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Channel: EMMILA GITANA
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MARION LUBREAC...Extrait

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Sa popeline bruissait comme un bonbon aux larges manches, un berlingot qu’on déshabille. Ses bords retroussés ressemblaient à deux pétales de bleuet. Elle penchait sur moi sa jolie bouche délicate, frémissante comme un petit coquelicot. Tandis qu'elle m'embrassait, je voyais rutiler son éblouissant collier aux perles de verre arc-en-ciel et je respirais son parfum :plus belle que le ciel dont elle avait les yeux. Plus doux, le soleil de son sourire...
Plus belle ...
que la plus tendre des pivoines au monde...

 

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MARION LUBREAC

 

 

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marion


LES BRÛLURES DE L'ÉTÉ

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Attendre.
Combien de fils tirés des nuages, combien d’écorchures sur les rochers dans la lumière blanche pour que l’amour rentre encore sous la peau, comme une évidence.
Pour que tous les mots prennent chair dans la jupe des coquelicots, dans le vacarme d’un galop, quand ça tangue, dans la paume des cieux, le regard à l envers.
Tous les poissons volants lancés au clair de la lune, disparu, un à un, d’une main, d’un revers.
Une petite pointe d’acier dans la mémoire du goût de la pluie, pour que les champs soient encore verts.
Je me glisse dans ma robe de nuages en dentelle et le regard s’envole dans les jours laissés.
J’écoute dans la course du temps les dires du vent se nouer aux ramilles, comme des cheveux d’enfants.
Pourvu que mes semelles s’accrochent à la terre des géants, j’irai glaner encore les épis que les hommes ont éparpillés et tout l’or de l’automne, avant que la nuit ne frissonne jusqu’aux derniers rayons.
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© PATRICIA FORT
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henri-lebasque-10

Oeuvre Henri Lebasque

LAKOTA LULLABY - ALEXIA EVELLYN

QUAND J'ETAIS DE CE MONDE...

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Je dédie ces vers à Emma Santos merveilleuse victime de l'ordre psychiatrique

et à Dominique Chamelot,

 coque bleue d'outre-monde

 qui a réinventé la poésie contre tous les flichiâtres!

