complète de ces animalcules porteurs de maladies, les microbes. Sommé de donner des explications, Semmelweis n'en a pas, il propose des « expériences pour voir ». Il voulait tenter le hasard. le pragmatisme devrait suffire : d'abord, on voit que cela fonctionne et on cherche ensuite d'où cela vient, les antécédents, les explications. Les médecins supportent mal le fait qu'ils pourraient être eux-mêmes vecteurs de la maladie : « les mains peuvent être infectantes ». Semmelweis est calomnié par le directeur de la maternité et doit partir.
D'autres maternités dans le pays pratiquent le lavage des mains, sans résultats, selon eux. Il semble bien que l'orgueil des médecins l'emporte sur toute autre considération, ils ne peuvent admettre que la maladie vienne d'eux.

Semmelweis, déterminé, engagea le combat pour que les étudiants et les médecins accoucheurs se lavent les mains avec une solution de chlorure de chaux avant d'examiner les patientes. Il eut immédiatement des résultats spectaculaires sur la mortalité, mais se heurta violemment au mandarinat obscurantiste des maîtres de l'obstétrique viennoise et subit toutes les vexations, y compris le sabotage de sa méthode.

« Quand on fera l'Histoire des erreurs humaines, on trouvera difficilement des exemples de cette force et on restera étonné que des hommes aussi compétents, aussi spécialisés, puissent dans leur propre science demeurer aussi aveugles, aussi stupides.

Mais ces grands officiels ne furent pas qu'aveugles, malheureusement.
Ils furent à la fois bruyants et menteurs et puis surtout bêtes et méchants. »
Semmelweis était un être passionné et caractériel, persuadé de détenir la vérité. Il campa sur ses positions, seul contre tous, et sombra peu à peu dans la folie, finissant par se blesser volontairement lors d'une dissection. Il mourut, délirant, de "pourriture hospitalière" dans un asile d'aliénés ! Ce combat du précurseur de l'antisepsie, cette triste histoire humaine sont brossés de manière inimitable par Louis-Ferdinand Céline.

 

Pasteur, avec une lumière plus puissante, devait éclairer, cinquante ans plus tard, la vérité microbienne, de façon irréfutable et totale.

 

 

 

Une des questions est de savoir combien de morts auraient étéévitées si l'impératif scientifique avait été accepté et mis en oeuvre par les scientifiques eux-mêmes dès ses premières manifestations.

« Rien n'est plus fort qu'une idée dont l'heure est venue. » aurait dit Victor Hugo. Mais rien n'est plus dressé contre celle ou celui qui la dit, rien n'est plus dangereux pour l'auteur ou l'autrice qu'une idée dont l'heure n'est pas encore venue.

Supposez qu'aujourd'hui, de même, il survienne un innocent qui se mette à guérir le cancer. Il sait pas quel genre de musique on lui ferait tout de suite danser! (...) Ah! il aurait bien plus d'afur à s'engager immédiatement dans une Légion étrangère! Rien n'est gratuit en ce bas monde. Tout s'expie, le bien, comme le mal, se paie tôt ou tard. Le bien c'est beaucoup plus cher, forcément.

 

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semmelweis2,

 

 

 

 


L'OR DES MINUTES...Extrait

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" Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,

Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis est si doux,

Si tranquille,

Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu'à travers le ciel libre,
Au vent frais

Où l'écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l'air bleu,
Oscillante,
C'est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu...

A peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D'un récif que bat toujours
L'eau profonde.

L'humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l'odeur sauvage
Des roches.

L'ombre est orageuse et chaude ;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l'avant
Monotone,
J'écoute l'eau qui moutonne,
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance...

Et je suis aussi bercé
Sur l'eau grise,
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux-amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve..."

 

 

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FERNAND GREGH

 

 

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Ship_Garthsnaid,_ca_

HISTOIRE D'UNE MOUETTE ET DU CHAT QUI LUI APPRIT A VOLER - LUIS SEPULVEDA, HOMMAGE...

