Nous n'en finissons pas de naître au cœur d'une gerbe d'appels
De rive en rive retentissent ces détonations de nous-mêmes
Des mots effervescents pétillent dans les poitrines
Une aube d'aile et d'infini se lève sur la partition grande ouverte
Corps à corps
Du fond de notre solitude
Nous n'en finirons pas d'émerger
A même la chair des mondes
Contre ces parasites qui brouillent le Chant de la vie à sa source
Contre ce qui nous sépare de nous-mêmes
Depuis que s'est sabordé le grand orchestre animal
Depuis que nous ne sommes plus ces cathédrales fumantes
Ce barbare opéra de sang et de soleil
Contre les parafous et les gardepets
Ces prisons-mêmes que nous nous sommes inventées
Contre ce terreau en nous de toutes les terreurs
Contre la marionnette qui ne tient plus qu'à un fil
Contre la machinerie grinçante qui tourne à vide
Contre le complot quotidien de l'artifice et des morts lentes
Contre les cartes froides battues et rebattue je passe
Contre l'oblitéré contre l'inerte contre l'opaque
Jetées à tous les vents voici les clés d'une éclaircie
A tous les dieux à tous les diables
Le bouillon décapant des lessives lyriques
Aux quatre éléments aux cinq sens aux mille et une noces de l'Unité
Toute la gomme
Toute la gamme des célébrations
D'abord les lièvres de la lumière comme rafales de fièvre et de flèches
Comme de l'or qui mûrit dans tous les muscles de l'espace
Espace qui respire espace qui transpire
Encore et encore une page d'écriture d'hirondelles et de foudre
Et puis la Réalité là qui bourdonne ventre ouvert
Fruit fourmillant d'astres et de bactéries
La Réalité là avec ses organes profonds ses nœuds serrés ses grappes
Nommée à chaud épelée à vif à la crête d'un cri
Nous célébrons ici les hauts-lieux de la Palpitation
Et le cœur carillonne sourcier d'images sorcier de la Danse universelle
Danse dans les hanches de la terre et du ciel
Danse partout dépliant multipliant spirales et splendeurs
Dans un matin d'étamines de bielles et d'hélices
Maille après maille remontant le tricot des sons et des couleurs
Comme du givre lancé loin sur des miroirs brûlants
Des appels s'amplifient se transmettent se répercutent
Et nous n'en finirons pas de danser
Debout sur nos propres cratères
Chevillés aux essaims de courants continus
Rêves vivants de la matière
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JEAN VASCA
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