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Quand j'étais de ce monde
au Passage des Brumes
il me fallait un fou pour atteindre mon corps
je vivais sous les feuilles
au pied d'un Sacré Coeur
rouge du sang des Communards
quand j'étais de ce monde
au Passage des Brumes
j'habitais aussi loin de possible de moi
et je changeais de nom dans le sommeil des autres
j'entraînais les enfants dans les fêtes anciennes
en tirant de mes poches des bulles de savon
.
en ce temps-là
je descendais des hommes
et je brouillais mes traces avec une arme blanche
quand j'étais de ce monde
sur les sentiers battus
il y avait des hiboux crucifiés aux portes des usines
et des cortèges de chiens dans les parcs à ossements
j'allais dans les mirages
repeindre à l'encre rouge les oiseaux foudroyés
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quand j'étais de ce monde
je serrais sur mon coeur des poignées de mains ivres
des bouquets de couteaux et des épingles d'eau
je lançais des paillettes
à des sources magiques
et mes mille ans tout neufs à des orgues fanées
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en ce temps-là
je descendais des hommes
et je buvais des grands verres de mémoire
aux tables d'arsenic où les lois sont inscrites
.
en ce temps-là
il m'arrivait d'avoir quelques faiblesses
pour toucher le cou gris de tous les ciels d'automne
.
quand j'étais de ce monde
je jouais au miracle des animaux savants
j'attendais de m'abattre au carrefour des voiliers
et je roulais parmi les bouées dormantes
avec de vieux acteurs pleins de bijoux barbares
.
quand j'étais de ce monde
je grandissais avec les maîtres à tuer
je remontais le feu vers les ces bêtes voyantes
qui mangeaient leurs phalanges à l'abris des regards
et je perdais du ciel
en jouant mortellement à des jeux noirs et jours
parfois je m'attardais dans une chair promise
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j'avais organisé l'évasion des lumières
dénoncé les serrures posées contre les nuits
pour me retrouver seul
avec une grande plaie
en ce temps-là
je n'ai pas eu le temps d'être un enfant dans la femme
en ce temps-là
j'habitais en silence dans les siècles à venir
je me couchais sous les orages
je me couchais sous les trains fous en serrant mon amour
j'étais un romantique
j'avais l'âme incomplète
on m'appelait Matthias du château des Carpathes
j'avais les bras plus plus grand que les révoltes
j'étais le roi d'un monde absent
cherchant l'homme à abattre
dans la grande maladie des hommes désemparés
et je portais ma chair à l'épaule du jour
vêtu d'une autre peau
volée un soir de de fête dans le vestiaire d'un bal
.
quand j'étais de ce monde
je descendais des hommes
j'habitais cette rue
où naissent les organistes en deuil
au pied du Sacré Coeur
les couleurs tenaient mal sur ma peau
je semais sur la neige des yeux de fleurs fanés
et je fuyais les maladies de ma naissance
en cherchant une tombe où passerait la mer
en ce temps-là
je cachais sous la terre mes vieux doigts de sourcier
des oiseaux morts tombaient du ciel
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et les arbres tombaient de sommeil
je serrais sous l'eau blanche un enfant échoué
avec au fond du coeur
un grand soleil de fin du monde
en ce temps-là
je cherchais l'or du rêve
le cadavre du feu
et je cherchais mes morts dans la mémoire des puits
je déchirais la peau des torches
en jouant du piano pour des vagues défuntes
j'allais aux chambres délirantes
boire des fleurs d'acacia en costume de larmes
et les soirs de veuvage
j'allais dans les éclipses
des veines dans les miroirs avec de longues ophélies
et puis j'allais m'abattre à des portes de sable
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quand j'étais de ce monde
j'ouvrais des veines dans les miroirs
pour voir couler le sang sur des livres anciens
je mimais les aveugles pour qu'il me vienne des yeux
et quand venaient les équinoxes
je me couchais devant les vagues
en refermant les yeux pour continuer la nuit
je ne quittais la mer
qu'à l'heure de recevoir une pierre de lumière
entre les deux épaules
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quand j'étais de ce monde
j'avais un corps habitable
et je saignais sur les places publiques
parmi les enfants fous qui s'aimaient sans vieillir
et alors je rêvais
qu'on me fixait un rendez-vous
dans un château de contrebande
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quand j'étais de ce monde
je cachais des oiseaux dans la seule de mes poches
qui avait une doublure
et sous les feuilles éblouies
je buvais ces absinthes qui enveinent les mains
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quand j'étais de ce monde et quand le soir tombait
je portais un poignard sous mon grand habit noir
j'étais un vagabond émerveillé d'enfance
.
depuis que je suis mort
les couleurs tiennent sur ma peau
et je ne descend plus des hommes
j'habite les ruines du Sacré Coeur
rouge du sang des Communards
et je joue du piano sans jamais m'arrêter
je joue du Brahms et je joue Rose de Picardie
parmi ces races grises qui hantent le gay Paris
dans le Passage des Brumes je suis seul à mourir
je vais de vie en vie à travers les déluges
et je m'attends ailleurs sur des feuilles de sang...
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TRISTAN CABRAL
 Montmartre – Passage des Brumes – 1984
(Poème paru dans le n° 10 de la revue Le Fou parle – 1979)
Version corrigée et annotée pour La Voix des Autres
Première partie de ce poème :
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LE TEMPS QUI PASSE...

