Légers les martinets dans l’oblique des rais
Suivent le vent, éclairs légers
Ton regard les suit.
Tu as fui le ciel chargé de la guerre
Tu te souviens, les ombres
Le pas rouge de l’aube
Te voilà posé sur l’autre rive
Tout déborde dans tes rêves
La lumière, les collines, les feuilles
Ton histoire n’émeut personne
Tu te perds dans le halo des âges.
Rien, la vie ou le vide t'ensevelit
La nuit, l’autre face du rien
L’horizon, son étendue vide
Les étoiles, des points de lumière
Où tu deviens nomade
Et plus tard l’oasis, l’imposture
A ce point d’eau, tu cherches refuge
Tes pas se dérobent, frisson, tremblement
Le passeur d’infini, inconnu
Dans la combe, plus loin
Tu t’appuies et t’abandonnes à l’arbre
Les nuages mutilés te regardent
D’autres passeurs voraces
Détrousseurs de reliques
Tu tends tes os comme des trophées
Tu tentes une marche héroïque
Tel un acrobate, un funambule
Loin de cette sale guerre
On t’a retrouvé prosterné,
L’échine docile sous le soleil
Tu délirais entre les âges de ta vie
Tu appelais ton frère, ta mère
Ton peuple, sa nostalgie et sa fierté
Tu appelais tes fleuves,
Tes montagnes
Ton désert,
Et tu puisais dans dix mille ans d’histoire.
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NICOLE BARRIERE
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Oeuvre Cécile Ravel