Ce soir, comme tous les soirs, j'ai moins peur de la nuit que du réveil. Le petit jour met trop
d'obstination à ramener les incertitudes, toujours les mêmes. Au moment de dormir, je m'acharne a trouver quelque sécurité qui m'aide à reprendre avec plus de courage la suite de mes jours. Comme on a besoin de manger et de boire, oui, j'ai besoin d'être sûr. Sûr de n'importe quoi...
Notre sommeil coupé en deux, nous nous apercevons que l'esprit libéré ne s'enchaîne point toujours à ces prétendues merveilles qu'il plaît à nos minutes lucides d'amonceler. Bien plus que des dragons ou les éruptions des volcans de porcelaine, m'épouvante ce nettoyage par le vide qui me vaut par exemple de rêver que je ne rêve point. De même une combinaison des plus stricts et plus lucides raisonnements...
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RENE CREVEL
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