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A Loreleï

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Cette petite mouette, plombée sous une chape de mazout, sent bien que ses jours sont comptés. Son agonie est imminente. Elle tente, telle Icare, de s'approcher des rayons du soleil, là, très haut dans le ciel. Même cette chaleur ne fait pas fondre la masse noire, gluante qui s'accroche et l'empêche de respirer. C'est fichu ! « Les humains sont devenus fous », c'est exactement çà. Fous ! « la malédiction des mers, la peste noire » ont fait d'elle une victime….victime de la pollution.
Hasard ou destinée, fatalité ou manque de chance ? L'histoire aurait pu s'arrêter là si l'auteur, doué d'une imagination poétique et d'un esprit engagé, n'avait laissé courir sa plume pour « pondre » un conte plein de tendresse et de générosité tout comme cette pauvre mouette a réussi, contre toute attente, au plus creux de la vague à pondre un oeuf.
Oh ! oh ! Zorbas un chat grand, noir et gros, traîne voluptueusement sa paresse. Sa vie aurait pu s'écouler tranquillement mais Clac ! Une pauvre mouette qui vient d'on ne sait où, enfin probablement d'une forme de chaos imprévisible, s'étale épuisée devant lui.
Là l'histoire gagne en profondeur, en humanité, en tolérance. La haine et la cupidité sont représentées bien sûr, comment faire autrement pour que cette histoire soit crédible ? La mouette rassemble ce qui lui reste de force avant de mourir et pond un oeuf. Zorbas s'engage un peu malgré lui à le couver cet oeuf, àélever le poussin et à lui apprendre à voler. C'est un chat d'honneur. Il ne faillira pas. La tendresse va s'installer progressivement, Zorbas devient une maman donc il faut parler d'amour et d'attention !
"Maman, maman, tu m'apprends à voler ?"
C'est la question embarrassante à laquelle est confronté Zorbas, un chat grand noir et gros, posée par Afortunada, son poussin mouette adoptif. Car quelques semaines plus tôt, alors que Zorbas s'apprêtait à profiter de deux mois de tranquillité sur son balcon pendant les vacances de ses maîtres, une mouette lui est tombée du ciel. Mazoutée, à l'agonie, elle lui a fait promettre de couver son oeuf, de ne pas manger le poussin et d'en prendre soin, et de lui apprendre à voler. Zorbas, chat d'honneur et gentlecat, mobilise ses amis chats du port de Hambourg pour mener à bien sa mission

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" Tu es une mouette. (...) Nous t'aimons tous Afortunada. Et nous t'aimons parce que tu es une mouette, une jolie mouette. Nous ne te contredisons pas quand tu cries que tu es un chat, car nous sommes fiers que tu veuilles être comme nous, mais tu es différente et nous aimons que tu sois différente. Nous n'avons pas pu aider ta mère, mais toi nous le pouvons. Nous t'avons protégée depuis que tu es sortie de ton oeuf. Nous t'avons donné notre tendresse sans jamais penser à faire de toi un chat. Nous t'aimons mouette. Nous sentons que toi aussi tu nous aimes, que nous sommes tes amis, ta famille, et il faut que tu saches qu'avec toi, nous avons appris quelque chose qui nous emplit d'orgueil : nous avons appris à apprécier, à respecter et à aimer un être différent. Il est très facile d'accepter et d'aimer ceux qui nous ressemblent, mais quelqu'un de différent c'est très difficile, et tu nous as aidés à y arriver. Tu es une mouette et tu dois suivre ton destin de mouette. Tu dois voler. Quand tu y arriveras, Afortunada, je t'assure que tu seras heureuse et alors tes sentiments pour nous et nos sentiments pour toi seront plus intenses et plus beaux, car ce sera une affection entre des êtres totalement différents.

