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Channel: EMMILA GITANA
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LE CHAT

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Au royaume des gravures

il était un chat pervers

excentrique et multiple

le poil noir et le poil clair

 

Entre souris et sirène

il était juste couché

avec une nonchalance de laine

dans un livre d'animalier

 

Contrairement aux usages

à la pleine lune parfois

d'un bond il quittait sa page

et s'en allait courir les toits

 

les toits et les mansardes

Puis visitant les logis

il soufflait l'or des lampes

et buvait le lait des petits

 

Avec l'ombre pour complice

le voici tigre persan

poursuivi par la police

une police à turban

 

Reprenant sa bonne mine

Maître chat est jardinier

il cueille avec ses canines

le bouton vert des rosiers

 

Après toutes ces fredaines

à l'aube il regagnait le papier

et entre souris et sirènes

il s'endormait les yeux ouverts

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GEORGES SCHEHADE

 

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CHAT1


DEHORS LA NUIT EST GOUVERNEE

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Laissez filer les guides maintenant c'est la plaine
Il gèle à la frontière chaque branche l'indique
Un tournant va surgir prompt comme une fumée
Où flottera bonjour arqué comme une écharde
L'angoisse de faiblir sous l'écorce respire
Le couvert sera mis autour de la margelle
Des êtres bienveillants se porteront vers nous
La main à votre front sera froide d'étoiles
Et pas un souvenir de couteau sur les herbes

Non le bruit de l'oubli là serait tel
Qu'il corromprait la vertu du sang et de la cendre
Ligués à mon chevet contre la pauvreté
Qui n'entend que son pas n'admire que sa vue
Dans l'eau morte de son ombre.

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RENE  CHAR

 

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CHAR

 

 

E. E. CUMMINGS

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J’ai toujours ton cœur avec moi
Je le garde dans mon cœur
Sans lui jamais je ne suis
Là ou je vais, tu vas…
Et tout ce que je fais par moi-même est ton fait…
Je ne crains pas le destin
Car tu es à jamais le mien
Je ne veux pas d’autre monde, car
Tu es mon monde, mon vrai…
Tu es tout ce que la lune a toujours voulu dire
Et tout ce que le soleil chantera
C’est le secret profond que nul ne connaît
C’est la racine de la racine
Le bourgeon du bourgeon
Et le ciel du ciel d’un arbre appelé vie
Qui croît plus haut que l’âme ne saurait l’espérer
Ou l’esprit le cacher…
C’est la merveille qui maintient les étoiles éparses.
Je garde ton cœur
Je l’ai dans mon cœur.

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E. E. CUMMINGS

 

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coeur3

 

IMPROBABLE...

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Improbable. Je suis de ces méandres qui ne font boucle qu'à mon cou. Un peu rocaille et en virgules où chacun trouve ses reflets. Cascade en des débuts qui se trouvaient adolescence, il fallait bien trouver mon lit. Un temps lacustre juste au barrage du commun. Longtemps lien entre amants sur chaque rive, tant il fallait de la fraicheur. Mais qui vont, toujours, s'apaiser dans la mer. Comme un fracas de ressemblance au bout du temps et des errances.

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©JEAN DIHARCE

 

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peter churcher,,

Oeuvre Peter Churcher

 

 

 

DIS, VIENDRAS-TU ?

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Viendras-tu un jour les pleuvoir
Nos chemins jamais empruntés,
Sauras-tu les ensoleiller
Avant qu’ils meurent de désespoir ?

Viendras-tu leur peindre un demain
Où je pourrais nous entrevoir,
Heureux amants berçant le soir
Aux grands mystères de leur jardin ?

Je ne sais plus, d’à tant t’attendre
La frontière d’haïr et d’aimer
Que mon cœur saura supporter,
La carte du sombre et du tendre.

Viendras-tu, dis-le moi enfin
Déchirer cet oubli de soie
Où tu avais frôlé mes doigts
Pour t’enfuir au petit matin ?

Viendras- tu leur tracer lisière
Et les saupoudrer d’un destin,
Oseras-tu y faire matin
De peaux mêlées, de mains altières ?

Tant de fois j’ai repeins mon lit
Mais à chaque fois ton absence
Y refait comme un trou immense
Où ma couleur se meurt de gris.