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Le temps qui passe...
Le temps s'est écoulé comme une rivière, je ne l'ai pas vu passer !
J'ai compté mes années et j'ai découvert que j'ai moins de temps à vivre ici que je n'en ai déjà vécu.
Je n'ai désormais pas le temps pour des réunions interminables, où on discute de statuts, de règles, de procédures et de règles internes, sachant qu'il ne se combinera rien...
Je n'ai pas le temps de supporter des gens absurdes qui, en dépit de leur âge, n'ont pas grandi.
Je n'ai pas le temps de négocier avec la médiocrité.
Je ne veux pas être dans des réunions où les gens et leur ego défilent.
Les gens ne discutent pas du contenu, à peine des titres.
Mon temps est trop faible pour discuter de titres.
Je veux vivre à côté de gens humains, très humains.
Qui savent sourire de leurs erreurs.
Qui ne se glorifient pas de victoires.
Qui défendent la dignité humaine et qui ne souhaitent qu'être du côté de la vérité et de l'honnêteté.
L'essentiel est ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.
Je veux m'entourer de gens qui savent arriver au coeur des gens.
Les gens à qui les coups durs de la vie ont appris à grandir avec des caresses minces dans l'âme.
Oui... J'ai hâte... de vivre avec intensité, que seule la maturité peut me donner.
J'exige de ne pas gaspiller un bonbon de ce qu'il me reste...
Je suis sûr qu'ils seront plus délicieux que ceux que j'ai mangé jusqu'à présent.
Personne n'y échappe riche, pauvre intelligent, démuni ...

 

 

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ANDRE GIDE

 

 

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emile nolde23,

 

 

CONTE MARIN

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Tu offres le lait de tes roses
Au pendule de la lune.
La mouette, dans son bal,
Invite des bateliers attardés
Que la mémoire des ports n’enchante plus.
Ils rament vers d’autres souvenirs
Sans écailles,
Sans échos,
Epelant un monde toujours nouveau
Et la chair bleue de l’océan
Aux rides de baves
Egrène,
Sous les vents,
Des chapelets de feu,
Le tintamarre des couleurs
Invite à d’étranges cènes
Où les commensaux racontent des fables
Au sang encore chaud.
Et les curieux,
Tels d’habiles phasmes,
Ecoutent, en soupirant,
Ces chants si mélodieux
Qui parlent d’azurs défrichés
Dans des nuits sans boussoles.

 

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© MOKHTAR EL AMRAOUI

in "Arpèges sur les ailes de mes ans"

 

 

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dominique baot10,

Photographie Dominique Baot

 

LETTRE À FRANKÉTIENNE

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Je t’écris
de ce pays violé blessé
en déconstombrance
comme si tu es d’ailleurs
oiseau migrateur
amarré au revers des exils assassins
Je t’écris
sur les ruines et les décombres
d’une patrie pillée
ravagée déchalborée
pour saluer l’éternité de ta mémoire
chevauchant l’immortalité
à l’orée des légendes
comment tutoyer
l’immensité de ton existence plurielle
égrégore littéraire
sans réveiller ta colère d’homme
icite
c’est la danse épileptique du chaos
la désolation
la perdition des sourires
en lambeaux de désastre
la grimace des rues
en dérive dans la gorge du malheur
Je t’écris
avec mon sang noirci
au verso des miroirs trahis
ma voix en tourbillons de poussière
dans la nuit des regards fielleux
sur cette terre de misère
rongée jusqu’aux os par la soif
la violence et le désamour
Que restera-t-il
de la beauté des jours
dans ce recoin mardigraturé
où les vandales ont tout pris
tout ravagé tout déchouqué
piétinant le courage des va-nu-pieds
qui l’ont jadis fertilisé avec leur sueur
aux rictus racistes des fouets
Que restera-t-il de la gloire des humains
dans cette patrie de déveine
où le néant est érigé
à grands renforts de cynisme
sur le socle des crânes
vidés de leur substance
Je t’écris
de ce pays qui assassine ses poètes
oubliant qu’un combattant tombé
est un grain mis en terre
qui germera à la belle saison
Baobab pensant
debout dans l’absolu du rêve
dévoile nous le secret de ta résistance
dis-nous que l’horizon
n’est pas cet épilogue vide
d’espoir et de promesses
parle-nous de tous ces mots
incandescents
qu’on n’a pas encore inventés
que tu mâches
comme des aurores inédites
des vestiges rayonnants du futur
Je t’écris
de cette contrée où la conscience
se prostitue
où des chrétiens vivants
tombent tous les jours emportés
par la voracité des armes en délire
où les tambours ont perdu
la clarté de leur jeunesse
envolée au pays sans chapeau
pourvu que l’encre puisse
sauver l’innocence
des enfants en mal de paix
sceller l’espérance
d’un dernier coumbite
panser la fragilité
des utopies larvées.
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ELBEAU CARLYNX
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statue-haïtienne

