La contre-terreur c’est ce vallon que peu à peu le brouillard comble,
c’est le fugace bruissement des feuilles comme un essaim de fusées
engourdies, c’est cette pesanteur bien répartie, c’est cette circulation
ouatée d’animaux et d’insectes tirant mille traits sur l’écorce tendre
de la nuit, c’est cette graine de luzerne sur la fossette d’un visage
caressé, c’est cet incendie de la lune qui ne sera jamais un incendie,
c’est un lendemain minuscule dont les intentions nous sont inconnues,
c’est un buste aux couleurs vives qui s’est plié en souriant, c’est l’ombre,
à quelques pas, d’un bref compagnon accroupi qui pense que le cuir de
sa ceinture va céder… Qu’importe alors l’heure et le lieu où le diable
nous a fixé rendez-vous.
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RENE CHAR
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