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Channel: EMMILA GITANA
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GASTON BACHELARD

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Les mots - je l'imagine souvent - sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de-chaussée, toujours prêt au commerce extérieur, de plain-pied avec autrui, ce passant qui n'est jamais un rêveur.

Monter l'escalier dans la maison du mot c'est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c'est rêver, c'est se perdre dans les lointains couloirs d'une étymologie incertaine, c'est chercher dans les mots des trésors introuvables.
Monter et descendre, dans les mêmes mots, c'est la vie du poète.

Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l'aérien. Seul le philosophe sera-t-il condamné par ses pairs à vivre toujours au rez-de-chaussée ?

! DIAMON~11

 

GASTON BACHELARD

 

! DIAMON~11

 

bachelard

 

 


MOSANE OU PRESQUE...Extrait

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L'Ardenne…

                           J'habite

où les pierres ont manière d'hommes,

où les murs précaires en savent long.

 

La source prend très haut son cours

au delà des êtres privés d'enfance..

 

Ici,

la peau est folle d'un rien

d'une visite d'insecte

d'un gonflement de pulpe,

ni heurts ni prières

ne pourrissent les fruits par le centre.

 

Tout est instant

tout est attendu

et nous allons, aveugles souvent,

étreints par tous nos morts.

 

C'est ici que j'habite

à l'écoute des choses,

cri des argiles

ou éclatement des mousses.

 

Ici , le poème vient de peu :

d'une glissade du soleil

de la sourdine des mousses

qui rongent.

 

Ici , le poème se vit :

il naît

du babillage des sources

et de l'imperceptible souffle

des chemins nus.

 

Ici , le poème est matière :

il est dans toutes les plissures

dans le tragique des arbres

si tortueux

que le promeneur s'arrête

curieux du mystère.

 

Ici , le poème se déchire :

de l'oubli de l'eau

à la tension extrême

des rives

il se voile de pluie

et s'alourdit

de l'invisible.


  

Dans mon pays

les poètes viennent

d'une respiration d'herbe

d'un soupir de fougère…

Ils en savent les racines

et se perdent

dans chaque déroulement.

 

Leur verbe

grandit dans le silence.

Il s'insinue

jusqu'à la limite du mystère

et enserre la conscience.

 

On les croise

sans les reconnaître

et ce n'est pas

la moindre blessure !

Alors

leur regard glisse

et atteint la mollesse des fleuves

comme pour s'y reposer.

  

Une fenêtre s'ouvre.

De grandes étendues

d'arbres et d'eau,

y chercher l'oubli

ou l'absence de soi.

Puissant        constant

l'invisible s'installe

sur la page où rien

ne sera écrit.

 

La vie palpitante

dans le remous d'orage

ou dans la sève

qui inonde soudain,

la vie s'éparpille

tout est illisible.

   

C'est un monde singulier

de terres érodées

un monde étrange de courbes et de poids

d'ombres et de gestes usés.

 

Il fallait vers l'indicible

tendre

ses nœuds

ses rêves épuisés…

Il fallait mêler

la boue à l'infini

et tout défricher

et tout arracher à la confusion.

 

Il fallait taire l'élan

qui jaillissait d'un jour à peine visible,

taire surtout

l'angoisse obstinée

qui marquait chaque passage.

Il fallait se libérer…

 

 Il fallait choisir

l'indifférence

ou l'âpreté

il fallait creuser…

 

Forêt

unifiée

primitive

peuplée de mythes

et de souvenances

et de destins anonymes

trop portés par le hasard

masqués par l'habitude

et les nuits sans réalité,

tout était proche

encerclant

écrasant.

 

Il fallait se dégager

et partir

oser partir…

 

! DIAMON~11

 

 

AGNES SCHNELL

 

! DIAMON~11

 

 

tombeau-du-geant3,

MOTS, MOTS, MOTS

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Tous ces mots dont on avorte par rage, par colère ou dégoût, tous ces mots qui nous brisent de l’intérieur, sournoisement, sans éclats, sans rien laisser paraître sinon peut-être une soudaine matité du regard, une lenteur du geste, tous ces mots inquiétudes taraudantes qui minent insensiblement…

Tous ces mots que l’on crache par dérision, par rejet.
Un semblant de détachement qui ne laisse que sable et cendres dans la bouche, amertume, morosité, nostalgie qui racle et creuse parce qu’on veut plus encore, parce qu’on veut jusqu’au bout.