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- J'ai peur de voler ! piailla Afortunada en se redressant.
- Quand ce sera le moment je serai avec toi. Je l'ai promis à ta mère, miaula Zorbas en lui léchant la tête.
La jeune mouette et le chat grand noir et gros se mirent à marcher. Lui, il lui léchait la tête avec tendresse et elle, elle lui couvrait le dos de l'une de ses ailes.

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Zorbas resta à la contempler jusqu'à ne plus savoir si c'étaient les gouttes de pluie ou les larmes qui brouillaient ses yeux jaunes de chat grand noir et gros, de chat bon, de chat noble, de chat du port. "

 

 

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LUIS SEPULVEDA

 

 

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DANIEL BEVILACQUA, dit CHRISTOPHE....HOMMAGE

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Toute une époque ...Mes 17 ans....Saloperie de Virus...Tristesse...

Musique des Etoiles ... 

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HUMAIN PAS ASSEZ HUMAIN...PHILIPPE TANCELIN

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“Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.

Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous”


F. Nietzsche

 

 

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A tant le nommer sans doute ce virus s’usera-t-il demain sans pour autant perdre son usure qui les jours passant ne cesse de gravir les barreaux de l’échelle des taux d‘intérêts économiques divers et variés. Affublé de son substantif « crise » comme la moule à son rocher, on comprend que telle une tique, il ne se détachera pas si facilement de la langue de communication politique, médiatique et des experts en tous genres.
Demeurons dans la langue. Au terme « crise », on préfère parfois « catastrophe » pour accroître la peur de l’enfant-peuple en lui racontant tous les soirs pour qu’il s’endorme, l’histoire du nombre de la journée : celui de morts auquel on adjoint les nombres du concours d’excellence avec les autres pays. C’est à qui fera le meilleur score d’encouragement au « fais-moi toujours plus peur » au point que vivre deviendrait un cauchemar et que le sommeil voudrait être très long sinon définitif. Ainsi à la table de la catastrophe sanitaire, on invite pour un dîner de têtes sans « distanciation », la catastrophe économique, la catastrophe sociale, la catastrophe écologique, la catastrophe culturelle, la catastrophe artistique…
Du discours le plus élevé dans la hiérarchie sociale au moins « lumpen » de la langue (c'est-à-dire courante), un grand absent se fait malgré tout peu remarquer bien que le nombre qu’il recouvre dépasse les sept milliards et demi. C’est un mot vaste et qui fait rêver au point que beaucoup y prétendent sans l’honorer pour autant. Nous voulons nommer « Humain ». Aujourd’hui on chercherait presque à l’effacer sous le prétexte que l’ampleur des catastrophes économique, sociale, culturelle, sanitaire… suffirait à l’entendre mais comme sous-entendu.
A cette occasion d’effacement et de sous-entendu, on lui substitue la notion composée de « crise-catastrophe » dont on suggère à la bonne conscience, que cette notion soit avec la différenciation sociale, un révélateur des nombreux manquements moraux de notre communauté. Il est vrai que la fameuse différenciation sociale ne serait qu’une catégorie de peu, pour gens de rien et soudain grâce au virus, on saura trouver miraculeusement des milliers de milliards à la rescousse de l’économie dure et comme par hasard un manque de monnaie dans la bourse du quidam. De qui se moquent les sauveteurs qui ne seront jamais sauveurs ?
Mais n’en restons pas au seul plan national et de l’occident. C’est la même crise-catastrophe qui découvre sans qu’on rentre dans le détail des tragédies ici et là, la fragilité d’un tiers-autre-monde lourdement menacé, mais depuis quand et par qui? De qui se moquent les nouvelles lucidités gouvernantes mondiales, lesquelles ne se rapprocheront jamais de la lumière?
Mais tentons aussi de sortir de l’économie mondiale, même si nous supposons que nous n’en sortirons pas de sitôt comme le soulignent certains de nos dignes représentants du peuple : « l’après, c’est ce qui nous aura fait tenir debout sous la crise » : toujours la centaine de milliards étonnamment surgis, quand hier nous n’en avions pas quatre pour secourir la santé publique…
Mais ne soyons pas rapiats et élevons-nous en revenant à cet effacé, ce presque oublié de la langue communicationnelle : « humain » et nous disons « humain pas assez humain ». Pourquoi une pareille économie de ce terme comme si dans la circonstance de la crise-catastrophe, il n’y avait que le ventre, et le porte-monnaie qui fussent en souffrance et pas l’humain et sa dignité, sa verticalité, tout ce dont il fait sens par une existence reconnue. Il faut en finir avec le mépris non moins qu’avec cette infantilisation. Tous deux consistent simultanément d’une part à quotidiennement terroriser par une mort aux trousses (paradoxalement de plus en plus dématérialisée, intouchable du fait du confinement) et d’autre part à endormir, par accoutumance à ce lent confinement dont la seule échéance annoncée est conditionnée au contrôle policier, médical de son efficience dans la soumission collective à ses règles. « Quand c’est fini n i nini, çà recommence » et c’est au nom de la chanson qu’une fin bégayée, justifiera la claire élocution des moyens drastiques à poursuivre pour y parvenir sans garantie bien entendu.