Statue esclave Haïti

MATIN FROID

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J'ai incisé les figues

mis la cardamone dans le café

reprisé quelques étoiles mortes

étalé le beurre sur le pain

ouvert mes lèvres au matin froid

 

 

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CHRISTINE GAMBERT

 

 

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Joce Rodriguez

Oeuvre Joce Rodriguez


SI TU ME DONNES UN MOT

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Si tu me donnes un mot,

j’en ferai une forêt.

Tous les arbres contiennent la mémoire du livre

que j’écrirai pour toi.

 

Si tu me donnes un mot,

je franchirai le vitrail.

Toutes les gargouilles contiennent la foi du poème

que j’écrirai pour l’incarnation de ton corps.

 

Si tu me donnes un mot,

je soufflerai sur le dromadaire de l’imaginaire.

Et tu n’auras plus soif.

Tous les sables du désert contiennent l’étoile diaprée du silence

que j’écrirai pour toi.

 

Si tu me donnes un mot,

je pourrai rentrer dans l’atelier de ton âme.

Et les toiles accrochées sur la compassion des murs

pourront rejoindre la vie extravagante du peintre

que je serai pour toi.

 

Car avant les mots,

la forêt vivait son roman d’arbres.

Car avant les mots,

le vitrail était un puits lumineux.

Car avant les mots,

le dromadaire parlait toutes les langues de l’imaginaire.

Car avant l’atelier du peintre,

toutes les peintures vivaient dans les lichens,

l’argile et les frondaisons.

Mais le poème que j’écrirai pour toi

est une des naissances de l’univers.

 

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© PATRICK CHEMIN

 

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rene chemin2

 

© Photo René Chemin

DELPHINE BURNOD

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Je suis sœur d'étoile
fée farandole
amie des pensées, des pivoines, des cerfs
je vole parfois au-dessus des corolles
j'ai mille noms mais un seul me sert
je suis sans arrière, à mi-chemin
parfois sous terre et cela me va bien
le ciel a tous les droits dans mon antre du rêve
quelquefois j'aperçois sa bouche qui se lève

ses yeux comme des tonneaux versent des cris d'oiseaux
des lance-flammes muets, des hourras, des bravos
dans ses cachettes vides, j'y jette mes soleils
ses dernières lueurs avant qu'ils ne s'éveillent

je ne sais pas pourquoi dans le son de ma voix
se glisse le mystère, le souffle des grands arbres
mais elle traverse parfois comme un cri aux abois
le grand champ désossé du monde sous mes pas

 

 

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DELPHINE BURNOD 

 

 

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ARTHUR RACKHAM

Oeuvre Arthur Rackham

JE VOUS ECRIS D'UNE CLAIRIERE...

