Moi démineur des vents
Homme des mille chemins de l’homme
Et des mille carrefours
Je joue à vivre sur la marelle d’une île
Mon sang éteint la nuit qui se rebelle
En une seule violence d’abeilles descellées
J’écorche patiemment la nuit
Rêve à rêve
Et je recommence avec toi la naissance du monde
J’aurais payé comptant l’oiseau levé dans
L’aiguille du jour
Et qui brode tes yeux d’araignée fabuleuse
Moi démineur des vents
J’ai pris racine dans la flambée des lèvres
J’ai jeté l’ancre
J’ai pavoisé la route de soleils immobiles
J’attends les nuitées navigables
Les vents favorables
Les mots introuvables
J’attends le miroir où danse une buée d’amour
Les arbres chuchotent nos secrets
Les vents ronronnent de plaisir
L’eau rince la bouche des voleurs de désir
Quand
Tu ouvres tes branches d’arbre musicien
Moi démineur des vents
Initiéà boire les ruisseaux incandescents
A la gloire d’un dieu insatiable
J’annonce la prophétie
La genèse
Un amour est en route
Il enjambe les mers
Tourbillonne
Comme la toupie d’une tornade
Et nous grignote d’une dent de coquillage
La mer lèche ses vagues comme une portée de chatons
Il n’y a qu’à guetter les signes des courants
Lâchés dans tes cheveux
Moi démineur des vents
J’apprends le bonheur des oiseaux
La volupté neuve et tiède
Et du haut des falaises où la mer te supplie nuit et jour
Je lance ton nom
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ERNEST PEPIN
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