Si une souffrance principale d’ordre matériel est au grand jour plus qu’elle ne l’était hier au niveau mondial, il en est d’autres d’apparences secondaires qui sourdent encore mais travaillent gravement la conscience historique. Ce sont les souffrances de l’être que le peuple humain vit et ressent sous tous les horizons du capital privé comme du capital d’état. Ce sont les mêmes souffrances de nombreux peuples qui voient exploitées autant leur force de travail que leur force d’inertie, et sollicitée autant qu’entretenue leur passivité par une « distanciation sociale », les amenant à une compacité murale qui suscite le questionnement des luttes d’hier et fait peser une hypothèque sérieuse sur celles de demain.
Ce n’est pas verser dans un défaitisme que d’aborder ces questions. En effet la paralysie d’une part de la production, décidée par le système dominant lui-même ne saurait faire école ou même repère pour un blocage général comme le souhaitaient les gilets-jaunes ou leurs équivalents mondiaux avant la « crise-catastrophe ». Un blocage par fait de grève générale ou partielle, est le fruit frais d’une colère vivante de masse dont tous les acteurs sont en contact physique. Qu’en sera-t-il demain après deux mois de confinement de certaines catégories socio-professionnelles, face à celles et ceux qui ne pouvaient connaître le télétravail et durent assurer l’indispensable à la survie ? Qu’adviendra-t-il des rêveries des promeneurs solitaires quotidiens et de leurs doux applaudissements, face à l’angoisse jour après jour de celles et ceux qui risquent la contamination pour « ne faire que mon devoir » comme ce magasinier d’hôpital et cette caissière parmi d’autres le disent? Comment se réactivera un « présentiel » lorsque deux mois durant et pour de longues semaines après, on aura appris et on se sera familiarisé au quotidien avec la distance imposée comme séparation ?
Ce n’est pas contribuer au pessimisme que de constater que dans la dramaturgie non maîtrisée de la crise-catastrophe par les gouvernants, un paysage social fut dicté sans haute considération de l’humain, au nom d’une survie de l’économie aux dépens du vivant. Scandale des EHPAD, camps de rétention, foyers de travailleurs étrangers, étudiants pauvres, sans domicile fixe, précaires, toxicomanes…en sont la déplorable illustration. Cela ne tend pas à remettre en question certains impératifs de sauvegarde sanitaire mais d’une part à ne pas oublier le caractère sélectif de leur distribution entre catégories professionnelles, types de populations et d’autre part à interroger les desseins des mesures de confinement à la fois au plan très souvent souligné des libertés mais essentiellement à celui de la relation entre les humains et le vivant sensible qui les anime.
S’il n’y a pas encore de remède contre le virus, l’expérience de la crise-catastrophe qu’il a généré, a néanmoins fait retrouver un très ancien vaccin, inventé depuis l’aube de l’humanité contre l’inhumain ou le pas assez humain qui hante périodiquement l’histoire. Ce vaccin n’a pas requis une connaissance professionnelle singulière mais plus simplement ce que ce livreur de petites surfaces et à ses heures disponibles, livreur de repas chez les personnes âgées, nomme : « une compétence humaine ». C’est cette compétence qui lui fait depuis un mois appliquer par intelligence sensible une « distanciation » au sens Brechtien (lui qui n’a peut-être pas lu Brecht). Cette « distanciation » ne crée pas une distance qui éloigne mentalement les humains les uns des autres, elle pratique et ouvre cet écart par lequel se tisse un lien aimant entre soi et l’autre. Jean-Paul, le livreur, est là. Depuis ma fenêtre de confiné, je le vois tous les matins à l’aube, livrant la supérette. Il n’est pas plus vu ni connu que lorsqu’il dépose sur le paillasson de la vieille dame du 5è le repas du soir. Il est plus simplement mais grandement passé de celui qu’on pouvait deviner à celui qui se sait attendu. C’est parmi d’autres, depuis cette différence grâce à la compétence vécue entre tous, que se joue une santé humaine « assez humaine » pour surmonter tous les virus du système capitaliste.
Demain, ce sera l’échéance programmée d’un dé-confinement qui ne se nomme pas, par peur de ne plus faire peur à l’enfant-peuple qui ne veut plus dormir. Alors ce sera sans doute la colère du vivant sensible, humain, contre ce qui veut le domestiquer, imposer les règles d’une santé privée plus que publique, dresser les fourches caudines d’une sécurité liberticide, conduire une éducation élitaire blindée, constituer un capital moral-intellectuel pour une recherche rentable, dessiner les contours infranchissables d’un paysage consumériste de vie, et ouvrir la grande braderie de son sens. Cette colère et son vaccin de compétence humaine contre un monde du « pas assez humain » peuvent seuls surmonter les pics d’autres crises-catastrophes, ourdies par un capitalisme « maîtrisé» de l’après confinement et sa mondialisation «équilibrée ».
Il n’y a de réponse qu’interrogative au jour à venir et celui-ci ne cesse de s’adresser à nous en signes clairvoyants, depuis une nature bienveillante bien que suppliciée.