Viendras-tu un jour me le dire
Le prix de fuir aux premiers feux,
Le poids de la peur d’être heureux
Et de ne savoir que s’enfuir ?

Viendras-tu un jour les pleuvoir
Nos chemins tant imaginés,
Sauras-tu les écarteler
Afin qu’ils meurent de désespoir ?

Alors ma peur, mon infini
Il faut que je ferme ma porte
A tous bateleurs de ta sorte
Il faut que je m’enterre ici.

J’aurai voulu une autre fin
Que d’à mourir de t’oublier
Mais aujourd’hui tant a rouillé,
Aux cœurs pendus, point de matin…
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© JEAN-LUC MOULIN
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CHEMIN FLEURS,

GUISANE... ( Extrait inédit )

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Je suis amoureux
Du vent sur ta joue
Qui joue les imprudents
Je suis amoureux du vent
Du chêne
Qui porte l’ombre
De ses mains
Sur ton cou
Je suis amoureux
Du chêne
De la rue bleue
A trois heures de l’après-midi
Quand elle contient
L’arche de ton rire
Je suis amoureux
De la rue bleue
Je veux bien passer les pôles
Avec Lord Franklin
Briser la glace
Si ce chemin
De mai
Sur l’océan gelé
Me conduit
Au printemps d’un baiser
Je suis amoureux des neiges
Et des glacis
De la virginité de l’instant
Qui défriche l’éternité
Sur tes lèvres du présent
Je suis amoureux des neiges
De ces mots
Que tu laisses glisser
Sur le verbe épicé
Du manuscrit des corps
Je suis amoureux
Des mots
Je veux l’aquarelle de ta bouche
Qui est le puits
Qui est la trame
Qui est la porte
De ton âme
Je veux ne plus vouloir
Laisser la tendresse
Désirer l’aparté

 

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© PATRICK CHEMIN

 

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guisane

LA FLEUR ROUGE

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A la place du ciel
Je mettrai son visage
Les oiseaux ne seront
Même pas étonnés

Et le jour se levant
Très haut dans ses prunelles
On dira : « le printemps
Est plus tôt cette année ? »

Beaux yeux, belle saison
Viviers de lampes claires
Jardins qui reculez
Sans cesse l’horizon

On fait déjà les foins
Le long de ses paupières
Les animaux peureux
Viennent à la maison

Je n’ai jamais reçu
Tant d’amis à ma table
Il en vient chaque jour
De nouvelles étables

L’un apporte sa faim
Un autre la douleur
Nous partageons le peu
Qui nous reste tous en chœur

Qu’un enfant attardé
Passe la porte ouverte
Si bien qu’il a déjà
Plus qu’il ne désirait

La chambre est encombrée
De rivières sauvages
Dans le foyer s’envole
Une épaisse forêt

Et la route qui tient
En laisse les villages
Traîne sa meute d’or
Jusque sous les volets

Tous mes fruits merveilleux
Tintent sur mon épaule
Son sang est sur ma bouche
Une flûte enchantée

Je lui donne le nom
De ma première enfance
De la première fleur
Et du premier été

 

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RENE GUY CADOU


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CADOU

 

 

 

CARNETS I....Extrait

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"Ce jardin de l'autre côté de la fenêtre, je n'en vois que les murs.Et ces quelques feuillages où coule la lumière. Plus haut, c'est le soleil. Et de toute cette jubilation de l'air que l'on sent au-dehors, de toute cette joie épandue sur le monde, je ne perçois que des ombres de feuillages qui jouent sur les rideaux blancs. Cinq rayons de soleil aussi qui déversent patiemment dans la pièce un parfum blond d'herbes séchées. Une brise, et les ombres s'animent sur le rideau. Qu'un nuage couvre, puis découvre le soleil, et voici que de l'ombre surgit le jaune éclatant de ce vase de mimosas. Il suffit: cette seule lueur naissante et me voici inondé d'une joie confuse et étourdissante.

