De si loin
revenu par magie
amant veilleur
pris dans les bras
mains maladroites
rendre la chair vive
être brasier et fagot
de purs blasphèmes
hallucinés
soufre,
herbe brûlée
langue obscure
de quelque étranger
brûle lucide les plaintes
blasphèmes
vie coupée
versets redoutés
prière d’insérer
enfer
noces de terreur
bandit éclopé
que guettes tu
au bout de l’exil ?
j’emprunte les yeux des femmes aimées pour éclairer mon chemin
la nuit bouillonne
viens aiguiser les mots sur la pierre
mots tranchants de l’agonie
qui crie : aimez-moi ?
sais tu aimer ?
il te vient une averse de pleurs
dieu… que la fin des braises consume
le désir de vivre
donne les mots inouïs
torturés de clarté
ravage, tapage
quelle flamme as-tu jeté
sur l’essentiel ?
Lettres d’ici, voyant
Energie nouvelle,
Ivresse folle
Lave en fusion injectée dans la langue
La vie fuit
Mon amour
La vie fuit
Nomade fougueuse
Déracinée, errante, barbare ?
Tu habites mon corps
Et offre rédemption à ma pudeur paysanne
Entière innocence
Désespoir caché
A l’heure retournée de la vie
La vie fuit
Mon amour
La vie fuit
Ce bord de gouffre
De l’extase où le cœur transgresse
comme une cavalcade furieuse
pouliche des plaines immenses
tes accents rauques et rudes.
sorcier,
tes rêves primitifs hors de l’histoire
Écartelé entre les murs étroits
cheval halluciné
sorti du ventre de la terre
et des prairies sauvages
la vie fuit
l'un pour l'autre restant
Nous deux
seuls,
La vie fuit
Mon amour
La vie fuit
Vois la lumière
Entrevois le soleil
Etrange, ardent, obscur
un morceau de basalte rouge
tournoie éternel
dans la gorge du temps
.
NICIOLE BARRIERE
.
Photographie Edyta Pekala