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Channel: EMMILA GITANA
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ET BASTA ...Suite

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"L'Écluse"... fin 49... Drôles de mariniers, sur ces quais néon'cifs!

J'étais le pianiste et le chanteur. Cette "écluse " où la galère échoua, un soir, entre Barbarie et une Inconnue de Londres, et deux romances à goémons, une guitare et un gitan, égarés là... Allez donc savoir...

Et ce taulier, qui me lucarnait derrière son zoom, un zoom qu'il vous plantait là, sur le front, jamais en face, jamais dans votre zoom à vous, toujours un peu au-dessus, comme s'il regardait l'ineffable.

C'est pas mal, un particulier qui sue du goulot, qui transpire de l'en dedans. Rien ne sort jamais. Un lavatory, quoi! Qui garde tout, transmet, qui assume sa condition de réceptacle.

L'âme de certains individus m'empêchera toujours de croire tout à fait en Dieu.

J'ai oublié son nom. Il y a une chance pour les mauvais souvenirs.

- Eh! Ferré! Bonjour, tu te rappelles? C'est moi... l'ordure...

- Qui ça? Ordure? Tiens, il y en a encore dans le siècle?

 

Je vous demande excuse, Monsieur. Je ne connais, quant à moi, que des anges...

 

Ni dieu, ni maître, ni anges, ni rien et Basta!

 

Il faudra que je change de support. Écrire sur des champs de luzerne, sur des biffetons "Banque de France", des faux, sur le ventre de certaines Girls in Magazines. En tournant la page, on pourra voir, juste en dessous.

Les girls, ça se regarde oùça s'invente. En dessous de trente ans, c'est plus lisse, et c'est, des fois, encore un peu môme. Après, ça se froisse, et on les jette.

Il faudra que je change de support. Le papier, yen a marre!

De ce papier-xylo qui fait grincer, gémir les arbres que je porte en moi.

Quand on scie un arbre, j'ai mal à la jambe et à la littérature. Quelle horreur, la parlote! Écrire partout, à l'envers de toi, sur mon coeur, sur ma loi, dans mon froc, lorsque tu me regardes précisément et que je te dis que je suis dingue de toi, pour te faire couler ton printemps court...

Cours, cours, petite, n'oublie pas.

Sur mon cahier quadrillé c'est la misère. J'essaie de mettre au carreau mes ailes, mon job. Rien à glander, today, au club des métaphores.

Il faut que ma plume feutrée, ma petite japonaise glissante et noire soit serve d'une certaine rigueur de gueulante.

Le drapeau noir, c'est encore un drapeau.

Il faudrait que je leur lance un Manifeste de la Méthode.

Quelque chose de concret, du style genre polyester qui aurait l'air de ne pas moisir dans les gothiques et qui psalmodierait tranquillement des lamentations tocs devant le Mur des Fédérés...

Sur la fenêtre, je pourrais mettre un vieux chiffon rouge, histoire de bien signifier mes origines. Des tambours, aussi, et des crécelles à couvrir de leurs criasseries les millions de chevaux Paris, Milan, New York and so and so on.

Au large, hommes tergaliens, boys d'alpaga, filles jeanisées au maxi, avec vos clous dessinant les orages du Guevara.

Le Che crevé, crucifié, pourri déjà, même sur vos images.

Dépoitraillez-vous, Hommes, s'il en reste, et venez vous chauffer au

bain-marie de ma métaphore, celle qui appelle chat une amphore et gouttière un vieux thème serbo-croate.

Au large! Monocloez-vous l'oeil de rechange et changez de basse-cour.

Fuyez vers les tramontanes d'Eros, puisez dans les accordéons des rythmiques plus sûres, vers les caniveaux.

Plongez-y en lune à becs frisants... Vous y verrez peut-être une gorgée de solitude...

Quand je me regardais, en ces temps, au ras du trotte madame, la neuille, des fois, une image reflétée me donnait la solution du style.

Ma méthode est simple: Mettez-vous à coucou, Place de la Bastille et prenez-vous pour un serpentaire.

Vous verrez alors qu'il n'y a plus de métaphore possible quand on se dénature, quand on se désanalyse, quand on s'antidate et qu'on s'insectise, quand, mouche devenue, pour prendre le quart dans un hôtel fameux où la passe est sanguine ou à Bidon's City, vous pourrez sentir s'exhaler la queen, et la vrombir, et la gémir, et la voir même prendre son pied à certaines désinences. Alors, vous aurez accompli la mutation que j'attends de vous, Mouches vertes des prairies du double... Je vous ai créées.

 

Je dirigeais alors des fantômes bon marché, dès que j'achetais dans des économats spécialisés en bizarreries, en relativisme du tout venant.

J'avais une carte qu'on me tamponnait à chaque coup. L'employé me disait:

- Alors, ça biche, Ferré? Vous en prenez pour votre pognon?

 

Un réverbère propre à décrypter les étymologies les plus perverses

Un chandelier en robe du soir

Un réveille-la-Mort des fois qu'on oublierait de s'actualiser

Un canevas dernier modèle pour tricoter de l'affection technicolor

Des ciseaux pour tailler dans le vif du sujet même si le sujet ne colle pas à la syntaxe

Des hôtels barbelés au travers desquels je pisserais quand même

Des mômes à comètes et à cendriers portables histoire d'être confortable au risque de payer de leur vie

Des vies punies de vide et de tambours voilés frappant tout doux ta résurrection journalière

 

Quand je dors je suis mort sans bière uniquement avec du Coca sur la table de chevet

Je lis des sons particuliers quand Ludwig sanglote doucement les bras tendus vers la Neuvième

 

Les épices m'ont toujours brûlé le charme

J'ai du slave qui se balade quelque part entre peau et jactance

La mer, chez moi, dans la rue, cela m'était facile

Je l'appelais, elle arrivait: le flot, bouillonnant, au ras de chaussée

 

L'eau cette glace non posée

Cet immeuble cette mouvance

Cette procédure mouillée

Me fait comme un rat sa cadence

Me dit de rester dans le clan

A mâchonner les reverdures

Sous les neiges de ce printemps

A faire au froid bonne mesure

Et que ferais-je nom de Dieu

Sinon des pull-overs de peine

Sinon de l'abstrait à mes yeux

Comme lorsque je rentre en scène

Sous les casseroles de toc

Sous les perroquets sous les caches

Avec du mauve plein le froc

Et la vie louche sous les taches...

 

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LEO FERRE

 

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schizo2,

 

 


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