Le crève-cœur faibli, sans doute serait-il possible d’adresser un début de motet à un être de lumière ; encore faudrait-il que me vînt quelque figure ou sa feinte, signe quelconque avant-coureur ouvrant leur envol aux vocables, les laissant s’affranchir de l’horizon fielleux.
Prémices : aux entrailles, une fougue métissée d’euphorie, un réveil de visées sans dessein pour l’instant, de silencieuses effigies augurant un futur incertain. Mais l’orpailleur du temps n’écrit-il pas : « L’étreinte poétique comme l’étreinte de chair / tant qu’elle dure / défend toute échappée sur la misère du monde » ?
Bien entendu, soudaine, toi : sibylline, subtile, vêtue de tes seuls songes, sang et chair intensément, déroutante un peu dans l’haleine des fièvres ; toi qui t’ébats, souris ; toi qui viens procurer sans calcul une aubaine, quand le jour enrosit : m’offrir ton fredon de fontaine.
À chacun des vagirs montés de ton cœur à ta gorge, le prosème se soleille à ta voix bleue d’angelus lente.
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FRANCOIS LAUR
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Oeuvre Francis Picabia