La tête saturée, les mains déjà vidées à peine remplies, il faudrait donner sans cesse et recevoir quoi ? Le vide des autres, leurs masques usés ou difformes, leur cœur atrophié de trop d’amour d’eux-mêmes… A donner tant, on reçoit quoi ? Courants d’air, asphyxie, remontées d’aigreur, caresses à rebrousse-poil, aspirations brutales, irrésistibles et blessantes…

Tous ces mots qui empoisonnent et qu’on se jette et se lance de l’un à l’autre par crainte d’être brûlé, sans craindre l’incendie pour les autres.

Ces mots qui devraient nous porter, nous haler, nous tracter vers les angles, puis vers la lumière, tous ces mots deviennent poison, venin, ciguë par dépit, par crainte d’un abandon, par désespoir. Ces mots, que l’on voulait caresses, se rebiffent, se redressent et crachent de leur gueule reptilienne des salves de violence, de barbarie.

On s’asphyxie, comprends-tu ? On s’asphyxie avec nos mots-amours toujours larvaires. On suffoque, on étouffe, on s’étrangle, on se noie quand l’autre nous assomme de mots fossiles, creux, inutiles, quand l’autre nous bombarde de mots contondants, durs, anguleux, rebelles. On a mal, tu sais. On a mal à l’âme.

Alors, on n’a plus envie d’entendre, d’écouter, de comprendre. On se ferme, on se clôt, on se mure. On est sourd, aveugle, muet, insensible. On boucle son cœur à double tour, on se cloître, on s’isole.

On est de pierre, de marbre, de basalte. On est minéral. On ne perçoit plus rien si ce n’est la palpitation obsédante de notre cœur qui bat pour l’autre, pour les autres et qui attend le moment où il va se donner encore et encore… Au risque de s’épuiser.

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! DIAMON~11

 

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AGNES SCHNELL

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tham 10,

Photographie Thami Benkirane

 

AGNES SCHNELL...Mémoire

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Un être qui "s'éteint" ne fait , tel le soleil , qu'étendre sa lumière sur un lieu différent , poursuivant sa course sur le chemin.

! DIAMON~11

 

Vole, vole mon bel oiseau !  Toi qui aimais tant la nature, les arbres, le chant des merles, les être épris de liberté...Un jour, tu as dit " Lorsqu'on a une amie, on se choisi une soeur..." Une soeur, tu le fus pour moi, au delà de toute considération familiale, et ces quelques années avec toi me furent précieuses... Je te remercie ma douce, Agnès, ma soeur, pour tous les moments partagés.Tu nous manqueras à tous, et continueras àêtre présente dans nos coeurs à travers tes mots, c'est la dernière parole que tu m'as soufflée en disant que tu m'aimais ... Je pense aux tiens, à tes amours - Daniel, Eve, Emmanuel, Natacha, Pauline et petit Pierre...Je t'aime ma douce Agnès, tu me manqueras terriblement mon Amie...

 

! DIAMON~11

Tes mots Agnès.....

 

Ma langue accroche un peu plus
chaque jour.
J’ai porté mes mots
en mon poing trop serré.
On entend mon cœur y battre
à chaque soubresaut
à chaque orage.

Reviennent des fragments
des éclats d’enfance,
jonquilles et coquelicots
chants et chimères
courses pour échapper au vent
ou à l’autre…

! DIAMON~11

 

Restera-t-il en tes mots
quelque image
qui parlera de ton absence ?
Restera-t-il en tes mots
un peu de l'haleine tiède
qui leur donna des ailes ?

Demain tu attendras
comme on espère la pluie
ou la nuit parfois.
Dépouillé de cette poussière
qui te blessait
qui en blessait d'autres,
tu partiras les mains vides…

! DIAMON~11

 

À ce qui n’est que peau
ou écorce
à ce qui est nébuleux

ténu
au point d’être improbable

j’oppose
les petits pas pressés de l’infime
le rire des voix humides
la chute des oiseaux dans l’indifférence
le flux caressant pour les immergés
la main retenant le sang
d’une plaie invisible...

Tout ce qui est fragile
nous est essentiel.

! DIAMON~11

 

Et ceux que tu aimais...

 

Le jour où sans le savoir
nous faisons une chose pour la dernière fois
- regarder une étoile,
passer une porte,
aimer quelqu'un,
écouter une voix -
si quelque chose nous prévenait
que jamais nous n'allons la refaire,
la vie probablement s'arrêterait
comme un pantin sans enfant ni ressort.

