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« Envolés, les oiseaux,
portés par la respiration du monde
dans l’étonnement de l’azur
Un grand déferlement de voix pures, là-haut,
Là-haut
Éclats du temps,
rêve mystique
La délivrance est musique et splendeur
On dépasse le chaos
On s’ouvre à d’autres innocences
et nos élans intérieurs
enfin déploient leurs ailes
Envolés, nos désirs,
vers quel inaccessible jardin
où les arbres n’ont pas d’attache
où les plantes chantent la liberté
Jardin aux franges d’infini
ouvert à tous les pollens,
aux saveurs douces-amères des fruits lointains
Dure sera la chute,
si violente que les larmes se tarissent
Les mots sont comme des pierres
blessantes et meurtries
On essaie de franchir la frontière
Mais les barbelés sont en nous
Rivés, figés,
nous ne parvenons plus à prendre notre envol
Et voici qu’à nouveau on s’élève, on renaît
On peut dire le vent
qui nous entraîne au-delà des marais
vers le miracle du soleil
On peut dire la nuit féroce
pour ne pas oublier
le souffle de la bête
la dure loi du monde
Dire l’herbe
pour vivre encore un peu
dans l’éblouissement végétal
Aucune chute, jamais,
n’arrêtera le cycle de l’envol »
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COLETTE GIBELIN
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Photographie Thami Benkirane