Ma vie a pris la forme de la petite place
L'automne durant lequel ta mort s'organisait méticuleusement
Je m'attachais à cette petite place parce que tu aimais
L'humble et nostalgique humanité des petites boutiques
Où les commis plient et déplient rubans et étoffes
Je cherchais à devenir toi parce que tu allais mourir
Et là toute ma vie cessa d'être la mienne
J'essayais de sourire comme tu souriais
Au marchand de journaux au marchand de tabac
Et à la femme sans jambes qui vendait des violettes
Je demandais à la femme sans jambes de prier pour toi
J'allumais des cierges à tous les autels
Des églises qui se trouvaient au coin de cette place
Puisque dès que j'ouvris les yeux je ne vis que pour lire
La vocation de l'éternel écrite sur ton visage
Je convoquais les rues les lieux les gens
Qui furent les témoins de ton visage
Pour qu'ils t'appellent pour qu'ils défassent
La trame que la mort entrelaçait en toi.
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SOPHIA DE MELLO BREYNER ANDRESEN
Traduit du portugais par Raymond Farina
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Oeuvre Celestin Messagio