ROBERTO JUARROZ

 " Quinzième Poésie Verticale ", extrait

 

! DIAMON~11

 

Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe.
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque.
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

 

BENOIT MARCHON

“L’Arbre et la graine”

 

! DIAMON~11

 

L'arbre est puissant et doux.
Il porte des étoiles.
Un jour, sauvagement, j'ai pris l'arbre en mes bras.
J'ai baisé son feuillage
En prononçant tout bas
Des mots que l'azur seul m'autorise à redire
Des mots qui n'ont de sens qu'au moment du délire
Puis, nous nous sommes tus, longuement, tous les deux
Et j'ai senti sous moi trembler le corps d'un dieu.

 

ARMAND BERNIER

 

 

! DIAMON~11


 

 

rex preston2

 

 

A CEUX QUE J'AIME ET QUI M'AIME - POUR AGNES...

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Pensées pour Agnès Schnell et les siens

 

 

Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j’ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !

Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m’avez apporté !

Je vous remercie pour l’amour que chacun m’a démontré !
Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.

Nous ne serons séparés que pour quelques temps !
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !

Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je sera là,
Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
La douceur de l’amour que j’apporterai !

Quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir,
Absent de mon corps, présent avec Dieu !

N’allez pas sur ma tombe pour pleurer !
Je ne suis pas là, je ne dors pas !

Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d’automne,
Je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l’étoile qui brille dans la nuit !

N’allez pas sur ma tombe pour pleurer
Je ne suis pas là, je ne suis pas mort

 

! DIAMON~11

 

 

POEME AMERIDIEN

 

 

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AGNES,

FERNANDO PESSOA...Extrait

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Si je me sens sommeil,
Et si je veux dormir,
En cet abandon-là
Qui est ne-pas-sentir,

Je veux que ça arrive
Dès lors que je viendrai
À appuyer ma tête,
Non sur un sol quelconque,

Mais là où sous des branches
Un arbre produit l'ombre
Où nous pouvons trouver
L'ombre de la paix même.

! DIAMON~11

 

 

FERNANDO PESSOA

 

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pessoa

 

 

UN ETRANGER, AVEC SOUS LE BRAS, UN LIVRE DE PETIT FORMAT...Extrait

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Je suis un silencieux. Je me demande, grâce au recul que je prends, maintenant, avec ma vie, si ce goût prononcé pour le silence n’a pas son origine dans la difficulté qui, de tout temps, fut la mienne, de me sentir d’un quelconque lieu.

Avant de connaître le désert, je savais qu’il était mon univers. Seul le sable peut accompagner une parole muette jusqu’à l’horizon.

Écrire sur le sable, à l’écoute d’une voix d’outre-temps, les limites abolies. Voix violente du vent ou, immobile, de l’air, cette voix vous tient tête. Ce qu’elle annonce est ce qui vous agresse ou écrase. Parole des abyssales profondeurs dont vous n’êtes que l’inintelligible bruit ; la sonore ou l’inaudible présence.

S’il fallait une image au Rien, le sable nous la fournirait.
Poussière de nos liens. Désert de nos destins.

! DIAMON~11

 

 

EDMOND JABES

 

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desert-sable-vent

 

 

 

 

LA TRAVERSEE DES OMBRES...Extrait

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C'était la fin de l'été, à la tombée du jour - faut-il dire tombée du jour ou de la nuit ? - chez des amis, à la campagne. Un moment de douce mélancolie : l'automne s’annonçait, je m’apprêtais à quitter mes hôtes, sans doute pour longtemps.

Au-delà des limites du jardin, avec sa pelouse fraîchement tondue, ses fleurs, sa tonnelle : un chêne. Je l'avais vu, admiré, ce chêne, plus d'une fois, son fût bien droit, sa ramure puissante, son feuillage que le vent faisait légèrement vibrer, ses racines noueuses, sa cime. Il me donnait un sentiment de plénitude comme il m'arrive d'en connaître devant certaines peintures. Il était à la fois une forme accomplie et une force vitale. Il se suffisait à lui-même.
Il était l’Arbre. Il était.

Et voici que ce soir-là, pour la première fois, je vis une ombre immense recouvrir la pelouse du jardin. C'était l'ombre du chêne, une ombre qui lui donnait encore plus d'ampleur en accentuant ses dimensions jusqu'à ne plus lui assigner de limites précises. Ce que n'avait pas réussi à me faire percevoir la fréquentation des dictionnaires et des ouvrages savants, l'ombre du chêne me le révéla.
Je sus en ce lent glissement du jour vers la nuit ou de la nuit sur le jour, je sus enfin ce qu'est une ombre portée.

