Visage endormi sur un siècle de fractures
gravé dans ma mémoire en éveil
me voilà dans les affres mon cœur a atteint son paroxysme
une voix gorgée d'amour s'est tue
quand ma main a caressé l'ancêtre au féminin
le courage s'est évanoui et ma sève refroidie
l'aède enveloppait ma présence
au sol s'est agenouillée ma sagesse
mon unique conteuse est morte et sa raison gesticule encore
la terre assoiffée prie la source éteinte
que m'apporte la sécheresse des yeux fermés
à jamais s'est étouffé le souffle de ma centenaire
je porte la clé de la citadelle
grand-mère m'a légué son parchemin de résistance
sur la reliure du linceul je peins l'héritage blessé
une foule de souvenirs m'ont accompagné au cimetière
j'ai enterré une peau saine avec mes doigts gelés
mes chandelles pleuraient le rapatriement de l'âme seule à dieu
la sérénité de l'âge a rejoint la terre jeunesse
l'azur du ciel scinde les rondeurs du deuil
j'ai mal aux rides ancestrales
une lésion traverse mon exil et salue les anges de la mort
cette touffeur qui me harcèle jusque dans ma palette
la couleur fume la tristesse de la chambre vide
hommage à toi muse nourrissant mes gestes
que la prophétesse paix fleurisse sur ta tombe
ma robuste racine je te salue de mes maux espoirs
je transmets l'espérance de ton verbe aux passants de la vie
et ta bénédiction en fidèles peintures
merci pour ta révolte ta parole ton lagon
notre étreinte habille l'expression de l'énigme
Setti s'en est allée avec une parcelle de ma douce patrie
désormais je veille sur son olivier et son poème fécond
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KAMEL YAHIAOUI
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