 

 

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PHILIPPE  TANCELIN
17 avril 2020

 

 

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ANONY

Oeuvre ?

COVID CREATION

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Calogero, " On fait comme si "

 

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" Symphonie confinée "

La tendresse, Bourvil

 

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Zazie ,  " Après la pluie "

LE RÉCIT DU RESTE DE NOTRE VIE

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Rien ne sera pareil
Quand tout sera redevenu comme avant
Nous porterons sur les arbres les nuages
Les vieux murs de nos chagrins
Les chevaux les prairies
Un regard de nouveau-né
Étonné de voir le monde venir à lui
Dans la splendeur des premiers jours

Chaque instant sera printemps
Noce et chants d'oiseaux
Nous remonterons sans hâte les courants
Vers les eaux de nos enfances
Confiants avec le vent
Accordés à nous-mêmes
Capables du plus simple
Saisis d'une marche silencieuse
Aux sources du vivant

Nous nous tiendrons debout
Dans l'insolente clarté des astres
Cherchant de toutes les constellations
La plus marquée du signe de notre gratitude
La mieux promise à la jeunesse de ceux-là qui nous ont quittés
Corde tendue sur le souffle invisible de leur chant

En poètes nous poserons les pieds
Sur cette terre nouvelle
Sachant discerner la trace des chemins ouverts
Séparer le bon grain de l'ivraie
Rejetant le futile et l'inutile
Donnant au temps sa chance
À la joie son élan

Chaque jour sera un peu dimanche
Par ses clairières de silence
Ses jachères et ses aubes furtives
Ses brèches de lumière ses ciels éblouis
Ses trouées de soleil
Ses berges illuminées de fleurs sauvages
Ses matins clairs ses repos

Nous porterons au cœur
Le rêve secret de notre vie
Nous le dégagerons du sable de nos tristesses
Nous en ferons la page blanche
Le cahier oùécrire d'un langage neuf
Le récit du reste de notre vie.