Dans le même temps, une étrange, une folle pensée me vint : ce chêne, si vigoureux qu'il fût, finirait bien par mourir et alors il ne resterait de lui que son ombre, une ombre qui ignorerait le temps qui passe, une ombre hors du temps, présente le jour comme la nuit.

! DIAMON~11

 

 

JEAN-BERTRAND PONTALIS

 

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chene2

 


POST-SCRIPTUM 16

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Une nuit de clairière
plus damasquinée de tendresse
qu’un papillon spectre
Les roches silencieuses
parleront à pierre tremblante
la dragée fendue d’un seul cri
à la gorge du pendu
totem entourés d’oiseaux
totem emmaillotéà la tornade
des rouge gorges
qui furent
des hommes
des femmes
des enfants
tous fauchés
et réduits
à leur grelot
maudit

Mais jamais
palais et royaumes écroulés
colonnes d’acier hérissé
vous n’aurez à vos cimes
vos donjons et vos douves
L’unique avancée coulissante,
le pas de statue
La blancheur crue de passerelle où ira
entière, pure, intégrale, massive et lustrale
La momie de feu revenue de l’enfer
pour embraser à la somme des bûchers
à l’écroulement des potences et des pals
Le fulgurant seigneur au cadavre de lumière
Le héros innéà plastron phosphorique
Le coffré vertébral du lancement perdu à l’os
comme abattu dans les affres
L’homme-fusée qui soudéà la rampe de son os
Clouéà la rouille de ses pluies
s’arrache aux mitrailles des affres
aux années crucifiées
aux ravalements de caillots
et démembrements à vif
pour l’impact et le blast
le choc galvanique
de la statue électrique
aux milles caresses
de pureté cuirassée
aux traits de la face,
à force de broyage
sur toute la ramure
de l’arbre de nerfs,
à force d’étoile au cœur
et l’étoile vit
et le cœur
tombe

! DIAMON~11

 

 

NICOLAS ROZIER

 

! DIAMON~11

 

 

CHENE3,

 

 

LETTRES A UN JEUNE POETE...Extraits

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L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'amour de l'être aimé.

...

L'amour est difficile. Que deux êtres humains s'aiment, c'est sans doute la chose la plus difficile qui nous incombe, c'est une limite, c'est le critère et l'épreuve ultimes, la tâche en vue de laquelle toutes les autres ne sont que préparation. C'est pourquoi les jeunes, débutants en toutes choses, ne savent pas encore pratiquer l'amour : il faut qu'ils l'apprennent. De tout leur être, de toutes leurs forces concentrées dans leur cœur solitaire, inquiet, dont les battements résonnent, il faut qu'ils apprennent à aimer. Mais le temps de l'apprentissage est toujours une longue période, une durée à part, c'est ainsi qu'aimer est, pour longtemps et loin dans la vie, solitude, isolement accru et approfondi pour celui qui aime.

....

Le plaisir physique est une expérience sensible qui n'est en rien différente de l'intuition pure ou du sentiment pur dont un beau fruit comble la langue ; c'est une grande expérience, infinie, qui nous est accordée, un savoir du monde, la plénitude et la gloire de tout savoir. Et ce qui est mal ce n'est pas que nous ressentions ce plaisir ; ce qui est mal c'est que presque tout le monde mésuse de cette expérience et la dilapide.

...

Votre doute peut devenir une qualité profitable si vous l'éduquez. Il faut qu'il devienne savant, qu'il se mue en critique. Dès qu'il s'apprête à vous gâcher quelque chose, demandez pourquoi cette chose est laide ; exigez de lui des preuves, soumettez-le à examen, et vous le trouverez sans doute perplexe et embarrassé, peut-être s'insurgera-t-il aussi. Mais ne cédez pas, exigez qu'il fournisse ses raisons, et ne manquez pas d'agir en toute circonstance en faisant ainsi preuve de vigilance et de rigueur ; le jour viendra où, de destructeur il sera devenu l'un de vos meilleurs artisans — peut-être le plus malin de tous ceux qui construisent votre vie.

....

