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Channel: EMMILA GITANA
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MOSANE OU PRESQUE...Extrait

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L'Ardenne…

                           J'habite

où les pierres ont manière d'hommes,

où les murs précaires en savent long.

 

La source prend très haut son cours

au delà des êtres privés d'enfance..

 

Ici,

la peau est folle d'un rien

d'une visite d'insecte

d'un gonflement de pulpe,

ni heurts ni prières

ne pourrissent les fruits par le centre.

 

Tout est instant

tout est attendu

et nous allons, aveugles souvent,

étreints par tous nos morts.

 

C'est ici que j'habite

à l'écoute des choses,

cri des argiles

ou éclatement des mousses.

 

Ici , le poème vient de peu :

d'une glissade du soleil

de la sourdine des mousses

qui rongent.

 

Ici , le poème se vit :

il naît

du babillage des sources

et de l'imperceptible souffle

des chemins nus.

 

Ici , le poème est matière :

il est dans toutes les plissures

dans le tragique des arbres

si tortueux

que le promeneur s'arrête

curieux du mystère.

 

Ici , le poème se déchire :

de l'oubli de l'eau

à la tension extrême

des rives

il se voile de pluie

et s'alourdit

de l'invisible.


  

Dans mon pays

les poètes viennent

d'une respiration d'herbe

d'un soupir de fougère…

Ils en savent les racines

et se perdent

dans chaque déroulement.

 

Leur verbe

grandit dans le silence.

Il s'insinue

jusqu'à la limite du mystère

et enserre la conscience.

 

On les croise

sans les reconnaître

et ce n'est pas

la moindre blessure !

Alors

leur regard glisse

et atteint la mollesse des fleuves

comme pour s'y reposer.

  

Une fenêtre s'ouvre.

De grandes étendues

d'arbres et d'eau,

y chercher l'oubli

ou l'absence de soi.

Puissant        constant

l'invisible s'installe

sur la page où rien

ne sera écrit.

 

La vie palpitante

dans le remous d'orage

ou dans la sève

qui inonde soudain,

la vie s'éparpille

tout est illisible.

   

C'est un monde singulier

de terres érodées

un monde étrange de courbes et de poids

d'ombres et de gestes usés.

 

Il fallait vers l'indicible

tendre

ses nœuds

ses rêves épuisés…

Il fallait mêler

la boue à l'infini

et tout défricher

et tout arracher à la confusion.

 

Il fallait taire l'élan

qui jaillissait d'un jour à peine visible,

taire surtout

l'angoisse obstinée

qui marquait chaque passage.

Il fallait se libérer…

 

 Il fallait choisir

l'indifférence

ou l'âpreté

il fallait creuser…

 

Forêt

unifiée

primitive

peuplée de mythes

et de souvenances

et de destins anonymes

trop portés par le hasard

masqués par l'habitude

et les nuits sans réalité,

tout était proche

encerclant

écrasant.

 

Il fallait se dégager

et partir

oser partir…

 

! DIAMON~11

 

 

AGNES SCHNELL

 

! DIAMON~11

 

 

tombeau-du-geant3,


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