Voici que déjà mon nom
s’efface
et rompt avec la partition
que j’avais déroulée.
Je l’ai jouée à m’y perdre
a cappella
à l’envers sans répit.
Les mots retournent aux lettres
et les lettres aux signes
réseaux hâtivement bâtis
entrelacs de lignes coléreuses
de points évasifs ou mourants.
Voici que déjà s’amenuise
l’espace tel un feu
que l’on couvre brusquement,
des pattes d’oiseaux
sur l’humidité du sable,
le fantôme d’un arbre
où le vent reste prisonnier.
Que c’est étrange !
Alice aux cheveux blanchis,
on cherchait un lieu
d’écriture lente
où déposer nos mains lassées…
On voulait passer
non comme passent les choses
mais traverser aller plus loin
de l’autre côté.
On a changé de train
en route
et on ne sait pas dans quel sens
il est dirigé.
Au loin la sibylle
noie la mer
dans ses yeux glauques.
Au loin elle appelle
mais son chant
est moins beau que l’écho
moins prégnant
que le cri des hérons
ou des palombes.
Montent alors
peurs et fièvres
comme dans l’enfance
quand on était tout petit
au fond d’un lit.
Que c’est étrange !
On craint soudain
les fissures de l’ombre
la mort de vieux amis
la lumière rongée mitée…
Ce serait peut-être l’autre côté
des choses
mais pas celui
qu’on attendait.
Alors on étreint
le vent qui flagelle
la source et les nœuds
et l’arbre trop grand
et la forêt telle une mer trompeuse
qui rougit
pour dire ses marées.
On étreint
jusqu’à la nausée
pour prendre appui
pour avoir prise
pour revenir…
On émerge de l’érosion
de la rumeur où se conjuguent
les cris de l’autre
le chant de l’eau et de l’automne
et les mots
en un poème
essoufflé…
.
AGNES SCHNELL
.
Oeuvre François Xavier Delmeire