Presque toutes nos tristesses sont, je crois, des états de tension que nous éprouvons comme des paralysies, effrayés de ne plus nous sentir vivre. Nous sommes seuls alors avec cet inconnu qui est entré en nous, pouvant vous être de quelque secours ou utilité. De grandes et multiples tristesses auraient donc croisé votre route et leur seul passage, dites-vous, vous a ébranlé. De grâce, demandez-vous si ces grandes tristesses n’ont pas traversé le profond de vous-même, si elles n’ont pas changé beaucoup de choses en vous, si quelque point de votre être ne s’y est pas proprement transformé. Seules sont mauvaises et dangereuses les tristesses qu’on transporte dans la foule pour qu’elle les couvre. Telles ces maladies négligemment soignées et sottement, qui ne disparaissent qu’un temps
pour reparaître ensuite plus redoutables que jamais.

....

 

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RAINER MARIA RILKE

 

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Minwoo Sung2,

Oeuvre Minwoo Sung

LES VRILLES DE LA VIGNE...Extrait

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«Ô dernier feu de l’année ! Le dernier, le plus beau ! Ta pivoine rose, échevelée, emplit l’âtre d’une gerbe incessamment refleurie. Inclinons-nous vers lui, tendons-lui nos mains que sa lueur traverse et ensanglante… Il n’y a pas, dans notre jardin, une fleur plus belle que lui, un arbre plus compliqué, une herbe plus mobile, une liane aussi traîtresse, aussi impérieuse ! Restons ici, choyons ce dieu changeant qui fait danser un sourire en tes yeux mélancoliques… Tout à l’heure, quand je quitterai ma robe, tu me verras toute rose, comme une statue peinte. Je me tiendrai immobile devant lui, et sous la lueur haletante ma peau semblera s’animer, frémir et bouger comme aux heures où l’amour, d’une aile inévitable, s’abat sur moi… Restons ! Le dernier feu de l’année nous invite au silence, à la paresse, au tendre repos. J’écoute, la tête sur ta poitrine, palpiter le vent, les flammes et ton cœur, cependant qu’à la vitre noire toque incessamment une branche de pêcher rose, à demi effeuillée, épouvantée et défaite comme un oiseau sous l’orage… »

! DIAMON~11

 

 

COLETTE

 

! DIAMON~11

 

 

don smith photography

Photographie Don Smith Photography

TOUCHER TERRE...Extrait

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J’ai besoin de soleil de paille
 Dévalant au flanc des coteaux.
 J’ai besoin de rêve en ripaille
Et de glycines en berceaux.  
 J’ai besoin d’un été de sable
Pour heurter ses pièges dorés,
 Besoin de rus intarissables
Et de feuillages ajourés,  
 D’un été de roc et de pierres,
 Pailleté d’azur et d’argent,
 D’un été d’étoiles trémières
 Et d’astres tournant dans mon sang.
  J’ai besoin d’un été de roses
Juponnant au cœur des buissons,
 J’ai besoin d’une saison close
 Immergée dans le bleu profond.
  J’ai besoin de fêtes stellaires
Arrêtées dans un creux du temps,
 D’un été de hautes bannières.
J’ai besoin d’un été chantant,
   D’un été pour être immobile
A son faîte, dans la clarté ;
 D’un été flambant et fertile,
 D’un été pour être enchanté ;
   D’un été noyé d’herbes folles,
 D’un été plein de grelots d’eaux,
 D’un été bouffant de corolles
 Et croulant de grappes d’oiseaux ;
  D’un été qui rit et ruisselle,
D’un été craquant et croquant
 D’un été qui pomme et pommelle,
D’un été pour mordre dedans.

 

! DIAMON~11

 



JACQUES ANDRE SAINTONGE

 

! DIAMON~11

 

 

chagall,

Oeuvre Marc Chagall

 

POEME A CRIER...Extrait VIII

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Tu as bercé tant de fruits
trop froids pour toi.
Ils n’ont pu te retenir
ni retenir la menace
de tes cyclones.

Le temps
les portes se ferment
les maisons se fissurent.
Tu as longtemps cultivé tes abîmes
tu attendais les soirs denses
où seuls le silence
 et ton âme parleraient.
Mais échappe-t-on à soi-même ?

Ah ! Ne laisse pas se rompre
ce fil qui relie
sans appuyer
ne laisse pas se perdre
la voix qui appelle.

Tant de fois
tu as consolé    écouté
et voici que le manque te blesse
et l’absence
ivresse barbare
pour ta soif
toujours trop grande
écrasante.

De ta voix appuyée
tu cries pour dominer
la marée.
Avec le jour se lèveront
d’autres évidences…
Espoir que la nuit
que ta nuit
a une fin.