 

Prisonnier de la caverne, me voici seul en face de l'ombre du monde. Après-midi de janvier. Mais le froid reste au fond de l'air. Partout une pellicule de soleil qui craquerait sous l'ongle mais qui revêt toute chose d'un éternel sourire. Qui suis-je et que puis-je faire -sinon entrer dans le jeu des feuillages et de la lumière. Etre ce rayon de soleil où ma cigarette se consume, cette douceur et cette passion discrète qui respire dans l'air. Si j'essaie de m'atteindre, c'est tout au fond de cette lumière. Et si je tente de comprendre et de savourer cette délicate saveur qui livre le secret du monde, c'est moi-même que je trouve au fond de l'univers. Moi-même, c'est-à-dire cette extrême émotion qui me délivre du décor. Tout à l'heure, d'autres choses et les hommes me reprendront. Mais laissez-moi découper cette minute dans l'étoffe du temps, comme d'autres laissent une fleur entre les pages. Ils y enferment une promenade où l'amour les a effleurés. Et moi aussi,  je me promène, mais c'est un dieu qui me caresse. La vie est courte et c'est péché que de perdre son temps. Je perds mon temps pendant tout le jour et les autres disent que je suis très actif. Aujourd'hui c'est une halte et mon coeur s'en va à la rencontre de lui-même.

 

Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles du mercure. Laissez donc ceux qui veulent se séparer du monde. Je ne me plains plus puisque je me regarde naître. Je suis heureux dans ce monde car mon royaume est de ce monde. Nuage qui passe et instant  qui pâlit. Mort de moi-même à moi-même. Le livre s'ouvre à une page aimée. Qu'elle est fade aujourd'hui en présence du livre du monde. Est-il vrai que j'ai souffert, n'est-il pas vrai que je souffre; et que cette souffrance me grise parce qu'elle est ce soleil et ces ombres, cette chaleur et ce froid que l'on sent très loin, tout au fond de l'air ? Vais-je me demander si quelque chose meurt et si les hommes souffrent puisque tout est écrit dans cette fenêtre où le ciel déverse sa plénitude? Je peux dire et je dirai tout à l'heure que ce qui compte est d'être humain, simple. Non, ce qui compte est d'être vrai et alors tout s'y inscrit, l'humanité et la simplicité. Et quand suis-je plus vrai et plus transparent que lorsque je suis le monde? Instant d'adorable silence. Les hommes se sont tus. Mais le chant du monde s'élève et moi, enchaîné au fond de la caverne, je suis comblé avant d'avoir désiré.  L'éternité est là et moi je l'espérais. Maintenant je puis parler. Je ne sais pas ce que je pourrais souhaiter de mieux que cette continuelle présence de moi-même à moi-même. Ce n'est pas d'être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d'être conscient. On se croit retranché du monde, mais il suffit qu'un olivier se dresse dans la poussière dorée, il suffit de quelques plages éblouissantes sous le soleil du matin, pour qu'on sente en soi fondre cette résistance. Ainsi de moi. Je prends conscience des possibilités dont je suis responsable. Chaque minute de vie porte en elle sa valeur de miracle et son visage d'éternelle jeunesse."

 

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ALBERT CAMUS

http://toobanal.canalblog.com/archives/2014/02/07/29137415.html

 

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le-jardin-sauvage

 


HISTOIRES DE SOIFS...Extrait

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Espaces forain

espace d'épines

où vagabondent les yeux nomades.

 

L'ailleurs

remue toutes nos errances.

 

L'ailleurs unique

toujours recommencé,

loin devant nous.

 

C'est là

que se prépare la vie

entre l'ouvert et le fermé.

 

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EMILE HEMMEN

 

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NOMADE

LE BRUISSEMENT DES ARBRES DANS LES PAGES...Extrait

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Riches de ce qui nous manque
la grâce enfin serait
d’être touchés
à l’invisible de ce que nous sommes

Toute paroi devenue transparente
sans retrait ni
dérobement
nous irions partout l’âme nue

 

Faite d’instants absolus notre vie
tirerait son ultime sens
de la métamorphose
dont la chrysalide déjà nous enveloppe

 

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GILLES BAUDRY

 

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VIE

 

 

 

 

 

UN ARBRE EN MA MEMOIRE

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 Un arbre unique et solitaire fait offrande de ses ramures au ciel incandescent.

Nul ne sait par quel stratagème il a, dès son enfance, échappéà la main prédatrice de l’homme armé de fer, à la dent avide de l’animal famélique, à la rareté de l’eau et au dard du soleil plus que nulle part au sommet de son ardeur.

