Tout cela qui fut, qui est l’éclat d’un moment
Étrange sans doute comme les métaphores des rêves
Offre une vision meilleure du temps
Malgré tant de figures réfractaires
Qu’en dépit de plus d’un détour
La langue échoue à prendre dans ses pièges,
Mais bien loin de se tenir à distance
Elles rayonnent assez fort pour que s’exerce
Au-delà des mots leur hégémonie souveraine
Sur l’esprit qui, grâce à elles, y voit plus clair
Quand il ne se laisse pas dévoyer par la phrase
Avec ses trop beaux accords, son rituel trompeur
Auxquels s’oppose en tout la communion silencieuse,
Ce feu profond sans méditation impure.
Prendre forme est si contraire à leur nature
Qu’il ne sert à rien de leur faire violence,
Elles ne respirent librement qu’en nous-mêmes
Qui sommes là pour les protéger du dehors
Bien qu’appelés avec elles à disparaître
Il en coûte aux vivants d’avoir à se taire
Comme si, prisonniers d’une vieille méfiance,
Ils avaient perdu la mémoire du cœur,
Oublié même ce que l’on nomme l’oubli
Dont chacun a besoin pour survivre.
Non, c’est quelque chose d’autrement obscur,
La tendresse qui fait s’étrangler la voix
Le devoir de l’amitié vigilante.
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LOUIS-RENE DES FORÊTS
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Oeuvre hokusai katsushika