Tu as bercé tant de fruits
trop froids pour toi.
Ils n’ont pu te retenir
ni retenir la menace
de tes cyclones.
Le temps
les portes se ferment
les maisons se fissurent.
Tu as longtemps cultivé tes abîmes
tu attendais les soirs denses
où seuls le silence
et ton âme parleraient.
Mais échappe-t-on à soi-même ?
Ah ! Ne laisse pas se rompre
ce fil qui relie
sans appuyer
ne laisse pas se perdre
la voix qui appelle.
Tant de fois
tu as consolé écouté
et voici que le manque te blesse
et l’absence
ivresse barbare
pour ta soif
toujours trop grande
écrasante.
De ta voix appuyée
tu cries pour dominer
la marée.
Avec le jour se lèveront
d’autres évidences…
Espoir que la nuit
que ta nuit
a une fin.
Tu as toujours rêvé d’un pont
ou d’un quai désert
humide maussade
où malgré tout
on t’attendait.
Tu as toujours rêvé d’un pont
dont tu ne voyais ni les piles ni l’issue.
C’est de tes fonds lointains
de ta terre sans étoiles
que ta voix
aux autres se mêle.
Offrandes de lambeaux et de hardes
offrandes de linge
et de sang
treize fois corrompu
arrachéà de trop humaines blessures.
Offrande d’une voix
la tienne
qui n’a pour fin
qu’un commencement
un retour
vers une aube nouvelle.
AGNES SCHNELL
Août 2003
Oeuvre Anett Nettel