Tu as toujours rêvé d’un pont
ou d’un quai désert
humide    maussade
où malgré tout
on t’attendait.
Tu as toujours rêvé d’un pont
dont tu ne voyais ni les piles    ni l’issue.

C’est de tes fonds lointains
de ta terre sans étoiles
que ta voix
aux autres se mêle.


Offrandes de lambeaux et de hardes
offrandes de linge
et de sang
treize fois corrompu
arrachéà de trop humaines blessures.

Offrande d’une voix
la tienne
qui n’a pour fin
qu’un commencement
un retour
vers une aube nouvelle.

 

! DIAMON~11

 

 

AGNES SCHNELL

Août 2003

! DIAMON~11

 

anett nettel,

Oeuvre Anett Nettel

 

 

LE MOT DE LA FIN...

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Quelques unes de tes paroles Agnès....

 ! DIAMON~11

 

"  Une heureuse fin de semaine à vous toutes et tous, amis ! Que le soleil soit avec nous. J'écoute le chant des merles... avant de partir au lac et en forêt.
A lundi !

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Je n'aime ni l'hiver ni les étés trop chauds... et ce depuis toujours. Seuls le printemps et l'automne m'attirent.

! DIAMON~11


Je vous salue toutes et tous qui passez... Au fond, pourquoi toute cette recherche, ce besoin de dire, de donner à voir ?

! DIAMON~11


Qu'as-tu enfermé dans ce poing crispé ? Un mystère, une douleur, une blessure ou une immense envie de vivre ?

! DIAMON~11


Il pleut... j'aime la pluie d'été, elle nourrit les fleuves et nos rêves. Pluie féconde sur nos mots, sur nos rencontres du jour... Bien à vous tous !

! DIAMON~11


Parfois, l'envie de déchirer ou d'effacer tout ce que j'ai écrit me prend "comme une mer"...

! DIAMON~11


Fatigue...
En ces temps difficiles, l'envie me vient souvent de cesser d'écrire, d'étouffer cette voix qui me cloue parfois, me réveille la nuit par sa puissance, me désespère au réveil par sa banalité...
Et si je me taisais ? Rien ne changerait dans le monde, sauf pour moi qui aurais davantage de temps pour mes autres passions, pour les miens, pour mes amis.
Alors ? Alors...

! DIAMON~11

A quoi ça rime d'écrire tout le temps , de saisir des étincelles et de se brûler les doigts ?

! DIAMON~11

Face à un vieux mur dressé, face à mon impuissance, à ma rage... Face au doute omniprésent qui me domine et me force à effacer, déchirer, détruire des brouillons, des bouts de textes qui ne seront jamais poèmes... Face à toutes les incertitudes, à l'indispensable solitude...

! DIAMON~11


C'est dimanche !
Je souhaite que ce jour soit ensoleillé pour chacun de nous. J'embrasse celles/ceux que j'aime.

! DIAMON~11


Il faut laisser infuser ses textes, comme le thé...

! DIAMON~11


Les yeux, les mains, la voix... tout ce que j'aime chez un être humain.

! DIAMON~11

Carmen, mes rêves sont souvent très beaux. Il m'arrive de les quitter à regret... mais la vie, la Vie nous attend toujours !

! DIAMON~11


Bonjour !
Un matin froid, mais heureux. J'ai retrouvé"mon" rêve récurrent cette nuit : une vaste maison où les livres occupent toute la place, même dans la cuisine, dans le réfrigérateur ! Mes proches, ma famille m'y attendent toujours... J'aime ce rêve !

! DIAMON~11


J'aime tous les arbres, les droits et les tordus, les lisses et les tortueux, les moussus et les rugueux, les harmonieux et les torturés, tous ! Ils ont en eux une force énergisante..

! DIAMON~11


Belle journée à vous, passants !
Combien je me sens proche de cette pensée !
« Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors. »
Rabindranàth Tagore

! DIAMON~11


Je n'apprécie pas les donneurs de leçons... ils ne se trompent jamais ? A voir ! Que sait-on de ce qu'il se passe derrière une porte close ? Que sait-on des égarements de l'autre ?
Evidemment, il est plus facile de se taire que d'avouer ses faiblesses...
Il va pleuvoir, la pluie va laver les pensées moroses. A demain, sans aucun doute !

! DIAMON~11

Mon état d'esprit du jour : je me sens aigle !
Si la métempsychose existe, j'aimerais devenir aigle... *sourire* De grandes ambitions, oui !