 

 

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JEAN LAVOUE

le Blavet, 18 avril 2020

 

 

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leszek-bujnowski

Photographie Leszek Bujnowski

LA PARENTELE

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Je suis désormais mon père ma mère
mes grands et arrières-grands parents
Je suis tous mes aïeux d'ici ou d'ailleurs
recyclés dans les cellules passagères de ma chair
jaillissant avec les sources de mon sang
battant les tambours brûlants en exil de l'existence
je suis cette invérifiable famille aux racines profondes
revenue des fins fonds de la nuit des temps
Je connais tous ces millions de visages
qui m'ont donné la vie transmis le secret de la mort
tous ces êtres dont je vois les gestes quotidiens
leurs labeurs leurs liesses et souffrances
leurs doutes leurs larmes leur confiance
je les entends murmurer confondu au silence
leurs clameurs leurs refus leur humilité de terriens
avec des mains fraternelles ils ont oeuvré
ils ont résisté guerroyé fais l'amour enfanté
Ils ne se posaient pas nos absurdes questions
ils faisaient ce qu'ils avaient à faire ni plus ni moins
tant qu'ils ne pouvaient pas faire autrement
sans s'affaisser contre la tourbe des illusions
ils savaient les chants de la rivière les émois de la forêt
ils labouraient les nuages inventaient des heures miraculeuses
pourvu qu'on leur foute la paix ils ne demandaient rien à personne

 

 

 

 

ANDRE CHENET

 

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tod seelie

Photographie Tod Seelie

 

 


LA CONFIRMATION

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A peine le murmure, l’ombre ancienne des mots

l’année d’avant où tu disais qu’il te faudrait deux vies

la vie d’avant d’une fois aveugle ?

la foi aveugle, mienne de mon pays perdu

de la rive exilée

éparpillée dans la tourmente de vivre.

et je chantais les mots d’un autre temps

des haies pleines d’oiseaux

que le printemps obsède

printemps, temps de passage

endeuillé par l’hiver qu’enchante le soleil.

 

alors vint d’une fable la trace ancienne et animale

le passage du doute où nous vivions de l’ignorance

où nous vivions au milieu de rêves

et de rituels sans mythes

nous n’étions de nulle part

nos cœurs cachés et étrangers,

tombés dans la plaine sans herbe

de hautes ombres nous hantaient

et hurlaient la disparition, le pays perdu

dans les remous du temps.

nous étions debout sur la grande spirale d’une route blanche

nous étions pâles et noyés de ténèbres

 

A peine le murmure l’ombre ancienne des plis

un salut à l’hiver, à la rosée des mots

déjà les ombres séparaient les vies

déjà les rêves affleuraient jusqu’à la mémoire des eaux

déjà s’effritaient les certitudes dans l’air sec

déjà plongeaient les regrets usés dans le crépuscule

 

le soleil, le bon air, l’eau pure

tout se raréfiait dans ces jours mortels

tu maintenais en vie l’amour

et sans abandonner nous rions de la grâce d’aimer encore

dans l’oisiveté des heures perdues, nous inventons notre été

nos aspirons au paradis des retrouvailles

nous croyons au temps qui épargne l’amour

nous sommes amants et aimés de cette vérité,

et la liberté rajeunit nos étreintes

nous appelons l’éternité de l’enfance

accrochés aux mémoires anciennes

nous tenons sous le vent, sous la pluie , sous le soleil

la rumeur houleuse des caresses

la sérénité exacerbée des passions

nous refusons la menace des séparations

nous arrimons au soleil la colline et les arbres

les sources et les nuages,

nous retenons le temps contre l’épaisseur des lointains

nous voyons dans chaque ligne, chaque nuance de l’espoir

nous roulons dans la brume des draps

nos caresses amassées et nous celons d’invisibles détroits

de désirs insensés

nous accostons à tant de berges nouvelles

nous découvrons la tendre lumière du soir

l’eau claire des sources profondes et des plaisirs joyeux

nous traversons le gué des silences et des absences, les solitudes

nous confirmons avec délice l’ombre de nos peurs

avec le visage intact de l’amour.

