On a des frères, on a des sœurs, et des amis que l'on croit éternels
On a des chansons, des bruits, des rires de cours d’école
Des odeurs de quatre heures au chocolat
L'émerveillement d'un premier Noël
Des goûts de fête
Et des années mêlées à nos années
On a ces peurs au ventre des jours d’examen
Tous ces vieux rhumes et ces matins chagrins où l'on appelait maman
Ce vieux grand-père qui ronronnait dans son fauteuil
Un journal sur ses genoux mais les yeux fixés sur sa grande guerre
On a leurs voix et leurs rengaines, les ritournelles d'un temps d’ailleurs
Le souvenir amer de ces 'braves gens' qui ne nous aimaient pas
On a toutes ces misères et les galères où l'on regardait l'avenir de travers
On a ces temps d'espoir et la voix de Léonard qui nous chantait Suzanne
Et celle qui nous emmenait faire un tour avant de nous faire verser des larmes
On a les mots qui partent sans un adieu et des visages que l'on gomme d'un agenda
On a ses joies, on a ses peines, et le pas casséà chercher sa voie
On a des frères, on a des sœurs et des amis que l'on croyait éternels
On a des chansons, des bruits, des rires de cours d’école
Et des partis sans laisser d’adresse
Qui surnagent d'un naufrage mémoire où les amitiés s’oublient
On a des regrets et des amours qui ne veulent pas mourir
On a grand-père et ses cachous, cloué au lit, qui nous disait "Reviens me voir"
On a le temps qui va, Léonard et les heures qui partent
Loin des odeurs de quatre heures au chocolat
On a des petits enfants à qui l'on dit : "Reviens me voir…".
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JEAN-MICHEL SANANES
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