La lune l'amour la lune les treilles de bois noir
Au cytise la chèvre trouve un goût de laitance
Elle s'inquiète elle s'enfuit vers le poison des loups
Toutes les étoiles hélas sont pour un seul pasteur
Tes mains les miennes le léger tambour de tes seins
Fêtes galantes un grand parc les révérences du feu
Le léger tambourin la veinule égarée de ton coeur
Chanteuse à voix de flûte syrinx des voies secrètes
Je te discerne tu chantes ô sommeil des meutes
Sur les places villageoises où je suis seul à danser
Un régiment de fifres mène le troupeau de ton sang
Les peuples de la mer vers les deltas de l'oubli
Rivière ma rivière qui oublie ma rivière que je sais
Je suis seul en ce monde seul entre la voile et le drap
Seul à te connaître dans tes transhumances nocturnes
Seul à savoir l'alpage les simples les rideaux du regard
Les yeux ouverts dans le noir je surveille ton jour
Tu dors je veille ah dors ma rivière que je puisse rêver.
...
Sur toi courbé je m'abreuve au petit lait de l'aube
Il caille au toucher un brin de cauchemar y danse
Des vivants et des morts y surnagent d'un naufrage
Tu ignores mon larcin tu ne sais rien de ma soif
Rien de mon solitaire viol rien de mon rapt au matin
Tu dors dans ton monde mais ton monde est le mien
Mais il est celui de tous les hommes et tu es le monde
O fourrure des parfums belle hermine des charmilles
Lumière et nuit comme pelage sous l'amble des sylves
La lenteur d'un rayon éveille les rivages de tes reins
J'assiste voyageur de pierre au déroulement des steppes
Halte au bord d'un fleuve confluent des artères
Les caravanes de mes doigts y pâturent encore
Le jour prend modèle de ton ventre pour créer l'espèce
Pour définir la prairie pour assouplir les routes
Tu es le canon l'exemple l'astrolabe et l'équerre
Il n'est de plaine sur la terre qui ne naisse de toi
Et les lointains cavaliers serrent plus fort leurs montures.
.
MAX POL FOUCHET
.