La paix disent-elles
La guerre font-ils
Nous avions maquillé nos yeux pour contempler le ciel
Et rougi nos lèvres au suc des grenades pour embrasser la terre
Nous avions arrondi nos ventres pour honorer le monde
Les oiseaux se sont tus
Ô silence des déserts rendus plus arides
Sous l’acharnement des chars
Que restera-t-il sous la cendre ?
Nous cherchons les chemins, les champs
Dévastés par les bottes
Nos yeux sont cernés de deuil, nos jardins de décombres
Nos sexes ont été fouaillés au nom des frontières
Nos bouches souillées
Nos ventres ont accouché d’enfants traîtres
Ô paix abandonnée aux ronces
Mariée couronnée de la fleur d’oranger
Laissée blanche dans un cortège funèbre
Nous demeurons tes filles d’honneur
Et
Nos voix continuent d’élever au milieu des salves
Leurs chants impérieux
Nos pieds continuent de fouler la terre gorgée de sang
En danses imprécatoires
Nous nous vêtirons à nouveau pour les noces
Nous nous parfumerons à nouveau de rose
Nos maisons s’ouvriront à nouveau au voyageur
Le ciel reflétera à nouveau les vagues du désert
Nos obsédantes psalmodies emplissent déjà l’horizon où se poursuit notre légende
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GHYSLAINE LELOUP
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Photographie tirée du film " Syngué sabour, pierre de patience "