Provisoire la vie
éclats du manque
tu me demandes
comment elle va
elle va son chemin
vers ce qui sépare
les enfants courent après leur vie
cercles indépendants de toi
ils se rejoignent parfois
tu caresses le chat douceur
tu sarcles bines arraches
tu t’en prends à l’angélique
elle infiltre ses racines
ramifications tenaces
là où tu attends des fleurs
tu marches heureuse
tu cueilles au hasard des talus
les menus bonheurs du jour
nombrils-de-Vénus
fragiles narcisses
premières violettes
tu veilles sur les morts
fleurs d’asphodèles
leurs doigts serrés sur le printemps
il ne demande qu’àéclore
tu leur parles de ton vivant d’ici
des vivants et des morts
sur la même terre
tu bûcheronnes parmi les feuilles
odeurs sauvages
les sangliers traversent
la mère et ses petits t’attendrissent
tu faisais de même jadis
jadis est loin
loin derrière toi
une vie autre s’efface
est-ce encore la tienne
rumeur sourde de la mémoire
tu attends
lenteur des jours
les rires des enfants
petites filles sautillantes
elles pépient sous la treille
tu gambades avec elles
tant que persiste un peu de jeunesse
— tu es vieille mammona
tu vas bientôt mourir —
peut-être pas encore
je reste encore un peu
je veille sur l’ancêtre
tu sais la très vieille maman qui doucement s’en va
elle s’éloigne vers le cercle
vers l’autre côté de l’horizon.
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ANGELE PAOLI
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Oeuvre Paul Madeline