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Émouvante et délicate lettre de Marion Muller-Colard à chacun de nous adressée, dans La Croix du 11 juillet 2020

 

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Je vous écris d’une clairière. Une clairière d’espace et de temps. Je reprends la parole après que le virus m’a coupé les mots dans la gorge. Je reprends une parole convalescente et je ne sais pas même à quelle adresse l’envoyer. Êtes-vous là où j’aurais pu, avant, vous imaginer ? Comment savoir ce que cette folle parenthèse du confinement vous a pris ou vous a donné ? Comment m’adresser indifféremment à ceux d’entre vous qui ont perdu des êtres chers et à ceux qui, épargnés, ont aimé que le temps s’arrête pour mieux regarder leurs enfants grandir ? À ceux qui ont perdu leur emploi, à ceux qui ont travaillé sans plus compter ni les heures ni les nuits, à ceux qui n’arrivent plus à travailler car tout leur semble soudain vain et absurde ?

S’il s’agit de parler du monde d’après, allons-y lentement, voulez-vous ? L’heure est à la délicatesse, et nous avons des plaies impensables à panser. Nous, mais aussi chacun. Je cherche où et comment arrimer, je voudrais vous trouver sur le quai. De ma clairière je ne suis pas sortie pendant de longues semaines, la vie y était sauvage et indifférente aux voix de robots qui, en boucle, assènent des messages d’alerte ; de jeunes brocards, une jeune chevrette, ruminaient sous nos fenêtres, jusqu’à ce qu’à l’aube d’un nouveau jour, un petit faon malhabile sur ses jambes s’ajoute à cette faune devenue familière. Extase que d’assister à cette célébration sans y avoir été invités, par l’accident de notre présence humaine, chassés de notre lit par un excès d’agitation cérébrale. Seulement l’extase, il faut savoir la rendre : cela ne répare pas un monde ; et d’une clairière de contemplation suspendue, il faut savoir sortir. Reprendre la parole me paraît pourtant une entreprise extrêmement risquée. Si risquée, peut-être, que d’aucuns ne l’ont pas lâchée, la parole, nonobstant l’obsolescence programmée de leurs propos, trop angoissés peut-être que l’inédit les empêche de dire. J’ai eu peur aussi : la parole est mon métier, la Parole ma formation. Pourtant je l’ai perdue ; et m’adresser à vous me tient lieu de rééducation. Alors, s’il vous plaît, allons-y lentement : l’urgence requiert une lenteur concentrée.

De quoi voulez-vous parler ? Du monde d’après, vraiment ? Deux si gros mots accolés l’un à l’autre, à engloutir ? J’ai jeûné de mots dès la mi-Carême et encore après Pâques, on ne me fera pas avaler ces mots-là pour rompre mon jeûne. « Monde » ? Trop grand. Je veux bien sortir de ma clairière, réapprivoiser la face politique de ma vie, mais donnez-moi des mots à ma portée, parlons-nous en circuits courts, sans trop d’intermédiaires. Je n’ai pas les moyens de parler du monde : il est régi par des lois qui évoluent plus vite que la compréhension que je peux en avoir. Pardonnez cet aveu : il n’est pas d’impuissance, il est de non-pouvoir. Mais de l’Évangile j’ai appris qu’on peut trouver sa puissance à renoncer à pouvoir. Je ne suis pas prophète, je ne parlerai pas du monde, et ce n’est pas non plus à trop de monde que je peux m’adresser : puisque j’ai encore la voix enrouée, laissez-moi essayer de m’adresser à chacun plutôt qu’à tous, m’arrimer à un frère humain insoupçonné, pour vous redonner un visage patiemment alors que dehors je ne vous vois que masqués.

L’« après » ? Il est masqué aussi, et à vouloir trop vite le dévoiler, nous risquons d’en abîmer les promesses. Mais ce qu’aucune crise ne pourra nous prendre, c’est le maintenant. Ce maintenant que l’Évangile propose de convertir en éternité. Alors parlons doucement, voulez-vous ? Non pas de ce qui a changé mais de ce qui a tenu. Non pas des points de rupture mais des points de suture. Non pas de ce que nous avons perdu mais de ce qui est imprenable. Dans ce monde où la répétition inlassable des erreurs se déguise en changement dans un tourbillon si rapide qu’elle parvient presque à nous leurrer, permettez-moi, s’il vous plaît, de ne pas parler de ce qui change, ni de ce qui se répète, mais de ce qui dure.