 

 

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NICOLE BARRIERE

 

 

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nicole

UN DESASTRE

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"Un désastre. C’est tout simplement un désastre que vit actuellement la France.
Le mot « crise » ne suffit plus à définir la situation présente.
La France vit des heures de désillusion aussi profonde que celles qu’elle avait connues en mai 1940. La France pensait avoir le meilleur système de santé du monde, comme elle était convaincue d’avoir la meilleure armée du monde en 1940. Et puis, sous nos yeux, tout s’est effondréà une vitesse inimaginable. On se demandait pourquoi la France avait manqué d’avions efficaces, d’armements modernes comme des chars d’assaut, et pourquoi les soldats portaient encore des bandes molletières alors que les soldats allemands avaient des bottes en cuir.
Aujourd’hui, on s’interroge pour comprendre pourquoi il n’y a pas assez de masques, pourquoi il n’y a pas assez de respirateurs artificiels, pourquoi la France est obligée d’importer les produits réactifs pour fabriquer des tests de dépistage. On perd notre temps à discuter de problèmes d’intendance qui n’auraient pas dû exister si le système de santé français était vraiment le meilleur du monde. Mais le système de santé français n’est pas le meilleur du monde.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention. Et en face d’un virus microscopique, l’orgueil et la prétention, ça ne sert à rien.
Une injustice insupportable
Il faudra alors se poser la question de savoir pourquoi un tel désastre. On ne peut s’empêcher de se tourner vers la fameuse Étrange Défaite, de Marc Bloch, qui, ayant vécu la défaite de 40 de l’intérieur, se posait la question de savoir pourquoi cela avait été possible. Et cette catastrophe en cours nous amène inévitablement aux mêmes conclusions : incompétence, inorganisation, absence de vision à long terme, improvisation.
En résumé : nullité de nos dirigeants, et en particulier de ceux en charge du système de santé français.
> > Cette génération de hauts responsables de la santé en France est en train d’entrer dans l’Histoire comme les généraux de l’armée française en 40. Une caste de petits chefs, de techniciens imbus de leur position, de leur suffisance, qui, face au coronavirus, avaient une guerre de retard, comme la plupart des généraux de 1940, qui se croyaient encore en 1918.
Ceux qui en payent le prix, ce sont les morts de plus en plus nombreux, mais aussi les médecins et soignants qui se sacrifient en y laissant leur peau, pour rattraper des erreurs dont ils ne sont pas responsables.
C’est toujours le troufion de base qui paye de sa vie la nullité de sa hiérarchie.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention
Cette injustice insupportable, il faudra en répondre d’une manière ou d’une autre. Le président de la République a très vite comparé cette épidémie à une guerre. Cela pouvait sembler habile, afin de mobiliser la nation entière contre le terrible ennemi. Mais cette comparaison se retourne déjà contre ceux qui croyaient en tirer parti. Car en face d’un tel désastre, on ne pourra pas se contenter de quelques gerbes de fleurs et d’une distribution de Légions d’honneur.
Le besoin de justice est le sentiment qui structure une société. Quand il est bafoué, ce n’est pas seulement le système de santé français qui s’effondre, mais la totalité de l’édifice. "

 

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CHARLIE HEBDO

https://charliehebdo.fr/2020/03/actualite/riss-article-coronavirus-france-covid-19-lautre-etrange-defaite-systeme-sante/

 

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CARICATURE2

 

