L’abattement règne et désespère
on se demande s’il reste
à l’humanité quelques repères
pour nous faire un geste
comme cette lune si belle trop belle
l’homme l’a piétinée qu’il soit discret
elle pourrait finir par s’écrouler rebelle
sans que nous puissions en faire le secret
oh comme tout est calme
cruel et calme
comme est sensible le lézard
qui darde son regard
sur un puceron hagard
avez-vous vu ce chêne jadis si solide
qui de son dernier bras valide
fait un geste de désespoir
en signe d’au-revoir
il perd son feuillage vert pâle
le ruisseau à ses pieds s’étale
j’ai le souvenir de son râle
pour lui aussi l’issue sera fatale
la nature en fièvre vit cette évolution
et s'émeut de la disparition
de ses fougères de ses mousses humides
ainsi que de ses violettes timides
ô comme tout est malade
en sous-sol la matière
de la terre ne digère
qu’on fouille ses schistes
par un agissement masochiste
est malade l’humanité toute entière
qui du temps abolit les frontières
et nous mène à la déchéance
notre terre se détruit
et notre vie aussi
.
JACQUES BASSE
« Pêle-mêle, ces choses de l’âme
à qui veut du cœur
entendre la flamme », extrait
.
Oeuvre Alice Locoge