 

 

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MARION MULLER-COLARD

 

 

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MARION2

 

Marion Muller-Colard

L'OBSCUR VERTIGE DES VIVANTS...Extrait

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"La science n'étouffe pas le chant de l'océan dans les coquillages.Savoir qu'on y entend les vibrations de sa propre oreille ne réfute pas les vagues qui roulent en nous leur nostalgie. Les chiffres forent des puits comme les mots écoutent le monde : dans la fascination de sa beauté.
Ainsi, révélée ronde, la Terre enfanta encore des aventuriers au coeur plus vaste, à qui le vertige continua de fouetter le sang.
Le réel ne condamne pas la poésie. Il l'appelle, comme le vent la voile lui donnant force, le savant la formule qui creuse l'infini, notre mémoire des coquillages pour désirer le mer vivante."

 

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MICHEL BAGLIN

 

 

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emmila7,,,

Photographie Emmila

 

EPANCHEMENTS...

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S’il advenait qu’Amour à votre porte se présente,
dans quelque langue qu’il s’exprime, avec ou sans mots,
ne pas l’éconduire, car jamais il ne réitère
l’insigne grâce de donner un sens à notre vie.

 

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HENRI-LOUIS PALLEN

2020

 

 

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HENRI LOUIS

 

 

 

JEAN LAVOUE..Extrait

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Quand nous allègerons la vie
Du poids de l'inutile
Et délierons la source
De tout ce qui l'encombre
La mort sera sans prise
Les soleils familiers
Nous cueillerons ici
La gloire de l'instant

Nous garderons l'eau pure
Et le ciel et l'enfance
Des plages de silence
Et des rires joyeux
Des clairières de mains
Accordées aux rivages
Des notes de musique
Des chemins délivrés

Nous aurons pour complices
Et compagnons de route
Des barques sans soucis
Des aubes en partance
Des orchestres inconnus
Accostant pour des îles
Des oiseaux des matins
Des éclats lumineux.

 

 

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JEAN LAVOUE

24 juillet 2020

www.enfancedesarbres.com

 

 

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Photo Adriansart/Pixabay

BLEUE

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Bleue 
la pierre s'étrange, et c'est le ciel
veiné de poupre et d'ors.

Une porte entrouvre la mer aux rumeurs
[ contenues
vert gabbro lignes de fuite d'évasives forêts
[ rocheuses.

Bleue
la terre s'étrange au vent,
disperse toutes ses plumes ultramarines :
ses pigments d'étoiles empoussièrent les yeux de grains de sable incandescents.

Goutte à goutte
la nuit s'écoule, cristal liquide opale iris 
sang lactescent.

L'arc de la nuit,
sa flèche est bleue.
L'arbre noir est bleu du souvenir de l'oiseau.

Bleu le soleil épouillé de nuages.
Bleue la page blanche du visage biffé,
le voyage des veines sillonnées d'affluents.

S'ouvre bleu le fruit grenade 
Solitude rotonde 
Ainsi, du paradis.

 

 

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ANNE MARGUERITE MILLELIRI

 

 

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ANDREE CHEDID...Extrait

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En ces aubes où fermente la nuit

De quel élan

gravir?

De quel œil contempler

villes visages siècles douleurs espérance?

De quelles mains creuser un sol toujours fécond?

De quelle tendresse chérir vie et terre
Abolir la distance
Cicatriser l'entaille?

A quelle lumière découvrir la beauté des choses
Obstinément intacte sous le squame des malheurs?

