Avec ce qu’il lui reste de sang,
il façonne l’argile de vos lèvres.
Avec ce qu’il lui reste de rêves
il façonne les paysages de vos exils.
Avec ce qu’il lui reste de larmes
il façonne ces fleuves qui dénoueront vos blessures.
Avec ce qu’il lui reste de mots
il façonne des poèmes pour que l’éternité puisse vous étreindre.
Avec ce qu’il lui reste de souffle
il façonne la genèse d’un corps,
le vôtre, que le deuil n’osera effleurer.
Avec ce qu’il lui reste de silence,
il façonne ces cathédrales qui encenseront vos paroles.
Avec ce qu’il lui reste de désirs
il façonne ces terres peuplées par vos extases.
Avec ce qu’il lui reste de nostalgie
il façonne ce temps qui n’est autre que le temps de votre être.
Avec ce qu’il lui reste de solitude,
il façonne ces versets qui consoleront toute solitude.
Avec ce qu’il lui reste de force il façonne ce miroir,
- plus ample que nos nuits -, que votre beauté ne cessera d’éblouir.
Avec ce qu’il lui reste de révolte,
il façonne les sacrilèges qui conjureront la mort.
Avec ce qu’il lui reste d’amour,
il façonne une âme, pas votre âme-sœur,
mais une âme parfaitement semblable à la vôtre,
devenue son âme, qui ne cessera de vous contempler et de vous aimer.
.
.
.
UMAR TIMOL
.
.
.