Alentour est le désert infini submergé de silence séculaire parfois troublé par la rumeur lointaine de troupeaux évanescents allant sur les dunes et les immenses plateaux ensemencés de rocailles.

Ici, l’espace et le temps sont confondus l’un par l’autre tenus, et n’ont d’autre mesure que la démesure de l’éternité. Dans cette vastitude lunaire librement parcourue de bise en février ou de vent en ouragan de sable, rugissant d’une fureur dont on ne sait la raison, l’arbre demeure en patience témoin superbe et pathétique d’un temps révolu.

En m’approchant de la colline où il se tient en vigile de silence, il grandit à mes yeux. Il s’anime à mes oreilles et la main qui en caresse le tronc me dit sa puissance.

Des battements sourds se font entendre. Je ne sais d’abord leur provenance, ils sont de mon propre cœur.

Car ici la rareté de la vie donne à la vie sa vraie mesure. Et en contemplant cet être magnifique drapé des secrets d’une longue histoire qu’il est seul à pouvoir conter, j’imagine ses innombrables compagnons que la terre nourrissait pour en être mieux nourrie.

Et dans cette réciprocité vitale s’exprimait toute l’intelligence de la vie car l’arbre n’est pas seulement racine, tronc, branche et feuillage, il est un pont vertical unissant les forces telluriques à celles du cosmos.

Il est prière incessante adressée à l’univers pour attirer tous les bienfaits de la vie sur la terre et les humains et sur toute créature de la création.

Tuer les arbres hors des nécessités d’une vie simple, c’est commettre un grave préjudice à la vie. C’est un délit passible des plus grandes tristesses. Les arbres disparus, il ne restera plus que vide et solitude et désert jusque dans les cœurs.

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PIERRE RABHI

 

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pierre

 

 

 

 

L'INVITATION

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J'ai accepté l'invitation...

J'aurais dû m'abstenir. Installée autour de la table, je participais, en les écoutant, aux discussions banales ... Et le " taureau " est arrivé dans mon assiette !  Il n'a pas fallu longtemps pour que l'on me fasse monter au créneau, il a suffit d'un mot : " corrida " ... La maitresse de maison en était " dingue ", c'était son mot. Dingue des arènes bondées d'aficionados hurlant à la mort, dingue du matador dans son habit de lumière ...Et surtout dingue d'une mise à mort qui lui procurait un immense plaisir, si elle était réussie. Une mise à mort" ratée" ne l'intéressait pas du tout... J'ai cru m'étouffer, elle n'aurait pas dû me dire que tous les invités à qui elle préparait la gardiane se léchaient les babines. Je m'entends lui asséner que " c'était peut être des morts de faim , car après l 'avoir entendue, il fallait avoir faim pour se régaler " Elle avait bien compris que je n'aimais pas les corridas, mais elle a insisté sur l'ambiance, sur la bête qui de toute façon n'était qu'un boeuf qu'on élevait comme un roi, destinéà une fin honorable... Je passe les détails sur la sortie du taureau, qu'elle arrivait encore à apprécier...Provocante et cynique elle m'a même proposé d'assister à une corrida. Elle me prenait pour une imbécile. Je l'ai remerciée. J'ai repoussé mon assiette au centre de la table doucement et lui ai demandé d'où lui venait ce sadisme et ce goût pour la cruauté, qui lui permettait d'atteindre une jouissance probablement, rien qu'en racontant les faits... Elle a blémi et j'ai profité pour lui porter l'estocade ... Je sais, la bienséance en a pris un coup, mais tant pis ... Je lui ai demandé si elle n'avait pas besoin d'un autre genre de taureau bien couillu pour avoir de telles sensations, lesquelles se jouaient dans une autre arène, mais qu'elle n'emporterait ni l'oreille, ni la queue...Elle a préféré ne plus poursuivre la conversation et a présenté un autre plat qu'elle n'a pas commenté...Pourtant, il y avait encore de quoi se révolter...mais sachons raison garder !!! 
La soirée ne s'est pas prolongée, je pense que tous avaient assez de cet étalage en tout genre. Pauvre Tartarin ...Tu n'as pas que des lumières dans ta petite ville de Tarascon ... con.  

