«Être poète, c’est regarder le monde avec des mots. C’est être constamment sur le qui-vive — en
entendant : qu’ils vivent, les mots, les hommes, les oiseaux. C’est-à-dire : que la beauté les sauve et invente une langue qui ouvre ses portes vers des couloirs nouveaux, déplie les temps trop sages, brise la mer gelée des évidences.
Être poète, c’est avoir des oiseaux dans la bouche, courir le ciel, gravir le vent avec des semelles trouées comme un parapluie. C’est, guetteur mélancolique, être sujet aux langoureux vertiges. C’est vouloir découdre l’erreur des destins et des chemins défaits, prendre les rêves au sérieux, ne pas se retourner sur Eurydice pour s’arracher à une saison en enfer. Être poète, c’est écrire des poèmes pour résister à l’insoutenable poids de la nuit sur les roses.»
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ALAIN DUAULT
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Oeuvre Michael Parkes