à Isabelle
Les caprices de notre automne ne mènent à rien
Je voudrais offrir à tes yeux des rivières
des roses absolues
des années labourées sans récolte de cendres
Je voudrais remonter notre destin de l’abîme
préserver la mémoire de l’Euphrate
loin des rêves pris entre les plis du silence
d’exilés morts à force de regret
Les saisons n’ont pas laissé de traces
et la rivière étirée en cortège d’ombres blanches
parle de blessures
d’incendies après la pluie
Ces vieux jours éclaboussés de haine
nous ont permis d’apprivoiser la paix
Ces jours en mouvement lent
comme des restes de braises
dans la nuit morte
Il nous échoie la blancheur du sel
que le destin a tissé au royaume du vent
aussi haut que mes jours torturés
Avec ta sève
ce sel perdu dans les pentes de l’ombre
éblouie du cristal de tes hanches
que mon corps sans cesse conquérant remontait
La forêt écimée dans l’immensité
nue face à la mer
témoignera plus tard
que le vent a humé les pierres
et dispersé les nuits brisées de la femme
au visage d’argile
.
SALAH AL HAMDANI
Poème extrait du recueil "Rebâtir les jours"
.
Oeuvre Marc Chagall