 

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JOSIANE

 

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Oeuvre Pablo Picasso

JEAN-MICHEL SANANES

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Cosmique,
la douleur glisse dans le silence,
glisse comme le serpent déroule la nuit.
Partout
les écrans s’agenouillent
au confort des consciences

Être un homme et ne pas savoir
où habite la douleur,
est-ce cela le bonheur ?

Un silence blanc
un silence noir
oblitèrent des douleurs-poignards
et le cri majuscule que devrait porter chaque conscience.

Devant les écrans
et les flonflons de vos fêtes,
passent l’hermine et le vison,
coule le champagne.
Dehors une douleur cosmique,
venin silencieux,
déporte la raison.

Partout
les écrans s’agenouillent
au confort des consciences
et, minuscule,
le cri se meurt d’indifférence.

À regarder l’ignominie triomphante
des massacreurs de vie,
à voir l’acharnement de tous ceux
qui, au nom de la raison économique
usent et abusent de la douleur du vivant,
à voir ceux qui tirent leur jouissance
de la contemplation de la mort et de la souffrance,
je m’arrache le cri
jusqu’au plus profond de l’humain

Où sont donc passés les jardiniers de l’amour
quand l’homme, chaque jour,
répète les mêmes crimes et les mêmes silences ?

17 heure 04
Télé aveuglement éteint
J’ai vu les Himmler de laboratoire
et leur satisfaction dégoulinante sur la souffrance des victimes.
J'ai vu les marchands de foie gras
éviscérer à vif sans mesurer leur crime.

J’appelle au cri et à la colère
tous ceux qui s’élèvent contre la douleur industrielle,
tous ceux qui s’insurgent
quand on parque et encage des animaux
dans des espaces d’engraissements si petits,
qu’ils ne quittent leurs mangeoires
que pour rejoindre l’abattoir.

J’appelle à l’insurrection des cœurs
tous ceux qui hurlent contre les mises à mort
sans jamais dénoncer
ni la barbarie ni l’abomination
des camps de concentration
qui précédent l’extermination du vivant.

Je dénonce le silence,
et les coupables de silence.
Je dénonce ceux qui tolèrent l’élevage industriel,
l’écorchement des bébés phoques,
le démembrement à vif des grenouilles,
l’amputation des requins jetés à l’agonie,
le massacre des dauphins.

Je dénonce ces fausses civilisations
qui, au nom de la coutume et du spectacle,
plantent leurs lances et leurs épées
dans la douleur des taureaux.

Je désigne comme criminels
ces scientifiques pervertis
qui fabriquent des pondeuses génétiquement trafiquées,
et qui, du haut de leur suffisance,
exercent leurs sorcelleries expérimentales
sur nos cousins les primates et des millions d’animaux.

17 heure 24
Télé aveuglement fermé,
j’ai vu et j’affirme
que devant le bâillonnement des consciences
je préfère être clown et poète,
ami d’un bonobo qui essuie les larmes de son maître,
ami de n’importe quel chien qui protège un enfant,
que de me sentir frère
d’une engeance de laborantins qui martyrise des lapins, des singes et des chats.
Et j’affirme être étranger
à leurs congénères arracheurs de fourrures,
tueurs de rhinocéros, d’éléphants, de tigres, et d’ours
et de tous autres industriels de l’élevage intensif.

Le vivant, Messieurs les tortionnaires,
ce n’est pas que de la viande
ou son équivalence en fric.
Le vivant est un chant de joies et souffrances ordinaires,
cette souffrance que vous distribuez si généreusement
tant elle ne vous coûte rien
et tant vous la niez !

L’homme originel est devenu produit économique
conditionnéà prendre, profiter, tuer.
il ne sait plus rien de l’essentiel,
des valeurs non négociables.
Il ignore volontairement le respect de la vie.
Les frontières de son univers sont courtes :
Il va que de son ego à son ambition,
les autres n’existent pas.
S’il le faut, demain,
il fera de ses semblables des denrées utilisables,
des unités de travail,
de la matière médicale destinée à réparer les puissants.

L’homme nouveau a hypothéqué son âme
il est devenu un expert en profits !

Mais l’homme existe-il sans compassion ?

Messieurs les rationalistes,
Messieurs les productivistes,
je vous accuse
d‘avoir fait du monde
un Dachau à ciel ouvert
pour les animaux,
mais pas seulement,
d‘avoir fait du monde
un Dachau à ciel ouvert
pour tous ceux des vôtres
que vous jugez inférieurs !

