L'âme
c'est la rosée où se dissout la nuit,
une écharpe de laine sur les épaules du froid,
les mots et la musique,
du latin de Virgile au gospel des Noirs,
les parenthèses ouvertes sur le monde,
la respiration des virgules,
la magie dont on fait les baguettes,
de pain, de fée ou bien d'orchestre,
une rivière inventée au milieu du réel,
c'est l'énergie d'une poire,
un ours mangeant du miel,
un léger souffle sur la paille,
le premier pas du jour quand il quitte la nuit,
la terre pleine de temps,
les perles perdues de la rosée
comme des flammes dans du verre,
les plantes survivant à l'hiver,
les maisons, les collines, les fleurs,
une cartouche de sang dans la culasse des veines,
peu de chose enfin de compte en face du cosmos,
c'est ce qui agrandit ce que les yeux perçoivent
et donne un sens au monde
comme si écrivant sein on disait lait,
comme si écrivant plante on disait sève,
comme si écrivant cœur on disait sang,
comme si écrivant homme on disait vie.
L'âme
c'est continuer de vivre malgré la mort,
continuer d'aimer.
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JEAN-MARC LA FRENIERE
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