COMME UN INTERDIT

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Comme un interdit
Un grand soleil, les jours de pluie
Elle a changé ma vie morose
Pour un bouquet de fantaisies
Comme un interdit elle joue ma vie
Comme un succès qui lui sourit
A sa manière, elle a chevauché mon ego
Moi qui dormais dans ses silences
Je me réveille pour goûter à son sommeil
J'ai le sentiment d'avoir trouvé
Le cœur en apnée un trésor qui vaut de l'or
Comme un interdit
Elle m'offre une chance, à contresens
Mille et une nuits perdu d'avance
Mille et un jour perdu d'amour
Moi qui rêvais la liberté
D'un grand oiseau, allegro moderato
J'ai le sentiment d'avoir trouvé
Le cœur en apnée un trésor qui vaut de l'or
Ma cavalière me fait tanguer
Entre ses bras et me chavire
D'un seul baiser, me fait couler
Maître-nageur qui tombe à l'eau
Comme un interdit
Je m'abandonne dans une danse
Où elle conduit, de préférence
Je me laisse faire, amoureux fou
Ma cavalière me fait tanguer
Entre ses bras, je m'abandonne
Sans interdits

 

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DANIEL GEORGES JACQ BEVILACQUA

Dit CHRISTOPHE

 

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L'ÂME DU MONDE

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Le monde au fond n'a pas changé ces dernières semaines
notre rapport à lui peut-être
ce qui le rend tout à coup différent il respire plus au large
il se sent plus allègre lui et tous les êtres qu'il abrite
comme s'il invitait chacun à faire la paix avec lui

De notre côté nous allons pleins d'interrogations
que voulons-nous
qu'attendons-nous de lui que désirons-nous entreprendre avec lui ?
Nous n'avons guère tenu compte des avertissements
de ceux qui nous annonçaient voici un siècle déjà
son désenchantement et son asphyxie
Nous avons continué de plus belle à le considérer
comme l'objet de tous nos calculs et de notre maîtrise
le réservoir inépuisable de notre avidité

Sommes-nous en mesure de l'envisager autrement désormais
de le réenchanter d'épeler jour après jour ses merveilles
de découvrir celles-ci engrammées en nous
surgissement de l'instant
parole originelle qui nous met au monde

Se taire et faire silence laisser surgir
ce tableau unique que nous portons en nous
toujours nouveau sous la palette des heures
réinventer avec lui les couleurs les paraboles du grain et de l'épi
de la vigne et de l'eau aimer la nature comme elle nous aime
Être ses poètes baptisés en son fleuve d'eaux vives

Nous avions cru pouvoir fabriquer le monde
c'est lui maintenant qui veut nous laisser croître en lui
semences et chants d'oiseaux arbres de ferveurs
marches souveraines
passants étonnés

Bien des vents contraires des forces adverses
nous dérouteront encore longtemps de la voie qu'il nous ouvre
Voici le combat qu'il nous faut mener mais d'abord en nous-mêmes
Risquons ainsi le plus précieux
laissons l'étoile en nous devenir enfant
ne nous laissons pas voler notre chance trouvons des chemins
des issues qui mènent enfin quelque part
partout les germes du bonheur
en toutes choses répandue l'âme du monde nous attend.

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JEAN LAVOUE

le Blavet, 22 avril 2020

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laurette peyraube14

 Photographie Laurette Peyraube

 

MILA....

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Mille remerciements à Mokhtar El Amraoui

 

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Mila l’amie du printemps

Tu es son doux refuge

Pour les chants

De ses belles couleurs

Comme tu sais  le prendre

Dans la joyeuse danse

Des rayons de tes seize ans

Tu offres à ses ailes fleuries

Le beau rivage

De ton visage qui sourit

Leur ouvrant  de nouvelles pages

Pour t’écrire de radieux horizons

Pour d’autres saisons

Où naîtront les sublimes gerbes

De tant de nouveaux sillons

Mila Mila Mila

Du printemps l’adorable amie

Santé et bonheur pour toute la vie

 

©Mokhtar El Amraoui

Le 23 avril 2020

 

 

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mila avril 2020

 

Mila, ma petite chérie

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