Vous vous croyez homme-étalon
mais c’est votre brutalité
que vous avez érigée en modèle sociétal.

Je vous accuse
d’avoir fait un monde à votre image
où le barbare vit sans uniforme,
où les galons se prévalent du sang et de la sueur versés.

Je vous accuse
d’avoir fait de la vie des hommes,
des animaux et de tout le vivant,
une marchandise soumise à vos appétits démesurés.

Messieurs les rationalistes
Messieurs les productivistes
vous ne savez plus ce que c'est qu'être humain.

Car être Homme,
c’est être capable de mesurer la portée de ses actes,
c’est savoir différencier la justice et l’infâme,
c’est porter en soi un devoir de fraternité et d’humanité
envers tout ce qui vit.
C’est savoir qu’aucun profit ne doit naître de la souffrance d'autrui.
Être Homme
C’est se savoir responsable et respectueux de la vie,
de toute la vie.

Cosmique,
la douleur glisse dans le silence,
glisse comme le serpent déroule la nuit.
Partout les écrans s’agenouillent.

J’appelle à la Conscience.

 

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JEAN-MICHEL SANANES

 

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vivisection-cats

 

SUSPENS...Extrait

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Îles du temps, de notre aire de temps,
La quaternaire, où nous aurons fait escale
Dans l’attente de notre île dernière
Héritiers de havres clés en main
Sitôt émergés de la mer maternelle
Mangeant à la table des aïeux, dans leur faïence
Ou leur porcelaine, dormant entre leurs draps
Sous les images dont ils avaient meublé leur île
Et ces visages connus inconnus allumaient
Des feux de mémoire, creusaient sous la mer
Des galeries où nous jouions et rêvions
Dans l’oubli du naufrage lent de notre île

 


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CLAIRE MALROUX

 

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LAS PALABRAS PUEDEN

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Il est des univers à l’envers où les enfants travaillent,

Où les grands jouent aux cartes et s’adonnent à des riens.

Je hais les uniformes, les formes uniques où les têtes se nivellent ;

Je hais  les terres plates des villes où monts et vallons se confondent,

Les faces sans relief où l’humeur est égale et l’affect sans nuance.

Je déteste les mondes où, faibles, sans défense,

Les marmots sont pareils à des vieux en enfance,

Aux piliers fragiles d’une terre en démence.

 

J’ai l’ âge des chiens, tous les ans j’ai dix ans.

Aujourd’hui j’en ai six et cela fait soixante.

Plus vite que mes os je grandis, plus vite que mon âme.

Pour moi, jamais une caresse, jamais un mot aimable.

Je préfère être un chat plutôt qu’être un enfant. On m’aimerait davantage.

 

Sur rue point de pignon, pour moi nul baptistaire.

Je n’ai point de pays, je suis une frontière.

J’ai un nom africain et qui sonne haïtien ; je parle dominicain

je sais dire en trois langues des choses qui déplaisent.

Dans notre case étroite point de petit écran.

Pourtant au grand jour passent des films porno.

Et dans mes sommeils mon esprit déraille

ne sachant plus si j’en suis spectateur ou acteur.

 

Je hais, oui je hais jusqu’à ma mère

Puisqu’elle est partie sans me dire à plus tard.

A quoi servent les guerres, et pour qui et pour quoi ?

Soldat, veux tu te battre pour ma soeur, pour moi ?

A quoi bon la culture?

Fermier, j’ai faim, veux-tu planter pour moi ?

Veux-tu cueillir sur l’arbre de la vie

Un bouquet d’oxygène, un rameau de bonheur

Pour un fils de personne qui quémande de l’air?

On te dit spécialiste en tout, en droits de l’homme.

Voudrais-tu, cher monsieur, prendre ma défense

Et me me servir de père, adopter un petit mendiant sans-maman ?

 

Je ne fais qu’enculer les mouches qui s’abreuvent de ma morve,

Qui font la ribambelle dans le carnaval de ma peau brune

Et de mes cheveux roux, ces couleurs que je porte comme un fanion

Comme le drapeau de la victoire des autres sur ma cause perdante.

Je n’ai point le courage de me moucher. Lave-moi, s’il te plaît, lave-moi de ma plaie.