! DIAMON~11


La beauté n'a pas de bornes ni d'interdits...

! DIAMON~11


Hier, nous avons marché sur d'épais tapis de feuilles. J'en aime l'odeur et les froissements.
Je vous souhaite une heureuse semaine.

! DIAMON~11


Voici un de mes secrets : j'aime marcher pieds nus, sur tous les sols... J'aime éprouver la sensation d'être proche de la terre, de sentir la matière, la fraîcheur ou la chaleur, la résistance ou l'accueil...
Je vous souhaite une journée sensitive malgré le froid..."

! DIAMON~11

 

agnes-schnell

Agnès Schnell

 ! DIAMON~11

Tes voeux de 2013....


.
 " A vous tous, un grand bonjour amical ! A mes "plus proches", de gros bisous !
Je nous souhaite une année paisible, une année d'amitié et de douceur, de rêves accomplis, de créations et d'écoute, de compréhension des mystères de l'âme humaine et de compassion...

Ce n'est qu'un au revoir... à bientôt, j'espère, j'espère ! "

(2013 )


! DIAMON~11

 

E' una bella emozione vedere un mio disegno che si anima :)Animation: Maisam Shahimusic: Javad Ma'roofihttps://www.facebook.com/maisam04?hc_location=ufi

Posté par Toni Demuro Illustrations sur jeudi 17 décembre 2015

UN POEME

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A vous tous , amis et passants

! DIAMON~11



Un poème
ce n’est presque rien
c’est léger délicat
un mot de trop ou trop peu
et tout se corrompt

Un poème
c’est une porte ouverte
une source où se noie la pluie
un goûter de fruits et de chocolat
les pieds nus de l’enfance

c’est ce qui a été
ou n’est pas encore
c’est un frisson d’herbe
une odeur de saison mûre
un couloir frais où l’on se cache

c’est aussi
une écharde dans un poing durci
une invitation pour un exil
l’énigme d’une aile…

 

! DIAMON~11

 



AGNES SCHNELL

! DIAMON~11

 

 

 

magritte rené,

Oeuvre René Magritte

 

 

 

 

 


ARTIE SHEPP

LES RÊVEURS

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Il leur faut juste un peu d'eau
un rayon de soleil
un quart de galette
chaude si possible
et d'avoir entendu ne serait-ce qu'une fois
même dans une vie antérieure
les intonations à quoi on reconnaît l'amour
dans n'importe quelle langue.
Ces besoins étant
ils ne demandent rien.
Ils respectent le libre vouloir
de l'eau
du soleil
des mains qui d'une poignée de graines
tirent la pâte
la mettent à l'épreuve du feu
pour l'avènement du pain
des lèvres sachant capter l'instant de grâce
où le cœur battant dru
s'offre sans réserve.

 

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ABDELLATIF LAÂBI
Extrait de " Tribulations d'un rêveur attitré"

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RÊVE,

 

 

 

 

UNE HISTOIRE DE BLEU...Extrait

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J'ai tant et tant rêvé de trouver un arbre qui fût le mien, enraciné dans un coin d'herbe. Rêvé l'ombre paisible d'un feuillage lent qui bouge : rester là, assis pour un temps, le dos collé contre le tronc. Un arbre, faute d'une maison à soi. Un arbre seul contre lequel se tenir seul, adosséà l'écorce, face à l'horizon grand ouvert, et la route, le chemin, le temps. Les vertèbres soudées à l'obs­curité solide de ce tronc où la vie pousse obstinément. Au-­dessus, la lumière, agitée et sonore : son ciel vert et vivant.

Mes seules racines sont de papier : des livres, des pages accumulées, des lettres que je ne me résigne pas à jeter, des timbres découpés recueillis dans des boîtes. De mon arbre, n'existe que le feuillage, des feuillets pour des chants articulés par d'autres : ils se posent, puis s'envolent, ils ont de gais plumages et font des nids très haut perchés.


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JEAN-MICHEL MAULPOIX

 

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ARBRE3,,

 

 

 

 

PROFECÍA DE TU PIEL MARAVILLOSA

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Aunque nada sostiene la esperanza que canto
yo sumo aquí las sílabas del amor que te tengo
casi a tientas y pido que su fuego y su música
prendan el ruiseñor prisionero en tu torso.

Creo en un día soleado, mi esperanza lo siente
o lo quiere o lo teme o muere porque sea
cercano al fin sencillo como el puño de un niño.
Creo en el día luminoso en el que tú te rindas.

