Dans la maison déshabillée
de la routine des armoires
j’ai rayé la chambre aux poupées
d’un trait d’oubli sur le miroir.
D’un mot j’ai tranché la guirlande
des jours unis par le passé
en m’esquivant du champ de mon adolescence
et des caprices de l’été.
Entre ces murs d’où je me chasse
flotte un sourire de ma mère
comme un fil de la vierge accrochéà la treille
comme un pollen tombé de l’aile d’une abeille.
Flotte la fumée dérisoire
d’un espoir mort à petit feu
et la chance prise aux cheveux
de me soustraire au jeu de ma mémoire.
J’ai désarmé les almanachs
détenteurs de toutes menaces;
je me dérobe à leurs hivers
mais je garde ma carapace
et j’emporte avec moi mes fers.
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COLETTE BENOÎTE
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Photographie Mahmoud Al-Kurd