 

 

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ANDREE CHEDID

 

 

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Oeuvre Emeli Theander

 

CLAUDE BEAUSOLEIL...HOMMAGE

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Kerouac que tu racontes pour jazzer le périple d'abord

Lowell puis la route les autres sons français les déroutes de la route les autres dimensions improvisent une passion un secret un regret une chanson des routes

comme celle entendue sur les pas des géants des amoureux des poètes des amis d'autrefois qui sont devenus grands des efforts pour durer des enfances en-allées sur la toute on the road

à partir vers les cieux tu dévides et dévales tes mots aux creux d'itinéraires fauves comme les enjeux scandés tu répètes que les mots elliptiques sont en toi territoire sacré du quotidien qui file on the road sur la page

tu répètes que les mots sont la route infinie d'un jardin d'Amérique aux immeubles enfouis dans des rêves d'enfants qui regardent la télé sur des postes
impossibles où ils n'osent rêver tellement les horreurs les peurs les monstres de la vie sont des flambeaux meurtris des crises de néant aux soucoupes volantes des armes de
propagande aux anciennes féeries tu dis que la nature a presque disparu mais là où tombent ces affres fêlées

demeure un homme qui se bat contre l'hégémonie les folies les rejets les mensonges les tabous un homme resté debout rêveur face à l'écran des étoiles et du vent

tu répètes les mots on the road pour la vie tu répètes qu'il parlait français comme toi aussi

et qu'il est d'Amérique du Québec de Bretagne

d'ailleurs au creux d'ici

en toi aussi qui répètes ses mots

on the road pour la vie

l'Amérique à ses pas accroche ses rêves fous à l'envers du brassage

des cerveaux annulés par la machinerie d'un enfer consommé tu

répètes et tu dis que la voie est un mot qui en toi prend racine on the

road tu répètes que

tu es comme lui enfant d'une Amérique qui s'écrit en français et donne à ses rêve-rires des allures rythmiques jazzant dans le périple qui traverse l'Amérique de Montréal à L.A. de Lowell à là-bas dans l'enfance des lettres aux sons d'un temps présent improvisé

on the road sur les routes d'Amérique où dans les mots français la vie
poursuit la vie d'une mémoire qui brûle rebelle en ses trajets

 

 

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CLAUDE BEAUSOLEIL

 

 

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Jack Kérouac

 

LA LANGUE CHANGE LES SOUPIRS EN UNE DANSE DE NUIT

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La langue change les soupirs
en une danse de nuit
à l’infini le vent
défait les rites fous
qui se parent de hasards
aux abords de la ville
et qu’à cela ne tienne
un chant y joue
ce qui s’invente
de nous vers nous
dans l’approche incertaine
des neiges de la vie
qui toute la nuit tombent
dans le mot poésie
glissant d’autres regards
derrière la vérité

 

 

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CLAUDE BEAUSOLEIL

 

 

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 Claude Beausoleil

 

AHMED EL FAZAZI...Extrait

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Discrètement je cueille des perles
Du fond de la mer
Mais quand je sors de l’eau
Je ne trouve ni mes perles
Ni ma main
Mais dites-moi chercheurs de perles
Qui d’entre vous
A vu mes perles
Ma main
Qui a vu la mer ?...

 

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©AHMED EL FAZAZI

 

 

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PASCAL QUIGNARD....Extrait

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Ceux qui ont réponse à tout, les inétonnables, les sans tonnerre, les sans coups de foudre, ceux qui ne sont désemparés par rien, les sans bourrasques, les sans désirs. Ceux à qui on ne la fait pas. Les sans naufrages, les impavides. Ceux pour qui le réel ni n'explose ni ne tonne ni ne fulgure ni ne tempête ni n'embrase. Les indéchirables. Les indéprimables.

Ceux qui ne sont jamais bouche bée. Ceux qui ont toujours les lèvres refermées, crispées, détournant la tête aussitôt, souhaitant ne s'ouvrir sur rien, la bouche en cul-de-poule, le cul serré: cul de pure expulsion sèche comme la détente d'une gâchette de carabine

 

 

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PASCAL QUIGNARD

 

 

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cul-de-poule

 

 

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