Oh tant de bleu
sur la conscience
tant de matins légers
et de brumes pudiques
votre précise fébrilité
mains féminines
ouvrant la porte aux peupliers
rassurant les choses inquiètes
vérifiant la fraîcheur des fronts
Pas un avril féroce
Pas un baiser amer
Et pourtant parfois
une peine comme
une écharde
quand une seule feuille
oubliait
l'allégresse du vert
quand un oiseau
doutait du ciel
quand résistant
à tes douces tisanes
l'insomnie
regardait dans les yeux
la grande nuit muette
Puis-je te demander
de fonder pour moi
le ciel de l'ancienne douceur
de me rendre
l'usage des larmes
pour qu'apparaisse
au bord d'un cil
clair et parfait
l'infime alpha
d'une peine de mon enfance
que mon coeur
loin très loin
dans les saisons du sang
bat comme une peine étrangère
Puis-je te demander
de mentir pour moi
de nouveau
comme savent mentir les fables
.
RAYMOND FARINA
.
Photographie Eddie O'Brien