Podré atenerme entonces a tu piel verdadera.

Serás tú convertido en materia dulcísima.
Serás tú bajo forma de la forma preciosa
de tu cuerpo, en especie de sol y de hermosura.
Serás los treinta y siete grados maravillosos
que tu temperatura imprimirá en mis labios
y tu cuerpo será la mejor certidumbre.

Tú lo curarás todo, todo lo harás volverse
ceguera y luz de amor en la memoria nueva.
Las tardes solitarias, la verdad de las lágrimas
serán tan sólo suma de amor deslumbradora.

Fulgurará tu peso sobre mí repartido
miembro a miembro sellándome con tu forma adorada,
y el esplendor que irradian todas tus proporciones
traspasará los límites de mi piel hasta hacerme
hermano para siempre de la hermosura tuya.

En tu gemir rendido y en tu animal furioso
me será revelada la luz de tu persona.
Tu forma de abrazarme y el modo de tus besos
darán sentido al nombre que te dieron tus padres.
Y yo que no soy nada probaré la ternura
que tienes cuando entregas tu ejército vencido.

Pero antes, antes, antes, abriendo, inaugurando
más bello y silencioso que los amaneceres
de la historia del mundo, no sé de qué manera
tú me dirás que sí y me darán tus ojos
la entrada, y lo que era a fuerza de soñarte
pelo tuyo, ojos tuyos, ojalá que no haya
nada tras el instante en el que tú te entregues.
No prosiga la vida su tejido confuso.

Entonces será dulce temblar ante tu piel
y morir, y acercarme, y sentir solamente
esa extensión suave de Dios entre mis manos.

 

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 JUAN ANTONIO GONZALEZ-IGLESIAS

 

 

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Eduardo Argüelles 3,

Oeuvre Eduardo Argüelles

 

 

 

 

 

PROPHÉTIE DE TA PEAU MERVEILLEUSE

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Bien que rien ne soutienne l’espoir que je chante
j’additionne ici les syllabes de l’amour que je te porte
presque à tâtons et je demande que son feu et sa musique
retiennent le rossignol prisonnier dans ta poitrine.

Je crois en un jour ensoleillé, mon espoir le sent
ou le veut ou le craint ou meurt parce qu’il est
proche de la fin simple comme le poing d’un enfant.
Je crois au jour lumineux où tu te rendras.

Je pourrais alors m’en tenir à ta peau véritable.

Tu seras transformé en une matière si douce.
Tu prendras forme dans la forme précieuse
de ton corps, en une sorte de soleil et de beauté.
Tu seras les trente-sept degrés merveilleux
que ta température imprimera sur mes lèvres
et ton corps sera la meilleure des certitudes.

Tu guériras tout, tu feras tout devenir
cécité et lumière d’amour dans la mémoire nouvelle.
Les après-midis solitaires, la vérité des larmes
ne seront qu’une somme d’amour éblouissante.

Ton poids étincellera sur moi partagé
membre par membre m’imprimant ta forme adorée,
et la splendeur qu’irradient toutes tes proportions
outrepassera toutes les limites de ma peau jusqu’à
faire de moi pour toujours le frère de ta beauté.

Dans ton gémissement soumis et dans ton animal furieux
me sera révélée la lumière de ta personne.
Ta façon de m’embrasser et la manière de tes baisers
donneront du sens au nom que t’ont donné tes parents.
Et moi, qui ne suis rien, je gouterai la tendresse
qui est la tienne quand tu livres ton armée vaincue.

Mais avant, avant, avant, ouvrant, inaugurant
plus beau et plus silencieux que les aurores
de l’histoire du monde, je ne sais de quelle manière
tu me diras oui ni comment tes yeux me donneront
le droit d’entrer, et ce qu’était, à force de te rêver
ta chevelure, tes yeux, pourvu qu’il n’y ait
rien après l’instant où tu te livreras.

Que ne se poursuive pas le tissage confus de la vie.

Alors ce sera doux de trembler face à ta peau
et mourir, et m’approcher, et sentir seulement
cette suave extension de Dieu entre mes mains.

 

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JUAN ANTONIO GONZALEZ-IGLESIAS

Traduction Jean-Marc Undriener

http://www.fibrillations.net/Juan-Antonio-Gonzalez-Iglesias

 

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Brooke Shaden Photography9,

 

Photographie Brooke Shaden photography

 

 

 

 

 

 

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