Compte les amandes,
compte ce qui était amer et t’a tenu en éveil,
compte-moi au nombre de tout cela :
je cherchais ton œil quand tu l’as ouvert et que personne
ne te regardait,
j’ai tourné ce fil secret
sur lequel la rosée que tu pensais
a glissé en bas jusqu’aux cruches
que protège une formule qui n’a trouvé le cœur de personne.
C’est là-bas seulement que tu es entré tout entier dans le
nom qui est le tien,
que tu as marché d’un pied sûr vers toi-même,
que les marteaux se sont balancés librement dans le beffroi de ton silence,
que le tout juste Entendu est soudain venu jusqu’à toi,
que le déjà-mort t’a aussi entouré de son bras,
et vous êtes allés trois en un dans le soir.
Rends-moi amer.
Compte-moi au nombre des amandes.
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PAUL CELAN
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Oeuvre Abe Toshiyuki