Ote-moi, je t’en prie, ma crasseuse chemise. Enlève-moi ma teigne, ma dégueulasse mise.

Pardonne-moi la faute que je n'ai point commise.

 

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JEAN-ROBERT LEONIDAS

 

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PATRICK CHEMIN

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Il y avait au fond de ce puits des merveilles et de la mémoire. Des étendues de jeunesse sous l'ondoiement des prairies. Il y avait un violoncelle à l'étage, une jeune femme dans sa robe blanche qui jouait Bach un sourire dans les yeux. Il y avait de la mémoire tout au fond du puits et tout en haut de la lumière. Cette lueur était disponible et bienveillante à toutes les heures du jour. Nous avions traversé tant de nuages dans l'épaisseur rugueuse de la vie et toutes ces paroles qui jadis nous blessaient semblaient disparaître et s'envoler dans les cantates du vent. Il y avait cette lumière tout en haut et chacun de nous semblait la nommer de façon différente. Peu importe, cette lumière était bienveillante et nous aidait à parcourir les périples du corps : l'amour et tous ces possibles mais aussi la maladie entre les doigts de Saturne. Il y avait tout en haut de la lumière et nous pouvions accorder nos souffles au souffle de la vie. Nous étions dans ce puits depuis toujours entre l'eau et le ciel, nous étions entre profondeur et légèreté, et le vent des étoiles nous portait de bas en haut. Et s'il y avait un sens à la vie il était dans cette paix des éléments et le sentiment soudain d'être vivants. Il y avait cette lumière tout en haut ...

 

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PATRICK CHEMIN

 

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CHE

AGNES SCHNELL...Extrait

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Ce que tu crois stable
n’est qu’errance
liberté d’un rêve oublié
chemin d’un autre passage.

Ce que tu crois stable
n’est que province abandonnée
dévastée lapidée
sans refuges pour les crues
étranglée
tels des souvenirs serrés dans un mouchoir…

 

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AGNES SCHNELL

 

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AGN

MORT D'UNE MESANGE

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Une fenêtre ouverte
sur l’espace convoité.
Au loin sentes secrètes
profondes eaux
dont l’écho revient bouleversé.

Un matin sonore
un souffle d’air,
mille leurres pour un oiseau.
La vitre effacée
et le voici éperdu en ma demeure.

Dans le flux de lumière
quelle voie pour l’autre côté ?


Un corps minuscule
poids léger de plumes
et de peurs
puis l’immobilité…

Tu es tout entier ce cœur
qui s’affole.
Tu es tout entier ce cœur
dans l’envie de durer
et qui s’arrête.

 

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AGNES SCHNELL

 

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MESA

 

 

 

TERRE DE DIAMANT...Extrait

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A présent l'espace immense

est tout autour de moi

et toi fleur d'or

tu es en moi

 

l'art d'Orient dont j'ai fait mon étude

c'est ta chair et tes os

la courbe de ton oeil

ta langue et sa musique

 

en face

de tes seins nus

la religion perd toute réalité

 

et la beauté lisse

de ton ventre amoureux

accomplit la philosophie

 

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KENNETH WHITE

 

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Photographie Mariska Karto

LA SOLITUDE...Extrait

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"C'est ce désir qui donne aux arts et aux sciences leur vigueur, ces arts et ces sciences qui sont l'honneur et le prestige des civilisations, le témoignage et le don muet d'amour, par delà le temps qui les a engloutis dans la mort, des individus des temps révolus et des civilisations passées. Nous recevons de ces désirants disparus, messagers du Réel, en leur temps inconscients de l'être, qui ont su faire oeuvre d'amour dans le langage qu'ils nous ont transmis, dans le matériau qu'ils ont marqué de

leur volonté de survivre jusqu'à nous, les créations de leur désir à la rencontre du nôtre, nous incitant à notre tour à transmettre par notre travail les fruits du nôtre, étreints par la solitude que nous sommes tous. Ce désir nous incite à nous associer avec ceux dont nous sommes séparés dans l'espace et à laisser après nous le témoignage de nos oeuvres aux générations qui suivront"

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FRANCOISE DOLTO

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CHRISTIAN ARJONILLA

Oeuvre Christian Arjonilla

 

 

 

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